mardi 28 mai 2013

Quand Monsanto gouverne le monde


Cela fait plus de cinq ans que je rapporte la lutte d’influence qu’exerce Monsanto, avec l’aide de la Cour de Justice et la Commission Européenne. Mais ce combat n’a pas uniquement lieu en Europe puisque les intérêts des semenciers sont également bien défendus aux Etats-Unis.



Washington au service de Monsanto

Il y a un peu plus d’un mois, j’avais déjà évoqué le Monsanto Protection Act, un « amendement discret glissé dans une loi budgétaire pour l’agriculture aux Etats-Unis » selon lequel « la justice américaine ne pourra plus s’opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si leur homologation est contestée devant un tribunal ». Entre temps, la Cour Suprême des Etats-Unis a donné raison à Monsanto dans un procès contre un agriculteur de 75 ans, le condamnant à verser 85 000 dollars à la multinationale à la réputation sulfureuse pour avoir planté des semences.

Et c’est un article sidérant du Monde qui révèle à quel point Washington est au service de la multinationale. Le quotidien verspéral rapporte les travaux de l’ONG Food and Water Watch, basés sur mémos issus du scandale Wikileaks. Les révélations sont stupéfiantes. En effet, les Etats-Unis ont organisé pas moins de 28 voyages tous frais payés pour les officiels décidant de l’autorisation ou non des produits OGM, organisant également une véritable campagne de presse pro-OGM.

La pression s’exerce aussi de manière plus que douteuse : « en 2005, l’Ambassade d’Afrique du Sud informait ainsi Monsanto et Pioneer de deux postes vacants au sein de l’agence gouvernementale de régulation des biotechnologies, leur suggérant de proposer des ‘candidats qualifiés’ ». Les Etats-Unis font également tout pour empêcher l’étiquetage des produits contenant des OGM et ainsi de empêcher aux consommateurs de savoir ce qu’ils achètent pour protéger les céréales OGM : les intérêts de Monsanto passent avant l’élémentaire transparence démocratique.

Quand les semenciers étendent leurs droits

La Commission envisage aussi de remettre en cause les cultures privés qui n’utilisent pas des semences réglementaires. Un commentateur régulier du monde m’a indiqué cet article très intéressant de Reporterre. Il y rapporte une nouvelle fois à quel point la Commission Européenne défend les intérêts des semenciers comme Monsanto. Ce nouveau projet, actuellement à l’étude du Parlement et du Conseil européens, permettrait aux semenciers de demander aux Etats « la liste de tous les producteurs qui ressèment une partie de leur récolte », information collectée par souci sanitaire.

La Coordination Européenne Via Campesina affirme que « dans cette proposition, la Commission Européenne laisse la porte grande ouverte à la commercialisation sans restriction de plantes brevetées. Ces dernières vont évidemment se disséminer et venir polluer tous les champs, sans distinction. Le texte de loi est fait de telle façon que c’est le paysan qui a été pollué qui devra payer une amende à l’industrie, comme s’il lui avait volé les semences. Alors que c’est cette dernière qui devrait porter la charge de la décontamination des champs des paysans ».

Ce projet démontre à nouveau les problèmes posés par cette privatisation du vivant. S’il est normal que les entreprises qui contribuent à améliorer les semences soient justement rémunérées, les évolutions actuelles posent un double problème. Tout d’abord, ce sont des entreprises privées, dont la seule motivation est le profit : or, l’effet des modifications génétiques se mesure à long terme. Les exigences de profit peuvent aller contre le souci de sécurité alimentaire. Ensuite, il y a un gros problème de rapport de force entre des multinationales toutes puissantes et les agriculteurs.

Aujourd'hui, on peut se demander si les semences ne relèvent pas d’une certaine mesure du service public, associant le monde paysan. Mais en tout cas, il est bien évident que le mode de fonctionnement actuel, basé uniquement sur la quête de profits, avec l’appui des Etats-Unis et de l’UE, est malsain.

12 commentaires:

  1. Malsain le mot est faible et cela ne va pas s'arranger avec le marché transatlantique prévu pour 2015

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    1. Bien d'accord avec vous, Patrice Lamy. D'ailleurs, ce n'est peut être pas pour rien que les deux se discutent ensemble, vu que les conditions du marché transatlantique sont des copié/collé du droit américain. A part pour l'exception culturelle...Ce qui nous fera une belle jambe quand on aura plus de paysans, ni d'industrie.
      Il y a un moment où la morale et l'intérêt général doivent primer sur le reste, surtout quand il est question d'alimentation et de santé. Ca va très mal finir, si la commission européenne persiste...et surtout signe.

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  2. Tout cela ne fait qu’annoncer d’immenses bouleversements à venir dans l’agriculture française. François Asselineau, que je ne m’excuse pas de citer, affirme qu’un agriculteur se suicide chaque jour en France. Mais tout cela n’est qu’un début. Il faut craindre que c'en sera bientôt fini de l’agriculture traditionnelle basée sur des fermiers indépendants avec un lopin de terre et quelques têtes de bétail qu’ils exploitent à leur guise. L'avenir sera aux grandes exploitations, plutôt des usines que des fermes, et leurs exploitants seront soit des sous-traitants, soit carrément des salariés de grosses multinationales. Fini aussi les dénominations contrôlées, produits de terroir, fromages fermiers etc. sur quoi s’appuyaient (en partie) la civilisation de la France et l'art de vivre à la française. Le summum sera l'agriculture pratiquée dans des tours à étages en ville.

    Torsade de Pointes

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    1. Et si on arrêtait ce débats débile pour savoir de qui de l'UPR ou de DLR prononce un argument le premier?

      http://www.debout-la-republique.fr/communique/un-agriculteur-se-suicide-chaque-jour-et-les-candidats-paradent

      Ne serait il pas possible d’arrêter ce combats de coq complétement stérile?

      Il n'y a rien de plus urgent aujourd'hui?

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  3. Ceci dit la France est le plus gros utilisateur de pesticides, ce sont ni les US, ni l'UE qui l'imposent...

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  4. Monsanto Protection Act, un « amendement discret glissé dans une loi budgétaire pour l’agriculture aux Etats-Unis » selon lequel « la justice américaine ne pourra plus s’opposer aux mises en culture de plantes génétiquement modifiées, même si leur homologation est contestée devant un tribunal"
    Vous avez tout dit ! C’est édifiant.
    Nous sommes vassalisés nous aussi, par l'Europe, à une société sans protection européenne, où nous n'avons plus rien à dire mais à subir. Jusqu'à quand ?
    Faudra-t-il être violent pour être entendu et respecté ?
    Ces politiques criminelles qui corrompent, par des traités iniques, émanant de nos élites corrompues et ultra libertaires, donnent le spectacle de leur impuissance politique. Mais, ils cachent bien leurs profits personnels qu’ils perçoivent.
    Nous sommes sous la dominance de « cornacs » financiers, nomades, dont la religion est l’argent. Ils ne représentent qu’ 1% de l’Humanité et marchandent les hommes et les Etats à leurs lois.
    Tout est fait pour détruire et reconstruire un nouveau monde, où bientôt l’unité humaine sera sans mémoire, sans morale, sans histoire et sans racines.
    Nous nous préparons à un Enfer, comme le nazisme et le communisme l’ont crée partiellement. Ce ne sera ni la race ni le peuple mais la Servitude.
    Comment, en sommes-nous arrivés là ! A ce « progrès … » comme certains tancent et traitent d’arriérés, ceux qui ne pensent pas, comme l’impose la doxa et les médias collabos.
    Tout à commencer par le remplacement de l’objet, c’était anodin, on remplaçait l’objet en panne, par le même objet un peu plus cher que la réparation mais neuf.
    On entendait : Cela ne vaut pas le coût de le réparer ! Logique implacable.
    Le seul souci, c’est que l’objet fabriquait dans le monde occidental, a été fabriqué dans des pays où on ne respecte ni loi et encore moins les droits de l’homme. Une sorte de traite négrière basée sur le coût de production. Ainsi, c’est développé une stratégie consumérisme permettant au monde occidental de satisfaire un sentiment de puissance par l’objet acquis. Le cheval de Troie était inoculé.
    Le souci, (mis à part le chômage créait dans le monde occidental) c’est que la politique de l’objet jeté, a grignoté entreprises et industries augmentant le chômage et contestations. Aujourd’hui, notre industrie est en déclin, elle ne peut combattre sans se délocaliser. Excepté le luxe qui fonctionne correctement, nous ne pouvons lutter avec des salaires à 300 euros.
    De la politique de l’objet-jeté, on est passé au pillage de nos industries, créant l’homme-jeté, lui aussi, heureusement protégé temporairement par nos lois sociales, mais jusqu’à quand ?
    De l’objet et de homme jetés, le tourbillon du progrès a continué et nous achève avec la perte de notre souveraineté culturelle et indépendante. Le président de la République est devenu un commis d’état, qui fait croire et qui ne domine rien.
    Notre pays est aux mains d’administrateurs européens, illégitimes électoralement, qui outragent les fondements de notre société dans ses valeurs, ses mœurs et ses coutumes.
    Comme disaient mes ancêtres Acadiens, c’est quand l’heure du grand ménage.



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    1. Vous pouvez lire un article intéressant intitulé "la fin du prêt à jeter ?" rédigé le 29 avril dernier par Seb Musset sur son blog "tout est politique".

      Il fait référence à un projet de loi visant à faire de l'obsolescence programmée un délit devant être présenté le 2 mai dernier au Sénat par les écologistes. A suivre.

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  5. Encore le complot...
    Helas oui, le lobby militaro-industrio-financier gouverne le monde, du moins la partie du monde qu'il a patiemment conquise par un lobbying méthodique depuis des décennies. Malheureusement pour nous, ce lobbying a permis d'investir une part importante de Commission Européenne et de nos propres dirigeants.
    Il est interressant de lire l'ouvrage d'Hervé KEMPF "La guerre des OGM" ou celui de Mme ROBIN "Le monde selon Monsanto"
    Pour ceux qui l'ignorent, Monsanto a financé le projet Manhattan et est l'inventeur de "l'agent orange"dont on connait les bienfaits...

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  6. @ Patrice

    Très juste. C’est un des objectifs de ce traité : affaiblir les normes européennes, moins laxistes que les normes étasuniennes.

    @ Sylvène

    Elle le fera malheureusement…

    @ Torsades

    Un peu fatiguant de citer FA à tort et à travers. Il n’est pas le seul à avoir parler de cela. J’ai le souvenir de NDA le faisant plusieurs fois pendant la campagne des présidentielles. Comme je n’ai guère envie de permettre de faire de ce blog un panneau d’affichage pour lui, je tiens à vous prévenir que je me garde le droit de supprimer les publicités non justifiées pour ce personnage.

    En revanche, je suis bien d’accord pour dire que notre avenir ne doit pas être une agriculture dominée par les multinationales.

    @ Red2

    Merci. Je n’avais pas le courage d’aller chercher l’exemple…

    @ Olaf

    Très juste. Mais parce que le système actuel pousse à cela. A nous de l’améliorer.

    @ Gaston

    Bien d’accord. Les lobbys poussent et obtiennent toujours plus, jusqu’au moment où le système craquera et où un coup de balai démocratique aura lieu.

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  7. MONSANTO, n'est que l'arbre qui cache la FORET et le SYSTEME égémonique américain !!!! et !!!!!

    dont l'application est TOTALEMENT acceptée par les LOBBYS et, la FINANCE, avec le couvert de tous les POLITICIENS dont la parole n'a aucun sens ....

    La parole, le TCHATCHE, n'est que LANGUE de BOIS, Ils sont TOUS ou PRESQUE MENTEURS et INCOHERENTS.

    Ils se couchent devant le FRIC !!!

    Les vrais patriotes n'ont qu'une adresse : D.L.R.

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  8. "97% de scientifiques climato-alarmistes": le bobard de John Cook démonté http://www.prweb.com/releases/prweb2013/5/prweb10772757.htm

    "Only 65 Scientists of 12,000 Make up Alleged 97% on Climate Change and Global Warming Consensus"

    Juste pour que vous le sachiez, vu que vous aviez relayé (bien malgré vous j'imagine) cette manipulation.

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  9. Est-ce que vous contestez toute protection d'une invention par un brevet ou par le droit d'auteur? Plus de code de la propriété intellectuelle alors?

    C'est marrant, De Gaulle n'a jamais mis en pratique.

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