Depuis
plus de 20 ans, le Japon se débat économiquement. Entre plans de relance et
monétisation, le pays a du mal à sortir de la crise. Le nouveau premier
ministre a pourtant décidé d’aller beaucoup plus loin dans sa politique de
soutien à l’économie pour y parvenir, avec le concours de sa banque centrale.
Le plan
choc de la Banque du Japon
Au Japon,
l’indépendance de la banque centrale est relative. Le
nouveau premier ministre, issu des rangs du PLD avait prévenu son gouverneur
que s’il ne suivait pas sa politique, il en changerait les statuts. Du
coup, ce dernier a démissionné peu avant la fin de son mandat et il a été
remplacé par un nouveau gouverneur dont les vues sont alignées avec celle du
pouvoir en place, à savoir qu’il faut aller plus loin encore dans
l’assouplissement quantitatif pour relancer l’économie.
Déjà, à
l’automne, le
Premier Ministre et la Banque Centrale du Japon avaient annoncé des mesures qui
allaient complètement à rebours de la politique suivie en Europe :
plan de relance d’environ 10 000 milliards de yens (80 milliards d’euros
environ), doublement du programme de rachat de bons du Trésor, à 20 000
milliards de yens par an, et passage de l’objectif d’inflation de 1 à 2% par
an. L’idée était de casser le cercle vicieux déflationniste dans lequel est
plongé le pays.
Malheureusement,
le mal est coriace puisque les prix ont baissé de 0,7% en février. Du coup, les
autorités ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Alors que les marchés
s’attendaient à un
passage du plan de rachat de la dette publique par la banque à 30 000 milliards
de yen par an (un triplement en quelques mois), le
nouveau gouverneur, Haruhiko Kuroda, a annoncé un plan de rachat de 60 à 70 000
milliards de yens par an (480 à 560 milliards d’euros), 10% du PIB !
La banque centrale va également acheter d’autres créances et porter ses achats
sur les titres de toutes les maturités.
Une
politique cohérente et plus démocratique
Le montant
radical de ce plan vise à créer un choc psychologique pour casser les attentes
déflationnistes des acteurs économiques. En outre, cela a deux effets
bénéfiques majeurs : tout d’abord, l’Etat n’a pas à se soucier du
financement de sa dette, assuré en grande partie par la banque centrale :
les taux à long terme sont ainsi tombés à 0,4%. Ensuite, cela a contribué à
faire baisser le yen (1 euro vaut
128 yens contre 119 il y a encore une semaine), ce qui aide les exportations.
Le Japon a
compris les dangers des politiques déflationnistes dans lesquelles l’Europe
s’enfonce. Mieux, Shinzo Abe, le Premier Ministre a fait campagne sur une
politique monétaire et il peut l’appliquer une fois arrivé au pouvoir. Voilà
une belle leçon de démocratie que nous devrions retenir. Bien sûr, une
telle politique comporte des dangers, mais ils semblent encore éloignés au
pays du soleil levant. En revanche, la politique de la BCE est critiquée
presque partout, du
blog Frapper monnaie à The Economist, qui
consacre un dossier à la politique monétaire cette semaine.
Voilà une étude Natixis qui semble répondre à votre billet : "La déflation menace peut-être dans la zone euro : faut-il utiliser la nouvelle technique de la Banque du Japon ? Non : cette technique est inefficace "
RépondreSupprimerhttp://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=69413
@Anonyme (08:11)
RépondreSupprimerJe ne lis pas le billet de Natixis tout à fait comme vous ... je comprends que c'est en zone euro que " La "technique japonaise" est donc probablement inefficace pour lutter contre la déflation. "
Todd dit toujours que l'Allemagne et le Japon sont très proches. Peut-on tirer une conclusion de cette politique divergente?
RépondreSupprimerjard
Todd a effectivement dit que ces 2 pays se ressemblaient seulement par leur structure familiale et leur déclin démographique mais le Japon a une bonne longueur d'avance sur l'Allemagne en matière de déflation et n'est pas englué dans un dogme économique stupide qu'elle a imposé à tous ses "partenaires" au sein de l'UE de monnaie forte à tout prix.
SupprimerL'Allemagne réalise 60% de son bénéfice de la balance commerciale avec ses "partenaires" de l'UE. Pour elle, l'euro est sous-évalué tandis qu'il est nettement surévalué pour la France, l'Italie ou l'Espagne. Donc il n'y a pas une si grande différence entre l'Allemagne et le Japon dans les objectifs de gestion monétaire par rapport aux partenaires commerciaux respectifs.
SupprimerLa différence entre les deux pays réside plutôt dans l'appréciation par leurs dirigeants des résultats d'une politique déflationniste. En Allemagne, il semble que la contraction de la demande intérieure par l'affaiblissement des salaires est conçue comme un moyen de doper les exportations : mais ceci ne peut marcher que parce que la France ou l'Italie continuent au même moment à vouloir entretenir l'Etat-Providence et servent de demande de substitution à la demande intérieure allemande. Cette configuration stupide des relations commerciales proches n'existe pas dans le cas japonais : par conséquent la déflation y est désormais perçue comme un danger d'effondrement économique à court terme, ce qui oblige à mon avis le pays à engager des politiques monétaires hétérodoxes.
Francis Commarrieu.
Arrêtez de voir le monde par le petit bout de la lorgnette économique et fréquentez des Japonais et des Allemand et vous verrez s'ils sont proches
SupprimerA cette échelle la réponse est vite trouvée...
SupprimerFC.
@ Anonyme et André-Jacques
RépondreSupprimerMerci pour le lien, intéressant. Comme le soutient André-Jacques, je crois que cette étude vaut principalement pour la zone euro, sans dire qu’il s’agit d’une mauvaise politique pour le Japon, qui a un contexte spécifique. Le pays a besoin de sortir de la déflation, qui pousse les entreprises à baisser les salaires et les prix. En outre, étant donnée la radicalité du nouveau plan, on ne peut pas en juger la pertinence au regard du passé (la Banque du Japon est passé de la 1ère à la 6ème en quelques mois).
Enfin, je ne suis pas totalement convaincu par la note de Natixis à plusieurs titres :
- elle n’évoque pas l’impact de la monétisation sur les finances publiques, qui est pourtant considérable (oubli assez incompréhensible)
- elle ne chiffre pas vraiment le risque que représente l’entrée en dépression des pays européens
- enfin, je crois qu’elle sous-estime l’impact de la monétisation sur le crédit
@ Jard
Cela vient de l’histoire monétaire différente des deux pays.
@ FC
Très juste. Tout ceci montre l’intérêt qu’il y aurait à viser l’équilibre du solde commercial.
Dire qu'on nous a tant bassiné sur le danger de l'hyperinflation des qu'on imprime le moindre billet...
RépondreSupprimerMercredi 10 avril 2013 :
RépondreSupprimerSlovénie : les banques slovènes ont dans leurs livres 30 % de créances irrécouvrables.
http://www.zerohedge.com/news/2013-04-10/full-frontal-slovenias-non-performing-loans
En fait Patrick ARTUS soutient l’idée d’un Quantitative Easing de la BCE consistant à ce que celle-ci achète les créances douteuses des banques des pays en difficulté de la zone euro qui devraient également être recapitalisées pour qu’elles puissent à nouveau y soutenir l’économie par des taux d’intérêt en baisse dans les pays en difficulté, notamment l’Espagne et l’Italie. Sauf erreur de ma part l’autre Quantitative Easing majeur qui consisterait pour la BCE à acheter de la dette d’Etat sur le marché primaire lui est interdit par ses statuts.
RépondreSupprimerhttps://institutionsfinancieres.natixis.com/jcms/lpp45_41386
Les allemands seront-ils d’accord pour que la BCE fasse un quantitative easing consistant à ce que la BCE achète les créances douteuses des banques ? Il faudra sans doute y mobiliser des centaines de milliards d’euros. On devrait attendre, à mon avis, que la situation devienne totalement catastrophique pour que ces solutions de la dernière chance soient essayées car de toute façon le traitement actuel des difficultés des pays en crise de la zone euro va dans le mur et ses dirigeants ne semblent toujours pas s’en rendre compte, selon le même Patrick ARTUS qui dit : « L’analyse de la solvabilité budgétaire des pays aidés par l’Europe a été visiblement faite en oubliant une grande partie des effets des politiques mises en place sur l’activité, donc sur les déficits publics, donc sur la solvabilité budgétaire. Dans tous les cas, et ceci est vrai à nouveau aujourd’hui pour Chypre, le recul de l’activité dû aux politiques correctrices dégrade fortement la solvabilité budgétaire, et les simulations ex ante montrant un retour à la solvabilité sont démenties ex post par les faits » :
http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=69429
Il faudrait apprendre aux dirigeants de la zone euro à compter et à arrêter de mentir quand ils ont appris à compter:
http://www.20minutes.fr/politique/1134817-20130410-cahuzac-compare-mensonge-compte-suisse-a-promesse-3-deficit
Saul
Imaginez que le Japon n'ait plus le contrôle de sa monnaie?
RépondreSupprimerQue lui resterait-il, hormis les yeux pour pleurer?
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