Au Portugal,
« Cinquante nuances de gris » a été
remplacé en haut des meilleures ventes de livres par « Pourquoi nous devons quitter l’euro ».
Alors que les rangs des partisans de cette idée grandissent tous les jours, Jacques Sapir et Frédéric
Lordon nous éclairent sur l’après.
Progrès
dans la bataille des idées
En France, les
idées progressent lentement du fait de l’incompétence
de la principale avocate choisie par les médias, Marine Le Pen. Cependant,
nous gagnons du terrain, comme le montrait cette
tribune du Monde en mars ou cette
interview de Philippe Villin. En Europe, l’idée ne cesse de progresser.
Déjà, en Italie, même si cela ne s’est pas traduit au niveau de la formation du
nouveau gouvernement, une
majorité de la population a voté pour des partis très critiques à l’égard de
l’Europe, dont notamment le parti de Beppe Grillo, qui appelait ouvertement
à une sortie de la monnaie unique.
En
Allemagne, le
parti Alternative für Deutscheland
rencontre un immense succès et a déjà rassemblé treize mille adhérents sur
la promesse d’un retour au deutsche mark, très populaire en Allemagne. Toujours
en Allemagne, Oskar
Lafontaine, ancien président du SPD, a appelé à son démontage. Enfin, au
Portugal, la question s’est invitée dans le débat avec la sortie le livre de
Joao Fereira do Amaral, pour qui « nous
devons réaliser que l’euro n’est tout simplement pas adapté au Portugal ».
Les
scénarios de Jacques Sapir
Après
avoir déjà chiffré le coût technique de sortie de la monnaie unique entre 300
et 700 millions d’euros fin 2012, Jacques Sapir avait écrit un scénario de
sortie de la monnaie unique. Dans
un nouveau papier, il en établit deux nouveaux : un scénario non coopératif
et un hypercoopératif. Dans le premier, il prévoyait que le mark s’établisse à
1,495 dollars, contre 1,04 pour le franc, 0,975 pour la lire, 0,910 pour la peseta
et 0,650 pour la drachme, des
chiffres cohérents avec l’analyse de la Deutsche Bank.
Dans le
scénario non coopératif, les écarts sont plus grands alors que dans le scénario
hypercoopératif (qui aboutirait à la constitution de deux euros), ils le sont
moins. L’impact sur la croissance est similaire et un peu inférieur pour le
scénario non coopératif. L’impact sur l’inflation est plus différent (pointe à
5% pour le non coopératif, 3,8% pour le coopératif, 3,6% pour
l’hyper-coopératif) mais les chiffres se rejoignent dès la 3ème
année. Il conclut en montrant
que l’Espagne et l’Italie ont sans doute intérêt à un scénario non coopératif,
qui maximise le gain de croissance par une plus forte dévaluation.
La
monnaie commune vue par Frédéric Lordon