Fin avril, la
FDA a ouvert une consultation publique pour la commercialisation d’un saumon
doublement modifié génétiquement. Cela a déclenché une énorme polémique et une
forte opposition des citoyens. Encore une fois, l’appât du gain amène à
prendre des décisions plus que contestables.
Le saumon
Frankenstein ?
La
consultation ouverte par l’agence de régulation de l’alimentation aux
Etats-Unis concerne un poisson qui a subi deux modifications génétiques. La
société AquaBounty Technologies lui a adjoint un « premier code pour une hormone de croissance
normalement présente chez le saumon royal de l’océan Pacifique ; le
second, issu d’une anguille, doit faire grandir le saumon tout au long de
l’année, même lors de la saison froide alors que la croissance se met
d’ordinaire en pause ». En clair, ils « deviennent adultes en deux fois moins de temps (…), dix-huit mois
au lieu de trois ans ».
C’est bien
la quête de profit qui anime Aquabounty. En soit, ce n’est pas forcément un
mal. C’est aussi un des moteurs qui a permis bien des progrès. Néanmoins, il ne
faut jamais oublier que cette quête de profits peut aussi faire oublier la plus
élémentaire prudence, comme on a pu voir avec les farines animales (à
nouveau autorisées par l’UE) ou les OGM. Deuxième
problème : les consommateurs ne seront pas informés de l’origine du
poisson, à savoir qu’il ne sera pas obligatoire d’indiquer si les saumons
vendus sont modifiés génétiquement ou pas, ce qui est totalement anormal.
Ensuite,
pour éviter d’affecter les populations sauvages, il ne doit être élevé que dans
des bassins sur terre et ne comporter que des femelles stériles. Mais « la
FDA indique que seulement 95% des saumons pourraient être stériles, le reste
étant fertile », créant un risque de dissémination. Et, comme
le rapporte le Monde, « les tests ont conclu à des taux d’hormones
de croissance 40% supérieurs et un potentiel allergénique 20 à 50% plus
importants que les saumons normaux ». Enfin, la plupart des tests
évoqués semblent bien trop courts pour assurer l’innocuité à moyen terme.
Du besoin
d’un débat public
A ce titre,
la couverture de ce débat pose aussi problème. Il est assez effarant de voir la
différence de traitement de l’information entre le
Monde et les
Echos. Alors que le
quotidien vespéral donne un compte-rendu équilibré, qui donne la parole aux
deux partis, soulignant les précautions prises et rappelant que cette variété de
saumon a presque 20 ans, les
Echos font un compte-rendu moins complet et un
peu biaisé en ne parlant que d’une modification génétique au
lieu de deux, en disant qu’il faut deux ans à un saumon pour devenir adulte et
non trois et en taisant une partie de la critique.
Aujourd’hui,
le manque de transparence du débat, qui s’effectue entre experts, dont certains
peuvent être sous l’influence des lobbys, et le manque d’intérêt des
gouvernements poussent légitimement les citoyens à la méfiance. Et cela est bien
logique après les
graves dérapages des farines animales ou des
pesticides tueurs d’abeille qui viennent enfin d’être interdits. Pire, des
cochons et des poulets modifiés sont aujourd’hui dans les tuyaux des scientifiques
et les
OGM ont envahi les cultures à une vitesse bien trop rapide pour s’assurer
de leur innocuité à long terme, ce qui devrait être le seul juge.
Le comportement du journal Les Echos n'est pas étonnant pour un media de Bernard Arnaud...
RépondreSupprimerA quand des poissons carrés avec des yeux sur les côtés qu'il suffira de pêcher et de mettre en boîte ?
RépondreSupprimerMoi qui ne m'étais jamais intéressé aux OGM, naturellement contre, j'ai été étonné des arguments pro-OGM. Tout n'est pas si noir ou si blanc quand on s'y intéresse.
RépondreSupprimerSur les animaux je suis contre, résolument. Mais sur les cultures, je n'ai plus de certitudes (et il faut séparer le débat sur la science, nature, intérêt, avantages ou dangers... du débat sur la commercialisation, l’étiquetage, les monopoles des firmes etc)
OGM ou pas OGM, chaque produit devrait avoir une étiquette ultra-complète sur son origine, ses composants etc, pour que le consommateur choisisse en toute connaissance de cause.
@ JP
RépondreSupprimerEn effet, je pense qu’il faut de la transparence. L’opacité actuelle tend à accréditer la méfiance naturelle (et globalement légitime) des peuples.