dimanche 31 mars 2013

Il faut mettre fin aux négociations d’entrée de la Turquie dans l’UE


Contrairement à ses promesses de campagne, Nicolas Sarkozy n’avait que freiné les négociations d’entrée d’Ankara dans l’Union Européenne. Mais avec l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, la diplomatie française vient de relancer ce processus qui n’a aucun sens.

La Turquie n’est pas un pays européen

Contrairement au choix de The Economist de mettre le pays dans la section Europe, il faut rappeler ce simple fait géographique et sur lequel on ne pourra jamais revenir : la Turquie ne fait pas partie de notre continent et il est donc aberrant d’entamer des négociations d’entrée. Si Ankara pouvait accéder à l’Union Européenne, pourquoi ne pas accepter le Liban, Israël ou même, rêve de certains, les Etats-Unis ? Intégrer la Turquie changerait la nature du projet européen.

Qui plus est, comme le rappelle Laurent de Boissieu, le Général disait qu’il voulait une Europe européenne, et non une Europe étasunienne. Or, la candidature d’Ankara est largement soutenue par les Etats-Unis, étant donnés les liens qui existent entre les deux pays. Cela reviendrait à renforcer plus encore l’influence de Washington sur cette Europe qui ne semble pas toujours vouloir être européenne. La coopération avec la Turquie passe bien plus par une activation de l’Union pour la Méditerranée.

Enfin, on voit bien depuis trois ans que l’Europe souffre de son manque d’homogénéité. Ajouter la Turquie dans l’UE ne ferait qu’accroître ce problème, en y ajoutant en plus une dimension culturelle importante. En outre, il est bien évident que laisser rentrer un pays de 73 millions d’habitants, où le SMIC est à 400 euros par mois représenterait une immension pression à la baisse sur les salaires de l’UE, sans parler des potentielles conséquences migratoires…

Mettre fin aux négociations

samedi 30 mars 2013

Le scandaleux (et discret) 2ème plan d’aide à l’Irlande de la BCE



Quand la BCE refinance l’Irlande en douce

Je tiens à remercier Maguy Girerd pour m’avoir transmis cette information abracadabrantesque peu diffusée dans les médias. Comme le rapporte ce papier fouillé de la Tribune, la BCE et Dublin ont conclu un accord assez stupéfiant en urgence début février. Le point de départ est la procédure de liquidation de l’IRBC (Irish Bank Resolution Corporation), la « mauvaise banque », ou structure de défaisance de l’Anglo Irish Bank et de Nationwide, nationalisées pendant la crise.

Cette liquidation se serait faite dans l’urgence, en quelques heures à peine, pour mettre Dublin en position de force face à la BCE. En effet, l’IRBC avait levé 30 milliards d’euros auprès de la BCE grâce à une reconnaissance de dettes équivalente de l’Etat Irlandais auprès de l’IRBC. Chaque année, Dublin reversait 3 milliards à l’IRBC, qui permettait à cette dernière de rembourser sa créance à la BCE. Mais la liquiditation d’IRBC a cassé ce schéma et imposé une renégociation.

En contre-partie, comme le rapporte la Tribune, l’accord a été remplacé par « le versement direct à la BCE d’une obligation de 40 ans de maturité et portant intérêt à 3% ». Cette substitution devrait permettre au pays d’économiser un milliard d’euros par an au budget en intérêt, soit 0,6% du PIB. Cette obligation représente près de 20% du PIB de l’Irlande (400 milliards à l’échelle de la France). En clair, la BCE vient de monétiser en toute discrétion près d’un cinquième de la dette du pays…

L’arbitraire le dispute au despotisme dans l’UE

vendredi 29 mars 2013

François Hollande, entre impuissance, esquives et faux semblants


Hier soir, François Hollande intervenait sur France 2 dans un contexte d’impopularité record. S’il s’est voulu volontiers combatif dans la forme, le pédalo présidentiel continue à tourner à vide sur le fond, rabâchant des mesures qui ne donnent et ne donneront rien. Pas de remise en cause, juste des rustines.

L’impasse de la croissance

Le président de la République a eu bien du culot d’affirmer que « nous n’avions pas anticipé que cette crise allait durer plus longtemps que prévu ». Ce faisant, il se place comme un commentateur de l’actualité et non comme un acteur. Car si on ne peut pas lui imputer la responsabilité du niveau de la croissance pour 2012, en revanche, il est bel et bien responsable de ce qui va arriver en 2013. Et il est bien évident, comme l’a souligné Jacques Sapir sur Twitter, que les plans d’austérité mis en place à son arrivée au pouvoir allaient avoir un impact significatif (et négatif) sur la croissance.

A ce titre, il est risible qu’il ait osé dire que « prolonger l’austérité, c’est le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et la certitude d’avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes feront une bouchée le moment venu ». Si le constat est juste, il faut noter que nous le disions il y a plus de trois ans déjà et surtout que, comme sous Nicolas Sarkozy, le président de la République tient un discours et fait autre chose. Car dans les faits, il a été le premier à prolonger l’austérité, même s’il a fini par renoncer à l’objectif de réduction du déficit public à 3% du PIB dès 2013.

Surtout, ne pas fâcher

Ce qui est assez marquant dans cette intervention, c’est que François Hollande a finalement pris très peu de risques. Toutes les promesses de simplification de l’administration, ou d’amélioration de la politique d’achat de l’Etat ne déplaieront à personne. Il a également promis de ne plus monter les impôts et de réduire les déficits par des économies sur le train de vie de l’Etat. Heureusement, il a annoncé qu’il n’y aura de coupes massives dans le budget de la défense. Il a annoncé le énième déblocage de la participation des ménages pour six mois pour soutenir la consommation.

Sur les allocations familiales, il a logiquement (mais malheureusement) tranché en faveur d’une réduction des allocations familiales pour les ménages les plus aisés, ce qui va rompre le principe fondateur d’universalité de notre système de protection sociale. Devant la grogne des chefs d’entreprise, il a annoncé qu’il va réduire la fiscalité sur la transmission d’entreprise. Et devant les manifestations contre le projet gouvernemental de mariage pour tous, il semble prêt à sacrifier la PMA. En revanche, il a annoncé un probable allongement de la durée des cotisations retraite.

Le mauvais constat

jeudi 28 mars 2013

Le piège mortel de la course à la compétitivité


« Compétitivité, compétitivité, compétitivité » disent aujourd’hui tous les cabris de la pensée unique politico-médiatique. Opposition comme majorité en font l’horizon indépassable pour lutter contre la montée du chômage, qui a atteint un nouveau record. Encore une erreur tragique.

Il n’y a pas d’alternative ?



Hier sur RTL, Laurence Parisot a lourdement insisté sur la nécessité de « baisser les coûts de production ». Elle a qualifié le crédit d’impôt de 20 milliards mis en place par le gouvernement suite au rapport Gallois de « première étape », appelant à « un acte deux du plan de compétitivité » et à « continuer à travailler inlassablement sur la baisse des coûts de production ». Le Medef voit son message parfaitement relayé par une UMP qui ne fait pas dans la nuance sur le sujet.

Mais cette thématique de la compétitivité n’est pas le seul apanage de la droite et du patronat. Le Parti Socialiste a largement sacrifié à ce débat, en demandant à Louis Gallois un rapport sur le sujet et en s’empressant d’en appliquer la plupart des conclusions, à la surprise générale. D’ailleurs, il s’agit d’un des trois objectifs majeurs du président annoncés lors de sa conférence de presse de novembre, avec le désendettement et la réorientation (sic) de l’Europe.

Et les médias dits de gauche embrayent sans le moindre recul. Le Monde titre sur le fait qu’en « Allemagne, le travail (est) près d’un tiers plus cher que la moyenne européenne ». Le quotidien en arrive à présenter une hausse moyenne du pouvoir d’achat de 0,6% (hausse des salaires de 2,6% contre 2% d’inflation) comme un risque pour nos voisins d’outre-Rhin ! En effet, le salaire horaire moyen ressort à 31 euros, contre 23,5 en moyenne dans l’UE, et 3,7 en Bulgarie.

Une course sans fin et mortifère

mercredi 27 mars 2013

Lettre ouverte à François Asselineau, bis


Les querelles entre DLR et l’UPR n’ont pas un grand intérêt. Il y a deux ans et demi, je vous avais déjà fait une lettre ouverte, suite à des attaques aussi grotesques que malhonnêtes à l’encontre de Nicolas Dupont-Aignan. Puisque vous persistez, je me résouds à vous écrire de nouveau.

De mauvais procès en mauvais procès

C’est le visionnage d’une de vos conférences à Toulouse avec 20 minutes intégralement consacrées à attaquer Nicolas Dupont-Aignan qui me fait reprendre la plume. Déjà, en novembre 2012, vous vous étiez illustré en publiant sur votre blog un papier, qui dénonçait le gravissime plagiat que Nicolas Dupont-Aignan aurait réalisé en reprenant l’image de copropriété ou syndic au sujet de l’Europe, terme que vous disiez employer fréquemment dans vos conférences.

Par delà le fait que cette image semble assez évidente quand on parle de l’Europe, et qu’il est donc assez ridicule d’en réclamer la propriété, Tythan a montré sur son blog que NDA emploie ce terme depuis plus longtemps que vous… Mais c’est une constante chez vous, dès que l’on a l’audace de dire quelque chose qui ressemble vaguement à ce que vous dites, c’est forcément un plagiat, comme si la terre entière avait les yeux rivés sur vos écrits. Pourtant, on pourrait retourner l’accusation en brandissant les écrits d’il y a 20 ans de Séguin, Chevènement, De Villiers et bien d’autres.

D’ailleurs NDA a pris position publiquement bien plus tôt que vous sur la plupart des sujets européens. Vous agitez aussi la profession de foi présidentielle, qui ne parle pas de l’euro, comme une preuve de duplicité… Mais c’est totalement délirant. Non seulement, nous n’avons jamais varié sur ce sujet, mais je vous signale que la première vidéo de DLR de présentation de nos idées (vues plus de 15 000 fois) est justement sur ce thème là. Sachant que les Français avaient bien en tête ce point précis de notre programme, mais pas les autres, il était logique de développer le reste.

Une vraie différence de vision sur l’Europe

mardi 26 mars 2013

A Chypre, l’UE touche à nouveau le fond


Bien sûr, le nouvel accord auquel les autorités sont parvenues dimanche soir est moins injuste que le premier. Néanmoins, cette crise démontre à nouveau à quel point l’Union Européenne est non seulement extrêmement mal construite, mais qu’en plus elle est ingérable.

Un parasite fiscal et un casino bancaire (de plus) dans la zone euro

Nul doute que la plupart des citoyens des pays européens n’avaient pas forcément en tête que la zone euro comprenait Chypre. La crise des dix derniers jours aura donc révélé que la zone euro accueille un parasite fiscal en soin sein, où de l’argent sale russe serait recyclé, et pratiquant un dumping fiscal puisque le taux d’imposition sur les sociétés y est de seulement 10%. Enfin, le secteur financier y a fait n’importe quoi, aboutissant à une situation de faillite, à l’origine de la crise.

En effet, le secteur bancaire pesait plus de 7 fois le PIB du pays, comme le rapporte Olivier Berruyer dans le papier le plus documenté sur le sujet que j’ai pu lire. Tout le problème est que Chypre n’est pas le seul parasite fiscal / casino bancaire de la zone. Malte semble réunir les mêmes caractéristiques. Pire, le ver semble être au cœur du fruit puisqu’Olivier Berruyer révèle que le secteur bancaire luxembourgeois pèse la bagatelle de 21,7 fois le PIB, trois fois plus que la tour de Babel chypriote qui vient de s’effondrer. On serait curieux de savoir ce qui s’y passe vraiment…

Bref, au nom de la « concurrence libre et non faussée », l’UE a laissé faire absolument n’importe quoi au secteur bancaire et impose aujourd’hui aux citoyens de payer la note, comme l’a bien souligné Frédéric Lordon. Car les 17 milliards nécessaires au plan chypriote doivent permettre la recapitalisation d’un secteur bancaire en faillite. Ce n’est pas la dette publique qui coule le pays, mais un secteur bancaire beaucoup trop important et qui a perdu des paris fous.

Le vrai visage de cette mauvaise Europe

lundi 25 mars 2013

Contre la réduction des allocations familiales !


La cause semble désormais entendue. Le gouvernement souhaite réduire les déficits publics et le ralentissement de l’activité provoqué par l’austérité le pousse à envisager de nouvelles coupes pour tenir ses objectifs. Les allocations familiales sont dans son viseur.

Courage, taxons les familles riches !

Dans le contexte d’une impopularité extrêmement forte et toujours croissante, il est difficile de réduire les déficits publics. Le gouvernement ne veut guère couper dans les dépenses (à part la défense), ce qui n’est guère populaire et créérait des mécontents. En outre, la tolérance à l’imposition a été durement testée avec les mesures prises depuis près d’un an. Du coup, le gouvernement cherche à faire des économies sans prendre le risque de l’impopularité ou de l’affrontement.

Dans ce cadre, viser les allocations familiales des familles les plus riches semble quelque chose de facile. D’ailleurs, le gouvernement a lancé plusieurs pistes dans les médias pour mesurer le degré de résistance ainsi que l’opinion des français. Résultat, un sondage indique que 66% des Français seraient favorables à la réduction ou à la suppression des allocations familiales passé un certain niveau de revenu. Passons sur le fait qu’une réduction de 10 ou 100% n’est pas la même chose, de même que l’absence de définition précise de ce qu’est un ménage aisé (qui varie selon les citoyens).

Dans un premier temps, le gouvernement a évoqué des pistes de réforme fiscale : suppression d’une demi-part ou intégration des allocations familiales dans la base fiscale. Mais devant l’impopularité de ces idées, Marisol Touraine est intervenue pour dire que ces pistes ne seraient pas suivies. Du coup, la solution d’une réduction des allocations familiales pour les ménages aisés semble aujourd’hui devoir s’imposer puisqu’elle semble recueillir l’assentiment d’une majorité de Français.

Une mauvaise réforme

dimanche 24 mars 2013

2014, année de la reprise ?


Il y a deux mois, j’écrivais qu’une « reprise faible et illusoire pour la grande majorité de la population en 2014 est une vraie possibilité ». De nombreux nouveaux éléments (crise budgétaire aux Etats-Unis, indicateurs économiques, climat en Europe) m’amènent à remettre à jour mes prévisions.

Clairs-obscurs sur la croissance

Au global, l’actualité récente, même si elle confirme que 2013 sera très mauvais en Europe, notamment sur le front du chômage, ce grand oublié, tend à confirmer mon pronostic. D’abord, les profits des entreprises se portent bien, et le climat des affaires s’améliore grandement, comme le montre cette étude internationale réalisée par The Economist. En effet, la vague du premier trimestre 2013 rapporte une nette amélioration des anticipations des entreprises puisqu’une majorité prévoit un progrès du climat économique alors qu’une majorité anticipait une dégradation un trimestre auparavant.



Ensuite, du fait de l’échec des politiques d’austérité en Europe et des récentes prises de position du FMI, il pourrait bien y avoir un certain relâchement des objectifs budgétaires et donc des coupes qui pesaient sur la croissance. Pour The Economist, alors que les politiques austéritaires avaient retranché 1,3 points au PIB de la zone euro en 2012, il n’en retirera plus que 0,9 point en 2013. En outre, la bonne tenue des marchés financiers crée un effet richesse favorable à la croissance.

Pour les Etats-Unis, la bonne tenue de la bourse et le rebond du marché immobilier pourraient apporter entre 0,5 et 0,7 point de croissance en 2013 et 2014. Néanmoins, pour l’hebdomadaire britannique, cela devra compenser en partie des effets du conflit budgétaire entre l’administration Obama et le Congrès, dominé par les Républicains. Il pourrait à lui seul retrancher près de deux points à la croissance en 2013, si aucun nouvel accord n’est trouvé rapidement !

Une reprise qui serait illusoire

samedi 23 mars 2013

Frédéric Taddeï, vainqueur médiatique du duel avec Patrick Cohen


C’est la polémique médiatique du moment. Après leur échange sur France 5, le débat fait rage entre la ligne Cohen, selon laquelle un journaliste pourrait avoir une liste noire abitraire d’invités et la ligne Taddeï, qui consiste à recevoir toutes les personnalités représentatives dans le cadre de la loi.

Schneidermann dénonce la liste de Patrick Cohen

La polémique a été relancée de manière intelligente par la tribune « La liste de Patrick Cohen » de Daniel Schneidermann dans Libération, qui est venu à la défense de Frédéric Taddeï. Dans ce papier, le journaliste souligne que « c’est parfaitement le droit de Cohen de ne pas inviter Ramadan, Soral, Nabe ou Dieudonné. Aucun cahier des charges du service public de l’oblige à le faire (…) Cohen serait parfaitement fondé à dire ‘j’estime qu’il existe des théologiens plus pertinents, des humoristes plus drôles. Manchettes, sujets, invités : être journaliste, c’est choisir, trier, hiérarchiser ».

Mais il critique le fait d’en faire une question de principe. Pour lui, « se priver d’invités parce qu’on n’est pas d’accord avec eux est, pour un journaliste payé par le contribuable, une faute professionnelle. Et non seulement c’est indéfendable, mais c’est contre-productif ». Visiblement vexé, Patrick Cohen a dit trouver « hallucinant que l’on considère que c’est une faute professionnelle de ne pas recevoir Dieudonné ». Mais cette ligne de défense est un sophisme bien peu solide.

Tout d’abord, il caricature outrageusement la position de son confrère, qui précise bien dans sa tribune qu’il avait parfaitement le droit de ne pas les recevoir. Ce que Schneidermann, comme Taddeï, expliquent, c’est qu’il n’est pas normal qu’un un journaliste du service public exclue par principe des invités avec lesquels il n’est pas d’accord, même s’ils respectent le cadre légal. En outre, Internet offre aujourd’hui un moyen d’expression qui permet à tout le monde  de s’exprimer.

Censeurs contre démocrates

vendredi 22 mars 2013

La Suisse et l’Europe s’attaquent (un peu) aux très hauts salaires


On peut juger que cela n’est pas assez, mais l’envolée des inégalités a fini par faire réagir les politiques. Alors qu’on attend toujours le second projet de la taxe à 75%, la Suisse et le Parlement Européen viennent de voter des initiatives visant à réduire certains excès.

Les Suisses contre les rémunérations excessives



Le 3 mars, près d’un Suisse sur deux a voté pour lors d’un référendum proposant une réglementation des rémunérations excessives. 68% des électeurs helvétiques s’y sont déclarés favorables dans tous les cantons de la confédération, ce qui impose au gouvernement, qui y était défavorable, de mettre en place une loi d’ici un an. Le scandale provoqué par le parachute doré du patron de Novartis (la bagatelle de 72 millions de francs suisses !) explique en partie ce résultat.

Le texte comportait plusieurs mesures : l’obligation d’un vote des actionnaires sur les rémunérations des dirigeants des entreprises, une limitation de la durée du mandat des membres du conseil d’administration à un an, l’interdiction des parachutes dorés, des bonus d’accueil, ainsi que des primes pour les achats d’entreprises, comme le rapporte l’Expansion. Certains proposent d’aller plus loin : les jeunes socialistes demandent à limiter les salaires à douze fois le salaire minimum.

Ce texte a été soutenu par la gauche de la gauche mais aussi par la droite dite populiste, comme l’explique cette tribune publiée dans Marianne. Bref, alors que Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé et pas fait grand chose (à part quelques règles étalant les bonus) et que François Hollande s’est emmélé les pinceaux avec son projet de tranche d’imposition à 75% pour les revenus au-delà d’un million d’euros par an, cela montre que même un pays qui vit de l’argent des multinationales peut chercher à mettre fin aux pratiques les plus extravagantes de rémunérations, sous la pression populaire.

Le dérisoire progrès voté au Parlement Européen

jeudi 21 mars 2013

Chypre cèdera-t-il au blocus de la BCE ?


Comme le rapporte Jacques Sapir, un événement grave a eu lieu hier. Le blocus est un acte qui peut s’assimiler à un acte de guerre et la BCE vient de décider de mettre le couteau sous la gorge de Chypre après le vote négatif du Parlement. Un bras de fer révélateur et dangereux.

Le diktat tyrannique de la BCE

La décision de la Banque Centrale Européenne est sans précédent. Certains pensaient que les chypriotes avaient gagné la partie de poker menteur lundi soir et que Mario Draghi n’oserait jamais couper les fonds aux banques de l’île, au risque d’asphyxier son économie. Mais non, le président de la BCE a décidé de réagir vivement au refus du « plan de sauvetage » concocté par les eurocrates et le gouvernement en posant un ultimatum aux dirigeants de l’île pour qu’ils se soumettent.

Il faut dire que les eurocrates ont toujours pu imposer leur volonté. La France et les Pays-Bas disent non au TCE ? Les parlements votent la copie conforme. L’Irlande le refuse ? Elle doit revoter. Le premier ministre grec veut faire un référendum sur le plan ? Il est démis de ces fonctions et remplacé par un pion bien docile. Berlusconi se fait trop remuant ? Lui-aussi est démis et remplacé par un autre pion. Bref, les eurocrates ont l’habitude de passer outre la volonté des peuples, des élus ou des dirigeants. Cela est encore plus choquant avec la BCE car elle n’est responsable devant personne.

Ce faisant, cela montre que quand elle le veut vraiment, l’UE peut taper du poing sur la table. Alors pourquoi ne l’a-elle pas fait pour mettre fin au dumping fiscal de l’Irlande lors de la négociation du plan de soutien ? Et pourquoi ne le fait-elle pas avec Chypre aujourd’hui, qui doit monter son impôt sur les entreprises de 10 à seulement 12,5% ? En réalité, cela montre que l’UE tolère, voir même accepte complètement l’existence de parasites fiscaux sur son territoire.

L’euro, enjeu d’une partie de poker

mercredi 20 mars 2013

Chypre refuse le plan injuste et arbitraire de l’UE


La tragi-comédie des plans de sauvetage européens continue avec un nouvel épisode particulièrement riche en rebondissements. Après le tollé délenché par l’annonce d’une taxe sur les dépôts des épargnants, le Parlement chypriote, suivant sa population, a refusé le plan signé samedi, même amendé.

Amateurisme ou machiavélisme ?

On ne croirait pas que Nicosie a demandé l’aide de l’UE il y a neuf mois devant le déluge de critiques du plan, quasiment unaniment condamné par les politiques et les journalistes, à l’exception notable de Jacques Attali. Mais comment les eurocrates et les dirigeants chypriotes ont pu ne pas avoir anticipé le tollé que déclencherait la taxation des dépôts bancaires ? A moins qu’ils aient proposé un premier plan très choquant à dessein pour pouvoir le réviser sans remettre en cause le principe, un peu comme le gouvernement le fait sans doute avec le livre blanc de la défense.

Le plan présenté samedi prévoyait en effet de taxer à hauteur de 6,75% les dépôts bancaires jusqu’à 100 000 euros et 9,9% au-delà. Les signataires de l’accord (on serait curieux de savoir si les signataires chypriotes avaient laissé beaucoup d’argent dormir sur leurs comptes…) pensaient sans doute que le fait que cette taxe touche les déserteurs fiscaux et l’argent sale notamment venus de Russie parviendrait sans doute à faire passer cette mesure extraordinaire.


Une taxe injuste et dangereuse

mardi 19 mars 2013

La scandaleuse occupation de la Palestine


The Economist consacre cette semaine un dossier très intéressant sur le processus de paix au Moyen-Orient. L’occasion d’évoquer les pistes possibles pour régler le conflit israélo-palestinien mais aussi évoquer la scandaleuse tutelle et occupation de la Cisjordanie.

Quand Israël charcute la Palestine



La carte publiée par The Economist est absolument stupéfiante et permet de se rendre compte à quel point l’état israélien opprime les territoires palestiniens. Même s’il s’agit d’un dossier que je suis fréquemment et sur lequel j’écris depuis longtemps, l’ampleur de l’occupation et du mitage du territoire cisjordanien dépasse encore ce que j’imaginais. Il suffit de voir la carte pour constater que « l’autorité » palestinienne n’exerce son autorité que sur une petite partie de la Cisjordanie (en marron).

En effet, sur les parties en beige, Israël assure le contrôle de la sécurité. Et les parties en vert clair sont totalement sous contrôle israélien, tandis que les zones en bleu correspondent aux colonies. Enfin, Tel Aviv a construit un mur de séparation qui ne s’embarasse pas vraiment des frontières de 1967. Tout ceci pose de nombreux problèmes. Tout d’abord, avec un territoire aussi morcelé et occupé, les autorités locales n’ont d’autorité que le nom, ce qui les affaiblit considérablement.

Ensuite, cela complique sévèrement les négociations pour aboutir à la constitution de deux Etats. D’ors et déjà, lors du processus d’Oslo, avaient été évoqués des échanges de territoire pour pouvoir intégrer une partie des colonies au sein d’Israël. Mais plus la colonisation continue, plus cela devient difficile et plus les tensions augmentent. En outre, certains Israéliens ne veulent pas abandonner le contrôle de la frontière de l’est. Cela amène certains à prôner une solution à un Etat.

Israël, la nouvelle Afrique du Sud ?

lundi 18 mars 2013

Chypre : un nouveau plan européen scandaleux


Samedi a été annoncé le 5ème « plan de sauvetage » d’un pays de la zone euro. Par-delà les questions que cela pose sur une zone dont 30% des membres ont eu besoin d’être sauvés en trois ans, le choix de taxer à 6,75% ou 9,9% l’épargne pose d’innombrables problèmes.

Les épargnants paient pour les créanciers

A l’origine, Nicosie avait demandé, en juin 2012, une aide de 17,5 milliards d’euros aux pays européens, un montant colossal, équivalent au PIB du pays ! Il faut également remettre ce plan en perspective avec la population, d’environ un million d’habitants. Mais l’Europe n’a pas voulu contribuer au-delà de 10 milliards d’euros et a donc demandé à Chypre de trouver de nouvelles recettes, sous la forme d’une taxe de 6,75% sur tous les dépôts du pays, et 9,9% au delà de 100 000 euros.

Cette taxe exceptionnelle devrait lever près de 6 milliards. Donc, l’ensemble des dépôts bancaires représentent environ 80 milliards, dans une économie très largement financiarisée, qui est en réalité un parasite fiscal de plus dans l’Union Européenne. En effet, Chypre servirait de plate-forme pour recylcer de l’argent sale, notamment en provenance de Russie, et le taux d’imposition des sociétés passera de 10 à 12,5%. Les actifs des banques pèsent près de 10 fois le PIB.

Comme le souligne Jacques Sapir, il faut noter que ce plan va refinancer le secteur bancaire sans restructurer la dette du pays (contrairement à la Grèce), selon la volonté de Chypre, qui ne souhaitait pas mettre à contribution son secteur bancaire. Le ministre des finances du pays s’est félicité d’avoir « évité une taxe sur les transactions financières ». Au global, ce sont donc les épargnants chypriotes et les contribuables européens qui vont financer les créanciers du pays !

Un précédent dangereux ?

dimanche 17 mars 2013

Les records de Wall Street, symptôme d’un système fou


Le Dow Jones bat depuis quelques jours record sur record. Il est aujourd’hui au-dessus du niveau atteint fin 2007, malgré la mise en place des coupes budgétaires automatiques et une conjoncture peu brillante. Mais qu’est-ce qui peut expliquer cette apparente exubérance des marchés financiers ?

Pourquoi les bourses montent

Même si les marchés sont « exubérants et irrationnels », la hausse du Dow Jones n’est pas totalement dénuée de fondements. En effet, trois facteurs puissants peuvent expliquer que l’indice boursier le plus connu du monde ait atteint récemment un nouveau record. Tout d’abord, aux Etats-Unis, les profits des entreprises n’ont jamais été aussi élevés, comme le montre ce graphique de The Economist. Et des profits élevés justifient une valorisation plus importante des entreprises.

Ce graphique montre que la crise a été moins violente pour les entreprises que pour les ménages et qu’en outre, elles ont très rapidement rebondi, au contraire, également, des citoyens lambda. Après avoir dépassé le cap des 12% du PIB en 2007, les profits des entreprises étasuniennes atteignent la somme faramineuse de près de 15% du PIB, 20% plus haut qu’avant la crise ! Bref, même si le niveau de valorisation est élevé historiquement, il n’est pas totalement dénué de sens.



Deux autres facteurs liés jouent également en faveur de la Bourse : le flot de liquidités émis par les banques centrales pour tenter de sortir de la crise et le niveau très faible des taux d’intérêt. En effet, comme dans les années 2000, la création de monnaie ne produit pas d’inflation des produits de consommation, mais soutient le prix des actifs en augmentant la demande. Et les très faibles taux d’intérêt rendent les placements boursiers plus attractifs puisque les dividendes seuls dépassent souvent le rendement des bons du Trésor des pays bien notés, cas assez rare dans l’histoire.

Un système complètement malade

samedi 16 mars 2013

L’abdication de notre souveraineté budgétaire continue



L’abandon de la souveraineté budgétaire

Le processus de mise sous tutelle des budgets nationaux par l’UE n’est pas nouveau. Le premier étage de cette contre-révolution technocratique et anti-démocratique a démarré avec le six pack, en 2011, qui, le premier, a proposé d’imposer un contrôle des budgets nationaux par les instances européennes ainsi que de véritables sanctions financières. Puis, nous avons eu droit aux camisoles budgétaires nationales, que le PS a fini par voter malgré ses promesses de campagne.

Mardi, le Parlement Européen a donc adopté le two pack, un ensemble de règles qui semblent dériver du six pack. Ces règles s’appuient sur le TSCG négocié par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, cette camisole budgétaire nationale votée en octobre, imposant un équilibre des comptes publics en 2017 et pouvant aboutir à des amendes allant jusqu’à 0,2% du PIB (4 milliards d’euros pour la France). Ce projet a été bien décortiqué par Magali Pernin sur son blog Contre la Cour.

Dans le détail, le premier projet de budget pour l’année suivante devra être envoyé aux eurocrates de la Commission dès le mois d’avril, avant même tout passage au parlement national. Et dès le mois d’octobre, ils pourront demander des modfications sur le projet de budget, avant même tout vote ! Et la Commission pourra proposer des des amendes. Cependant, il faut noter qu’il n’existe pas dans ce projet de véritable droit de veto européen sur les budgets nationaux.

L’horreur européenne

vendredi 15 mars 2013

Italie : vers une révolution politique ?


C’est aujourd’hui que le nouveau parlement issu des élections législatives de fin février se réunit. Mais si la coalition de centre-gauche dispose d’une majorité à l’Assemblée, elle n’est pas parvenue à s’entendre pour en trouver une au Sénat, ce qui met le pays dans la même situation que la Grèce il y a dix mois

Vers de nouvelles élections législatives ?

Le bienvenu très mauvais résultat de Mario Monti ne permet pas à une alliance du centre-gauche et des centristes d’avoir la majorité au Sénat. Seulement deux partenaires subsistent aujourd’hui pour trouver une majorité : soit le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, soit l’alliance de centre-droit, qu’a conduit Silvio Berlusconi, et qui avait soutenu le gouvernement technique de Mario Monti jusqu’à la fin 2012. Mais ces deux hypothèses semblent avoir aujourd’hui du plomb dans l’aile.

Il est tout aussi difficile pour Pierluigi Bersani d’accepter le soutien de l’alliance menée par l’ancien premier ministre que d’imaginer l’inverse, même si en pratique, c’est cette coalition qui était au pouvoir auparavant. Le centre-gauche essaie donc de convaincre les troupes de Beppe Grillo de le soutenir, mais ce dernier a affirmé sur son blog qu’il n’en était pas question et a revendiqué, au contraire, la direction du pays. Bref, le blocage est complet, comme en Grèce en mai 2012.

Du coup, comme à Athènes, de nouvelles élections pourraient avoir lieu, en espérant qu’elles produisent un résultat qui donner à un parti ou à une coalition un mandat plus clair. En Italie, comme en Grèce en juin dernier, il semblerait que la surprise du premier scrutin pourrait encore largement profiter d’une telle issue puisque les derniers sondages indiquent que Grillo et Bersani seraient au coude à coude, au détriment du parti de Silvio Berlusconi, qui perdrait quelques points. Mais les deux grands partis prendront-ils le risque de nouvelles élections où Beppe Grillo pourrait arriver en tête ?



Une nouvelle bombe à retardement pour l’UE

jeudi 14 mars 2013

Frédéric Taddeï donne une leçon de démocratie à Patrick Cohen


Clash entre Patrick Cohen et Frédéric Taddeï...


C’est une vidéo qui fait du bruit sur les réseaux sociaux, avec des dizaines de milliers de vues en quelques heures : Frédéric Taddeï et Patrick Cohen ont confronté leur vision du débat d’opinion dans une passe d’arme qui s’est soldée par un KO du premier sur le second.

Patrick Cohen, orwellien censeur de la pensée

Le débat a démarré sur les chapeaux de roue avec un Patrick Cohen affirmant que « vous invitez des gens que l’on n’entend pas ailleurs et que les autres médias n’ont pas forcément envie d’entendre » citant Tariq Ramadan, Alain Soral et Dieudonné. Taddeï a répondu : « libre à vous de ne pas les inviter (…) pour moi, il n’y a pas de liste noire, ce n’est pas à moi d’inviter les gens en fonction de mes sympathies ou de mes antipathies (…) si j’étais sur Fox News, je ferais comme vous ».

Lors d’un débat sur le 11 septembre, Alessandra Sublet a alors pris parti pour son invité en disant : « on a le droit de penser ce que l’on veut », ce à quoi son journaliste a répondu : « non, dans les limites de la loi ». Mais Taddeï l’a mis KO en affirmant que « si vous voulez que les gens n’aient plus le droit de dire qu’ils doutent de ce qu’ils appellent la version officielle du 11 septembre, vous pouvez écrire à votre député », en faisant une comparaison avec l’assassinat de Kennedy.

L’animateur de Ce Soir Ou Jamais a donné une leçon de démocratie : « toutes les opinions autorisées par la loi en France sont défendues par la Constitution. Tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. Et ce n’est pas moi animateur de télévision qui vais décider de ce que l’on a le droit de dire (…) Je m’interdis de censurer à partir du moment où ils respectent la loi ». Puis, quand Patrick Cohen a évoqué les condamnations de Dieudonné, Frédéric Taddeï lui a rappelé qu’il avait reçu des politiques condamnés, y compris pour racisme et que pas un propos n’avait posé problème en 657 émissions.

Du rôle des médias en démocratie

mercredi 13 mars 2013

Que se passera-t-il quand la France quittera la monnaie unique ?


C’est le très libéral Georges Kaplan qui m’a interpelé sur le sujet, ainsi que Jacques Sapir, sur les réseaux sociaux, puis dans un papier sur son blog, repris par Contrepoints. Si nous avons quelques points d’accord, sa présentation apocalyptique des conséquences d’une dévaluation est totalement exagérée.

Une sortie possible, et facile

Il y a un point d’accord sur la possibilité de la sortie, « possible, inévitable et souhaitable ». Car, comme il le dit, « si la France devait décider de sortir de la zone euro et de réinstaurer un nouveau-nouveau franc, ça ne poserait pas vraiment de difficulté insurmontable ». C’est ce que disent beaucoup d’économistes libéraux, comme Jonathan Tepper, qui a étudié la fin de plus de cent unions monétaires au 20ème siècle. Et comme il le souligne aussi, « aucune modification majeure ne serait nécessaire dans nos systèmes comptables, notre dette publique serait convertie en francs ».

Georges Kaplan m’a interpelé sur Twitter sur l’intérêt d’une dévaluation si le franc reste à parité avec l’euro, qui pourrait être conservé comme monnaie commune. Cela me donne l’occasion de préciser quelques points sur cette question complexe. Tout d’abord, il y a deux scénarios de sortie de la monnaie unique : soit nous laissons flotter le nouveau franc sur les marchés, soit nous décidons (avec, éventuellement, d’autres pays européens), de revenir à un système de change fixe, comme la Chine ce qui imposerait des mesures pour y arriver (contrôle des changes strict notamment).

La stabilité du franc est confirmé par toutes les études sur le sujet : ING, Nomura, Natixis ou Sapir. Cela vient d’une raison simple : la France se trouve dans une position intermédiaire entre celle de l’Allemagne (dont on peut anticiper que le mark s’apprécierait de 15 à 20%) et celle de l’Italie et l’Espagne (dont les monnaies baisseraient d’autant). Mais on peut aussi anticiper une baisse du franc de 15 à 20% par rapport aux autres grandes monnaies (dollar, wuan, yen,  livre). Or 45 des 67 milliards de notre déficit commercial  sont réalisés avec l’Allemagne, la Chine et les Etats-Unis.

La dévaluation, un cauchemar ?

mardi 12 mars 2013

Hugo Chavez meurt, mais pas le chavisme


Le président tout juste réélu du Vénézuela s’est éteint. Si certaines critiques dénoncent son autoritarisme et le rôle du pétrole dans son succès, il est resté dans un cadre démocratique et a mené une politique dans le sens de l’intérêt général. Du coup, son message devrait continuer à porter.

Un bilan globalement positif

Hugo Chavez aura été un président très contesté dans nos médias, qui tendent majoritairement à souligner les côtés obscurs de ses 14 années de pouvoir. Cependant, un examen plus impartial nuance fortement ces critiques, comme le résume très bien Melclalex sur son blog. Si certains soulignent à raison son autoritarisme et les conditions pas toujours parfaitement démocratiques des campagnes électorales au Vénézuela, l’ancien président Jimmy Carter a jugé que « le processus électoral (y) était le meilleur du monde et celui des Etats Unis probablement un des pires ! ».

Il ne faut pas oublier que les Vénézueliens ont souvent voté sous sa présidence Chavez et que personne n’a sérieusement remis en question les résultats en faveur de l’ancien président. Qui plus est, quand il a perdu, il l’a accepté, ce qui ridiculise ceux qui lui font un procès en dictature. Mais c’est surtout le bilan social du chavisme qui est positif. En effet, sous son mandat, l’alphabétisation a progressé, la pauvreté a été divisée par deux, l’accès au soin et à l’éducation s’est développé.

Bien sûr, cela a été rendu possible par l’immense manne pétrolière, mais au moins cette manne a profité à la grande majorité, ce qui est loin d’être toujours le cas dans les pays qui ont de grandes richesses naturelles. L’indice de Gini est passé 0,46 à 0,39, signe d’une baisse des inégalités peu commune de nos jours. Alors, bien sûr, on peut pointer le niveau élevé de violence, l’inflation ou l’anémie de l’économie privée et de l’agriculture, qui fait que le pays dépend des importations pour se nourrir. Néanmoins, au global, le bilan des 14 années de chavisme pour le pays est globalement positif.

Un message pour l’Europe

lundi 11 mars 2013

Le démontage de l’euro : possible, inévitable et souhaitable


Pourquoi et comment démonter l'euro : Entretien... par dlrtv

Le calme des marchés offre un répit aux partisans de la monnaie unique. Mais il est illusoire car cette construction monétaire, aussi artificielle que bancale, finira par être démontée. Une issue qu’il ne faut pas craindre, car elle est plus simple qu’on ne le croit.

La monnaie unique ne peut pas marcher

Pourquoi démonter la monnaie unique ? Non seulement parce qu’elle ne fonctionne pas, mais surtout, parce qu’elle ne pourra jamais fonctionner, quelles que soient les réformes qui pourront être entreprises. Tout ceci s’appuie sur les travaux de nombreux économistes, dont pas moins de 5 « prix Nobel d’économie », de tous les horizons idéologiques, Maurice Allais, Milton Friedmann, Amartya Sen, Paul Krugman et Joseph Stiglitz qui ont tous dénoncé les limites de l’euro.

Beaucoup d’économistes soutiennent son démontage : JL Gréau, J Sapir, JP Gérard, G Lafay, A Cotta, JJ Rosa, H Juvin, F Aftalion, F Lordon, M el Hattab, N Roubini, E Todd, JC Werrenbrouck, P Murer , A-J Holbecq ou J Nikonoff et d’autres sont critiques : P Artus, M Aglietta, C Saint Etienne. La raison : la zone euro n’est pas une Zone Monétaire Optimale, un ensemble suffisamment semblable pour partager la même monnaie, du fait de l’absence de mobilité des travailleurs, de budget fédéral et de structures économiques homogènes, contrairement aux Etats-Unis, où sont vérifiées les trois conditions.

Et ce n’est pas un passage au fédéralisme à marche forcée qui corrigera quoique ce soit. La mobilité des travailleurs ne se décrète pas car les différences de langue et de culture sont un puissant obstacle. En outre, l’Allemagne ne voudra (logiquement) jamais payer le prix pour un budget fédéral (qui impliquerait un transfert de 3 à 8% de son PIB tous les ans). Pire, comme l’a expliqué Paul Krugman dans son dernier livre, c’est le mécanisme même d’intégration qui est facteur de crise car appliquer la même politique à des pays trop différents accentue les problèmes au lieu de les résoudre.

La France, qui a 70 milliards de déficit commercial, ne peut pas partager sa monnaie avec l’Allemagne, qui a 150 milliards d’excédent. L’euro est à la fois trop cher pour Paris et pas assez pour Berlin, accentuant les déséquilibres. En outre, la monnaie unique pousse à une course au moins-disant social, d’autant plus que les salaires minimums varient de 1 à 5… Enfin, selon JJ Rosa, « la politique monétaire unique freine les économies en récession et stimule les économies en surchauffe ». Bref, nos pays sont trop différents pour partager une même monnaie. Pour prendre une image triviale, adopter l’euro, cela revient à imposer un 40 à des personnes dont les pointures varient du 36 au 45.

La fin de la monnaie unique ne serait pas une catastrophe