Alors
que le gouvernement laisse faire les fermetures de site ou les suppressions de
poste dans ces cinq entreprises, un peu de recul permet de comprendre
qu’elles sont la conséquence directe d’un libre-échange anarchique quand
un protectionnisme raisonnable aurait pu les protéger.
Des
marchés européens offerts
En effet, il
y a un point commun entre toutes ces entreprises, par-delà
la baisse des marchés provoquée par l’euro récession. En effet, les secteurs
sur lesquels ces entreprises opèrent sont largement ouverts à la concurrence
internationale, mais que les pays concurrents n’ouvrent pas de manière
symétrique. Du coup, outre les écarts de salaires, ces entreprises sont en plus
victime d’une concurrence déloyale et ne font que tirer les conclusions des
mauvaises règles du jeu européennes.
En effet, il
faut savoir que contrairement aux Etats-Unis, qui ont interdit l’importation de
pneus chinois, l’Europe
leur a ouvert grand les portes, au point qu’ils représentent 30% de nos
importations de pneus, qui ont doublé en dix ans, pour peser 40% du marché du
pneu de remplacement… Les importations chinoises représentent plus de la moitié
de notre déficit commercial et sans elles, l’Europe devrait produire plus de 10%
de plus. Le sort du site d’Amiens serait sans doute différent.
Idem pour
Arcelor-Mittal : alors que les Etats-Unis protège leur sidérurgue de la
concurrence internationale (en acceptant que les prix soient un peu plus
élevés, mais reste sans grande conséquence sur le prix des voitures), nous
laissons le marché européen ouvert. La
Fédération Français de l’Acier a montré la dégradation continue de notre solde
commercial, passé dans le rouge depuis 2011. Aujourd’hui, notre marché
intérieur est approvisionné à plus de 50% par les importations…
Des
marchés étrangers protégés
Rien de tel
en Europe où l’on signe des accords de libre-échange avec le Japon en 1991 ou
la Corée du Sud en 2011, qui aboutissent au démantèlement de toute protection
en Europe et sans la moindre ouverture du marché en contre-partie. Résultat,
les constructeurs japonais et coréens disposent d’une base arrière profitable
qui les protège des aléas, alors que nos
constructeurs sont soumis à une rude concurrence qui les pousse à délocaliser
pour protéger leurs marges.
Même
l’Allemagne contourne les règles avec ses normes DIN et une forte préférence
nationale alors qu’en France, l’Etat
achète des Ford et des Volwswagen quand Renault et PSA suppriment des
emplois ! Bref, la situation actuelle pourrait être en grande partie
corrigée si nous nous décidions à mettre
en place des mesures protectionnistes qui imposeraient à ceux qui souhaitent
vendre en France d’y produire, comme
les pays d’Amérique Latine. Malheureusement, le
débat reste tabou.
Laurent,
RépondreSupprimersi vous pouviez nous en dire un peu plus sur les normes DIN allemandes, merci.
Francis Commarrieu.
Malheuresemnt ce n´est pas fini Laurent :
RépondreSupprimerPar exemple Qoros : marque créait pour viser le marché européen .
Pas idiots, les chinois, gorgés de cash (via l´Etat chinois ), payent des stylistes et ingénieurs européens pour concevoir une gamme au gout européen à un prix imbattable.
Voila , cela s´appelle s´acheter des competences :
http://fr.autoblog.com/2013/01/26/le-chinois-qoros-a-la-conquete-de-l-europe/
http://www.parismatch.com/Conso-Match/Auto/Photos/Qoros-GQ3-l-ambitieuse-chinoise-qui-vise-l-Europe/
PS : le TÜV , organisme de controle, participe à un certain protectionnisme car il decide pour l´homologation en Allemagne
Bonjour,
RépondreSupprimerPlus je lis vos papiers, plus je me demande à qui profite cet état de fait : libre-échange, euro fort avec toutes les contreparties sur le délitement de notre organe productif industriel. Quels sont les grands économistes qui ont fait et font encore l'Europe dans laquelle nous vivons et contre qui vous vous battez ? Quels sont les grands courants de pensée opposés qui marquent la différence de lecture que l'on peut avoir de la situation ? Pourquoi le discours actuel dominant est-il si éloigné de votre approche ?
pour faire simple : où peut-on lire les thèses opposées à celles que vous défendez ?
Merci pour votre retour.
Cordialement
Vincent,
Supprimersans pour le moins du monde présumer la réponse que vous adressera Laurent, sachez qu'en lisant ce blog vous vous rendez sur une tout autre planète intellectuelle que celle que vous font parcourir les habituelles et traditionnelles sources d'information, blogosphère à part bien entendu.
Les thèses ou la thèse opposée à celle-ci, c'est une thèse économique plutôt libérale, détachée de toute forme d'appartenance collective : c'est à dire à une nation (un gros mot en France depuis 40 ans), voire à une ou plusieurs classes sociales.
Ce déni des appartenances fortes, réelles, venues de l'histoire profite à un tout petit nombre de gens, et plus globalement aux détenteurs d'épargne qui cherchent à la faire fructifier aux dépens des gens qui travaillent et conçoivent les produits et services d'aujourd'hui comme de demain.
Ce déni matériellement intéressé a ses véhicules idéologiques de prédilection: une certaine conception de la mondialisation qui sacralise le principe du libre-échange déloyal et la circulation sans entrave des capitaux ; et surtout l'Union Economique et Monétaire, donc l'euro, qui participent à la dissolution des nations, de la souveraineté, et par conséquent des acquis démocratiques qui en accompagnent l'existence. Du moins en France...
Mettre en doute ces illusions qui ne profitent qu'à une élite très étroite, c'est rentrer dans une discussion qu'on espère féconde pour l'avenir. Vous êtes le bienvenu.
Francis Commarrieu.
Il y a une belle incohérence des gouvernements depuis plusieurs décennies. Par exemple, la promotion fiscale du diesel( 80% du parc auto) au détriment de l'essence, pendant que la France exporte de l'essence et doit importer son diesel, ce qui explique pour partie les problèmes des raffineries françaises.
RépondreSupprimerUne mesure de bon sens serait d'élever un peu la fiscalité du diesel pour baisser celle de l'essence, favorisant ainsi les raffineries en France, d'autant plus que le diesel va être progressivement chassé des villes en France et à l'étranger.
que dites vous aux français qui veulent rouler en VW ?
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerCe n'est que mon avis, mais il me semble que Mr Pinsolle répond déjà à cette question en disant: "mettre en place des mesures protectionnistes qui imposeraient à ceux qui souhaitent vendre en France d’y produire".
Rien ne vous empêcherait de rouler en VW. L’Etat force le constructeur à la faire produire en France, ce que celui-ci fera s'il ne veut pas perdre de parts de marché.
Si le constructeur refuse, vous paierez la voiture plus cher, comme les Coréens qui veulent rouler en Peugeot.
Donc, schématiquement parlant, on dit à ces Français (enfin, je):
Au bout d'un moment, il faut protéger l'intérêt Général des Français (qui prime notamment sur celui des minorités).
Donc, dans les domaines en concurrence, vous payez en plus ce qui ne rapporte rien à la France.
Après, c'est au peuple de choisir son destin...
Cordialement,
GB
Les pays émergents, comme la Chine ou le Brésil par exemple, ne se gênent absolument pas pour contraindre les (grandes) entreprises à produire sur leur sol. Ceci dit, celles-ci se plient sans broncher aux exigences de ces mêmes gouvernements
Supprimercar cela ne les gêne guère. Elles ont intérêt à produire dans des pays à bas coût où, de surcroît, le pouvoir d'achat des classes moyennes progresse rapidement.
Au final, qui gagne et qui perd quand les entreprises délocalisent ?
D'abord qui gagne ? Les entreprises et leurs actionnaires qui paient moins de salaires, moins de taxes ailleurs et se débrouillent pour ne rien déclarer ou très peu dans nos pays à "fiscalité confiscatoire". Vive le Monopoly mondial!
Enfin, qui perd ? les Etats et les nationaux, vous et moi. Moins de rentrées fiscales et déficit commercial garanti. Observez la situation de nos comptes nationaux.
Aussi simple qu'efficace. Tellement simple qu'aucun média n'en parle jamais, même pas Lenglet, ni Pujadas.
@ Francis
RépondreSupprimerDans un certain nombre de domaines, souvent industriels, l’Allemagne conserve des normes DIN qui lui permettent de protéger son marché. Par exemple : les normes pour les cables électriques sont différentes en Allemagne des autres pays européens. Résultat, le marché est essentiellement dominé par des câbliers allemands quand les autres marchés européens sont plus intégrés.
@ Abdel
Merci pour l’exemple. La Chine ne fait que répliquer ce que le Japon et la Corée du Sud ont fait avant elle.
@ Vincent
Nous nous battons contre les Minc, Attali, Sylvestre, The Economist et tous ceux qui ont été pénétrés par la pensée néolibérale qui réduisent l’économie à une science dure où il n’y aurait qu’une solution et qui ne comprennent pas que la base de la politique, c’est justement la possibilité d’avoir un choix et de pouvoir changer de politique.
Je vous suggère de lire The Economist, si vous parlez anglais car c’est une lecture enrichissante, même s’ils sont parfois très dogmatiques, car parfois leur analyse est assez objective.
@ Francis
Tout à fait d’accord. Le problème est que nos élites adhèrent à une soupe néolibérale (qui n’empêchent pas nos hommes politiques de trop dépenser et réglementer souvent car en s’occupant des détails, ils se donnent l’illusion d’agir alors qu’ils ont renoncé à agir sur l’essentiel) et mondialisée totalement coupée des réalités nationales.
@ Olaf
Bien d’accord sur ce point.
@ LPL
Qu’ils font ce qu’ils veulent. Mais que nos administrations ne devraient pas être autorisées à le faire.
Nous pouvons rouler en VW avoir des Marlboro plein les doigts des Nike ta mère aux pieds et des I.merde en poche mais il ne faut pas venir chialer a Paul emploi
SupprimerSur la Chine j'ai deja dit quelque part qu'il ne fallait pas les prendre pour des idiots il font ce qu'on fait les Japonais dans les année 50/60 trouve t'on encore beaucoup d'appareil photo de chaine hifi européenne ou américaine sauf du très haut de gamme qui font vivre quelques centaines de personnes pour l'aviation l'automobile les trains les chinois vont faire idem si nous n'y prenons garde . PSA en Chine s'appelle DPCA
Supprimerje suis d'accord avec vous, Patrice Lamy, et c'est bien pour ca que le gouvernement ne devrait plus intervenir dans la lutte contre le chomage, qui de toutes facons est inefficace. Pole Emploi, les allocs chomages, peuvent etre remplacées par des solutions privées.
SupprimerPourquoi se préoccuper de "l'accessoire" ? La bourse va bien, l'Euro monte...peu importe que ce soit les plus faibles qui paient la facture, mission accomplie pour nos ploutocrates.
RépondreSupprimerEt voici maintenant que s'annonce un nouveau train de mesures avec le gel des pensions pour plusieurs années.
RépondreSupprimerRappelons-nous du slogan du candidat socialiste au moment de la campagne présidentielle : "le changement, c'est maintenant" et saluons l'artiste à la carrière, qui s'annonce déjà aussi courte que celle de son prédécesseur.
A cocher dans l'agenda des socialistes dès 2014 : les dates des inévitables revers électoraux à venir.
Tous les mauvais ouvriers du monde se sont donnés la main. C’est le règne du travail vite fait, vite cassé, vite jeté. Du pas cher qui rapporte beaucoup… à quelques uns. Le consommateur n’est qu’un intermédiaire, pas vraiment indispensable, entre l’usine et la poubelle. Jadis, Giscard rêvait d’une Europe où la cuisine serait française, les vêtements italiens, les voitures allemandes… Bref, où chacun ferait ce qu’il sait mieux faire pour tous. Mais le carrosse Europe s’est transformé en citrouille. Même les voitures allemandes sont fabriquées dans tout le continent avant de recevoir la précieuse étiquette mensongère « Made in Germany ».
RépondreSupprimerEric ZEMMOUR
@ GB
RépondreSupprimerTrès juste. Il faudrait imposer à Samsung et Apple de produire en Europe notamment…
@ Patrice
Complètement d’accord sur la Chine.
@ TeoNeo
Tellement juste : quand on entend que nous sommes sortis de la crise de la zone euro alors que la zone euro va faire une 2ème année de récession, que le chômage ne cesse de monter…
@ Démos
Très juste. Ils vont oser ce que Sarkozy n’avaient pas osé faire.