jeudi 18 avril 2013

Vénézuela : la révoltante ingérence des Etats-Unis





Mais qui sont les vrais démocrates ?

La présidence d’Hugo Chavez est un sujet clivant. D’une part, les manières autocratiques de l’ancien dirigeant du pays peuvent choquer à raison les partisans sincères de la démocratie. Mais de l’autre, il faut bien constater que l’ancien président Carter avait jugé que la démocratie vénézuélienne fonctionnait mieux que celle de son pays. Que lorsqu’il a perdu un référendum, il a suivi l’avis du peuple (contrairement à nos dirigeants en France après 2005). Du coup, il est essentiel de diversifier ses sources d’information : le blog d’Alexis Martinez sur Ragemag en est une très recommandable.

Alors que la plupart des sondages lui promettaient une victoire large, comme pour Hugo Chavez, Nicolas Maduro a rassemblée 50,7% des suffrages, contre 48,9% à son adversaire, avec une participation proche de 80%. Bref, des scores qui ne souffrent pas de contestation en principe, d’autant plus que le processus électoral est particulièrement bien encadré au Vénézuela avec de nombreux observateurs des deux camps assurant le respect de la volonté du peuple.

Malheureusement, Henrique Capriles, comme José Luis Obrador au Mexique, n’a pas reconnu le résultat et demande un recomptage, provoquant de graves tensions. Des manifestations se sont malheureusement soldées par plusieurs morts et blessés, les deux camps s’accusant mutuellement des troubles. Les Etats-Unis ont plaidé pour un recompte des voix, le porte-parole de la Maison Blanche estimant qu’il s’agissait d’une étape « importante, prudente et nécessaire ».

Comme le rapporte Jean Ortiz, cette ingérence des Etats-Unis est proprement scandaleuse. Qu’auraient-ils dit si nous nous étions officiellement mêlés de l’élection qui avait vu Georges Bush Junior l’emporter sur Al Gore de manière très contestable ? Non seulement Washington est mal placé pour donner des leçons de démocratie, entre l’épisode de 2000, les découpages délirants ou les manœuvres pour éviter de faire voter certains électeurs, mais l’organisation de putschs militaires en Amérique du Sud et le soutien mené contre Hugo Chavez en 2002 devrait plutôt l’inciter à faire profil bas ici.

Le chavisme survit (pour l’instant) à Chavez

Rien n’indique sérieusement que le scrutin ait été malhonnête. Du coup, il faut reconnaître la victoire de Nicolas Maduro. Et le message des électeurs est sans doute juste. S’ils veulent poursuivre dans la voie tracée par Hugo Chavez, l’étroitesse du score sanctionne à juste titre les carences de l’équipe au pouvoir depuis 14 ans : une insécurité endémique, une inflation galopante, des problèmes d’approvisionnement, des médias sous influence, des entraves à l’initiative privée…

Bien sûr, cela n’efface pas les progrès apportés par le chavisme, qui, fait rare, surtout en Amérique du Sud, a partagé équitablement la manne pétrolière, fait reculer la pauvreté, l’analphabétisme, les inégalités, améliorer les conditions de santé, le tout en menant une politique pleinement souveraine, débarrassée de l’influence étasunienne. Mais il faudra que Nicolas Maduro parvienne à régler les problèmes qu’il a hérités de son prédécesseur s’il veut laisser une trace dans l’histoire de son pays.

Le chavisme devrait gagner cette bataille, malgré la scandaleuse pression des Etats-Unis, qui ont encore raté une bonne occasion de se taire. Mais le nouveau président aura beaucoup de choses à réaliser pour consolider la révolution bolivarienne, quitte à remettre en cause certains dogmes.

7 commentaires:

  1. Sur Médiapart, dans un commentaire, on trouvait cela ( datant d'avant les élections) : "Trois députés de droite à l’Assemblée Nationale (AN) ont retiré ce mardi leur soutien à la candidature présidentielle d’Henrique Capriles après avoir eu connaissance d’un plan orchestré par ce qu’on appelle la Table de l’Unité (MUD) pour ne pas reconnaître les résultats qui seront émis le Conseil National Electoral (CNE) lors des élections du 14 avril prochain.",
    L'ensemble des infos est là : http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/08/la-seine-ou-lorenoque/

    Ce qui se passe au Vénézuela en termes de contestation des élections sent plus que le roussi... Ca sent même furieusement le plan concerté de déstabilisation...

    PF

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  2. "une insécurité endémique, une inflation galopante, des problèmes d’approvisionnement, des médias sous influence, des entraves à l’initiative privée…"

    vous savez très bien que Chavez a été un désastre. Oui il y a eu des progrès d’alphabétisation, de santé, une classe moyenne. Mais tout ça payé avec le pétrole, l'école et la santé est bien le minimum a payé quand on a du pétrole, quand à la classe moyenne créé, elle repose sur l'Etat aussi. Malgré la 3ème réserve de pétrole au monde, le pays est endetté, ils doivent importés (et il y a des pénuries), l'économie privée est en berne, la violence..etc

    Bref, tout ce que bénisse les pro-Chavez n'est juste dû qu'à la distribution de pétrole. Tout le reste, est un échec cuisant, tout ce qui ne découle pas du financement via le pétrole est en lambeau.

    Quant à l'élection, 570 bureau de vote où il a été constaté des "votes assistés" par des organismes de surveillance (vote sous les yeux de représentants du chavisme uniquement).

    Ensuite oui il y a eu des émeutes, n'est-ce pas prévisible et normal avec ce faible écart et la frustration de la moitié d'un peuple qui n'en peut plus des socialistes ? Sans parler des exilés. Il fallait recompter ! Nous aurions recompté en France, a n'en pas douter. En plus je croyais que les élections là-bas était faite d'un vote électronique + un bulletin papier et qu'ils comparaient les 2 (c'est ce qu'on nous a vendu à la dernière de Chavez). L'argument pour ne pas recompter donné par la haute cour est inaudible, "on ne peut pas" grosso modo, bin voyons.

    7 morts au moins, 60 blessés, des centaines d'arrestations.

    Quant aux USA, c'est Maduro qui a pointé du doigt les USA, voulant faire croire que son peuple ne pouvait pas manifester et protester de lui-même au vu du score serré et de leur frustration accumulé depuis tant d'années ! Que tout ça était orchestré par les USA. Ils n'ont fait que répondre.

    Toute façon c'est fini, tout reposé sur la personnalité de Chavez, ce pays va s'écrouler, et l'opposition reprendre les reines. Et vous verrez que ça ne sera pas le diable ultra-libéral mais quelqu'un qui continuera le social avec le pétrole tout en développant une économie privée libérale prospère pour redresser ce pays qui devrait être un des meilleurs du monde avec son trésor noir.

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  3. Les liberaux sont donc encore plus nuls que Chavez ?
    Avant lui, il y avait deja le petrole mais ils n'ont meme pas ete capables d'alphabetiser la population et de s'occuper un minimum du plus grand nombre...
    Donc si la droite revient tout rentrera dans l'ordre: la corruption restera mais l'argent du petrole ne sera plus "gaspille" dans les services sociaux, il restera bien sagement dans les mains de l'oligarchie traditionnelle, avec la benediction des "lois du marche"...

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    1. 100% d'accord. Ils bénéficient de l'argent du pétrole pour les politiques sociales ? Et alors ?
      Et l'opposition qui se prétend "démocrate" montre encore son refus des règles du jeu (alors qu'ils se sont présentes aux élections) en ne reconnaissant pas sa défaite et en tentant pitoyablement la déstabilisation comme en 2002 avec la bénédiction de nos médias pro-neoliberaux.

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    2. Je veux dire par là que ces medias prennent pour argent comptant toutes les infos et rumeurs venant de l’opposition et utilisent le conditionnel quand il s'agit de sources officielles vénézuéliennes ou du parti de Chavez.

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    3. D'accord mais la question a se poser est que va t'il rester quand il n'y aura plus de pétrole ; idem pour les pays du golf ; ces mannes pétrolière sont souvent destructrices ; Chavez aurait pu aller beaucoup plus loin y compris en mettant la democratie entre parenthèse

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  4. @ PF

    Merci pour le lien et l’information

    @ JP

    Oui, mais la manne pétrolière ne profite pas toujours à la population. Dans de nombreux pays, elle ne profite qu’à une petite oligarchie.

    Après tout n’est pas parfait loin de là.

    @ TeoNeo

    Bien d’accord.

    @ Patrice

    Il ne faut jamais mettre la démocratie entre parenthèses.

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