Cela fait
une semaine que l’on parle du scandale des lasagnes au bœuf Findus à la viande
de cheval. Depuis, tous
les jours apportent leur lot de révélations sur de nouvelles fraudes. Sous
nos yeux, sont démontrés tous les travers de la globalisation néolibérale.
Les folies
de la globalisation néolibérale
Le scandale
de cette viande de cheval vendue à la place de la viande de bœuf est le
décalque absolu de
la crise financière des subprimes. Dans les deux cas, au lieu d’avoir un
circuit court et maîtrisé qui permet d’éviter les abus, on passe dans un
système opaque et complexe, qui passe plusieurs fois les frontières, et où
la recherche de profits pousse à des comportements délirants.
Comment ne
pas voir le parallèle avec ces
banques vautours qui faisaient des prêts dits NINJA (No Income, No Job
& Asset) à des ménages qui n’en avaient pas les moyens en les attirant avec
des mensualités réduites pendant deux ans aux seuls intérêts. Ces mêmes banques
n’avaient que faire de la capacité réelle des ménages à rembourser puisqu’elles
pouvaient soit s’assurer avec des CDS ou alors revendre la créance dans des
MBS, ensuite revendues pour être incorporées dans des CDO achetées par des
banques européennes sur la foi du jugement des agences de notation.
Ici, c’est
la même chose. Pour des raisons financières (réduction des investissements),
Findus a décidé de ne plus produire ses lasagnes et passe donc par un
sous-traitant, Comigel, qui achète donc la viande à un grossiste, Spanghero.
Spanghero achète sa viande à un intermédiaire chypriote, qui passe par un
trader néerlandais, qui se fournit en Roumanie. Et de la viande de cheval, bien
moins chère que le bœuf (2 euros le kilo) finit par remplacer une partie de la
viande de bœuf. Il
faut noter que l’intermédiaire néerlandais avait déjà été condamné pour une
telle fraude l’an dernier.
L’urgence :
réguler et déglobaliser !
Et, on peut
questionner la pertinence économique d’un tel modèle. Le nombre
d’intermédiaires fait monter la facture, d’où l’écart croissant entre le prix
payé aux agriculteurs et celui payé par le consommateur. C’est la logique
financière qui pousse les entreprises à ne prendre en charge qu’une petite
partie de la valeur ajoutée pour ne pas alourdir leur bilan. Pour Findus, le
fonds financier qui l’a racheté a sans doute préféré vendre l’usine de
production pour récupérer une partie de sa mise… Voilà pourquoi certaines
entreprises finissent par ne plus contrôler ce qu’elles vendent.
Et comme les
fournisseurs sont dans la même logique, on aboutit à des chaines logisitiques
extrêmement fragmentées et parcellaires, où
plus personne n’est responsable, ce qui favorise le remplacement du bœuf,
cher, par du cheval ou du porc, moins cher. En cela, ce scandale est bien un
scandale de la globalisation néolibérale portée par l’Union Européenne, comme
Nicolas Dupont-Aignan l’a bien souligné dans une question au gouvernement,
ou Périco
Légasse sur Marianne. On en voit
un autre exemple avec le
combat mené par les grands semenciers contre les agriculteurs.
Les
tests proposés par l’UE sont un rideau de fumée. En fait, il faut repenser
notre industrie alimentaire, la sortir de cette mondialisation qui pousse à de
tels comportements. Bref, il faut réguler de manière intelligente, plus légère
pour les petits producteurs locaux, plus stricte pour les multinationales et
surtout relocaliser le plus possible pour reprendre le contrôle sur notre
alimentation.
L'apathie des populations européennes devient inquiétante. Sommes-nous capables de vouloir quelque chose? On a l'impression d'une déliquescence acceptée.
RépondreSupprimerJardidi
Le dressage télévisuel laisse des traces ..Résultat: de la servitude volontaire !
RépondreSupprimerComme dans l'Union soviétique du temps de Brejnev cela n'a pas empêché le régime de s'effondrer même s'il a fallu bien du temps.
SupprimerIl semble bien que les responsables ne sont pas les roumains (qui ont vendu de la viande de cheval étiquetée cheval) mais les Ets Spanghero qui ont en définitive triché en mélangeant avec du boeuf et en modifiant l'étiquetage.
RépondreSupprimerCeci dit totalement d'accord avec la conclusion de Laurent " L’urgence : réguler et déglobaliser ! "...
Démondialiser ét réglementer!
SupprimerParfaitement d'accord. Le cas est limpide et doit être exploité politiquement avec résolution.
RépondreSupprimerD'autant que l'opinion publique est très bien préparée à réagir sur ce genre de sujet.
Emmanuel B
@Laurent Pinsole,
RépondreSupprimercomme disait Mongénéral, vaste programme :-)!
A la vérité, dans cette histoire, tout le monde doit faire son examen de conscience, à commencer par les consommateurs, qui recherchent systématiquement les produits les moins chers: il semble que les dépenses pour l'alimentation ont spectaculairement baissé ces trente dernières années, pour n'occuper qu'un sixième du budget familial (à voir, mais je sais que c'est assez réaliste).
Il ne faut pas oublier également que l'UE a été bâtie à la fois pour eux et pour les rentiers, au détriment des producteurs. Pour moi, si on revient à cette affaire de tromperie sur marchandise, la question est d'ordre politique: par exemple, le gouvernement pourrait exiger que tant qu'il n'y aura pas de circuits transparents de livraisons de viande, à savoir la mention du pays de production, la France devra exiger de n'utiliser que de la viande française! Bien entendu, c'est précisément au nom de la concurrence libre et non faussée que la mention du pays d'origine est interdite dans les traités européens. Ce qui veut dire que par conséquent, toute solution raisonnable nécessitera de violer les traités! C'est d'autant plus désespérant qu'au nom de la "construction" européenne, tous les services de contrôles sanitaires en France ont été drastiquement réduits, ce qui a grandement facilité la fraude. C'est ballot: on défait les organismes nationaux de contrôles, et on ne les remplace même pas par d'autres au niveau européen!
Bref, cette affaire illustre parfaitement ce à quoi était destinée l'UE: faire un grand marché sans contrôle (qui sont des entraves à la liberté), sans protection des consommateurs et au seul profit des classes possédantes. De ce point de vue, c'est une vraie réussite!
CVT
Ne doutons pas que cette chère (et qui nous coûte cher), UE a encore d'excellentes idées en réserve. Par exemple, la réintroduction des farines animales d'ici peu. Nos technocrates de la commission souffriraient-ils de creutzweld-jacob ? That is the question...
RépondreSupprimerMême en ayant une production intégralement française le risque de truandage existe.
RépondreSupprimerLa Sté Spanghero, en France, est à l'origine du problème.
Et on a eu de beaux exemples franchouilles similaires avec les implants PIP, quelques médocs tel le Mediator...
Dans une société française où je travaillais, j'ai vu la direction tranquillement, pas gênée, décider l'expédition d'une commande de produits médicaux défectueux, en toute connaissance de cause.
Alors la quel est le problème pour le consommateur la viande de cheval est bien meilleure pour la santé que le boeuf est coute en général plus cher c'est un produit gagnant gagnant ; bien sur il y a le cas de ceux qui se lèvent le matin et se regardent dans la glace voient un tête de cheval et ne veulent pas en manger idem pour ceux ceux qui voient une tête de porc .
RépondreSupprimerLe vrai scandale la dedans est que ce qui a été retiré de la vente va vraisemblablement être jeté et la le gâchis de nourriture est un véritable crime contre l'humanité un jour les gens de la corne de l'Afrique se rebellerons nous arracherons les boyaux et nous pendrons avec
@ Jardidi
RépondreSupprimerPas d’accord sur l’apathie : au contraire, les élections sont presque toujours l’occasion de surprises, ce qui montre bien qu’il y a une révolte démocratique.
@ Poussantg
En même temps, quand on voit l’ampleur du débat, cela montre que les Français se révoltent.
@ A-J H & Olaf
Merci pour la précision. Attendons les conclusions de l’enquête.
@ Emmanuel B
Très juste.
@ CVT
Oui, mais les consommateurs cherchent les prix bas car leur pouvoir d’achat régresse… C’est tout à fait cela : un sixième des dépenses. Avec ce cas, l’UE scie la branche sur laquelle elle est assise.
@ JJS
En effet, l’autorisation des farines de porc et de poulet pour l’alimentation des poissons est incroyable.
@ Patrice
Il faut espérer que cette nourriture ne sera pas jetée en effet.
Le démantèlement de la DGCCRF par Sarko y est un peu pour quelque chose probablement. Problèmes similaires de sous effectifs à l'inspection du travail, à la justice...
RépondreSupprimer@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerpour ce qui est du pouvoir d'achat, je suis d'accord avec vous jusqu'à une certaine limite: la modération salariale a entraîné une perte de pouvoir d'achat, qui s'est répercutée sur l'alimentation. Or bizarrement, l'achat des produits de loisirs (ordinateurs, TV, smartphone, etc...) n'ont pas diminué! C'est que nos habitudes de vie ont changé, et ce justement à cause de la chute des prix des aliments, qui s'est faite souvent au détriment de leur qualité.
C'est plutôt là-dessus qu'il faut jouer, car si les produits de loisirs sont souvent payés à crédit par les classes populaires (et beaucoup moins par les classes moyennes et possédantes), alors que l'alimentaire est souvent payé comptant et sert de variable d'ajustement du budget familial.
C'est donc au consommateur de se rappeler qu'il est aussi un citoyen lorsqu'il recherche les prix les plus avantageux...
CVT
C'est un message que peu de gens comprennent que de tout négocier en permanence pour payer moins cher , les vendeurs ajustent les produits a la demande se récupère sur un autre etc ... au final ne reste que des produits de merde que le consommateur paye très cher ; y compris dans les produits de loisir qui sont irréparable et durent 5ans au mieux quand ils ne sont pas obsolètes des qu’acheté
RépondreSupprimerLe rapprochement que fait Laurent entre les méthodes de la filière agro-alimentaire et celles de la finance définit bien le système dans lequel nous vivons : loi de la jungle et profitabilité maximale. Pas question d'assurer le moindre contrôle (bye, bye la DGCCRF). Ainsi, l'étiquetage est et doit rester une "démarche volontaire". Pas question de nuire à "la concurrence libre et non faussée."
RépondreSupprimerLe plus saisissant est, dans cette affaire, l'attitude du gouvernement français, qui propose des tests, des analyses. Pourquoi pas une commission d'experts ou une table ronde ? Une attitude technocratique aussi incompréhensible qu'inadmissible quand on sait que les représentants de la filière bovine française sont favorables à la traçabilité de la viande bovine.
Malheureusement, ce n'est pas encore aujourd'hui que les socialistes vont remettre en cause les Commandements de la Bible européenne.
Excellent article, en effet. Il est très intéressant de mettre en parallèle ces différents scandales et leur côté "systémique". On pourrait même théoriser toutes les aberrations économiques et sociétales dénoncées entre autres sur ce blog tellement on constate de similitudes et de prévisions hélas vérifiées...
SupprimerCeci dit, la viande de cheval est excellente.
RépondreSupprimerUn steak haché de cheval cuit à la poêle, des échalotes et du vin rouge en plus, c'est un délice.
Le saucisson d'âne c'est très gouteux aussi.
Et puis, finalement, nous finirons tous cadavres mangés par les vers ou les bactéries qui se régaleront de nos chairs mortes.
Pourquoi gâcher en nourrissant les vers ? Il vaudrait mieux nous donner aux poissons en plus des farines animales ou en alternance. Le pire n'étant pas à exclure, l'histoire pourrait même se terminer comme dans ce merveilleux film, "soleil vert" par une séance de cinéma alimentaire.
SupprimerUne bonne synthese du probleme dans ce texte.
RépondreSupprimerFinalement ce n'est pas les malheureux de chez Spanghero qui doivent porter toute la responsabilité. Ils sont soumis à la pression de ceux qu'on ne condamne jamais, les actionnaires. Notamment ceux de Findus. Même si ceux ci n'ont pas forcement demandé d'utiliser du cheval c'est en exigeant des rentabilités folles qu'ils se placent à la source du problème.
Et Findus, qui vend du cheval pour du boeuf, appartient à Lion Capital. Une histoire pareille ne s'invente pas. Reste juste à savoir qui sont les dindons.
Supprimer@ Olaf
RépondreSupprimerMerci pour le rappel
@ CVT
Bon point.
@ Démos
Merci. Complètement d’accord sur l’attitude du gouvernement : on traite les conséquences et non les causes des problèmes
@ jyb
Merci.
@ TeoNeo
Merci. C’est tristement juste sur ce qui en subiront les conséquences.