Le mois qui
vient de passer a donné de nouveaux exemples criants de la soumission
volontaire de l’Europe et de la France aux désidératas des Etats-Unis, donnant
une actualité criante à la
politique d’indépendance nationales voulue en son temps par le Général de
Gaulle.
Le traité
transatlantique, ou la victoire de Washington
Malgré
les incidents diplomatiques récents, la négociation du traité commercial
transatlantique a démarré lundi 8 juillet. Vous pourrez trouver le mandat de
négociation de la Commission de Bruxelles sur
le blog de Magali Pernin. Comme d’habitude, les défenseurs de ce traité
font miroiter des dizaines de milliards d’euros de création de richesse, sans
pour autant expliquer comment cela pourrait bien se réaliser ou sans pouvoir se
référer à des exemples concrets passés. Ce traité sert les
intérêts des multinationales, qui pourront alors faire circuler plus
librement leurs produits des deux côtés de l’Atlantique.
En
effet, les barrières douanières sont limitées. Ce qui subsiste aujourd’hui,
ce sont principalement des barrières normatives, l’Europe interdisant par
exemple la commercialisation du bœuf aux hormones, les standards moins
exigeants étant la norme aux Etats-Unis. Alors que l’on nous serine que
l’Europe est un vecteur de progrès, l’enjeu véritable de cette négociation est
de savoir à quel point l’UE transigera sur nos standards de qualité et de
protection des consommateurs, comme
avec l’autorisation de vente de poulets lavés à l’acide venus
d’outre-Atlantique par la Commission.
Le
scandale Evo Morales
Mais la
soumission de l’Europe et de la France aux intérêts de Washington et des
mutlinationales ne s’arrête pas aux traités commerciaux. Comme on a pu le voir
récemment, la France (et d’autres pays européens) ont commis le
geste extrêmement grave de refuser le survol de notre territoire au président
de la Bolivie, en violation avec toutes les règles de droit international.
Evo Morales, de retour d’un voyage diplomatique à Moscou, avait dit qu’il
pourrait peut-être accueillir l’ancien agent de la NSA, Edward Snowden.
L’humiliation fut complète avec le contrôle de l’avion présidentiel à Vienne.
Alors que la
France pourrait proposer un asile diplomatique à Edward Snowden et devrait, de
toutes les façons, laisser
circuler librement l’avion du président de la Bolivie, le gouvernement
s’est comporté comme un valet des Etats-Unis. Cela est d’autant plus dommage
que depuis 2003, les opinions publiques européennes ont pris une grande
distance avec les souhaits souvent abusifs de Washington (avec l’aggression
impérialiste de l’Irak) et que François Mitterrand avait, en son temps, refuser
le survol de notre territoire lors d’un bombardement de la Libye décidé par
Ronald Reagan.
Washington,
caïd de la scène internationale
C’est ainsi
qu’ils donnent des leçons de démocratie au monde entier alors que le résultat
de leur élection présidentielle de 2000 restera toujours teinté d’un gros
soupçon, qu’ils
se permettent d’apporter leur soutien au coup d’Etat de l’opposition contre
Hugo Chavez en 2006, ou qu’ils maintiennent le centre de Guantanamo Bay,
qui est une véritable honte tant d’un point de vue des droits de l’homme que du
droit international. Bref, les
Etats-Unis ont trop tendance à se comporter comme des tyrans, du fait que
personne ou presque ne leur résiste et il est de notre devoir de leur dire
quand ils dépassent la ligne jaune.
Pour nous
respecter nous-même mais aussi pour l’intérêt de la planète, il est important
de savoir dire non aux Etats-Unis. Malheureusement, depuis un mois, sur ces évènements,
à part quelques gesticulations sans effet, nous avons encore une fois laisser
faire à Washington ce qu’elle souhaite…
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerle camouflet Morales me rappelle une anecdote qui montre à quel point la France est tombée bien bas.
En 1987, suite à des attentats perpétrés par la Libye un peu partout en Europe, et notamment au Royaume-Uni, l'OTAN décida en représailles de bombarder Tripoli afin d'éliminer le peu regretté Moummar Kadhafi. François Mitterrand refusa pourtant le survol de l'espace aérien français par les avions de l'OTAN, provoquant ainsi un incident diplomatique. La France était pourtant peu suspecte de sympathie pro-Kadafi (elle avait armé le Tchad pour chasser l'armée du raïs libyen de son territoire...), et malgré ça, elle avait pourtant refusé qu'on élimina physiquement un dirigeant d'un état souverain, quand bien même celui-ci était terroriste. Elle avait alors respecté un principe de droit international.
Dans l'affaire Snowden-Moralès qui nous occupe aujourd'hui, non seulement le droit international a été bafoué (on s'en est pris à un avion présidentiel!), mais en plus, la France s'est couchée devant le diktat américain! C'est un double déshonneur, dont F.Hollande sera comptable, car comme l'a démontré l'intervention au Mali, les Français sont assez soucieux de donner l'image d'un pays qui résiste un minimum à l'imperatum américain. On paie encore la mauvaise habitude du président de la République de ne se fâcher avec personne: c'est ce refus des rapports de force qui fait que notre pays risque une ruine plus rapide que celle qu'on redoute...
CVT
Les Etats-Unis ont depuis la Libération les vrais maitres des européens ce qui est vraiment nouveau c'est la soumission de notre pays à cause de l'ex-président et de son successeur, un socialiste qui comme tous les socialistes ont toujours été atlantistes.
RépondreSupprimerConcernant l'affaire Snowden, c'est carrément le bal des faux culs :
RépondreSupprimer"Dans les pays occidentaux, la plupart des services de renseignements ne sont pas autorisés à espionner leurs citoyens sans autorisation judiciaire préalable. Sont ainsi concernés la NSA aux États-Unis, le Bundesnachrichtendienst (BND) en Allemagne et le Government Communications Headquarters (GCHQ) en Grande-Bretagne. Or, le BND et le GCHQ peuvent surveiller les citoyens américains, comme la NSA peut mettre sur écoute les citoyens allemands et américains."
http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-angela-merkel-tout-fait-pour-essayer-etouffer-en-allemagne-scandale-espionnage-europeens-americains-wolf-richter-778189.html
"Du coup, à partir de ces quelques idées simples, il est possible de préciser que les services européens s’espionnent entre eux et que les autorités allemandes, par exemple, feraient bien de ne pas trop la ramener…"
http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2013/07/01/imbeciles/
Lundi 8 juillet 2013 :
RépondreSupprimerSur son blog, Frédéric Lordon écrit un article très important.
Je recopie simplement ce passage fondamental :
Le souverainisme de droite n’est donc rien d’autre que le désir d’une restauration (légitime) des moyens de gouverner, mais exclusivement rendus à des gouvernants qualifiés en lesquels « la nation » est invitée à se reconnaître – et à s’abandonner. Le souverainisme de gauche est l’autre nom de la démocratie – mais enfin comprise en un sens tant soit peu exigeant.
http://blog.mondediplo.net/2013-07-08-Ce-que-l-extreme-droite-ne-nous-prendra-pas
Ce blog est hébergé par le mensuel "Le monde diplomatique".
A mon humble avis, Frédéric Lordon vient de publier un article qui va le brouiller avec beaucoup de ses amis, ... et qui va l'ostraciser encore un peu plus.
Frédéric Lordon incarne simplement le courage en politique.
Respect total.
@BA,
Supprimeret pour moi, c'est probablement la première fois depuis que je le lis que je suis en désaccord franc et massif avec F.Lordon! Le souverainiste que je suis a bondi de sa chaise, et je pense même que L.Pinsolle va tressaillir...
En particulier sur deux points: la régularisation massive des immigrés clandestins, évidemment totalement irresponsable car elle va créer un appel d'air pour d'autres clandestins, et laisser les nouveaux régularisés à la charge de la collectivité car mis immédiatement au chômage par leur "employeur-exploiteur". En effet, c'est la clandestinité qui créé l'avantage compétitif par rapport à des salariés légaux.
Le second désaccord est philosophique et me semble plus profond: Lordon dissocie souveraineté populaire (selon lui de gauche) et souveraineté nationale (selon de droite), alors que cette distinction n'a aucun sens en république! En effet, en France, le peuple étant souverain et le cadre de la souveraineté s'appelle la nation! Ce faisant, la souveraineté populaire implique la souveraineté nationale. Plus grave, par anti-bonapartisme primaire (ou anti-gaulliste), il critique le principe même de plébiscite, donc d'expression populaire, à laquelle il préférerait la démocratie. Mais en France, sous la Vè République, ces deux visions sont superposées car nous sommes à la fois une république et une démocratie!
La peur panique que suscite l'idée de Nation à une grande partie de la gauche est l'angle mort de l'altermondialisme, version moderne du cosmopolitisme. F.Lordon a fini par comprendre que toute solution réaliste en terme économique ne pourra se faire qu'en partant de la nation, mais il fait ce constat sans enthousiasme: d'où ces contorsions avec cette distinction artificielle entre souveraineté de droite ou de gauche, alors que par définition, elle est indivisible.
F.Lordon voulait montrer qu'on pouvait s'affranchir du terrorisme intellectuel de la gauche du Bien (copyright E.Zemmour), et pourtant, il aboutit au résultat inverse car il n'a pas encore complètement admis en son for intérieur l'idée de Nation; d'où un discours un brin sectaire face aux souverainistes (indépendantistes seraient mieux indiqués...) qui ne sont pas de son bord politique.
Encore un petit effort, M.Lordon, vous y êtes presque....
CVT
Je plussoie à ce commentaire de CVT
SupprimerJe suis moi aussi tombé de ma chaise
@CVT : concernant la souveraineté, j'ai eu exactement la même réaction et j'ai bondi en lisant un Lordon aussi malhonnête sur l'idée de plebiscite/démocratie ! et attristé aussi devant le même sectarisme que j'ai pu percevoir chez lui...
SupprimerMais pas hyper surpris au demeurant : c'est la nouvelle marotte de "gauche" que de répandre l'idée qu'il existerait une vision "monumentale" de l'histoire fondée sur l'appel populaire d'un "homme providentiel"... en clair pour eux, tout est du passé y compris nos volontés, en "freudisant" a outrance l'analyse politique... pourtant, qui irait dire que Hollande a été élu sur son charisme ou comme "homme providentiel" alors qu'il laissera comme monument la 1ere statue horizontale d'un président (sarkozy faisait au moins illusion, les talonnettes made in US sans doute).
Age
Le ridicule est d'autant plus grand que les dirigeants européennes avaient voulu donner l'impression d'être irrités par l'affaire Snowden et les écoutes de la NSA...
RépondreSupprimerEt paf, il aura suffit de quelques jours seulement pour que la vassalisation de l'Europe par la puissance américaine saute à nouveau aux yeux...
Qu'on soit bien clair, le pays a globalement perdu l'essentiel de sa souveraineté à partir du moment ou De Gaulle, résistant, patriote et militaire, a été remplacé par Pompidou, cadre du milieu bancaire...Après, il y eut quelques survivances de souverainisme, en 2003 notamment au moment de l'invasion de l'Irak. Mais ce qui restait du Quai d'Orsay et de l'Armée Française a été définitivement abattu par Sarkozy.
Pour ce qui est du traité transatlantique, on suit la logique voulue par les lobbys capitalistes et financiers.
En accordant le principe "d'exception culturelle" à un petit groupe d'artistes auto-proclamés, mais qui par derrière, vont promouvoir une culture et un art qui encouragent à "l'ouverture sur le monde et les autres", et autres poncifs droit de l'hommistes qui valident la mondialisation et la destruction de la Nation.
Si demain, ils se mettaient à nous faire du cinéma critique et patriote, nul doute que la fameuse "exception culturelle" sauterait illico-presto...
"ce qui est vraiment nouveau c'est la soumission de notre pays à cause de l'ex-président et de son successeur"
RépondreSupprimerN'était-ce pas une condition "sine qua non" à leur accession au pouvoir?
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimercomble du ridicule: j'ai appris ce matin qu'hier, Inna Chevtchenko, fondatrice des Femen, agitatrices et provocatrices ultra-féministes (sextremistes, disent-elles, mais moi je dirais plutôt misandres...) vient de recevoir l'asile politique!
Une délinquante de droit commun est donc considérée comme une réfugiée politique, alors que l'Ukraine est supposée être démocratique depuis les fameuses révolutions colorées...
Quand on connaît la suspicion qui règne sur l'origine des financements de ce mouvement, il y a de quoi être sceptique sur le sens de l'hospitalité du pays des droits de l'Homme, particulièrement face à des activistes qui font carrément de l'ingérence dans les affaires d'une nation souveraine.
Mais il faut sûrement rapprocher cette nouvelle avec le rôle qu'elle a eu lors des manifs du mariage gay, où les Femen ont plutôt jeté de l'huile sur le feu dans lors des défilés des opposants au mariage dit "pour tous"...
Snowden sait ce qu'il lui reste à faire :((...
CVT
@ CVT
RépondreSupprimerC’est exactement l’épisode auquel je faisais référence dans le papier. Je suis bien d’accord.
D’accord sur les points concernant le papier de Lordon. Je lirai le texte et ne manquerai pas de le commenter.
Accepter la fondatrice des Femen et pas Snowden est assez pitoyable.
@ Olaf
C’est bien pour cela que je n’ai pas insisté dessus.
@ BA
Merci pour l’info. Lordon est un plaisir à lire, même si je ne suis pas d’accord sur sa vision des souverainismes de gauche et de droite.
@ Danilov
Pas impossible
@ Cliquet
Je ne le crois pas.
Le pire, c'est que l'affaire de l'avion d'Evo Morales montre la cacophonie européenne : Morales a reçu l'autorisation à plusieurs reprises de la part de Mariano Rajoy d'utiliser les aéroports espagnols, ce qu'il a fait en se posant sur celui de Grande Canarie. Dans le genre "Parlons tous d'une seule voix", c'est encore raté pour les zélateurs de l'Union européenne !
RépondreSupprimerAvec les derniers spasmes de Chypre, du Portugal, de la Grèce, on avait oublié l'Italie.
RépondreSupprimerL'actualité de mardi vient de nous rappeler que l'Italie est en faillite.
On avait presque fini par l'oublier.
Mardi 9 juillet 2013 :
Standard & Poor's dégrade l’Italie à BBB.
Standard & Poor’s a annoncé mardi avoir abaissé la note souveraine de l’Italie à BBB contre BBB+. La perspective de la note est négative, a précisé l’agence dans un communiqué.
Jeudi 13 juin 2013 :
La dette publique italienne, qui s'élèvera à 130% du PIB cette année, est la deuxième plus importante de la zone euro après celle de la Grèce.
http://www.capital.fr/bourse/actualites/l-italie-promet-de-maintenir-son-deficit-sous-la-barre-des-3-850984
Nous sommes entrain de nous éloigner diplomatiquement des pays d'AmSud. Tout cela à cause de cette decision aussi injuste que stupide. Et les peuples de la region qui se faisaient encore des illusions sur la France sont desormais fixés sur le statut de la France. Le temps ou De Gaulle était accueilli par des centaines de milliers de mexicains est desormais loin et nous ne représentons plus l'espoir d'un monde plus juste.
RépondreSupprimerUn gouvernement de putes ne peu être constitué
RépondreSupprimerque de putes
Sur le site "Arrêt sur images", la journaliste Anne-Sophie Jacques écrit :
RépondreSupprimer"l’évidence s’impose : la convergence des économies souhaitée lors de la création de la monnaie unique n’a pas eu lieu. Pire : les économies divergent, et pas qu’un peu. On le voit bien sur les graphiques brandis par Jacques Sapir en début d’émission : ces lignes vous semblent peut-être absconses – vous pouvez les regarder de plus près, les graphiques sont au pied de cet article – mais peu importe, l’important est dans le mouvement. On ne converge pas, on s’éloigne. On s’oppose. Et cette opposition crée des tensions, forcément. Suffit d’avoir l’œil rivé sur le fil d’actualités espagnoles, italiennes, portugaises, sans même parler de la Grèce ou de Chypre pour comprendre que la situation va tourner en eau de boudin."
http://www.les-crises.fr/debat-sapir-melenchon/
A l’intérieur de la zone euro, ça diverge, et ça diverge de plus en plus.
Autrement dit :
Dans le monde réel, nous avons obtenu le contraire de ce que nous avaient promis les partisans de l’euro en 1992.
La question n’est plus :
"Faut-il sortir de l’euro ?"
La question est désormais :
"Quand allons-nous subir la sortie de l’euro ?"
Le mot important, c’est : "subir".
La sortie de l’euro ne sera ni choisie, ni organisée. Nous allons subir la sortie de l’euro.