Dimanche
dernier, les
Vénézueliens ont élu Nicolas Maduro président de la République. Mais la
relative faiblesse de l’écart avec son adversaire (plus de 250
000 voix tout de même) a provoqué des manifestations
et l’intervention totalement déplacée de Washington dans le processus électoral.
Mais qui
sont les vrais démocrates ?
La
présidence d’Hugo Chavez est un sujet clivant. D’une part, les manières
autocratiques de l’ancien dirigeant du pays peuvent choquer à raison les
partisans sincères de la démocratie. Mais de l’autre, il faut bien constater
que l’ancien président Carter avait jugé que la démocratie vénézuélienne
fonctionnait mieux que celle de son pays. Que lorsqu’il a perdu un référendum,
il a suivi l’avis du peuple (contrairement à nos dirigeants en France après
2005). Du coup, il est essentiel de diversifier ses sources
d’information : le
blog d’Alexis Martinez sur Ragemag
en est une très recommandable.
Alors
que la plupart des sondages lui promettaient une victoire large, comme pour
Hugo Chavez, Nicolas Maduro a rassemblée 50,7% des suffrages, contre 48,9% à
son adversaire, avec une participation proche de 80%. Bref, des scores qui ne
souffrent pas de contestation en principe, d’autant plus que le
processus électoral est particulièrement bien encadré au Vénézuela avec de
nombreux observateurs des deux camps assurant le respect de la volonté du
peuple.
Malheureusement,
Henrique Capriles, comme
José Luis Obrador au Mexique, n’a pas reconnu le résultat et demande un
recomptage, provoquant de graves tensions. Des
manifestations se sont malheureusement soldées par plusieurs morts et blessés,
les deux camps s’accusant mutuellement des troubles. Les Etats-Unis ont plaidé
pour un recompte des voix, le porte-parole de la Maison Blanche estimant qu’il
s’agissait d’une étape « importante,
prudente et nécessaire ».
Comme
le rapporte Jean Ortiz, cette ingérence des Etats-Unis est proprement
scandaleuse. Qu’auraient-ils dit si nous nous étions officiellement mêlés de
l’élection qui avait vu Georges Bush Junior l’emporter sur Al Gore de manière
très contestable ? Non seulement Washington est mal placé pour donner des
leçons de démocratie, entre l’épisode de 2000, les découpages délirants ou les
manœuvres pour éviter de faire voter certains électeurs, mais l’organisation de
putschs militaires en Amérique du Sud et le
soutien mené contre Hugo Chavez en 2002 devrait plutôt l’inciter à faire
profil bas ici.
Le
chavisme survit (pour l’instant) à Chavez
Bien sûr, cela
n’efface pas les progrès apportés par le chavisme, qui, fait rare, surtout
en Amérique du Sud, a partagé équitablement la manne pétrolière, fait reculer
la pauvreté, l’analphabétisme, les inégalités, améliorer les conditions de
santé, le tout en menant une politique pleinement souveraine, débarrassée de l’influence
étasunienne. Mais il
faudra que Nicolas Maduro parvienne à régler les problèmes qu’il a hérités de
son prédécesseur s’il veut laisser une trace dans l’histoire de son pays.
Sur Médiapart, dans un commentaire, on trouvait cela ( datant d'avant les élections) : "Trois députés de droite à l’Assemblée Nationale (AN) ont retiré ce mardi leur soutien à la candidature présidentielle d’Henrique Capriles après avoir eu connaissance d’un plan orchestré par ce qu’on appelle la Table de l’Unité (MUD) pour ne pas reconnaître les résultats qui seront émis le Conseil National Electoral (CNE) lors des élections du 14 avril prochain.",
RépondreSupprimerL'ensemble des infos est là : http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/08/la-seine-ou-lorenoque/
Ce qui se passe au Vénézuela en termes de contestation des élections sent plus que le roussi... Ca sent même furieusement le plan concerté de déstabilisation...
PF
"une insécurité endémique, une inflation galopante, des problèmes d’approvisionnement, des médias sous influence, des entraves à l’initiative privée…"
RépondreSupprimervous savez très bien que Chavez a été un désastre. Oui il y a eu des progrès d’alphabétisation, de santé, une classe moyenne. Mais tout ça payé avec le pétrole, l'école et la santé est bien le minimum a payé quand on a du pétrole, quand à la classe moyenne créé, elle repose sur l'Etat aussi. Malgré la 3ème réserve de pétrole au monde, le pays est endetté, ils doivent importés (et il y a des pénuries), l'économie privée est en berne, la violence..etc
Bref, tout ce que bénisse les pro-Chavez n'est juste dû qu'à la distribution de pétrole. Tout le reste, est un échec cuisant, tout ce qui ne découle pas du financement via le pétrole est en lambeau.
Quant à l'élection, 570 bureau de vote où il a été constaté des "votes assistés" par des organismes de surveillance (vote sous les yeux de représentants du chavisme uniquement).
Ensuite oui il y a eu des émeutes, n'est-ce pas prévisible et normal avec ce faible écart et la frustration de la moitié d'un peuple qui n'en peut plus des socialistes ? Sans parler des exilés. Il fallait recompter ! Nous aurions recompté en France, a n'en pas douter. En plus je croyais que les élections là-bas était faite d'un vote électronique + un bulletin papier et qu'ils comparaient les 2 (c'est ce qu'on nous a vendu à la dernière de Chavez). L'argument pour ne pas recompter donné par la haute cour est inaudible, "on ne peut pas" grosso modo, bin voyons.
7 morts au moins, 60 blessés, des centaines d'arrestations.
Quant aux USA, c'est Maduro qui a pointé du doigt les USA, voulant faire croire que son peuple ne pouvait pas manifester et protester de lui-même au vu du score serré et de leur frustration accumulé depuis tant d'années ! Que tout ça était orchestré par les USA. Ils n'ont fait que répondre.
Toute façon c'est fini, tout reposé sur la personnalité de Chavez, ce pays va s'écrouler, et l'opposition reprendre les reines. Et vous verrez que ça ne sera pas le diable ultra-libéral mais quelqu'un qui continuera le social avec le pétrole tout en développant une économie privée libérale prospère pour redresser ce pays qui devrait être un des meilleurs du monde avec son trésor noir.
Les liberaux sont donc encore plus nuls que Chavez ?
RépondreSupprimerAvant lui, il y avait deja le petrole mais ils n'ont meme pas ete capables d'alphabetiser la population et de s'occuper un minimum du plus grand nombre...
Donc si la droite revient tout rentrera dans l'ordre: la corruption restera mais l'argent du petrole ne sera plus "gaspille" dans les services sociaux, il restera bien sagement dans les mains de l'oligarchie traditionnelle, avec la benediction des "lois du marche"...
100% d'accord. Ils bénéficient de l'argent du pétrole pour les politiques sociales ? Et alors ?
SupprimerEt l'opposition qui se prétend "démocrate" montre encore son refus des règles du jeu (alors qu'ils se sont présentes aux élections) en ne reconnaissant pas sa défaite et en tentant pitoyablement la déstabilisation comme en 2002 avec la bénédiction de nos médias pro-neoliberaux.
Je veux dire par là que ces medias prennent pour argent comptant toutes les infos et rumeurs venant de l’opposition et utilisent le conditionnel quand il s'agit de sources officielles vénézuéliennes ou du parti de Chavez.
SupprimerD'accord mais la question a se poser est que va t'il rester quand il n'y aura plus de pétrole ; idem pour les pays du golf ; ces mannes pétrolière sont souvent destructrices ; Chavez aurait pu aller beaucoup plus loin y compris en mettant la democratie entre parenthèse
Supprimer@ PF
RépondreSupprimerMerci pour le lien et l’information
@ JP
Oui, mais la manne pétrolière ne profite pas toujours à la population. Dans de nombreux pays, elle ne profite qu’à une petite oligarchie.
Après tout n’est pas parfait loin de là.
@ TeoNeo
Bien d’accord.
@ Patrice
Il ne faut jamais mettre la démocratie entre parenthèses.