vendredi 22 février 2013

LIBOR : les banksters achètent leur impunité ?


Après Barclay’s et UBS, c’est au tour de RBS, une banque britannique en partie nationalisée au pic de la crise économique, de payer une amende de plus de 600 millions de dollars. Bizaremment, personne ne se demande si les sommes sont justes ou non.

Un jugement accablant



The Economist donne des détails sur l’accord auquel est parvenue la banque avec les régulateurs étasunien et britannique. Le premier a infligé une amende de 475 millions de dollars et le second de 137 millions. La banque britannique se place entre UBS, qui a payé 1,5 milliards de dollars et Barclay’s, qui en avait eu pour 290 millions de livres. Mais la plupart des grandes banques (notamment Deutsche Bank) sont en cours d’investigations et d’autres condamnations devraient être prononcées.

A la base, un scandale dont il faut parler : la manipulation du LIBOR, un taux d’intérêt qui détermine des contrats financiers dont la valeur atteint dix fois le PIB mondial. Ce taux est la moyenne des huit taux médians de refinancement déclarés par seize grandes banques internationales. Des enquêtes ont démontré que les banques s’entendaient entre elles pour manipuler le cours du LIBOR en fonction de leurs intérêts et petit à petit, les grandes banques finissent par être condamnées.



Comme le rapporte The Economist, l’enquête a soulevé des preuves accablantes : « des mails, des enregistrements audios qui démontrent comment ils essayaient de manipuler le LIBOR, même après qu’ils aient su que des enquêteurs se penchaient sur la question ». L’article cite également une conversation où un trader affirme : « c’est incroyable à quel point la manipulation du LIBOR peut rapporter autant d’argent ». Des centaines de preuves ont été trouvées au sein de RBS, contre des milliers dans le cas d’UBS, ce qui explique la différence de montants des amendes.

Un jugement juste ?

Des centaines de millions d’amendes, des équipes dirigeantes contraintes de partir : on pourrait se dire que la justice est passée et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Cependant, beaucoup de questions restent posées. En effet, ce n’est pas tout de mettre une amende, il faut qu’elle soit dissuasive et punisse efficacement les comportements délictueux des banques. Pour ce faire, il faut qu’elles soient nettement plus importantes que le profit réalisé par ces délits.

En effet, si RBS paie 600 millions alors que la manipulation du LIBOR lui avait rapporté dix fois moins, alors, la banque devrait s’acheter une conduite. Si, en revanche, elle a gagné davantage dans l’affaire que ce que l’amende lui a coûté, alors, il n’y a pas de raison qu’elle ne recommence pas. Je ne ferai pas l’insulte aux instances de régulation d’avoir ignoré ce fait, mais il est curieux qu’aucun chiffrage précis des bénéfices tirés de cette manipulation ne soit évoqué. A-t-il seulement été réalisé ?

Il est essentiel que les banques paient beaucoup plus cher que cela ne leur a rapporté. De même, on peut s’interroger sur l’absence de sanctions individuelles pour les traders fautifs. En effet, s’ils ont juste été licenciés, après avoir gagné des millions (et éventuellement bénéficié d’un parachute doré), la sanction semble bien faible. Pourquoi n’y a-t-il pas des amendes individuelles contre les fautifs. N’oublions pas que le scandale des caisses d’épargne il y a vingt ans aux Etats-Unis avait abouti à 650 peines de prisons pour les banquiers, comme le rapporte Stiglitz dans son dernier livre.

Bref, la valse des centaines de millions ne doit pas faire oublier la gravité des accusations. Il n’est pas impossible que les banques soldent leur culpabilité à bon compte dans le scandale du LIBOR. Il est malheureux que les médias et les politiques ne se posent pas davantage la question.

7 commentaires:

  1. "Des enquêtes ont démontré que les banques s’entendaient entre elles pour manipuler le cours du LIBOR en fonction de leurs intérêts et petit à petit, les grandes banques finissent par être condamnées."

    inexact. Certes, des types se sont gavés impunément, et ils doivent etre punis pour cela, mais le scandale est que ce sont les autorités publiques brits qui ont demandé aux banques de manipuler le marché pour soutenir l'économie.

    source : BBC "Barclays reveals Bank of England Libor phone call details"
    http://www.bbc.co.uk/news/business-18695181


    The Telegraph : The Bank of England was thrust back into the centre of the Libor scandal yesterday after it was accused of giving Barclays a “nod and a wink” to rig interest rates.
    http://www.telegraph.co.uk/finance/newsbysector/banksandfinance/9377183/Bank-of-England-in-the-spotlight-over-nod-and-wink-to-Libor-rigging.html


    Nicolas Doze http://www.youtube.com/watch?v=g3mvKwIp5s0

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. @ LPL.

      Vous êtes hors sujet. Comme toujours.

      La fraude est avérée. Les banques Barclays, Royal Bank of Scotland et UBS ont été condamnées à de lourdes amendes par les autorités britanniques et américaines pour avoir manipulé le taux interbancaire Libor.

      Ce qui est regrettable dans cette affaire, c'est que les autorités se refusent, en France comme ailleurs, à mettre en place des mesures pour encadrer les activités financières et les mouvements de capitaux. Elles se contentent de sanctionner les fraudeurs en faisant preuve d'une indulgence coupable, qui les encourage à recommencer.

      Aussi, les choses pourraient-elles évoluer, si l'on en croit le Financial Times. En effet, la Commission européenne, qui s'interdit (à tort) de réglementer le monde de la finance, voudrait alourdir les amendes en cas de mauvaise conduite avérée dans ce scandale, avec des pénalités pouvant aller jusqu'à 10 %, voire 30% du chiffre d'affaires pour chaque organisme financier.

      Faudra-t-il que des pays fassent défaut, que des économies s'écroulent entièrement, que des citoyens choisissent une voie plus radicale pour que le courage, l'intelligence et la volonté remplacent chez les dirigeants européens la faiblesse, l'entêtement et la cupidité.

      Supprimer
  2. @ LPL

    Dans ce cas là, la Bank d'Angleterre doit également être poursuivie et condamnée. Mais cela ne change rien aux questionnements que je porte sur le probable manque de sévérité des sanctions actuelles. En outre, certains éléments semblent indiquer que les banques faisaient aussi cela à leur profit...

    RépondreSupprimer
  3. Vendredi 22 février 2013 :

    Zone euro : Bruxelles prévoit une récession en 2013.

    Pas d'amélioration de la croissance en 2013, au contraire, prévoit Bruxelles. La Commission européenne a en effet annoncé vendredi qu'elle table désormais pour 2013 sur une nouvelle baisse de l'activité économique dans la zone euro, qui touchera notamment les pays les plus vulnérables de la région.

    L'exécutif communautaire prévoit une contraction de 0,3% du produit intérieur brut (PIB) des dix-sept en 2013, après - 0,6% l'année dernière, alors qu'en novembre il prévoyait encore une hausse de 0,1% pour cette année.

    La Commission européenne prévoit notamment une baisse de 1,4% du PIB en Espagne, une baisse de 1,9% du PIB au Portugal, une baisse de 3,5% à Chypre, et une baisse de 4,4% en Grèce.

    En Allemagne, première économie de la zone, la croissance devrait en revanche atteindre 0,5%. Quant à la France, elle ne devrait afficher qu'une croissance de 0,1% cette année , nettement inférieure à celle de 0,8% prévue jusqu'à présent par Paris.

    Pas d'amélioration non plus sur le front du chômage. Selon la Commission, le chômage va encore s'aggraver dans la zone euro cette année et devrait dépasser les 12% de la population active. En 2012, il s'est établi à 11,4% de la population active. Il devrait grimper à 12,2% cette année, et se stabiliser à 12,1% en 2014, avec des pointes à plus de 25% en Espagne et en Grèce.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202583636612-zone-euro-bruxelles-prevoit-une-recession-en-2013-541352.php

    RépondreSupprimer
  4. L'agence Moody's vient de dégrader la Grande Bretagne ; tous le monde s'en fout ; d'accord!

    RépondreSupprimer
  5. dans la foulée des caisses d'épargne américaines , ici pas mal aussi : le grand frère que sont nos "caisses d'épargne" , le petit frère que sont les banques dites "populaires" les 2 compères issus d'une véritable mafia politico financière ! 1999 nuances 3d "boosté" par dynamique + , 2001 doublo , 2006 les superbes actions natixis , quel beau défilé quel beau tir groupé comme ils disent a l'armée ... pour nous le mettre bien profond dans l'ognon ! "ici allo maman bobo j'ai mal en bas du dos et je ne crois pas que ce soit un lumbago !"

    RépondreSupprimer
  6. année 1999 a l'agence "caisse d'épargne" ainsi ça c'est passé : c'était normalement un P.E.L. qui devait etre prolongé mais c'est sur la bourse au plus haut perchée (parfaitement conscients que la fete n'allait pas durer) qu'ils m'avaient dégueulassement attiré , résultat des courses ou soit dit en passant en misant sur les bourriques aurait été beaucoup plus prolifique , a ce jour piégé a ne pas retirer pour symboliquement ne pas accepter et reculer l'évidente réalité , entre ce qu'ils m'ont dilapidé pillé ou avec le P.E.L. enlevé sous le pied , c'est 60% de mon argent envolé pour dans les poches de gens mal intentionnés aller se poser , ou encore 2 mois a gratter pour gratos pour les engraisser , et pas du tout un cas isolé ! en vérité malgré des apparences de convivialité voir de généreuse sociabilité , cette banque et son associé obligé , ça peut s'avérer etre un véritable DANGER et vous ruiner ! vous l'avez peut etre remarqué actuellement leur crétine publicité a déserté la presse et la télé , les coups assénés commenceraient-ils a porter ?

    RépondreSupprimer