La
tragi-comédie des plans de sauvetage européens continue avec un nouvel épisode
particulièrement riche en rebondissements. Après
le tollé délenché par l’annonce d’une taxe sur les dépôts des épargnants,
le Parlement chypriote, suivant sa population, a
refusé le plan signé samedi, même amendé.
Amateurisme
ou machiavélisme ?
On ne
croirait pas que Nicosie a demandé l’aide de l’UE il y a neuf mois devant le
déluge de critiques du plan, quasiment unaniment condamné par les politiques et
les journalistes, à
l’exception notable de Jacques Attali. Mais comment les eurocrates et les
dirigeants chypriotes ont pu ne pas avoir anticipé le tollé que déclencherait la
taxation des dépôts bancaires ? A moins qu’ils aient proposé un premier
plan très choquant à dessein pour pouvoir le réviser sans remettre en cause le
principe, un
peu comme le gouvernement le fait sans doute avec le livre blanc de la défense.
Le plan
présenté samedi prévoyait en effet de taxer
à hauteur de 6,75% les dépôts bancaires jusqu’à 100 000 euros et 9,9% au-delà.
Les signataires de l’accord (on serait curieux de savoir si les signataires
chypriotes avaient laissé beaucoup d’argent dormir sur leurs comptes…)
pensaient sans doute que le fait que cette taxe touche les
déserteurs fiscaux et l’argent sale notamment venus de Russie parviendrait
sans doute à faire passer cette mesure extraordinaire.
C’était sans
compter sur la révolte de la population. Dès lundi, l’Eurogroupe
a demandé plus de progressivité dans la taxation. On se demande ce
qu’avaient fait les eurocrates pendant les neuf mois de négociations… Un
nouveau projet a donc été concocté, qui
épargne totalement les dépôts inférieurs à 20 000 euros, pour protéger les
petits épargnants de la taxe. Mais, le
gouverneur de la Banque Centrale de Chypre a répliqué en jugeant qu’il ne
fallait pas réduire le montant total de la taxe. Finalement, le
Parlement a rejeté le plan, aucun député ne le soutenant, 36 votant contre, 19
s’abstenant.
Une taxe
injuste et dangereuse
En outre,
les personnes qui font de la désertion fiscale laissent rarement leur argent
dormir et il est probable qu’elles placent la quasi-totalité des sommes qu’ils
détiennent, ce qui leur permettrait d’échapper à la taxe. Bref, il y avait un
côté abitraire très choquant. En outre, le montant était énorme puisque le seul
précédent, exhumé
par le Monde, est une taxe de 0,6% (plus de 10 fois moins), en 1992. De plus,
il est totalement révoltant de prêter 10 milliards à un parasite fiscal sans
exiger qu’il remonte davantage son impôt sur les sociétés, qui ne passerait que
de 10 à 12,5%...
Ce plan
encore d’autres problèmes. En créant un tel précédent, il est bien évident que
les eurocrates et les dirigeants pourraient être tentés de réitérer
l’opération, notamment à Athènes, à laquelle Jacques Sapir a consacré un papier
intitulé « Les veines ouvertes de la
Grèce ». Mais cela pourrait encore accélérer la fuite des capitaux
(qui
ont déjà fondu de 40% depuis le début de la crise) et renforcer la crise
bancaire qui sévit depuis 2008 et s’est aggravé depuis 2010 en Europe. Enfin, on
peut se demander si les banques ne devraient pas être traitées comme
en Islande plutôt qu’en Irlande.
De toute façon quand l'économie d'un tombe, les capitaux fuient et les taxes pleuvent sous diverses formes, les chypriotes vont se faire rincer encore pire que les grecs puisque son activité principale, la finance va s'écrouler par perte de confiance.
RépondreSupprimerCe ne sont pas que les comptes courants qui sont taxés mais aussi ceux d’épargne, assurance-vie, en actions...
Pour rattraper le laxisme initial, l'UE ne devrait-elle pas harmoniser les taux d’imposition sur les sociétés.
RépondreSupprimerEst-ce un hasard si les quémandeurs d'aujourd'hui sont ceux qui ont les taux les plus bas ?
Chypre, un cas à l'islandaise au sein de la zone euro? Les bureaucrates bafouent leur propre engagement de garantie des fonds placés an dépôt dans les banques, de quoi alimenter la crise de confiance et créer une panique généralisée prélude à l'implosion du système eurocratique.
RépondreSupprimer"La démocratie à pris sa revanche" ?
RépondreSupprimerAutant il est normal que des peuples refusent de payer les dettes d'une dictature ou d'une pseudo-démocratie, autant il me semble normal d'assumer les erreurs des représentants démocratiquement élus. C'est aussi ça la démocratie : le sens des responsabilités !
Il ne faut pas oublier quelque chose : Le pays est en FAILLITE. Donc rejet de ce plan Ok, mais qui va payer ? Quelles autres solutions immédiates ?
Cette taxe au dessus de 100.000€, bien que partiellement injuste, était peut être la moins pire des solutions dans un pays sans administration fiscale solide car il faisait "un peu" (taux inférieur des frais de notaire) payer les riches et les aisés (smic chypriote inférieur de 30% au smic français) et surtout l'argent sale russe (1/3 des avoirs dans les banques chypriotes).
Au final, les "chypriotes aisés" ne payaient donc qu'un tiers de la facture (10 Milliards prêtés par la troïka). Pas sûr qu’ils s’en sortent aussi bien avec le prochain plan.
Donc, revanche de la démocratie ? On pourra valider ou infirmer à cette affirmation quand on saura qui va finalement payer. A mon avis, "les gros" sont les grands bénéficiaires du rejet de ce plan, ils trouveront les moyens d'échapper aux taxations. Le "peuple" lui restera et risque de supporter 100% de la facture ...
A suivre ...
On peut éventuellement être d'accord avec vous au sujet du questionnement sur l'avenir de ce pays, et de l'identification de ceux qui vont payer "la dette".
SupprimerMais la forme de votre raisonnement consiste à valider a posteriori le plan, qui vient d'être rejeté, comme moins défavorable aux petits. Raisonnement que l'on retrouve un peu trop sous la plume ou dans la bouche des néolibéraux défenseurs acharnés des oligarchies cosmopolites : faire avancer leur agenda cynique grâce au bouclier commode des petits épargnants. La chose étant redoublée évidemment par la prétendue lutte contre les avoirs de mafiosi russes. On ignorait que la Troïka avait à ce point dans le viseur la désertion fiscale des bandits.
Ensuite, ce n'est pas parce qu'un pays vote avec le suffrage universel que la démocratie y est parfaite ou parfaitement établie. Les oligarchies financières prospèrent à l'ombre des apparences démocratiques. Et certains dictateurs ont parfois davantage le sens des responsabilités que bien des élus. On peut s'en morfondre, mais le constat est parfois cruel. Donc pas plus en démocratie apparente que sous une autre forme de régime on ne peut obliger un peuple à écoper éternellement pour les âneries de ses dirigeants d'un moment, démocratiquement désignés ou pas. A lui ensuite de faire le ménage chez lui. Le principe de la responsabilité collective dans une crise économique doit admettre des filets de sécurité, indépendants de la forme du régime.
Qui paiera ? Mais qui paiera quoi ? Quelle dette, contractée vis à vis de qui, au nom de quel principe de légitimité ?
On évoque assez souvent sur ce blog, pour notre pays, ou pour nos voisins latins, la possibilité de sortir de la zone euro, établir le contrôle des flux de capitaux, dévaluer. On sait à peu près identifier par conséquent qui sera le dindon de la farce.
Un tel système de solutions est-il envisageable pour un tout petit pays qui dépend plus qu'un gros des flux extérieurs, voilà une question qui mérite à mon sens davantage d'être posée que celle qui consiste à savoir qui accabler du peuple, ou de ses dirigeants, et à choisir telle ou telle solution en fonction de ces catégories morales plus que politiques.
Francis Commarrieu.
"Il ne faut pas oublier quelque chose : Le pays est en FAILLITE." Pas exactement : ses banques son en faillite, après s'être engraissées démesurément en recyclant l'argent sale et en spéculant. Le grand scandale de cette affaire n'est pas la spoliation des épargnants qui est, malheureusement, monnaie courante dans les crises financières. Ces banques devraient être mises en faillites et récupérées par l'État qui n'en prendrait en charge que la garantie des dépôts. Quant aux eurocrates, il viennent de mettre le feu au carburant des prochaines paniques bancaires, en cassant, pour 17 milliards d'euros, la confiance qu'ils avaient dépensé quelques milliers de milliards à rétablir !
Supprimer"De plus, il est totalement révoltant de prêter 10 milliards à un parasite fiscal sans exiger qu’il remonte davantage son impôt sur les sociétés, qui ne passerait que de 10 à 12,5%... "
RépondreSupprimerPeut être une preuve de plus qu'un des buts de l'UE est le dumping fiscal.
« Ce fait [la proposition de taxer les dépôts] atteste que le modèle néolibéral est épuisé, car si dans l'Europe libérale on décide de régler le problème d'une partie de l'UE en dépouillant les déposants et en confisquant les ressources de compagnies et de citoyens russes pour boucher les trous, on peut ne plus parler de néolibéralisme ». Vladimir Iakounine, PDG de RZD (chemins de fer russes), cité par http://fr.rian.ru/world/20130320/197846787.html
RépondreSupprimerOn comprend que J. Sapir ait été ravi de twitter l'info…
YPB
D'un autre côté Chypre à beaucoup de gaz et du coup c'est la Russie qui pourrait en profiter, damant le le pion à l'UE.
RépondreSupprimerMercredi 20 mars 2013, vers 13h30 :
RépondreSupprimerLa situation est en train de dégénérer.
Lisez cet article :
La Banque centrale européenne (BCE) a prévenu qu'elle cessait d'alimenter en liquidités les banques chypriotes tant que Nicosie n'accepte pas le plan de sauvetage.
Aussi policé soit-il, Mario Draghi sait employer la force lorsqu'il le juge nécessaire. C'est la méthode qu'il a choisie, à Chypre, pour forcer le gouvernement à accepter le plan de sauvetage de l'UE et du FMI, rejeté par le parlement chypriote mardi.
Après avoir «pris acte» du rejet du plan d'aide par Nicosie, la BCE a sorti son arme de dissuasion massive: le blocus monétaire. Elle a prévenu qu'elle n'alimenterait plus les banques chypriotes en liquidités, tant que le plan de sauvetage UE-FMI ne serait pas accepté.
«Les liquidités d'urgence de la BCE ne sont disponibles que pour les banques solvables, or les banques chypriotes ne sont pas solvables tant qu'elle ne seront pas recapitalisées rapidement», a indiqué Jorg Asmussen, l'un des membres du directoire de la BCE.
Jamais la BCE n'avait encore brandi une telle menace. Du coup, le ministre des Finances chypriote et le gouverneur de la banque centrale de l'île n'ont pas d'autre choix que de laisser les banques fermées jusqu'à nouvel ordre...
Eviter des émeutes «comme en Argentine».
«S'ils ouvrent les banques, alors que la BCE bloque l'accès aux liquidités, ce sera la ruée sur les guichets, et des émeutes comme en Argentine!», prévient Gilles Moec de la Deutsche Bank.
«Les déposants ne pourraient plus retirer du cash, faute de billets suffisants, et ceux qui voudraient faire des virements à l'étranger se verraient répondre que c'est impossible car la banque n''est plus autorisée à le faire par la BCE…», poursuit Gilles Moec, spécialiste des questions monétaires européennes.
En attendant, les distributeurs automatiques de billets fonctionnent toujours à Chypre. Ils sont alimentés par les réserves de la banque centrale chypriote. Combien de temps cela va-t-il durer ? Nul ne le sait. Cela dépendra des réserves en «cash» de la banque centrale locale qui, selon les pays, peuvent permettre de «tenir un siège» d'après les experts ...
Plus grave encore : les entreprises, notamment les compagnies aériennes chypriotes ne pourront bientôt plus payer leurs factures de kérosène, faute de pouvoir faire des virements à l'étranger... Si la situation se prolonge, le blocus monétaire peut très vite se transformer en blocus économique. Du jamais vu dans l'Union européenne !
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/03/20/20002-20130320ARTFIG00468-l-europe-organise-le-blocus-monetaire-de-chypre.php
Chypre qui était notoirement un paradis fiscal pour blanchiment de l'argent sale notamment des oligarques russes n'aurait jamais du faire parti de la zone euro! La Russie de Poutine peut contribuer à une solution à Chypre qui est aussi la plateforme financière des activités russes légales. Toutefois les dirigeants de l'UE sous la férule de Madame Merkel feront tout et n'importe quoi pour sauver son cher DM bis qu'est l'euro.
RépondreSupprimerIl ne faut quand même pas laisser croire que Merkel et sa bande punissent Chypre pour avoir recyclé ou blanchi de l'argent sale, réalité dont on pouvait évidemment se rendre compte avant l'entrée de ce pays dans la zone euro. C'est un argument moralisateur complètement artificiel et tactique pour ordolibéraux à la ramasse, qui ne savent plus quelle ignominie hypocrite supplémentaire inventer depuis que leur château de cartes s'effondre.
SupprimerC'est vrai, ce n'est pas ce que vous avez écrit.
Francis Commarrieu.
Exact. C'est aussi un message mensonger répété matin, midi et soir sur les télés françaises par nos brillants "journalistes" à destination des téléspectateurs qui s'inquièteraient de voir la BCE réaliser ce coup de force. Pour ces
Supprimer"journalistes", il est normal que les Chypriotes soient taxés parce que des Russes - pas très clairs - détenant 40% des avoirs (plus c'est gros, mieux c'est) placent de l'argent - pas très propre - à Chypre. La morale publique est a priori sauve, mais elle est à géométrie variable.
En résumé, la taxation des comptes des Chypriotes serait une punition infligée à des tricheurs, un peu comme ce qui aurait du être appliqué aux voyous de Golman Sachs, HSBC, UBS et à tous leurs mais banquiers malhonnêtes ...
Et pendant ce temps .....
RépondreSupprimerhttp://fr.novopress.info/134504/justice-le-voile-islamique-desormais-autorise-pour-les-employees-des-creches/
l'islamisation de la France en marche et en toute discrétion
Le blocus de Chypre vient de commencer.
RépondreSupprimerLes masques tombent.
L’Union Européenne révèle son vrai visage.
La Banque Centrale Européenne révèle son vrai visage.
La BCE n’est qu’un gang de maîtres-chanteurs.
La BCE affame les Chypriotes jusqu’à ce qu’ils cèdent.
La BCE arrête de fournir des billets en euros aux banques de Chypre jusqu’à ce que les Chypriotes cèdent.
Les masques tombent.
L’Union Européenne n’est qu’une dictature.
Ni plus, ni moins.
Ceux qui soutiennent cette dictature n’ont aucune leçon à nous donner.
Aucune.
Le blocus de Chypre me rappelle le blocus de Berlin. (Le 24 juin 1948, à l’issue d’une longue dégradation des relations entre les quatre occupants de l’Allemagne, l’Union soviétique bloque les voies d’accès terrestre à Berlin-Ouest. Commence alors le « blocus de Berlin », qui dure jusqu’au 12 mai 1949.)
Ceux qui soutiennent l'Union Européenne sont comme ceux qui soutenaient l’URSS au moment du blocus de Berlin.
Ceux qui soutiennent l'Union Européenne ont oublié que le blocus de Berlin n'a pas empêché l'effondrement de l'URSS quarante ans plus tard.
Les dictatures peuvent faire tous les blocus qu'elles veulent : à la fin, les peuples finissent par les détruire.
Les 15 peuples qui étaient réunis dans l'URSS ont fini par reprendre leur indépendance : aujourd'hui, l'URSS est morte.
De la même façon, les 27 peuples qui sont réunis dans l'Union Européenne reprendront leur indépendance : demain, l'Union Européenne mourra.
L'Union Européenne rejoindra l'URSS dans les égouts de l'Histoire.
Lisez cet article :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/03/20/20002-20130320ARTFIG00468-l-europe-organise-le-blocus-monetaire-de-chypre.php
On retrouve à Chypre comme ailleurs un surendettement risqué des banques par effet de levier trop fort :
RépondreSupprimerLe vrai problème des banques n'est pas tant leur taille, mais le fait que cette taille provient d'un ratio d'endettement très élevé; pas leurs activités spéculatives, car des activités bancaires très banales peuvent tout aussi bien être très risquées, mais l'incitation à la prise de risque liée à l'endettement; les bonus très élevés des traders sont eux permis par la rentabilité élevée, artificiellement entretenue par l'endettement, des capitaux investis dans les banques.
http://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2013/03/15/le-vrai-probleme-des-banques.html
@ Olaf
RépondreSupprimerEn effet, Chypre a encore d’autres options : sortie de la monnaie unique, aide de la Russie (en gageant sur les ressources de gaz)…
Le problème des banques, c’est leur taille par rapport à leurs capitaux et par rapport au PIB des pays.
@ Lorrain54
Cela est impossible. Sur le sujet, je crois qu’il faut l’unanimité, autant dire que rien ne se passera. Et cela n’intéresse pas une UE dogmatiquement néolibérale qui ne veut pas remettre en cause le dumping fiscal ni même les parasites fiscaux (cf Irlande et Chypre).
@ Anonyme
Très juste. Et dire que certains disaient que l’euro protégeait notre épargne. Un des derniers arguments des partisans de la monnaie unique tombe.
@ Vincent
Le pays n’est pas en faillite. Ses banques sont en faillite. L’argent du plan est destiné à une recapitalisation parce qu’on (eurocrates et gouvernement du pays) souhaite protéger les banques. Après, je suis d’accord pour dire que ce n’est qu’une étape. On verra ce qui va se passer.
@ Francis
Bonne question. Difficile de savoir. Cela dépend de la balance des comptes courants du pays et de ses ressources naturelles. Clairement, le fait que Chypre soit un parasite fiscal n’est qu’un détail, que l’UE ne veut même pas remettre en cause.
@ J Halpern
Totalement d’accord.
@ TeoNeo
Bien d’accord également.
@ YPB
Très juste !
@ BA
Je vais en parler demain.
@ Cording
Très juste. Ils sont prêts à tout pour sauver la monnaie unique.
@ Pascal
Vous y allez un peu fort quand même. J’ai twitté un bon papier de Marianne sur ce sujet hier.
C’était une remarque générale je constate juste qu'elle n'a pas fait la une , mais Pascal est un autre
SupprimerJe crois qu' Attali raconte les memes sottises que Jorion, non?
RépondreSupprimerMMTers warned about and offered solutions to prevent Eurozone bank runs
http://sparc5.blogspot.com/2013/03/yet-another-great-mmt-prediction.html
Cyprus: Will the Mouse That Roared be Gored? (Updated)
http://www.nakedcapitalism.com/2013/03/cyprus-will-the-mouse-that-roared-be-gored.html
Mercredi 20 mars 2013 :
RépondreSupprimerJe vous suggère de lire cet article très important :
Chypre : Draghi use du Blocus monétaire.
Le « blocus monétaire » de Chypre qui vient d’être mis en œuvre par la BCE est un acte d’une extraordinaire gravité, dont les conséquences doivent être soigneusement étudiées.
La décision de M. Mario Draghi porte sur deux aspects : tout d’abord la BCE n’alimente plus la Banque Centrale de Chypre en billets (point qui n’est semble-t-il pas essentiel car les réserves de « cash » semblent importantes) et ensuite la BCE interrompt les transactions entre les banques chypriotes et le reste du système bancaire de la zone Euro. C’est cette dernière mesure qui est de loin la plus grave.
D’une part, elle condamne à court terme les banques chypriotes (mais aussi les entreprises basées à Chypre, qu’elles soient chypriotes ou non) car désormais elles ne peuvent plus faire de transactions avec le reste de la zone Euro. D’autre part, elle équivaut à un « blocus » économique, c’est-à-dire dans les termes du droit international à une action qui équivaut « acte de guerre ». C’est donc dire la gravité de la décision prise par Mario Draghi. Elle pourrait d’ailleurs se prêter à contestation devant les cours internationales. C’est donc dire la responsabilité prise par Mario Draghi qui pourrait, à ce compte, se retrouver un jour devant un tribunal, international ou non.
Sur l’interruption des relations entre banques chypriotes et la zone Euro, l’argument invoqué est le « doute » sur la solvabilité des dites banques chypriotes. C’est à l’évidence un pur prétexte car des « doutes » il y en a depuis juin dernier. Tout le monde sait qu’avec les conséquences du « haircut » imposé sur les créanciers privés de la Grèce, on a considérablement fragilisé les banques de Chypre. La BCE n’avait pas réagi à l’époque et ne considérait pas le problème de la recapitalisation de ces banques comme urgent. Elle se décide à le faire au lendemain du rejet par le Parlement chypriote du texte de l’accord imposé à Chypre par l’Eurogroupe et la Troïka. On ne saurait être plus clair.
Le message envoyé par Mario Draghi est donc le suivant : ou vous vous pliez à ce que NOUS avons décidé, ou vous en subirez les conséquences. Ce n’est pas seulement un message, c’est un ultimatum. On mesure ici que toutes les déclarations sur le « consensus » ou l’« unanimité » qui aurait présidé à la décision de l’Eurogroupe ne sont que des masques devant ce qui s’avère être un Diktat.
Mais il y a un message dans le message. Mario Draghi vient, d’un seul geste, de faire sauter la fiction d’une décision collective au sein de la BCE, car le Président de la Banque Centrale de Chypre n’a pas donné son accord. Les règles n’ont ainsi même pas été respectées. Il vient, ensuite, d’affirmer au reste du monde que les décisions ne sont pas prises par l’Eurogroupe ou l’Union Européenne mais par lui et lui seul, fonctionnaire désigné et non élu, irresponsable au sens le plus politique du terme.
La nature profondément tyrannique des institutions mises en place dans le cadre européen se révèle pleinement dans cet incident. Les grands discours sur la coopération et sur l’expertise cèdent la place au froid rapport des forces et sentiment de puissance.
RépondreSupprimerIl met un terme au concours d’hypocrisie auquel s’étaient livrées les différentes instances européennes parlant d’un accord décidé à l’unanimité (avec le pistolet sur la tempe). Il en va de même avec le “respect du vote” du Parlement chypriote, dont on voit bien que Mario Draghi se moque comme d’une guigne. Désormais les choses sont claires et, en un sens, c’est tant mieux. Mais il ne faudra plus s’étonner si les partis, souvent qualifiés de “populistes”, qui sont opposés aux institutions européennes montent rapidement dans les sondages. De même ne faudra-t-il plus s’étonner si la violence contre les institutions européennes et leurs représentants monte rapidement dans les pays les plus touchés par la crise. Car il est dans la nature des choses que la Tyrannie appelle la violence.
Les conséquences de cette décision seront, quoi qu’il advienne, dramatiques. Il est possible que le Parlement chypriote se déjuge sous la pression, mais ce faisant il ouvrira une crise ouverte avec son peuple. La tradition de violence politique que l’on a à Chypre ne doit alors pas être négligée. Il est aussi possible que l’on aille jusqu’au bout de cette crise et que Chypre soit de facto expulsée de la zone Euro du fait de la décision de Mario Draghi. Le précédent ainsi établi aura dans ce cas des conséquences profondes pour l’ensemble des autres pays. Nous aurons des indications sur le cours que les événements vont prendre d’ici 48 heures.
Jacques Sapir.
http://russeurope.hypotheses.org/1065
L'affaire chypriote a au moins une vertu : comme l'écrit BA, dans son billet en colère (que je partage), elle apporte la preuve que l'indépendance de la BCE, dirigée par des technocrates - et quels technocrates ! issus de Goldman Sachs - est inacceptable.
RépondreSupprimerAu passage, la "déclaration de guerre" de Draghi met en lumière l'hypocrisie des dirigeants européens, dont les nôtres, depuis plus de vingt ans et les balivernes qu'ils nous ont servies.
Enfin, ce blocus démontre, s'il en était besoin, la pertinence
des analyses argumentées de Jacques Sapir. Relisez donc ses texte sur la légalité et la légitimité ! Alors ? Nous allons bien entendu, comme il l'écrit lui-même, en savoir plus sous quarante-huit heures, mais il n'en demeure pas moins que nous devrons agir à un moment ou à un autre.
Car enfin, combien de temps et jusqu'à quel point allons-nous accepterons d'être dirigés par ces voyous illégitimes, ces crapules arrogantes ? Demandons-nous, Laurent, comment nous pouvons nous faire entendre et préparons-nous !
"L'Europe organise le blocus monétaire de Chypre":
RépondreSupprimerhttp://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/03/20/20002-20130320ARTFIG00468-l-europe-organise-le-blocus-monetaire-de-chypre.php
"La Banque centrale européenne (BCE) a prévenu qu'elle cessait d'alimenter en liquidités les banques chypriotes tant que Nicosie n'accepte pas le plan de sauvetage. Aussi policé soit-il, Mario Draghi sait employer la force lorsqu'il le juge nécessaire. C'est la méthode qu'il a choisie, à Chypre, pour forcer le gouvernement à accepter le plan de sauvetage de l'UE et du FMI, rejeté par le parlement chypriote mardi. Après avoir «pris acte» du rejet du plan d'aide par Nicosie, la BCE a sorti son arme de dissuasion massive: le blocus monétaire. Elle a prévenu qu'elle n'alimenterait plus les banques chypriotes en liquidités, tant que le plan de sauvetage UE-FMI ne serait pas accepté. «Les liquidités d'urgence de la BCE ne sont disponibles que pour les banques solvables, or les banques chypriotes ne sont pas solvables tant qu'elle ne seront pas recapitalisées rapidement», a indiqué Jorg Asmussen, l'un des membres du directoire de la BCE.Jamais la BCE n'avait encore brandi une telle menace. Du coup, le ministre des Finances chypriote et le gouverneur de la banque centrale de l'île n'ont pas d'autre choix que de laisser les banques fermées jusqu'à nouvel ordre...
Eviter des émeutes «comme en Argentine»
«S'ils ouvrent les banques, alors que la BCE bloque l'accès aux liquidités, ce sera la ruée sur les guichets», prévient Gilles Moec de la Deutsche Bank. Certains évoquent un risque d'émeutes comme en Argentine en 2002.«Les déposants ne pourraient plus retirer du cash, faute de billets suffisants, et ceux qui voudraient faire des virements à l'étranger se verraient répondre que c'est impossible car la banque n''est plus autorisée à le faire par la BCE…», poursuit Gilles Moec, spécialiste des questions monétaires européennes. En attendant, les distributeurs automatiques de billets fonctionnent toujours à Chypre. Ils sont alimentés par les réserves de la banque centrale chypriote. Combien de temps cela va-t-il durer? Nul ne le sait. Cela dépendra des réserves en «cash» de la banque centrale locale qui, selon les pays, peuvent permettre de «tenir un siège» d'après les experts ... Plus grave encore: les entreprises, notamment les compagnies aériennes chypriotes ne pourront bientôt plus payer leurs factures de kérosène, faute de pouvoir faire des virements à l'étranger... Si la situation se prolonge, le blocus monétaire peut très vite se transformer en blocus économique. Du jamais vu dans l'Union européenne!"
Saul
Je n'arrive pas à trouver de sources sur cette affaire de "blocus" qui soient extérieures à l'article du Figaro et aux commentaires de Sapir.
RépondreSupprimerQuelqu'un pourrait-il trouver des sources avalisant ce qui est dit sur la décision de Draghi?
D'avance merci,
Pascale
@ Pascale,
RépondreSupprimerC'est juste : peu de gens en parlent. Voici une chose que j'ai trouvé :
http://www.chicagotribune.com/business/breaking/chi-20130320,0,5470336.story
@ Saul
Ce papier est stupéfiant même s'il me semble crédible.
@ BA
Très bon papier de Sapir (si l'info est confirmée)
@ Patrice
Mille excuses !