Le Président
de la République vient de s’exprimer dans une
conférence de presse qui marque l’entrée dans l’an deux de sa présidence.
Par-delà un ton positif contrastant avec les
résultats économiques très mauvais, il a démontré qu’il était bien le
fils politique de Jacques Delors.
Le
Hollandisme néolibéral
Baisse des
dépenses publiques, baisse du coût du travail, choc de simplification, réforme
des retraites : il fallait avoir le cœur bien accroché si on était de
gauche pendant cette conférence de presse. Emmanuel Todd espérait un virage
inverse à celui de 1983, un « hollandisme
révolutionnaire ». Heureusement qu’il avait
confié à Marianne sa déception et
reconnu ne plus y croire. Cette conférence marque au contraire une
accélération du virage libéral de la majorité en place, comme l’a bien montré
l’allocation préliminaire du président, à la tonalité très libérale et bien peu
sociale.
Tout
d’abord, il a souligné que sa gestion était plus rigoureuse que celle de son
prédécesseur puisque les dépenses publiques seront stables pour la première
fois cette année et baisseront légèrement en 2014. Puis, il a osé affirmer que
l’équipe précédente n’avait pas fait de choix courageux sur la compétitivité.
Il est quand même assez étonnant d’entendre un président
« socialiste » reprocher à un gouvernement de droite de ne pas avoir
osé baisser le coût du travail. Mieux, il a eu la transparence et l’audace
d’utiliser ce terme ! Laurence
Parisot devait être aux anges… Mais, à quoi bon réduire le coût du travail
de quelques pourcents quand les monnaies flottent et que le
Japon fait baisser le yen de 30% pour relancer son économie, alors que
l’euro reste encore et toujours trop cher ?
Il a ensuite
pris exemple sur l’Allemagne, vantant ses 160 milliards d’excédents
commerciaux, par opposition aux 60 milliards de déficit de la France. Comment
a-t-il pu oublier la baisse de 15% du salaire d’un tiers des salariés allemands
depuis dix ans ? En outre, ce
modèle n’est pas réplicable. Ensuite, il a continué à développer son « choc de simplification » et annoncé
une réforme des retraites (et des régimes spéciaux), égratignant au passage
Nicolas Sarkozy en soulignant que sa réforme n’avait pas suffi, et de loin, ce
qu’il a aussi fait d’autres fois, sur la croissance ou les déficits.
Le mirage
européen
Et il y a
une autre contradiction entre le plaidoyer pour la croissance et la faiblesse
des mesures annoncées. On ne sait pas s’il faut pleurer ou rire à l’annonce
d’un plan dérisoire de 6 milliards d’euros pour l’emploi des jeunes à l’échelle
d’une zone euro dont le PIB est d’environ 10 000 milliards ! Certes, il a
annoncé que le Premier Ministre doit lui proposer un
plan d’investissement à dix ans dans le numérique, la santé, la transition
énergétique et les transports, mais aucun chiffre n’a été avancé. Bref, on sort
de cette conférence de presse sans savoir comment la croissance pourrait
reprendre.
L’illusion
européenne, c’est aussi une vision sidérante de la situation du continent. Il
est choquant qu’il ait affirmé que la Grèce soit sauvée alors que le nombre de
suicides s’envole, que la population ne peut plus se soigner et
que le taux de chômage ne cesse de monter, à 27% aujourd’hui. Il est osé
également d’affirmer que « la zone
euro est stabilisée », à peine deux mois après une
crise chypriote bien mal anticipée et alors que de
nombreux foyers couvent. Et que dire du fait qu’il a annoncé que les causes
de la crise financière étaient jugulées, alors que sa
réforme bancaire est dérisoire.
Malgré tout,
outre le plan d’investissement, la deuxième grande annonce du président lors de
cette conférence de presse était une grande « initiative
européenne » : un gouvernement économique de la zone euro
(déjà promis par Sarkozy), un plan pour l’insertion des jeunes, une communauté
européenne de l’énergie et une union politique à négocier dans les deux
prochaines années. On peut se demander s’il ne s’agit d’un moyen pour
sous-entendre implicitement que seule l’Europe nous permettra de s’en sortir,
alors que plus
l’intégration européenne avance, plus nous allons mal.
Cette
conférence de presse est un moment important du quinquennat. Plus
encore qu’il y a 6 mois, François Hollande a clairement confirmé une
ligne euro-libérale fidèle à son père politique, Jacques Delors. Devant les
difficultés, il persiste plus que jamais dans les politiques qui ont échouées
depuis des années.
Venezuela : une pénurie de papier-toilette frappe le pays
RépondreSupprimerMême quand on a compris que le socialisme ne marche pas... et bien on arrive TOUJOURS à être surpris...
http://www.lepoint.fr/monde/venezuela-une-penurie-de-papier-toilette-frappe-le-pays-16-05-2013-1667377_24.php
Dans un pays pauvre rien d’étonnant (13 500 $ de PIB par habitant...) et rien a voir avec le socialisme. Sinon pour info quand même le Venezuela est un pays capitaliste avec des entreprise privée (et si!) et tout et tout, il serait temps d'ouvrir un minimum les yeux, je rejoins dans ce sens le message de CVT plus bas ainsi que l'article de Laurent Pinsolle. Ils sont fort les droiteux, ils voudraient nous faire passer Hollande pour un socialiste!
SupprimerLa planification centrale ne marche pas. Pas de socialisme sans planification centrale. Aujourd'hui il leur manque ça demain autre chose.
SupprimerJe ne sais pas ce que vous mettez dans "pays capitaliste" (vraisemblablement n'importe quoi qui ne soit pas 100% socialiste) mais une belle voiture, si vous crevez les pneus, ça ne marche pas.
"Sinon pour info quand même le Venezuela est un pays capitaliste avec des entreprise privée (et si!)"
SupprimerC'est vrais qu'il n'y a que la Corée du nord qui soit authentiquement socialiste. tout le reste, c'est capitaliste.
@ Alf
SupprimerLe Vénézuela n'est pas sans limite, comme je l'ai écrit. Mais cela ne signifie pas pour autant que le capitalisme débridé fonctionne : l'histoire nous a démontré que c'est une catastrophe.
Bernard Maris est un économiste. Il est actuellement professeur des universités à l'Institut d'études européennes de l'université Paris-VIII.
RépondreSupprimerhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Maris
En septembre 1992, Bernard Maris avait voté "oui" au référendum sur le traité de Maastricht, "oui" à la création de l'euro.
Mercredi 15 mai 2013, en conclusion de son article dans "Charlie Hebdo", page 6, Bernard Maris parle de la zone euro.
La conclusion de Bernard Maris est ultra-pessimiste concernant la zone euro :
"Le redressement passe par :
1) une annulation pure et simple d'une partie de la dette, collective [souligné trois fois : si un seul pays annule, il est cuit] ;
2) une fiscalité commune à la zone euro ;
3) un pouvoir bancaire soumis à un pouvoir politique supranational.
C'est possible ? Non. Ni 1, ni 2, ni 3 ne sont possibles. Donc ? Donc mégacrise en perspective. A demain, Marine Le Pen."
@BA,
SupprimerOncle Bernard? Bof...
Comme dirait Bossuet, Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes!
On ne peut pas être à la fois européïste ET keynésien: il faut choisir, M.Maris...
CVT
@ BA
SupprimerMerci pour l'info. CVT a raison : pourquoi faut-il absolument que les solutions soient fédéralistes !
Le dernier des hollandistes révolutionnaires ? : http://www.chevenement.fr/Il-y-a-toujours-des-couacs-dans-un-gouvernement_a1487.html
RépondreSupprimerAvec quelques arguments valables.
Emmanuel B
François Hollande ose enfin révéler ce qu'il a tenté de dissimuler en tant que candidat à la Présidentielle.
RépondreSupprimerIl prouve qu'il n'est pas moteur et que sa conception idéologique est de se plier aux décision des instances européennes (donc de l'Allemagne).
Il est loin d'avoir saisi les enjeux de la situation économique actuelle et prouve son non sens en souhaitant un gouvernement économique de la zone euro que les allemands ne veulent pas.
Point positif à mettre au crédit de Hollande néanmoins : il a compris que l'élément central de toute politique à mener en ce moment se situait au niveau européen. Dommage qu'il y apporte les mauvaises solutions.
@ DAF
Supprimer"L'élément central de toute politique à mener en ce moment se situe au niveau européen" : pas du tout d'accord. La crise des trois dernières années démontre l'exact contraire.
Les politiques à réorienter d'urgence relèvent aujourd'hui du niveau européen en raison de l'abandon par les gouvernements nationaux de pans d'intervention au profit de l'UE : politique monétaire, protectionnisme, la casse du service public, l'austérité budgétaire...
SupprimerC'est dans cette optique que je déclare que le curseur doit être placé sur la révision complète des politiques actuellement menées dans le cadre de l'UE.
Le salut ne peut venir que d'une remise en cause de ce fonctionnement et non d'un approfondissement de cette bêtise comme le propose Hollande.
Si Hollande était libéral ou "ultra-libéral" ça se verrait et je sauterai de joie. En attendant, moi je vois 57% de dépenses publiques/PIB, 47% de prélèvements et un code du travail plus gros qu'un dico et j'en passe. Faut pas déconner Mr Pinsolle.
RépondreSupprimer@JP,
Supprimerfaut arrêter avec ces chiffres qui ne veulent rien dire!!! Les dépenses publiques sont justement la conséquence du libéralisme: il fallait bien que l'Etat s'endette pour sauver le système mis à terre par la concurrence libre et non faussée! C'est l'UE qui est à l'origine de l'accroissement des déficits de l'Etat, car elle prive la France de débouchées, et donc d'emploi! Or ce système est tout sauf collectiviste: je dirais même qu'il est ultra-libéral...
Et pour le code du travail, qui a décidé de le miter? Le patronat, en ajoutant force amendements et codicilles au droit du travail afin de mieux le contourner. Arrêtons de croire que le pays s'est figé depuis 1983: le marché du travail est ULTRA-FLEXIBLE en France, seulement le patronat n'a pas le droit de le clamer trop fort, sinon il ne pourrait pas pousser plus loin son avantage.
Le problème des médias, c'est qu'on nous présente de faux dilemmes: Hollande serait socialiste, donc collectiviste et Sarkozy serait ultra-libéral donc pour les riches. Rien n'est plus faux: ils sont tous les deux DELORISTES. Bien des gens affirment que nous manquions d'une Thatcher dans notre pays, mais c'est on ne peut plus faux: la notre s'est appelée JACQUES DELORS!
Je maintiens ce que je dis depuis des années: les socialistes sont les vrais ultra-libéraux, du moins les plus conséquents.
CVT
@ CVT
SupprimerD'accord. Déjà, les 57% demanderaient à être analysés pour une comparaison à la même échelle (aux USA, la majorité des dépenses de santé et d'éducation supérieure sont des dépenses privées).
Il y a une libéralisation macro (monnaie, finance, commerce, flux de personnes) à laquelle répond une augmentation des dépenses publiques pour financer les conséquences de cette libéralisation anarchique (chômage...).
François Hollande n'est ni libéral, ni socialiste.
RépondreSupprimerIl est François Hollande, enarque ambitieux et adoubé "young leader" par la FAF (Fondation France Amérique, créée en 1976 par Gerald Ford et VGE et "filiale à 100%" de l'Heritage Foundation, think tank néolibéral bien connu de nos services.
Pauvres socialistes sincères qui croient encore que les saucissons poussent sur des arbres appelés "saucissoniers"
@Cliquet,
SupprimerPar pitié, pas de complotisme, s'il vous plaît!
On a déjà bien assez à faire avec l'ordo (ou euro) libéralisme pour se tirer dans les pattes entre anti-européistes! Nicolas Dupont-Aignan a lui été aussi marqué du sceau de l'infamie à propos des "young leaders": est-ce que ça en fait un atlantiste patenté?
CVT
"L'ennemi de la finance" est à ranger dans la même catégorie*, même s'il préfère la charcuterie germanique.
Supprimer* en bon énarque de famille aisée, les seules vaches qu'il a vues, il a dû les voir au salon de l'agriculture.
Tout le monde a fait une confusion, mais les mots ont un sens: lors de son discours au Bourget, Hollande a parlé d'un "ADVERSAIRE sans visage" et non d'un "ENNEMI sans visage"!
SupprimerC'est une nuance importante, voire une différence sémantique essentielle: dans une une compétition, il y a deux ou plusieurs adversaires qui s'affrontent. Les ennemis, par contre, se font la guerre...
Hollande est de cette famille de dirigeants adepte de la novlangue orwellienne: de même qu'il existe des partenaires sociaux (exploités et exploiteurs sont donc dans le même camp...), Hollande affronte un adversaire là où on s'adresse qu'il lutte contre un ennemi de classe. Mais apparemment, Cauhuzac et Pellerin ne sont pas les seuls à penser au PS que la lutte des classes n'existe pas...
CVT
une petite correction:
Supprimer" Hollande affronte un adversaire là où on s'adresse qu'il lutte contre un ennemi de classe".
Il faut comprendre:
" Hollande affronte un adversaire là où on s'attendrait qu'il lutte contre un ennemi de classe"
CVT
Réellement qui peut croire que la France pourrait rétablir un excédent commercial et un excédent de la balance des paiements courants(actuellement en déficits prononcés ) avec les mesurettes annoncées dans le contexte de la zone euro où chaque pays en crise doit faire une dévaluation interne pour comprimer sa demande. Qui peut croire que les délocalisations et les faillites d’entreprises vont cesser. Il y a quelques mois à peine le président Hollande et son gouvernement prévoyaient une croissance de 0,8 %pour 2013. Ce n’est qu’au mois de février dernier qu’ils ont compris que cet objectif ne serait pas atteignable. D’autres s’en était rendu compte avant.
RépondreSupprimerhttp://m.lesechos.fr/france/la-france-n-atteindra-pas-0-8-de-croissance-en-2013-confirme-hollande-0202575618428.htm
En avril 2013, Pierre Moscovici affichait comme objectif un déficit de 2,9% du PIB en 2014, ce qui nécessiterait de le diminuer de 0,9 point de PIB.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/04/14/97002-20130414FILWWW00174-moscovici-promet-un-deficit-sous-3-en-2014.php
Mais en France, comme dans les autres pays en difficulté de la zone euro, le multiplicateur budgétaire est élevé et pour obtenir 0,9 point de PIB de réduction du déficit public de la France en 2014, il faudrait donc, ex ante, le réduire de 1,8 point de PIB, ce qui coûterait, en 2014, 1,8 point de croissance, la ramenant à -1,0% en 2014 selon cette étude de natixis:
http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/981/files/2013/04/Natixis-def-budg.pdf
Imaginez comme il sera facile d’inverser la courbe du chômage en récession prononcée. Depuis la commission européenne qui commence à être un peu au courant de ces histoires de multiplicateur budgétaire dans la zone euro a donné à la France un sursis de deux ans, jusqu’à 2015, pour ramener pour ramener son déficit sous la barre des 3 %.
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202746561172-france-deux-ans-de-plus-pour-reduire-le-deficit-564336.php
Hier « hollandouille » a encore réitèré sa volonté d’inverser la courbe du chômage avant la fin de 2013 :
http://www.france24.com/fr/20130516-hollande-reitere-inverser-courbe-chomage-avant-fin-2013-economie-france-recession-chomage
Il est vrai que le gouvernement français est optimiste (ou irresponsable) car il prévoie encore une croissance de 1,2% de 2014, puis de puis 2% chaque année entre 2015 et 2017, tout en réduisant les déficits au niveau voulu par la commission européenne.
http://www.liberation.fr/economie/2013/04/17/croissance-les-objectifs-2013-17-realistes-selon-bercy_896821
On aura l’occasion de se rappeler ces prévisions insensées.
Saul
@ Saul
SupprimerMerci pour tous ces rappels.
Il y a de manière d'être compétitif face aux esclaves Chinois : Soit abaisser nos conditions de travails aux leurs, soit nous protéger à la frontière. F Hollande, le "socialiste" a choisit son camp ! Cet article montre à quel point Hollande ou Sarko aurait été pareil, ainsi le débat n'est plus entre droite/gauche mais entre mondialiste et républicain nationaux ! Pierre Pain
RépondreSupprimer@Pierre Pain,
Supprimersouvenons-nous de cette échange savoureux avec E.Todd:
http://www.dailymotion.com/video/xlrcc9_ne-votez-pas-francois-hollande-1_news#.UZYAbpXYRcQ
CVT
Emmanuel Todd « Attaquer Merkel, c'est la dernière illusion socialiste, ça revient à attaquer un fondé de pouvoir. C'est le patronat allemand qui ne veut pas d'une explosion de la zone euro. Ce sont ces patrons, organisés, à l'allemande, qui permettent à Mario Draghi [président de la Banque centrale européenne] de faire des politiques de sauvetage des banques. Il leur faut encore quatre ans pour flinguer définitivement l'industrie française. La durée de la présidence Hollande, justement. »
RépondreSupprimerhttp://www.marianne.net/Goodbye-Hollande%C2%A0_a228622.html
Entre temps, on aura fait au peuple des promesses illusoires, qui n’engagent que ceux qui les reçoivent: La croissance, le retour à l'emploi, etc.
Saul
Bonjour la deprime...
RépondreSupprimerLa simplification n'est peut-être pas à mélanger avec les autres thèmes.
RépondreSupprimerOn peut très bien vivre dans un régime ultralibéral avec des procédure ubuesques et des tracasseries bureaucratiques. Les multinationales elles-mêmes en secrètent (procédures bancaires, hiérarchies flicardes dans les grandes surfaces, chefaillons en tous genres...)
On peut aussi avoir un système social sans forcément avoir de la paperasse pour tout et pour rien. Par exemple, rien n'interdit de simplification de la déclaration du personnel et de la permettre de la faire en un clic. Une telle mesure diminuerait le travail au noir : beaucoup ne déclarent pas pour un petit travail non par malhonnêteté mais parce que c'est trop compliqué.
@ Pierre Pain
RépondreSupprimerBien d'accord
@ CVT & Saul
Merci pour les liens
@ Rodolphe
Bien sûr, la simplification est sans doute une bonne chose. Néanmoins, additionner aux autres priorités, cela fait un discours bien éloigné de celui que devrait théoriquement tenir un socialiste.