Fin 2012,
après six mois de calme sur les marchés, les
partisans de la monnaie unique européenne avaient crié victoire un peu vite.
La crise chypriote est venue rappeler la fragilité de l’édifice monétaire
européen, d’autant
plus que la facture vient d’être revue à la hausse. Et d’autres foyers de
crise pointent leur nez…
Qui sera
le prochain ?
Cela fait
déjà cinq pays (sur 17…) qui ont été « aidés » par les autorités
européennes pour les sortir de la crise provoquée par la monnaie unique. Mais
cette crise ne semble pas vouloir se limiter à 30% des pays de la zone puisque
de nombreux autres foyers sont d’ors et déjà identifiés. Hervé
Nathan et Emmanuel Lévy, dans Marianne,
font la liste des candidats à la prochaine crise. Et malheureusement, elle
est longue : Malte, Luxembourg, l’Irlande, la Slovénie, et hors zone euro,
la Lettonie (qui souhaite adopter la monnaie unique) ainsi que la
Grande-Bretagne et ses parasites satellites.
Les deux
premiers sont d’autres petits parasites
fiscaux nichés au sein de l’UE (ce
qui augure bien mal pour une véritable réforme sur la question…). Et leurs
systèmes bancaires, pas moins hypertophiés que celui de Chypre, inquiètent de
plus en plus. Il faut dire que les banques pèsent plus de 20 fois le PIB au
Luxembourg, contre seulement 8 fois à Chypre ou 4 fois en France. Autant dire
que la moindre crise bancaire imposerait à nouveau une intervention des
pompiers européens.
Mais les
projecteurs sont aujourd’hui braqués sur la Slovénie, comme
le rapporte le Point, suite à la
parution d’un rapport de l’OCDE appelant le pays à régler la crise de son
secteur bancaire. Certes, l’organisation se veut rassurante en affirmant que le
gouvernement slovène devrait pouvoir la résoudre seul, mais elle critique aussi
les modalités du plan de restructuration bancaire. L’OCDE a proposé une
quinzaine de mesures au pays, dont une privatisation des banques publiques.
Ces
foyers qui couvent toujours
Mais les
deux morceaux qui restent les plus préoccupants sont l’Espagne et l’Italie,
deux pays dont les engagements sont trop importants pour le MES (Mécanisme
Européen de Stabilité). Madrid a réussi à ne pas passer sous les fourches
caudines de la troïka tout en obtenant des fonds pour aider ses banques.
Cependant, le
taux de défaut sur les prêts continue de progresser, ce qui pourrait encore
affaiblir le système bancaire. Une nouvelle crise n’est pas à exclure.
En outre, la
situation est toujours aussi instable en Italie, où une majorité de
citoyens a voté pour des partis ouvertement UE-sceptiques. Même s’il est
probable que le centre-gauche et le centre-droit parviennent à trouver un
accord préservant la participation du pays à la monnaie unique, cette alliance
sera par nature instable et pourrait mener à une nouvelle élection à l’issue
incertaine. Enfin, les
pays créditeurs sont de plus en plus exaspérés de se voir demander de régler la
note.
Il faudrait faire la différence entre les crises provoquées par l'euro (avec à l'origine des déséquilibres des balances courantes) et les crises provenant d'un secteur bancaire démesuré et en faillite. Dans ce dernier cas, l'euro n'y est pour rien, et d'ailleurs certains pays en difficulté ne sont pas dans la zone euro.
RépondreSupprimerA partir du moment ou les europeistes détiennent le pouvoir de "battre monnaie", comme les seigneurs, il sera difficile de voir l'euro s'effondrer malheureusement. Ils peuvent effacer toutes les dettes des banques et ainsi les laisser continuer leur casino...
RépondreSupprimerMais cela c'est au prix de la violation des traités et du statut de la BCE.
Les obsedés du respect des traités a la lettre qu'on a pu lire sur ce blog devrait y reflechir. Ces violations de traité par la BCE n'est ce pas justement une raison de dénoncer les traités pour en sortir ?
@ Anonyme
RépondreSupprimerOui, mais le fait d'avoir la monnaie unique a participé aux crises bancaires de ces pays, qui ont non seulement profité de l'afflux de capitaux de la zone euro mais aussi bénéficié du mauvais jugement des marchés qui ont permis aux banques (et aux Etats) de se financer trop indistinctement pendant une longue période.
En outre, l'euro limite largement les Etats dans leur moyen de répondre à la crise : pas de possibilité de dévaluation, le moyen pourtant classique de relancer une économie après un tel choc.
@ TeoNeo
Bien vu
C'est semble-t-il presque toujours la même mécanisme : un modèle de croissance basé sur l'afflux extérieur de capitaux (qui ?), une contraction du crédit en 2008 correspondant à la contagion de la crise des subprimes, chute de l'activité et donc du PIB, obligation de l'état de s'endetter pour relancer l'économie (auprès des mêmes banques ?), et pour sortir de cette ornière application des mêmes remèdes : privatisation des banques (ils feraient mieux ?), réduction des déficits... même si en effet l'euro ne semble dans le cas de la Slovénie qu'un accélérateur. On voudrait mettre la main sur les économies des pays, on ne s'y prendrait pas autrement.
RépondreSupprimerVoir synthèse sur : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/slovenie/presentation-de-la-slovenie/, paragraphe : Synthèse économique.
Jérome
Pouvez vous expliquer que sont ces crises banquières. Comment les banques, d’un pays peuvent « peser » plusieurs fois le PIB de ce pays ?
RépondreSupprimerKassandra