C’est encore
une semaine pénible que nous avons traversée, où de nombreuses affaires ont
fait la une de l’actualité, donnant l’impression d’un tous pourri inquiétant
pour notre démocratie. Dominique
Strauss-Kahn, Bernard
Tapie et Jérôme
Cahuzac sont sortis de leur silence, pour le pire.
DSK :
un valet de la finance au Sénat
Mais
qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête des sénateurs pour inviter
Dominique Strauss-Kahn afin d’entendre son opinion sur la crise ? Certes,
il a été le patron du FMI, mais cette invitation solennelle à un personnage
aussi sulflureux tombait bien mal en
pleine audition de Jérôme Cahuzac et alors que Bernard
Tapie était entendu par la justice. Elle a néanmoins eu l’intérêt de nous
montrer à nouveau (pour ceux qui en doutent encore) que la sociale-démocratie
(qui n’a de sociale et de démocratie que de noms) a totalement capitulé devant
la finance, oubliant Roosevelt et Keynes.
Le
conférencier de luxe a tenu des propos qui tournent le dos aux leçons des
années 1930 mais qui siéront sans doute davantage à ses possibles clients.
Pour lui, « incriminer la finance
dans le désastre économique que nous vivons (…) a pour moi à peu la même
pertinence qu’incriminer l’industrie automobile quand on parle des morts sur la
route ». Il a fait pesé le gros de la responsabilité de la crise sur
les comportements individuels et a
qualifié la taxe sur les transactions financières de « vaste illusion » et « que la finance redouble d’innvations qui lui
permettraient de (la) contourner ».
Bernard
Tapie essaie de se défendre
Cette
semaine, l’ancien
ministre était entendu par la justice au sujet de l’arbitrage et a
été mis en examen. Il a également publié un livre pour se défendre,
affirmant qu’il n’avait rien coûté aux contribuables et qu’au contraire, qu’il
avait rapporté à la collectivité. Mais ces gesticulations médiatiques ne
retirent rien au fait qu’il a obtenu un chèque de 403 millions d’euros (dont 45
de préjudice moral) de la collectivité. Qui plus est, outre la contestation de
la voie de l’arbitrage (l’Etat
vient de déposer un recours), on peut contester le bienfondé de
l’affaire :
Bernard Tapie n’avait pas à toucher un centime.
Dans son
livre, l’homme
d’affaires soutient que Nicolas Sarkozy n’est responsable de rien, qu’il ne
serait pas intervenu en faveur de cet arbitrage, mais la ficelle est un peu
grosse. Il
est tout de même difficile d’imaginer ce chef de l’Etat qui refusait tellement
de déléguer qu’il éclipsait tous ses ministres n’ait pas été mis dans la boucle
pour choisir la procédure. En outre, on peut toujours questionner les
raisons qui font qu’il a reçu si souvent Monsieur Tapie juste avant et après
son élection : n’avait-il pas de choses plus urgentes à faire que régler
le différend qui existait entre l’Etat et Bernard Tapie ?
Jérôme
Cahuzac ne semble rien regretter