C’est la
nouvelle polémique sur la monnaie unique, déclenchée par la publication début
avril d’un papier de Paul Krugman sur son blog annonçant carrément que « La
France a de nouveau sa propre devise ». Que revèle cette tempête
sur la gestion décidemment impossible de l’euro ?
Monnaie
unique et banque centrale commune
Cette
polémique révèle un aspect souvent ignoré de cette
construction monétaire bancale et artificielle. Si la zone euro a une
monnaie unique (à savoir une monnaie qui s’est substitué à toutes les autres
monnaies, et non une monnaie commune, qui se serait ajouté aux autres), elle a
une banque centrale commune et non unique puisque la BCE est venue s’ajouter
aux banques centrales nationales qui existaient déjà, organisées aujourd’hui en
un SBCE (Système des Banques Centrales Européennes).
En effet, la
BCE n’est pas la seule banque centrale de la zone. Mieux, les banques centrales
nationales, qui ont subsisté, ne sont pas de simples filiales de la BCE,
puisqu’elles conservent une certaine autonomie et participent aux délibérations
et prises de décision de la BCE. C’est le produit de cette politique de petits
pas destinés à ne pas proposer un grand saut fédéraliste mais plutôt des
avancées progressives pour essayer de les rendre plus acceptables pour les peuples
européens.
Quand la
Banque de France refinance les banques
Paul
Krugman s’est étonné sur son blog de la forte baisse et du faible niveau
des taux longs français, en expliquant que la BCE ne pouvait pas abandonner
notre pays, appelant nos dirigeants à arrêter leur politique d’austérité. Un
premier papier publié sur un blog du Nouvel
Observateur, a repris le papier du Prix Nobel d’économie, pour avancer
l’hypothèse que la BCE interviendrait sur les marchés pour refinancer les
banques françaises, dont une serait en difficulté.
Dans
un papier plus fouillé paru sur Atlantico,
Philippe Herlin affirme que c’est la Banque de France qui interviendrait
directement, soulignant que « chaque
banque centrale nationale dispose d’une certaine autonomie pour aider ses
banques ». En effet, comme
le reconnaît notre banque centrale, la France est le premier marché
européen de Short Term European Paper
(STEP), un marché de refinancement de près de 500 milliards d’euros, dont plus
de 50% dans l’hexagone.
Une bombe
à retardement au cœur de la zone euro
Tout ceci
n’est pas sans rappeler les polémiques qui avaient précédé la fin du rouble,
quand l’Ukraine n’hésitait pas à créer de la monnaie contre la volonté de la
Russie, caution ultime du système, qui a donc rapidement mis fin à la situation
en mettant fin à l’unification monétaire de la CEI. Il est bien évident qu’une
telle pratique, même si elle ne représente pas pleinement un retour aux
monnaies nationales, est difficilement acceptable pour l’Allemagne, garante de
dernier ressort de la monnaie unique, qui
ne goûte guère le fait de ne pas pleinement contrôler ce qui se passe.
Et avec tout cela un hommage a François Jacob ?
RépondreSupprimerAvec Euroclear, c'est pas clair, encore un cadavre qui sort du placard des banques françaises en perspective :
RépondreSupprimerEn attendant de voir plus clair dans cette affaire, on peut déjà constater que les banques françaises ont entre les mains des titres dont personne ne connaît la valeur réelle.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20130422trib000760997/la-bce-aurait-elle-perdu-le-controle-de-la-creation-monetaire-en-zone-euro-.html
Mardi 23 avril 2013 :
RépondreSupprimerAinsi les trois premières banques françaises capitaliseraient à elles seules plus des deux tiers des titres STEP avec un total de 190 milliards d'euros d'encours. BNP en serait le plus important détenteur avec 44,5 milliards d'euros d'obligations. Société Générale et Dexia en détiendraient pour 35 milliards d'euros chacune, Crédit Agricole 27 milliards d'euros, Crédit Mutuel 25 milliards et Natixis 21 milliards.
On sait que la BCE avait fait état, sans jamais révéler son nom, du fait qu'une grande banque française était au bord de la faillite en raison de sa trop forte exposition au risque. Outre-Rhin, on pense qu'en acceptant de faire entrer ces titres dans la catégorie des titres éligibles au refinancement de l'Eurosystème, la BCE a donné à la France, et aux autres pays dont le système bancaire montre certaines faiblesses, la possibilité de stabiliser leurs propres banques sans que l'Allemagne ne puisse s'y opposer en attendant la mise en place de l'union bancaire. En attendant de voir plus clair dans cette affaire, on peut déjà constater que les banques françaises ont entre les mains des titres dont personne ne connaît la valeur réelle.
Romain Renier.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20130422trib000760997/la-bce-aurait-elle-perdu-le-controle-de-la-creation-monetaire-en-zone-euro-.html
"On sait que la BCE avait fait état, sans jamais révéler son nom, du fait qu'une grande banque française était au bord de la faillite en raison de sa trop forte exposition au risque."
C'est laquelle ?
Quelle grande banque française est au bord de la faillite ?
Vous le saurez dans le prochain épisode.
(Quel suspens ! Mais quel suspens !)
l'excellent Olivier Delamarche qui baffe l'idiot utile
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=TR4iynPZ9Rs#!
Amusant : Qui va « craquer » avec la crise de la zone euro ?
RépondreSupprimerhttp://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=69654
Saul
@ Olaf, BA
RépondreSupprimerMerci pour le lien vers cet article qui explique bien les détails.
@ Patrice
Merci pour le lien
@ Saul
Note très intéressante de Artus qui dit in fine que la zone euro ne fonctionne pas.
L'info "macro" de ce matin qui à peut être provoqué l'envolée de la bourse de Paris aujourd'hui.
RépondreSupprimerhttp://fr.euronews.com/2013/04/23/baisse-de-l-activite-economique-en-allemagne-en-avril-selon-markit/
Et l'autre imbécile heureux qui essaie de retourner sa veste...
RépondreSupprimerhttp://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20130423trib000761127/la-politique-d-austerite-a-atteint-ses-limites-selon-barroso.html
Lu sur le site de l'Union européenne : "Selon le rapport stratégique de 2013 de la Commission, la politique de cohésion de l'Union européenne contribue à surmonter la crise et à générer de la croissance". Ainsi, sont listées "les améliorations pour l'accès au haut débit (du lait, de l'eau, on ne sait pas ?), pour le raccordement au système de distribution d'eau, les kilomètres de routes et de voie ferrée supplémentaires, le nombre de personnes ayant trouvé un nouvel emploi (sic) : 2,4 millions" ...
RépondreSupprimerNe riez pas, ne vous étouffez pas. Allez plutôt sur le site de l'UE. "La référence est IP/13/336" et "la date de l'événement le 18/04/2013". Vous pourrez à nouveau mesurer la distance qui sépare les eurocrates compétents et modernes des citoyens lambdas, comme vous et moi, nous qui ruminons sans cesse des idées "populistes" et "archaïques". Z'avez pas compris que le monde bouge et qu'il faut bouger avec lui ? Heureusement que Monsieur Hollande, il a compris, lui.
Zone euro: Berlin refuse de nouvelles discussions sur les règles budgétaires:
RépondreSupprimerhttp://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/zone-euro-berlin-refuse-de-nouvelles-discussions-sur-les-regles-budgetaires-24-04-2013-2754769.php
« Le gouvernement allemand refusera de nouvelles discussions sur les règles budgétaires de la zone euro, restant convaincu que redressement des finances publiques et croissance ne sont pas antinomiques, a affirmé mercredi Steffen Kampeter, secrétaire d'Etat allemand aux Finances. »
"L'Allemagne soutient des mesures de solidarité en Europe avec une répartition juste", la première économie européenne refusant d'être "le seul et l'unique à prêter", a également déclaré le secrétaire d'Etat allemand.Il a enfin répété l'opposition de Berlin à des obligations mutualisées en Europe, appelant à la prudence "ceux qui pensent qu'on peut acheter de la croissance en s'adressant aux marchés".
Donc si l’Allemagne persiste et signe, on devrait s’orienter tôt ou tard vers l’option 2 de l’étude de Patrick Arthus « Qui va « craquer » avec la crise de la zone euro ? »
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=69654
Il dit: « une des parties devra « craquer » (c'est-à-dire abandonner ses positions idéologiques, renier ses convictions) ; ce sera :
-soit la BCE et l’Allemagne : passage à des achats massifs d’actifs par la BCE (pour faire baisser les taux d’intérêt, nettoyer les bilans des banques) ; acceptation par l’Allemagne d’une relance de sa demande intérieure et d’une mutualisation des dettes publiques de la zone euro ;
- soit les pays en difficulté, qui remettront en cause leur participation à l’euro pour doper leur économie par une dévaluation massive et qui, de ce fait, feront aussi défaut sur leurs dettes extérieures ».
Pour l’instant l’Allemagne ne craque pas.
Saul
Aujourd’hui, les banques de l’Union Européenne ont dans leurs livres 1500 milliards d’euros d’actifs pourris.
RépondreSupprimerJe dis bien : 1500 milliards d’euros d’actifs pourris.
Ce sont des actifs pourris, des obligations pourries, des créances irrécouvrables, … bref ce sont des merdes.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=52911
Comment les banques de l’Union Européenne se débarrassent de toutes ces merdes ?
Réponse :
Les banques françaises donnent les merdes françaises à la Banque de France, qui les donne à la Banque Centrale Européenne.
En échange, la BCE donne à la Banque de France des dizaines de milliards d’euros tout beaux, tout neufs, tout propres. Ensuite, la Banque de France donne ces liquidités aux banques françaises …
… et les banques françaises utilisent ces liquidités pour acheter les obligations de l’Etat français.
Conséquence : l’Etat français peut continuer à emprunter sur les marchés internationaux. Son taux d’emprunt ne cesse de baisser.
Conclusion :
Tout le monde est content !
Dans tous les pays européens du sud, le mécanisme est le même : en Italie, en Espagne, etc.
Les banques italiennes donnent les merdes italiennes à la Banque d’Italie, qui les donne à la Banque Centrale Européenne.
En échange, la BCE donne à la Banque d’Italie des dizaines de milliards d’euros tout beaux, tout neufs, tout propres. Ensuite, la Banque d’Italie donne ces liquidités aux banques italiennes …
… et les banques italiennes utilisent ces liquidités pour acheter les obligations de l’Etat italien.
L’Etat italien peut continuer à emprunter sur les marchés internationaux. Son taux d’emprunt ne cesse de baisser.
Tout le monde est content !
Mario Draghi est un alchimiste : il transforme la merde en euros !
Bon, évidemment, les journalistes allemands et les dirigeants politiques allemands ne sont pas contents.
Vendredi 19 avril 2013 :
Schäuble en faveur d’une action de la BCE pour réduire les liquidités.
Le ministre allemand des Finances verrait d’un bon oeil une action de la Banque centrale européenne (BCE) pour réduire les liquidités en circulation dans la zone euro, selon un entretien à WirtschaftsWoche, mais juge que cela est difficile dans la situation actuelle.
« Il y a beaucoup d’argent sur le marché, selon moi trop d’argent », a déclaré Wolfgang Schäuble dans un entretien au magazine allemand à paraître lundi, mais dont des extraits ont été publiés vendredi.
Donc « si la BCE essaie d’utiliser sa liberté d’action pour réduire un peu cette grande quantité de liquidités, je ne pourrais que le saluer », a-t-il ajouté.
Mais la liberté d’action est minime actuellement en raison de la crise qui frappe nombre de pays de la région, a-t-il aussi souligné. « Nous ne devons pas oublier en Allemagne que beaucoup de pays européens sont encore dans une situation de croissance précaire ».
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/afp-00515597-schauble-en-faveur-d-une-action-de-la-bce-pour-reduire-les-liquidites-560016.php