jeudi 21 mars 2013

Chypre cèdera-t-il au blocus de la BCE ?


Comme le rapporte Jacques Sapir, un événement grave a eu lieu hier. Le blocus est un acte qui peut s’assimiler à un acte de guerre et la BCE vient de décider de mettre le couteau sous la gorge de Chypre après le vote négatif du Parlement. Un bras de fer révélateur et dangereux.

Le diktat tyrannique de la BCE

La décision de la Banque Centrale Européenne est sans précédent. Certains pensaient que les chypriotes avaient gagné la partie de poker menteur lundi soir et que Mario Draghi n’oserait jamais couper les fonds aux banques de l’île, au risque d’asphyxier son économie. Mais non, le président de la BCE a décidé de réagir vivement au refus du « plan de sauvetage » concocté par les eurocrates et le gouvernement en posant un ultimatum aux dirigeants de l’île pour qu’ils se soumettent.

Il faut dire que les eurocrates ont toujours pu imposer leur volonté. La France et les Pays-Bas disent non au TCE ? Les parlements votent la copie conforme. L’Irlande le refuse ? Elle doit revoter. Le premier ministre grec veut faire un référendum sur le plan ? Il est démis de ces fonctions et remplacé par un pion bien docile. Berlusconi se fait trop remuant ? Lui-aussi est démis et remplacé par un autre pion. Bref, les eurocrates ont l’habitude de passer outre la volonté des peuples, des élus ou des dirigeants. Cela est encore plus choquant avec la BCE car elle n’est responsable devant personne.

Ce faisant, cela montre que quand elle le veut vraiment, l’UE peut taper du poing sur la table. Alors pourquoi ne l’a-elle pas fait pour mettre fin au dumping fiscal de l’Irlande lors de la négociation du plan de soutien ? Et pourquoi ne le fait-elle pas avec Chypre aujourd’hui, qui doit monter son impôt sur les entreprises de 10 à seulement 12,5% ? En réalité, cela montre que l’UE tolère, voir même accepte complètement l’existence de parasites fiscaux sur son territoire.

L’euro, enjeu d’une partie de poker

L’enjeu des négociations en cours et des annonces des acteurs de cette crise est colossal. En effet, c’est bien le maintien de Chypre à court terme dans la zone euro qui est en jeu. Si la BCE poursuit son blocus et que Nicosie refuse de plier, alors les chypriotes n’auront pas d’autres issues que d’entamer une sortie de la monnaie unique, ou éventuellement, d’émettre des euros qui seraient alors échangés avec des partenaires en dehors de la zone euro, comme dans l’ex-URSS.

Le pari du bras de fer lancé par les eurocrates est que les chypriotes finiront par céder, comme tous les gouvernements auparavant, dont certains, en Grèce notamment, n’hésitent pas à torturer leur peuple pour suivre les directives européennes. Cependant, Chypre a un plan B et pourrait être tenté de tourner le dos à l’UE et de se tourner davantage vers la Russie (en gageant ses ressources en gaz) pour s’en sortir. On peut également imaginer une issue à l’islandaise pour les banques.

Encore une fois, nous sommes à un point critique de l’évolution de l’Europe. Soit Chypre se cabre, refuse le diktat de l’UE et quitte la monnaie unique pour s’en sortir, lançant alors le processus de son démontage. Soit l’UE parvient à imposer sa volonté ou fait suffisamment de concessions pour convaincre Chypre de la suivre. Dans ce cas-là, le fragile château de cartes européen tiendra, même si de nouvelles failles seront apparues. Une chose est sûre : l’histoire n’hésitera pas longtemps à Chypre.

Cet épisode est très révélateur. Même s’il est probable qu’un accord sera trouvé, il démontre le caractère anti-démocratique de cette Europe, son soutien délirant aux banques, fût-ce au prix d’une confiscation de l’épargne. Au moins, on ne pourra plus dire que l’euro protège les épargnants.

29 commentaires:

  1. Mais non, Monsieur Pinsolle, il n'est pas Mario Monti qui est le president de la BCE.

    RépondreSupprimer
  2. Oui, il s'appelle Mario.

    Mario Draghi est le president de la BCE.

    Draghi! Pas Monti.

    Corrigez votre petite erreur s.v.p., Monsieur Pinsolle. J'aime beaucoup votre blog, mais aujourd'hui vous avez fait une petite erreur.

    RépondreSupprimer
  3. @ Anonyme

    Merci de me l'avoir signalé. Voilà ce que c'est d'écrire un peu trop tard le papier du lendemain...

    RépondreSupprimer
  4. Papier d’un économiste de marché décrivant un avenir sombre : « Comment l’'Europe est sur le point de faire de la BCE un monstre incontrôlable » :

    http://www.atlantico.fr/decryptage/comment-europe-est-point-faire-bce-monstre-incontrolable-mathieu-mucherie-675493.html

    Extrait :

    « L’étape finale d’abandon de la démocratie en zone euro est encore inachevée, mais le processus est bien lancé. Dans cette étape, la BCE n’aura plus trop à se cacher. Elle régentera les politiques fiscales, l’immobilier, peut-être aussi la natalité. Les élections seront abolies, car les gens ont trop tendance à mal voter (le proconsul nommé par la BCE en Italie a obtenu, après 15 mois de baisse organisée des spreads de taux, deux fois mois de votes que le Coluche local et trois fois moins que l’organisateur des bunga-bunga). L’euro vaudra deux ou trois dollars, ce qui nous débarrassera une fois pour toutes de l’industrie. L’Allemagne aura enfin ses colonies : Grèce, Espagne, Portugal. La double tour mégalo de 45 étages que la BCE fait construire à Francfort dominera l’industrie financière européenne pour longtemps, comme les monuments dessinés par Hitler auraient dominé Munich et Linz. »

    Au delà de la BCE, je pense pour ma part que les institutions européennes, dont les membres seraient affectés négativement par une disparation de l’euro, apparaîtront de plus en plus comme une mafia prête à tout pour défendre un système et des institutions, se confondant avec ses propres intérêts.

    Saul

    RépondreSupprimer
  5. BCE-Financements d'urgence pour Chypre maintenus jusqu'à lundi:

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL6N0CD2NI20130321

    « FRANCFORT, 21 mars (Reuters) - La Banque centrale européenne a dit jeudi qu'elle avait décidé de laisser la banque centrale de Chypre fournir aux banques locales des financements d'urgence jusqu'à lundi.Les emprunts souverains de Chypre ne pouvant servir de garantie aux opérations de refinancement de la BCE, en raison de notes faibles, la banque centrale chypriote assure l'assistance d'urgence à la liquidité. C'est au conseil des gouverneurs de la BCE que revient d'approuver une telle assistance.Au-delà du lundi 25 mars, une telle assistance ne pourra être envisageable que si un programme FMI/Union européenne est mis en place pour assurer la solvabilité des banques concernées, explique la BCE dans un communiqué. »

    Donc les autorités chypriotes ne disposent plus que quelques jours pour trouver une solution.

    Solution 1 : Accepter finalement une taxation des dépôts bancaires.

    Solution 2 : Trouver une autre source de financement que la taxation des dépôts bancaires.

    Solution 3 : Se mettre en faillite et sortir de l’euro. Les euros en circulation servant de monnaie nationale le temps d’imprimer une nouvelle monnaie. Cas de figure évoqué par une étude primée sur la sortie de l’euro.

    http://www.letemps.ch/Page/Uuid/61c54854-d042-11e1-bf44-a414478ac49f%7C0#.UUrM9xfZbs4

    On sait que les pays qui auraient le plus de difficulté à sortir de l’euro ceux sont qui dépendent le plus des importations. Quelle est la situation de Chypre dans ce domaine ?

    Saul

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. « Chypre: le «plan B» chypriote, la BCE met Nicosie au pied du mur :

      http://www.liberation.fr/monde/2013/03/21/chypre-un-plan-b-attendu-les-banques-fermees-encore-5-jours_890150

      Un « plan B » pourrait être soumis au parlement chypriote aujourd'hui comportant notamment un prélèvement sur les dépôts bancaires supérieurs à 100.000 euros.

      Saul

      Supprimer
  6. @Laurent Pinsolle,
    c'est proprement incroyable! J'ai beau chercher dans les sites francophones (français et autres), ou anglophones, et en dehors de CNN, je n'ai pas vu un média parler de l'ultimatum de Draghi! L'UE monte toujours un cran plus haut dans la forfaiture, mais là, comme chez les Tontons flingueurs, c'est du brutal!
    Comme le soulignait CNN, ce blocus signifie qu'on exclut la banque centrale chypriote du marché interbancaire, donc ça revient à exclure Chypre de la zone euro! C'est une vraie bombe, cette affaire-là! Cet épisode prouve qu'il est techniquement possible pour la BCE d'exclure un pays de l'eurozone, alors qu'on clame le contraire depuis le début...
    J'ai tout de même la sensation que le vote du parlement chypriote est un baroud d'honneur. Tout dépend maintenant de la volonté du peuple chypriote: ce n'est pas l'état qui est en cessation de paiement, ce sont bien les banques. Il y a au moins deux solutions: soit l'islandaise, donc refuser que le contribuable soit le prêteur en dernier ressort des banque; vu que Chypre a des caractéristiques très voisine en taille et en nombre d'habitants, et étant donné le succès de la manoeuvre en Islande, ça aurait de la gueule :-). L'autre solution serait pour le gouvernement chypriote, d'aller faire un tour à Moscou ou Pékin pour racheter partiellement les banques chypriotes, car quitte à être rançonné, et à vendre son âme, autant choisir des pays qui jouent franc jeu, et qui ne vous feront pas des coups tordus au nom de la paix européenne.
    Car comme disait Voltaire, gardez de mes amis, mes ennemis je m'en charge...


    CVT

    RépondreSupprimer
  7. A cet acte de guerre économique de Mario Draghi Chypre doit répondre de la même façon en faisant défaut sur sa dette et sortir de l'euro puisqu'elle lui est imposée de fait!

    RépondreSupprimer
  8. Nous sommes en train de vivre un conflit ahurissant.

    Il y a deux pouvoirs qui s'affrontent, en ce moment même, en Europe.

    1- Premier pouvoir : le parlement de Chypre.

    Le parlement de Chypre est élu par le peuple au suffrage universel. Le parlement de Chypre est légitime. Or ce parlement de Chypre a voté "non" au plan de la Troïka. Et je précise : aucun député chypriote n'a voté "oui" au plan de la Troïka. Aucun.

    2- Second pouvoir : la BCE.

    La BCE est dirigée par un ancien de Goldman Sachs, Mario Draghi. La BCE exerce un chantage scandaleux sur le parlement de Chypre. Mardi 26 mars, la BCE arrêtera de fournir des billets en euros aux banques de Chypre si le parlement n'a pas voté un plan de la Troïka : en clair, c'est un ultimatum. La BCE dit au parlement de Chypre :

    "Vous avez jusqu' à lundi soir pour voter un plan de la Troïka. Si vous ne l'avez pas voté lundi soir, nous arrêterons de fournir des billets en euros aux banques de Chypre mardi matin."

    C'est un diktat.

    La BCE se permet un diktat contre un parlement élu par le peuple.

    C'est un diktat que l'oligarchie européenne impose à un parlement élu par le peuple.

    Dans ce conflit, la BCE a montré son vrai visage.

    Dans ce conflit, l'Union Européenne a montré son vrai visage.

    L'Union Européenne est une dictature.

    Les masques tombent.

    Nous sommes en train de vivre une guerre entre la dictature européenne et les démocraties nationales.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. un avatar du nom de quinctius a répondu à votre indignation sur le blog de Nicolas Dupont Aignan

      Supprimer
  9. @BA,
    Ne vous faites pas plus naïf que vous ne l'êtes, vous êtes parfaitement au courant: ça ne date pas d'hier que la BCE a montré son vrai visage: c'est elle qui est à l'origine des chutes de Berlusconi et Papandréou, avec comme commis les gouvernements français et allemands! A la fin de l'an dernier, la BCE a prêté de façon exceptionnelle 1000 milliards aux banques européennes pour éviter une nouvelle crise de liquidité...
    Aujourd'hui, face à Chypre, elle ne met pas de gants! C'est le prototype même de la lâcheté: fort avec les faibles, faible avec les forts...

    CVT

    RépondreSupprimer
  10. On parle souvent de laisser faire faillite les banques, mais ça ne résout pas vraiment le problème quand elles ont des leviers de 30, les actionnaires dépouillés, il reste 29 à renflouer, non ?

    Sinon cette taxe sur les dépôts correspond à un impôt sur les revenus rétroactif en somme et pose le problème de la non rétroactivité des lois.

    RépondreSupprimer
  11. Plan de sauvetage: Chypre exclut toute taxe sur les dépôts bancaires

    http://www.liberation.fr/economie/2013/03/21/chypre-exclut-toute-taxe-sur-les-depots-bancaires_890228

    « Les dirigeants chypriotes ont exclu jeudi une taxe impopulaire sur les dépôts bancaires, a indiqué un responsable politique à l’issue d’une réunion visant à examiner les moyens de lever 5,8 milliards d’euros dans le cadre du plan de sauvetage de l’île. »

    « Le porte-parole du gouvernement Christos Stylianides a indiqué pour sa part que Chypre comptait créer un fonds d’investissement.«Un consensus a été atteint et une décision unanime prise pour créer un fonds d’investissement de solidarité. La proposition est actuellement examinée sur le plan technique et légal par les services juridiques de la République», a-t-il dit dans un communiqué, sans donner de détails dans l’immédiat.Le journal Phileleftheros a indiqué que ces mesures lèveraient environ 3,5 milliards d’euros sur les 5,8 milliards. Il n’était pas clair pour le moment comment Chypre envisagerait de financer les 2,3 mds restants »

    En raison, sans doute, du risque énorme de fuite des capitaux, les dirigeants chypriotes s'entêtent à ne vouloir créer aucun prélèvement sur les dépôts bancaires. Reste à savoir si les dirigeants européens et le FMI accepterons d'accorder à Chypre les 10 milliards d'euros demandés au vu de ce plan financement, même s'il peut avoir un caractère douteux et insuffisant. Il se peut que ce soit le cas pour retarder l'éclatement de l'euro.

    http://lexpansion.lexpress.fr/economie/comment-chypre-cherche-les-5-8-milliards-d-euros-qui-manquent-au-plan-d-aide_376904.html

    Saul

    RépondreSupprimer
  12. Jeudi 21 mars 2013 :

    L'Union Européenne demande à Chypre d'instaurer un blocage des capitaux.

    L'Union européenne cherche à convaincre les dirigeants chypriotes d'instaurer un blocage des capitaux placés dans les banques de l'île pour éviter leur faillite, a confié jeudi à l'AFP une source européenne proche des discussions.

    Les autorités chypriotes ont trois choses à faire d'ici mardi : présenter un plan B crédible et viable pour remplacer le plan de sauvetage rejeté par le Parlement, instaurer un blocage sur une longue période des capitaux placés dans les banques, et préparer la fusion entre les deux principales banques en difficultés, a expliqué cette source sous couvert de l'anonymat.

    Le risque sinon est une sortie de Chypre de la zone euro, a-t-il averti.

    http://www.romandie.com/news/n/_L_UE_demande_a_Chypre_d_instaurer_un_blocage_des_capitaux_85210320131358.asp

    Comment ça, "instaurer un blocage sur une longue période des capitaux placés dans les banques" ? ? ?

    Mais c'est contraire à tous les traités européens !

    Je recopie le traité de Lisbonne, page 93 :

    CHAPITRE 4
    LES CAPITAUX ET LES PAIEMENTS
    Article 63
    (ex-article 56 TCE)
    1. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.
    2. Dans le cadre des dispositions du présent chapitre, toutes les restrictions aux paiements entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites.

    http://consilium.europa.eu/uedocs/cmsUpload/st06655.fr08.pdf

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202656167579-chypre-exclut-tout-taxe-sur-les-depots-bancaires-551317.php

      Je crois qu'il commence à y avoir de l'inquiétude!

      Saul

      Supprimer
  13. Bonjour,

    Ce n'est pas le sujet du jour, mais je viens de voir une video de J.M. Quatrepoint (Xerfi canal) sur le budget militaire francais qui est assez inquietante. Je pense comme lui que l'industrie de defense est un atout important (haute technologie, recherche), ainsi que le poids strategique sur la scene internationale (si cela part, la France sera vraiment devenue negligeable par rapport a l'Allemagne).
    Il note que l'Allemagne suit une tendance contraire: ses exportations augmentent et son budget defense vient pour la 1ere fois de depasser celui de la France.

    Meme si ce n'est pas l'actualite brulante, il me semblait que ce sujet pouvait interesser certains lecteurs du blog...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C est une sorte de bis repetita placent des année 30 ; avec la clique au pouvoir depuis plus de 30 ans ce n'est pas étonnant ce sont les même qui ont fourni les hommes de la collaboration pour crée la grande europe allemande .
      Nous pourrions dire que c'est genetique !

      Supprimer
  14. NICOSIE (AFP) - 21/03/2013 - 18:03
    Chypre: la Popular Bank, très menacée, limite les retraits d'espèces.

    NICOSIE (AFP) - 21/03/2013 - 19:03
    Chypre examine une restructuration de son système bancaire.

    RépondreSupprimer
  15. @ Saul

    Très bon papier en effet. Mais je ne pense pas que l’on ira au bout de l’expérience. Les peuples et certains politiques se rebelleront avant.

    En fait, il semblerait que le blocus ne doive être mis en place qu’à partir de lundi 25. Le gouvernement semble vouloir privilégier la solution 2. Difficile de savoir s’il envisage vraiment la solution 3.

    @ CVT

    Bien d’accord. Pour l’instant, les politiques tiennent bon, mais on va voir ce qui va se passer dans les prochains jours. Il est clair que ce n’est pas nouveau.

    @ BA

    Bien d’accord.

    Assez incroyable que l’UE demande une chose qui soit en telle contravention avec les traités. Cela montre bien que seule leur survie compte.

    @ Olaf

    C’est un peu plus compliqué. En Islande, ils ont réussi à le faire sans dommage pour la population.

    @ Anonyme

    Complètement d’accord. Je l’ai évoqué dans mon premier papier sur Chypre.

    RépondreSupprimer
  16. Sur Europa, le site web officiel de l'UE :

    20.03.2013 - "European Commission statement on Cyprus" : document inaccessible (?)

    Toujours est-il que l'UE a publié le même jour sur ce site un communiqué de presse sous le titre : "la Commission présente les prochaines étapes en vue de la réalisation d’une union économique et monétaire véritable et approfondie au chapitre 1 "coordination précoce" :
    "Les réformes, ou leur absence, peuvent avoir des retombées significatives sur d’autres États membres, en particulier dans la zone euro. Des réformes bien conçues des marchés du travail ou des biens peuvent, par exemple, stimuler la croissance et l’emploi dans les États membres concernés et contribuer ainsi à accroître la demande de biens et services dans d’autres États membres. En revanche, l’absence de telles réformes peut exposer un État membre à des chocs économiques externes, lesquels peuvent avoir des répercussions sur d’autres États membres, comme cela s’est produit pendant la crise. En vue de maximiser les retombées positives et de minimiser les effets négatifs, la Commission envisage de proposer que les réformes qui seront coordonnées portent sur la compétitivité, l’emploi, le fonctionnement des marchés de biens et services, les industries de réseau, les systèmes fiscaux, la stabilité financière et la viabilité budgétaire. La discussion sur ces réformes sera fermement ancrée dans le processus du semestre européen".

    Eh oui, nous retrouvons la même antienne. Les technocrates de l'UE continuent sur la même voie, comme si de rien n'était.
    Une version contemporaine en quelques sorte de la fin glorieuse de l'orchestre du Titanic, qui a continué à jouer jusqu'à ce que le bateau sombre ... entièrement !

    RépondreSupprimer
  17. Angela Merkel et Mario Draghi viennent de siffler la fin de la " récréation " bancaire tout simplement ...

    RépondreSupprimer
  18. Jeudi 21 mars 2013 :

    Chypre : l'Union Européenne craint une fuite de capitaux de 30 milliards d’euros.

    Lorsque les banques rouvriront la semaine prochaine, dans le cadre d'un « plan B » acceptable par toutes les parties, les non-résidents mais aussi certains résidents chypriotes pourraient vouloir transférer leurs avoirs sur des comptes à l'étranger.

    L'Europe a fait ses calculs. Son «erreur de communication» sur le plan de sauvetage chypriote - c'est ainsi que le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem l'a qualifié - devrait lui coûter 30 milliards d'euros. Cette somme correspond à la fuite de capitaux redoutée.

    http://www.lefigaro.fr/mon-figaro/2013/03/21/10001-20130321ARTFIG00595-chypre-l-ue-craint-une-fuite-de-capitaux-de-30milliards.php

    On voit maintenant qu’il n’y a pas 36 solutions :

    1- Première solution : les dirigeants européens violent les traités européens.

    Les dirigeants européens imposent un blocage des capitaux à Chypre.

    Problème : les traités européens interdisent absolument toute restriction à la libre-circulation des capitaux. La libre-circulation des capitaux est gravée dans le marbre des traités européens.

    2- Seconde solution : les dirigeants européens respectent les traités européens.

    Les dirigeants européens laissent sortir les capitaux hors de Chypre dès la reprise des activités bancaires mardi 26 mars, à minuit une.

    Problème : les capitaux sortiront par dizaines de milliards d’euros hors de Chypre, dès mardi, à minuit une !

    Je recopie une dépêche AFP :

    « Les autorités chypriotes ont trois choses à faire d’ici mardi : présenter un plan B crédible et viable pour remplacer le plan de sauvetage rejeté par le Parlement, instaurer un blocage sur une longue période des capitaux placés dans les banques, et préparer la fusion entre les deux principales banques en difficultés, a expliqué cette source sous couvert de l’anonymat. Le risque sinon est une sortie de Chypre de la zone euro, a-t-il averti. »

    Quelles seraient les conséquences concrètes de cette seconde solution ?

    Faillite des banques chypriotes.

    Et ensuite sortie de Chypre de la zone euro.

    RépondreSupprimer
  19. Jeudi 21 mars 2013 :

    A propos de Chypre, un sondage a interrogé les Chypriotes sur ce qu'ils voulaient.

    Le résultat de ce sondage est explosif.

    Lisez cet article :

    L'enquête menée par l'institut de sondage Prime Consulting a montré que 91 % des Chypriotes soutiennent la décision de leur Parlement de rejeter la taxe sur les dépôts.

    Le sondage a également révélé que 67,3 % des Chypriotes sont en faveur de la sortie de leur pays de la zone euro et d'un renforcement des relations avec la Russie.

    The survey by Prime Consulting found that 91 percent of Cypriots backed their Parliament’s decision to reject the deposit tax.

    The poll also found that 67.3 percent of Cypriots favored their country’s exit from the eurozone and a strengthening of relations with Russia.

    http://www.ekathimerini.com/4dcgi/_w_articles_wsite1_1_21/03/2013_489062

    RépondreSupprimer
  20. Patrick ARTUS : Zone euro : il faut des règles de résolution des crises :

    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=69109

    Citation : « La résolution normale des crises bancaires, si une banque est insolvable, consiste à : faire subir les pertes aux actionnaires ; si cela ne suffit pas, faire subir les pertes aux porteurs de dette subordonnée, puis de dette senior ; mais à ne pas faire subir de pertes aux déposants , même au-delà de l'assurance des dépôts (100 000 € par dépôt) en raison des risques liés aux pertes des entreprises sur leurs dépôts bancaires. Il est invraisemblable qu'on ait pu envisager de taxer les dépôts inférieurs à 100 000 € à Chypre, en contradiction complète avec cette règle de résolution des crises bancaires ».

    Au delà de cette gestion calamiteuse du problème chypriote, l’auteur souligne aussi la gestion tout aussi calamiteuse par les autorités européennes de la dette publique.

    Citation : « Aujourd'hui, la théorie est que la Grèce est un cas unique et que tous les autres pays de la zone euro assurent leur solvabilité budgétaire. Est-ce le cas ? On peut fortement en douter quand on regarde la dynamique de la dette publique en Espagne, en Irlande, au Portugal, en Italie, et maintenant probablement à Chypre). Compte tenu de l'écart entre taux d'intérêt et croissance nominale, il faudrait un excédent budgétaire primaire très élevé, impossible à atteindre, pour stabiliser les taux d'endettement public dans ces pays : en Espagne de l'ordre de 7 points de PIB, en Irlande de 3,5 points de PIB, au Portugal de 8,5 points de PIB, en Italie de 6,5 points de PIB. Considérer comme solvables des pays qui ne le seraient pas est contre-productif : ces pays continuent à accumuler de la dette qu'ils ne pourront pas rembourser ; génère un aléa de moralité : les investisseurs achètent ces dettes comme sans risque s'ils croient à un soutien européen même en cas d'insolvabilité ».

    Donc les autorités européennes et la BCE ont réussi à entretenir l’illusion que les pays en difficulté de la zone euro pourront résoudre leur problème d’endettement grâce aux cures d’austérité. Elles espèrent peut-être un retour à la croissance mais la destruction des capacités productives de ces pays et la récession qui les frappe permettent de prévoir que ces pays feront défaut sur leurs dettes.

    Dernière actualité sur cette récession : « Zone euro: nette contraction de l'activité en mars, PMI à 46,5 (synth.) » :

    http://www.romandie.com/news/n/Zone_euro_nette_contraction_de_l_activite_en_mars_PMI_a_465_synth44210320131220.asp

    Saul

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et pendant ce temps-là, les dirigeants et technocrates européens font de nos pays des champs de ruine pour tous leurs citoyens dont seuls les valets (qu'ils sont) et leurs maîtres pourront se sortir, les poches bien pleines et la conscience tranquille.

      Supprimer
  21. Vendredi 22 mars 2013 :

    Chypre : des manifestants brûlent un drapeau européen devant le Parlement.

    NICOSIE - Des manifestants chypriotes, notamment des employés de banque inquiets du sort de leur employeur, se sont rassemblés vendredi soir devant le Parlement à Nicosie, au moment où le pays négocie toujours les termes d'un plan de sauvetage crucial pour son économie.

    Une trentaine de jeunes au visage cagoulé ont brûlé un drapeau européen près du Parlement, devant les barricades de la police.

    "La taxe c'est du vol, la crise devrait être résolue par une ploutocratie", ont-ils scandé.

    Ils réagissaient à des informations faisant état d'une possible taxe sur les dépôts bancaires allant jusqu'à 15%, prévue dans le cadre d'un plan de sauvetage européen qui doit permettre aux banques du pays d'éviter la faillite.

    http://www.romandie.com/news/n/_Chypre_des_manifestants_brulent_un_drapeau_europeen_devant_le_Parlement71220320132053.asp

    RépondreSupprimer
  22. Samedi 23 mars 2013 :

    Le président chypriote doit se rendre samedi à Bruxelles dans une ultime tentative de convaincre les bailleurs de fonds de son nouveau plan pour obtenir une aide internationale, avant l'échéance lundi d'un ultimatum de la BCE menaçant de couper les vivres aux banques.

    Sur l'île méditerranéenne, où les banques sont fermées depuis une semaine et où tous les virements via internet sont bloqués, la situation devenait critique pour nombre d'entreprises, incapables de payer leurs fournisseurs ou d'être payées.

    Parmi les projets encore à voter figure une taxe exceptionnelle, qui pourrait s'élever à 15% selon la télévision publique, sur les dépôts bancaires à partir de 100.000 euros.

    Selon les médias locaux, la taxe pourrait aller jusqu'à 25% pour les dépôts de plus de 100.000 euros de la Bank of Cyprus, la plus importante de l'île et très exposée à la dette grecque.

    http://www.boursorama.com/actualites/le-president-chypriote-se-rend-a-bruxelles-pour-une-reunion-cruciale-56fe031cb917cfc4d8e5628b11755448

    RépondreSupprimer
  23. Comme je l'avais indiqué dans mon précédent commentaire (http://www.gaullistelibre.com/2013/03/chypre-refuse-le-plan-injuste-et.html), il faut arrêter de déresponsabiliser les peuples.

    Il y a 3 responsables à cette situation (par ordre de responsabilités) : les banques chypriotes, les politiques et les électeurs chypriotes.
    Pour les banques, les actionnaires et créanciers ont payés : le cours des actions des principales banques valent zéro. Les actionnaires ont donc perdu 100% de leur placement et c'est bien ainsi.
    Pour les politiques, les électeurs s'en chargeront. C'est le propre d'un système démocratique.
    Pour le peuple, c'est normal qu'il participe (à proportion de ses moyens). Ils ont élu les politiques qui ont laissé ou encouragé un système financier fou voir mafieux (blanchiment d'argent) se propager.
    Ces 3 acteurs ont donc profité des années du système bancaire particulier à Chypre, il est aujourd'hui normal qu'ils payent.

    Ce n'est donc pas aux européens de tout payer.
    Arrêtons donc de se laisser aveugler par un sentiment "anti-europe" en voulant en faire la responsable de tout et n’importe-quoi.
    Les européens vont être solidaires (10Mds€ de prêt) mais il est normal que les chypriotes assument aussi leurs responsabilités (7Mds€).

    On peut être Europhobe et, sur ce sujet, avoir un raisonnement de bonne foi (je ne vise pas Laurent Pinsolle mais l'ensemble des commentaires exprimés, à la va vite, sur ce sujet)

    RépondreSupprimer
  24. Samedi 23 mars 2013 :

    Un article ahurissant :

    Plan de sauvetage : le président chypriote espère un accord bientôt.

    Le président chypriote Nicos Anastasiades a affirmé samedi soir qu'il espérait bientôt un accord sur un plan de sauvetage de l'île, au moment où il tenait des négociations-marathon avec la troïka pour lever les milliards d'euros nécessaires à l'obtention du plan.

    Nous sommes ici et nous travaillons avec énergie pour sauver l'économie, a écrit le président conservateur sur Twitter. Nous déployons tous les efforts possibles. J'espère avoir un résultat bientôt, a-t-il dit à la veille de son départ prévu pour Bruxelles pour rencontrer les ministres de l'Eurogroupe.

    Des représentants de la troïka composée de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international étaient samedi soir au palais présidentiel pour poursuivre les négociations, avant une réunion prévue avec les responsables des partis politiques de l'île.

    Faute d'accord avant lundi, selon des sources européennes, les pays de la zone euro sont prêts à en éjecter Chypre pour éviter que la crise ne menace par contagion d'autres pays ployant sous leur dette comme la Grèce, l'Espagne et l'Italie.

    http://www.romandie.com/news/n/_Plan_de_sauvetage_le_president_chypriote_espere_un_accord_bientot63230320132009.asp

    Cette dernière phrase est extraordinaire.

    Les pays de la zone euro sont prêts à éjecter Chypre comme un malade choisirait de se scier un pied atteint de gangrène.

    Je me scie le pied, mais au moins je vais survivre.

    Mais en revanche, si je ne me scie pas le pied, la gangrène va continuer, et après ce sera la jambe ...

    RépondreSupprimer