Lundi soir, France
2 a accordé à Bernard Tapie une très longue interview qui lui a permis de se
défendre et de faire la promotion de son livre. Si David Pujadas a passé un
sale moment face à un invité très offensif et se battant pour sa vie, ce dernier
a multiplié les nuages de fumée pour se défendre.
Entre
victimisation et argument d’autorité
L’ancien
ministre de la République (merci François Mitterrand !) a livré un grand
numéro d’acteur hier soir. Sa prestation, sans doute parfaitement calibrée à l’avance
(comme en témoignaient ses notes) a balayé un David Pujadas un peu tendre pour
un tel bateleur. Bernard
Tapie a joué de toute la gamme des sentiments pour s’imposer. Il a
pafaitement endossé le rôle du petit persécuté par les gros. Il a ainsi dénoncé
les médias et « le déferlement inédit
pour une affaire financière » et a confié en avoir souffert. Son jeu
semblait sincère, mais on ne savait s’il se battait pour la justice ou pour ses
intérêts.
Maîtrisant
bien les rouages complexes de cette affaire, Bernard Tapie n’a pas hésité à
utiliser l’argument de l’autorité pour nier ce que le journaliste de France 2
avançait, affirmant qu’il avait lu le dossier, mais pas les médias. Mais la
défense de l’homme d’affaires n’était pas aussi solide que son assurance. En
effet, très
souvent, il ne répondait pas vraiment aux questions qui lui étaient posées,
pour parfois inventer des critiques mal ficelées auxquelles il était facile de
répondre. En fait, cette bouillie argumentative donnait l’impression de
vouloir noyer le poisson (et les angles morts de sa défense).
C’est ainsi
qu’il a déplacé le débat ses liens avec l’abitre Pierre Estoup en affirmant que
la faute (bénigne) d’orthographe qu’il avait faite sur son nom montrait qu’il
ne le connaissait pas mais en étant très embrouillé sur la question des numéros
de téléphone. Sur le fait que sa fortune est aujourd’hui principalement hors de
France, il
a le culot de dire à la fois que cela ne gênerait pas sa récupération et que de
toutes les façons, il s’engageait à tout restituer. Mais alors, pourquoi
mettre 200 millions en Belgique, son yatch sur l’île de Man, son jet à Malte,
et sa villa de Saint Tropez au Luxembourg ?
Une
affaire de plus en plus trouble
Bref, depuis
le début, l’affaire
Tapie-Adidas semble extraordinairement suspecte. Bien sûr, la banque a
violé son mandat en participant au rachat de l’entreprise dont elle avait le
mandat de vente (l’un excluant l’autre), mais trois interprétations restent
possibles. Soit la banque l’a arnaqué. Soit elle a préféré racheter Adidas pour
recouvrer ses créances, Bernard Tapie n’était plus en capacité de payer les
échéances du prêt contracté pour racheter Adidas. Soit
il y a eu intervention politique pour sortir un ministre d’un mauvais pas
financier, à un mois de législatives où le PS allait perdre le pouvoir.
En outre,
l’argument selon lequel Adidas valait plus début 1993 ne tient pas, pour trois
raisons. Tout d’abord, c’est Bernard Tapie qui fixe la valeur de revente
souhaitée de l’entreprise. Ensuite, il ne faut
pas oublier que des discussions sont engagées avec le groupe Pentland quelques
mois avant, et qu’elles échouent, du fait des doutes sur la valeur d’alors
d’Adidas. Enfin, l’entreprise perd de l’argent en 1992 et sera tout juste à
l’équilibre en 1993, signe que le redressement est essentiellement postérieur à
la gestion de Bernard Tapie et correspond donc bien plus à celle de
Robert-Louis Dreyfuss.
Pour la première fois, Bernard Tapie m'a donné l'impression d'avoir peur. C'est un ancien ministre de François Mitterrand poursuivi par un gouvernement socialiste, après tout, même si au fond ce n'est qu'un enfumage de plus de François Hollande pour faaire croire que Nicolas Sarkozy est responsable de tous les maux de la terre entière. Mais là, cet enfumage est basé sur un scandale réel...
RépondreSupprimerSancelrien
Dans cette affaire d'arbitrage il apparait évident qu'il y a un donneur d'ordre à cette escroquerie en bande organisée c'est l'ex-président vers lequel la justice devrait s'orienter.
RépondreSupprimerIl y a interdiction d’un recours à un arbitrage privé dans les litiges où l’Etat est partie contre des particuliers ou des sociétés privées selon l’article 2060 du Code Civil. C Lagarde devrait réviser son droit français qu'elle a oublié lors de son séjour US.
RépondreSupprimerLa caisse des dépôts qui a payé les 400 millions est le représentant de l'état dans cette affaire, donc arbitrage illégal.
ouiii j'ai suivie l'interview en direct au plateau de france 2 .
RépondreSupprimerintéressant a voir
Actualites du jour
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerd'aussi loin que je me souvienne (je suis un jeune quarantenaire...), j'ai toujours détesté Bernard Tapie, le requin qui liquidait Wonder, Testut ou la Vie Claire. Corrupteur, arriviste, cynique, illustration parfaite des années Mitterrand II: il salit tout ce qu'il touche!
Je n'ai jamais compris l'admiration qu'on pouvait avoir pour ce voyou, qui n'a jamais eu grand coeur, bien au contraire! On sait que les Français apprécient les Mandrin ou les Cartouche, mais ici, avec ce personnage, on se trompe de catégorie: il faudrait plutôt le classer dans la grande lignée des affairistes de la IIIè république, ce que M.Rocard, ancien premier ministre de Mitterrand, ne manqua de faire lorsqu'il avait refusé l'entrée de Tapie dans son gouvernement parce qu'il le comparaissait à Stavisky!
Bref, vous qui suivez l'affaire depuis pas mal de temps, vous savez parfaitement que Tapie n'est pas une victime dans l'affaire. C'est d'autant plus paradoxal que si l'ex-Credit Lyonnais, qui au départ travaillait sur ordre de Bercy et voulait arranger Tapie, n'avait pas commis une erreur mineure de procédure dans l'affaire Adidas, Tapie n'aurait jamais pu porter plainte!
En clair, dans cette histoire, l'Etat s'est tiré deux fois une balle dans le pied à cause du même homme!
Ce type est un vrai thermomètre en matière de corruption des moeurs de l'Etat...
CVT
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerbien avant Virenque et son célèbre "insu de son plein gré", Bernard Tapie avait pondu un jour une perle à propos de l'affaire Adidas, où il avouait qu'il avait MENTI DE BONNE FOI!
Libre à vous de le croire par la suite :)
CVT
Pendant les années bling bling 80, Tapie achetait des sociétés en difficulté, ce qui permettait de rayer certaines de leurs dettes, virait du personnel puis revendait, aucune valeur ajoutée économique, uniquement du charognage.
RépondreSupprimerHélas, ce bonimenteur a encore les moyen de faire croire au père Noel ? Il met tout en oeuvre pour dédouaner le "donneur d'ordre". Tout le monde ou presque est bien d'accord là dessus mais, la responsabilité va en définir être reportée sur GUEANT qui bien évidemment n'est pas blanc, mais, ce sonty toujours les lampistes qui paient.
RépondreSupprimerconstance 69
RépondreSupprimerje suis née en 1942
j'ai eu le priviliège de vous rencontrer lors d'un Congrès de l'UNIFA à Vittel en 1984 - j'étais Secrétaire G à l'époque - votre prestation ce jour là m'avait conquise - je me suis dis "c'est un Grand Homme"
jai regardé le face à face avec Mr Pujadas et j'ai applaudi car vous avez su le remettre à sa place fermement, bravo - ces médias sont des semeur de "m...."
j'ai beaucoup d'admiration pour vous après le Général De Gaulle qui est mon maître à penser...cordialement
@ Sancelrien
RépondreSupprimerEn même temps, on peut le comprendre : après 5 ans à se la couler douce avec l’argent du contribuable, imaginer qu’il pourrait tout perdre une 2ème fois doit être assez stressant.
@ Olaf
Point intéressant que j’ignorais sur l’arbitrage. En revanche, je connaissais son pédigré de repreneur d’entrepreise
@ CVT
Je suis complètement d’accord avec vous : cela fait plus de 20 ans que ce personnage ne m’inspire rien qui vaille (promu par Mitterrand, déjà, cela pose son homme).
@ Gilco56
C’est une possibilité…