lundi 30 septembre 2013

L’Italie en pleine crise politique


Coup de théâtre samedi : Silvio Berlusconi a annoncé la démission des ministres de son parti, le PDL, du gouvernement d’Enrico Letta. L’explosion de cette fragile coalition fait de nouveau entrer l’Italie dans une période d’instabilité dont l’issue est extrêmement incertaine.



Comme un air de 4ème République

La situation de l’Italie n’est pas sans ressembler à la situation de la France de l’après-guerre où il était impossible de former des majorités stables, où les gouvernements duraient moins d’un an en moyenne et où il était très difficile au pays de trouver des réponses aux questions qui se posaient. En fait, l’issue était assez prévisible. En effet, les élections de février avait un produit un parlement très instable avec trois grands blocs, le centre-gauche, arrivée légèrement en tête, ce qui lui avait permis d’obtenir une légère majorité au Parlement, devant le bloc de centre-droit, puis le parti de Beppe Grillo.

Du coup, même si Silvio Berlusconi avait exclu pendant la campagne de s’allier avec le centre-gauche, le refus de Beppe Grillo d’épauler quiconque avait imposé une telle solution. Mais les soucis judiciaires du Cavaliere ont précipité la fin de la coalition. Après une nouvelle condamnation judiciaire, le Sénat examine son exclusion, casus belli pour l’ancien Premier Ministre. Tout ceci montre une nouvelle fois que la principale motivation de Silvio Berlusconi en politique est la défense de ses intérêts et de se protéger de ses innombrables soucis judiciaires et en aucun cas le sort des Italiens.

Quel avenir pour l’Italie ?

dimanche 29 septembre 2013

Taxe à 75% : l’incroyable décote du gouvernement pour les clubs de football


La décision est passée de manière très discrète, mais le gouvernement a introduit dans le projet de budget une restriction à la fameuse taxe de 75% destinée spécifiquement aux clubs de football. Une décision scandaleuse qui n’honore pas le gouvernement. Du pain et du cirque, dit-on ?



Plus de 80% de décote pour le PSG !

Dès que le gouvernement a commencé à travailler sur le projet de taxe à 75%, les clubs de football ne sont inquiétés de l’impact sur leur compétitivité à l’échelle européenne. En effet, les joueurs négocient souvent des salaires nets et le salaire brut nécessaire pour obtenir le même montant risquait de subir une inflation importante. La ligue de football a ainsi estimé que la mise en place de la taxe allait coûter 82 millions aux clubs de ligue 1 et 45 millions pour le seul PSG. Du coût, le gouvernement a trouvé une astuce pour en limiter l’impact : la limiter à 5% du chiffre d’affaire de l’entreprise concernée.

Bien sûr, la ligue se plaint et parle de « conséquences économiques dramatiques ». Il faut dire qu’étant donné les déséquilibres économiques de ce sport dont la plupart des clubs affichent des pertes et des dettes non négligeables, cela accentuera la pression financière. Mais pour le PSG, la décote devrait être colossale. En effet, s’il a un budget de 400 millions d’euros, son chiffre d’affaire était estimé autour de 110-120 millions l’an dernier. A supposer qu’il progresse à 150 millions cette année, hypothèse optimiste, cela signifie que la taxe sera ramenée de 45 à 7,5 millions, une baisse de plus de 80%.

La prime au cirque

samedi 28 septembre 2013

Pour JP Morgan, la justice a un prix : 11 milliards !


Après avoir proposé trois milliards de dollars aux autorités étasuniennes pour régler les poursuites engagées contre la banque dans le cadre des subprimes, la banque a essuyé un refus pour une offre pourtant remontée à onze milliards. Ce qui en dit long sur les pratiques des banksters.



Rebondissements judiciaires

On ne compte plus les affaires judiciaires dans les lesquelles les banques sont impliquées et pour lesquelles elles paient des amendes colossales. Depuis quelques mois, le scandale de la fixation du LIBOR alimente une chronique judiciaire sans fin, où les banques, les unes après les autres, finissent par accepter de payer des sommes extravagantes pour éviter d’être poursuivies. On peut également évoquer le cas de Goldman Sachs avec son fonds Abacus, où la banque vendait à ses clients des produits qui lui faisaient gagner de l’argent quand ces mêmes clients en perdaient !

Après avoir écopé de plus de 900 millions d’amende pour l’affaire dite de la baleine et 400 millions pour avoir manipulé les marchés de l’énergie en Californie, JP Morgan est empêtré dans une demi-douzaine d’affaires relatives à la crise des subprimes et aux fameux prêts hypothécaires qui ont déclenché la crise de 2008. En début de semaine, la banque a proposé trois milliards pour régler le cas. Puis, après une entrevue entre son patron et les autorités étasuniennes, elle a remonté son offre à la bagatelle de onze milliards dont sept pénalités. Mais les autorités semblent réclamer plus !

Ce que cela dit des banksters

vendredi 27 septembre 2013

Roms : à quand la démission de Vivianne Reding ?





Une mauvaise polémique

Bien sûr, les propos de Manuel Valls sont durs, mais il y a un moment où il faudrait admettre que l’on peut dire autre chose que bienvenue à tous les immigrés de la planète et reconnaître qu’il y a des problèmes d’intégration et que la France doit pouvoir choisir ou non si des personnes peuvent séjourner sur son territoire. En outre, il ne faut pas oublier que la Roumanie et la Bulgarie n’ont pas encore rejoint l’espace Schengen. L’UE devrait par conséquent assurer la sécurité le contrôle aux frontières orientales de cet espace et ne pas permettre à tant de roms de passer la frontière.

Du coup, la France est parfaitement dans son droit d’expulser les personnes qui n’ont pas le droit d’être sur son territoire. En ce sens, après 12 000 personnes expulsées en 2012, plus de 10 000 l’ont été au premier semestre, soit une augmentation d’environ 70%. Et on ne voit pas pourquoi Viviane Reding s’immisce à nouveau dans les affaires de notre pays et menace d’ouvrir une procédure d’infraction si elle estime que nous ne suivons pas les règles de l’Union Européenne. Ici encore, il est malheureux que le gouvernement ne réagisse pas pas plus fermement à cette déclaration.

Reding démission !

jeudi 26 septembre 2013

Budget 2014 : la rigueur et le bricolage, c’est encore maintenant


Hier, le gouvernement a présenté le projet de budget 2014 en conseil des milnistres. Un budget qui vise à réduire une nouvelle fois les déficits budgétaires par une collection de baisses de dépenses et de hausses d’impôt. Encore une fois, le gouvernement semble naviguer à vue.



Une politique de petits pas

Le Monde propose des visuels interactifs assez bien faits, présentant les grandes masses budgétaires et le détail des économies. Le budget affiche des coupes prioritairement ciblées sur les dotations aux collectivités territoriales, l’agriculture, les médias, la culture et l’aide publique. Les départements techniques (finances, diplomatie) sont touchés par les suppressions de poste. Enfin, la recherche et l’enseignement supérieur, le travail et l’écologie et, dans une moindre mesure, l’éducation nationale, la sécurité et la justice, bénéficient d’une progression des crédits dans le budget 2014.

Après les 30 milliards d’efforts des budgets 2012 et 2013, le montant de l’effort affiché sera de 18 milliards en 2014. Le gouvernement avance 15 milliards d’efforts sur les dépenses, 9 sur le budget de l’Etat (dépenses de fonctionnement et autres dotations) et 6 milliards sur la sécurité sociale (assurance maladie et réforme des retraites). Bercy annonce seulement 3 milliards de hausse des prélèvements, centrée sur la lutte contre la fraude et la désertion fiscale. Malheureusement, cette présentation des choses est naturellement un peu abusive étant donnée la liste des nouvelles taxes

Bricolage fiscal

mercredi 25 septembre 2013

Et si un grand krach avait bien lieu en 2017 ?


Même si elle est illusoire, il semble bien que la reprise arrivera en 2014. En revanche, on peut toujours s’interroger sur le scénario à plus long terme. Au final, le scénario que j’avais esquissé en janvier 2009 me semble assez juste, à savoir une nouvelle bulle puis un nouveau krach.



Perspectives à cinq ans

Bien sûr, faire de la prévision à si long terme est un exercice périlleux, qui expose forcément aux critiques et aux railleries justifiées. Néanmoins, c’est un exercice utile qui amène à réfléchir aux dynamiques profondes qui animent notre économie. Et si l’étape du relèvement du plafond de la dette aux Etats-Unis se passe bien, la croissance aux Etats-Unis devrait accélérer sous la conjugaison du soutien de la Banque Centrale, d’une politique budgétaire moins restrictive (fin de l’effet du sequester), de la forte hausse des prix de l’immobilier et forte hausse de la production d’hydrocarbures.

Couplée avec la reprise japonaise (plus forte que prévue au second trimestre) et l’amélioration de la situation en Chine, les trois premiers moteurs de la planète devraient aller dans le même sens l’an prochain. En outre, avec des profits des entreprises au plus haut et des politiques monétaires encore accommodantes, voici un cocktail idéal pour gonfler encore les bulles financières, pas vraiment soldées dans les pays dits développés et qui se développent en Chine. Nous pourrions alors assister à une répétition de la phase pré-2008 et très logiquement aboutir à un nouveau krach vers 2016-2018, puisque tous les instruments financiers de la crise à venir existent déjà (dark pools, ETS, trading à haute fréquence…etc).

Un scénario prévisible

Finalement, je suis assez surpris par la proximité d’un tel scénario avec mes textes de janvier 2009 (alors que nous n’étions pas encore sortis de la crise d’ailleurs). Bien sûr, une partie importante de mes prévisions n’ont pas été vérifiées (réélection de Brown, élection de Bayrou en France – même si j’avais vu juste sur la défaite de Nicolas Sarkozy et son remplacement par une fausse alternative- inversion des résultats pour Barack Obama entre succès et échec en 2010 et 2012). De même, je n’avais pas anticipé la crise de la zone euro (même si je faisais démarrer la nouvelle crise fin 2016 par un défaut de l’Italie suite à une envolée des taux longs et de l’écart avec les taux allemands).

En revanche, le scénario économique était assez juste, avec un point bas atteint à la fin de l’hiver 2009 (y compris dans les niveaux atteints par la bourse) et j’anticipais une victoire de la lecture néolibérale de la crise contre les néo-keynésiens. Je faisais de 2011 à 2013 « des années de croissance très faible avec un pouvoir d’achat en berne et un chômage résiduel important ». Et même si je me suis trompé sur l’évolution des taux d’intérêt, je voyais en 2014 et 2015 « une accélération de la croissance » du fait de « l’essor des importations chinoises ». Tout ceci menait à une bulle qui culminait à l’automne 2016, avec un CAC 40 à 10 000 points et un Dow Jones à 25 000 points, avant un nouveau krach.

Même si mes anticipations d’inflation et de taux d’intérêt étaient excessives (du fait du pic d’inflation de 2008), en revanche, les phases décrites me semblent encore pertinentes plus de quatre ans et demi après. Une bulle et un nouveau krach me semblent le scénario le plus probable pour l’avenir.

mardi 24 septembre 2013

The Economist, ou l’horreur néolibérale


Rien de tel que la lecture de l’hebdomadaire britannique pour comprendre ce que pensent vraiment les élites globalisées. Mais il fallait être bien accroché pour lire le numéro du 14 septembre, qui comportait des papiers et une publicité qui montraient bien à quel point la pensée néolibérale est tout simplement horrible.



Quand les pays font de la publicité…

En effet, en pleine section Europe, apparaît une publicité interpellant le lecteur (un patron, un directeur financier ou un associé de cabinet de conseil on suppose) : « Besoin de couper les coûts ? Investissez en Macédoine ». Suivent quelques arguments chocs : la taxe la plus faible sur les profits (10%), la taxe la plus faible sur les revenus (10%), pas du tout de taxe sur les profits réinvestis et une main d’œuvre abondante et compétitive avec un salaire moyen de 498 euros par mois. Les hommes qui composent la main d’œuvre ne sont pas présentés différemment des infrastructures ou des prix de l’énergie…

Mais outre l’inhumanité profonde d’une telle publicité, il est difficile de ne pas y voir l’horizon d’une société néolibérale, où les Etats en seraient réduits à faire de la publicité pour attirer les investisseurs en valorisant la déconstruction de toutes les conquêtes sociales des dernières décennies. D’ailleurs, les Etats-Unis sont un bon exemple de ce qui pourrait arriver avec la concurrence démentielle que ce font les Etats pour attirer les investisseurs. Dans ce sombre avenir, les multinationales et les plus riches paieraient moins d’impôts que le reste de la population du fait de l’absence de frontières.

Le journal des riches cupides et inhumains ?

lundi 23 septembre 2013

Elections en Allemagne : plébiscite pour Merkel, rejet de l’Europe fédérale


41% contre 33% il y a quatre ans. En gagnant la bagatelle de huit points depuis 2009 et en signant sa 3ème  victoire électorale, Angela Merkel récolte un immense succès. Elle échoue même de peu à obtenir une majorité absolue. Mais l’élimination du FDP ouvre la voie à une nouvelle grande coalition.



Le succès de la mère de l’Allemagne

The Economist a souligné à quel point Angela Merkel est devenue en quelque sorte la mère de l’Allemagne. Une mère un peu austère, mais pleine de bon sens et plus proche des citoyens ordinaires que la plupart des dirigeants des autres pays. C’est aussi le succès d’une femme qui a toujours défendu fermement les intérêts du pays, tout en ayant évité une explosion de l’UE. En outre, les Allemands préféraient largement Angela Merkel comme Premier Ministre plutôt que Peer Steinbrück, le candidat de la SPD, dont les manières parfois brusques contrastent avec la prudence de la chancelière.

L’échec du FDP complique un peu la donne pour la chancelière. Ce faisant, cela montre le rejet du pays pour des agendas trop néolibéraux puisque ce parti avait un programme de baisses des impôts qui n’a, semble-t-il, pas intéressé les électeurs. Du coup, il est probable que la chancelière se tourne vers une nouvelle grande coalition. En effet, les Verts sont aujourd’hui sensiblement à gauche du SPD. Certes, son programme d’arrêt du nucléaire la rend plus compatible, mais cela a surtout en bonne partie affaibli les écologistes, privés d’une promesse phare de campagne.

Une victoire de l’euro-scepticisme

dimanche 22 septembre 2013

Le modèle allemand n'en est pas un !



Atlantico : Les élections législatives allemandes se tiennent ce dimanche 22 septembre- le Bundestag désignant le Chancelier fédéral. Le modèle allemand est souvent décrié par ses opposants à cause de la compression des salaires ou, plus largement , une dévaluation compétitive intérieure. Quelles est la face cachée du modèle allemand ? Ses travers, ses limites ?



La première limite du modèle allemand est qu’il ne fonctionne que si les autres pays ne font pas la même chose. En effet, les excédents allemands sont autant le fruit de la compression des salaires outre-Rhin que de leur non-compression ailleurs en Europe. Si nous avions tous suivi la même politique dans les années 2000, alors l’Allemagne n’aurait pas pu gagner de parts de marché. Mais surtout, la demande européenne se serait effondrée du fait de la compression des salaires. Donc, l’Allemagne aurait été doublement perdante : la taille du gâteau aurait été plus petite et elle aurait eu une plus petite part.
Ensuite, il faut savoir que cette politique est le produit d’une immense régression sociale pour environ un tiers de la population. Comme l’explique ce papier du Monde, la compétitivité allemande repose en partie sur l’emploi de salariés immigrés payés une misère (jusqu’à 2 à 3 euros par heure !), ce qui est permis par l’absence de SMIC dans le pays. La description des conditions de vie de certaines personnes est absolument révoltante pour un pays dit développé. On a l’impression d’être dans le Tiers Monde !
Ensuite, Olivier Berruyer a montré dans son dernier livre que de 2000 à 2010, les revenus réels de 30% de la population ont baissé de 15% ou plus ! Ce faisant, dans ce pays qui se vantait d’être un pays de classes moyennes, les inégalités ont explosé puisque les revenus des 10% les plus riches ont progressé dans le même temps. Une telle politique ne sera pas durable longtemps.

Atlantico : Avec un taux de chômage à 6,8% en août, l'Allemagne connait l'un des plus faible niveau de chômage d'Europe à faire envier les autres pays européens. Mais celui-ci reflète t-il vraiment la réalité économique des Allemands ?

samedi 21 septembre 2013

Quand le Monde se moque du monde sur l’euro


Arnaud Leparmentier vient de signer un éditorial absolument navrant sur l’euro, recourant à tous les poncifs qui existent pour critiquer la proposition de retour au franc. Il ferait mieux de lire les critiques de la monnaie unique exprimées par la bagatelle de 9 « prix Nobel d’économie ».



Faire peur, la dernière ligne de défense

Bien sûr, cette tribune s’intitule « euro boche contre franc le pen » et il ne s’agit pas pour moi de venir en aide à la présidente du FN. Comme hier, je continuerai à la combattre, parce qu’elle est d’extrême-droite, qu’elle ne cesse de mentir et qu’elle est incompétente. Mais ce n’est pas parce qu’il vise Marine Le Pen qu’il ne faut pas répondre à ce torchon du Monde, où la rigueur intellectuelle ne cesse de reculer. En fait, la stratégie des partisans de la monnaie unique européenne est assez simple. Parce qu’il est impossible d’en prouver le moindre bienfait, leur dernière ligne de défense est la peur.

C’est bien ce qui ressort de cette avalanche d’arguments tous plus faux les uns que les autres. Il ne manque plus que les sauterelles et le sang dans la Seine… Naturellement, il évoque un cataclysme monétaire comparable à la faillite de Lehmann. Ensuite, nos taux s’envoleraient. Puis il fait un sort à la dévaluation en affirmant que cela « donnerait de l’air au capital et pénaliserait retraités, fonctionnaires, salariés des services » (du fait de la hausse du prix de pétrole). Il évoque même la tutelle du FMI de la Grande-Bretagne. Il condamne la probable irresponsabilité budgétaire tout en disant que « l’euro a permis (à la France) de se comporter de manière irresponsable. Enfin, il affirme que cela provoquerait une augmentation de la dette de 400 milliards et que les iPhone s’échangeraient au marché noir.

Une bouillie d’arguments indigents

vendredi 20 septembre 2013

Pourquoi la Fed maintient sa politique


A la surprise de la plupart des analystes, la Fed a décidé de maintenir son programme de rachat de bons du Trésor et de titres. Avec la baisse progressive du taux de chômage et l’approche du cap des 7%, beaucoup pensaient, comme The Economist, qu’elle ralentirait son programme.



Ecarter les nuages noirs

Aujourd’hui, la croissance étasunienne semble robuste et tout semble réuni pour une accélération en 2014, autour de 3% en rythme annuel. En effet, l’explosion de la production d’hydrocarbures de schistes, la très forte reprise de l’immobilier (qui stimule l’activité doublement, par la construction, mais aussi l’effet richesse produit pour les ménages et les institutions financières) et le desserrement de la contrainte budgétaire, avec la réduction rapide des déficits, concourent tous pour faire de l’année prochaine une belle année pour l’économie étasunienne et enfin accélérer la réduction du chômage.

Du coup, Ben Bernanke avait toutes les raisons pour commencer à réduire son programme de rachat de 85 milliards de dollars par mois. The Economist notait justement qu’une légère réduction revenait à seulement diminuer le soutien à l’économie, et qu’on était loin d’une politique restrictive. Mais deux facteurs clés ont sans doute fait pencher la balance : les républicains et les démocrates ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord pour augmenter le plafond de la dette (ce qui doit être fait mi-octobre), ce qui créé une incertitude malvenue, qui peut peser sur la croissance et la reprise

Ensuite, les taux longs, qui étaient tombés à 1,6% au printemps, sont brutalement remontés en quelques mois, à 3% en septembre. Cette remontée est dangereuse à plusieurs titres pour l’économie. Tout d’abord, elle va peser sur le déficit puisque le coût de la dette sera plus important pour l’Etat. Ensuite, elle renchérit le financement de l’économie. En surprenant les marchés, la Fed a cassé le mouvement de hausse puisque les taux à dix ans sont retombés à 2,75%. Wall Street sait désormais que la priorité de la banque centrale étasunienne est le soutien à l’activité, d’autant plus que l’inflation est faible.

Des conséquences lourdes

jeudi 19 septembre 2013

L’optique, ou tout ce qui va mal avec la privatisation de la santé


C’est une des polémiques de la semaine : après l’UFC Que Choisir au printemps, la Cour des Comptes a dénoncé les tarifs de l’optique en France, allant même jusqu’à suggérer que la Sécurité Sociale se désengage du secteur. Une illustration des dangers de la privatisation de la santé.



Un coût exorbitant

Bien sûr, les grandes chaines nationales ont investi tous les médias pour défendre leur situation en affirmant que si les prix sont plus élevés en France, c’est parce que nous bénéficierions des meilleurs produits du monde, fruit de l’excellence d’Essilor mais aussi des lunettiers de l’hexagone. Une vision trop idyllique pour y croire… Déjà, en avril, l’UFC Que Choisir avait souligné que la marge brute atteignait la bagatelle de 275 euros par paire de lunettes, soit 70% du prix de vente. Elle notait que le nombre d’opticiens avait augmenté de 47% en 12 ans pour une hausse de la demande de 13%. Le nombre excessif augmenterait le prix des lunettes de 54 euros et les dépenses de marketing de 60 euros !

Bien sûr, pour les Français qui ont une mutuelle généreuse, cela ne semble pas poser de problème, puisqu’elles peuvent largement rembourser les frais d’optique. Mais cela se répercute dans le prix des mutuelles, en constante progression. Le coût est caché, mais il est bien payé au final. Et puis surtout, cela pose un gros problème pour les personnes à faibles revenus qui ne disposent pas d’une mutuelle ou d’une protection a minima, pour lesquels les frais d’optique deviennent rédhibitoires. Heureusement qu’il existe quelques offres moins chères, notamment sur Internet.

Le problème avec les mutuelles

mercredi 18 septembre 2013

Jacques Sapir, économiste souverainiste


Jacques Sapir n’est pas un économiste comme les autres. Passionné de géopolitique, ses écrits offrent également une lecture politique passionnante qui éclaire particulièrement bien les enjeux d’aujourd’hui et le « retour des nations » qu’il annonce.




L’illusion du droit d’ingérence


Dans la novlangue bien pensante, le « droit d’ingérence » est un morceau de choix. Il faut dire que le vocabulaire a été bien choisi pour éviter toute contestation. Mais ce n’est pas ce qui arrête un Jacques Sapir qui n’a que faire des convenances et attaque bille en tête. Il souligne que « l’ingérence humanitaire ne peut être que le fait du fort sur le faible, alors qu’un principe de droit doit par essence pouvoir être appliqué tout autant au fort qu’au faible » devenant au passage un « colonialisme humanitaire ».


Il souligne que cela « introduit une division immédiate au sein des nations entre celles dont les moyens de défense les protègent de toute tentative d’ingérence et celles dont les moyens de défense sont suffisamment faibles pour qu’elles puissent devenir, le cas échéant, des cibles dans une guerre humanitaire ».  Pire, pour lui, cela incite à « monter en puissance dans ses moyens de défense, l’échelon ultime (…) étant la possession d’armes de destruction massive »…


Au contraire, c’est « en rétablissant le principe de la souveraineté dans toute sa force (…) que l’on pourra réellement s’opposer au processus de prolifération des armes nucléaires ». Il souligne que cette violation de la souveraineté suspend « les conditions rendant possibles la production et la légitimation des institutions, la possibilité d’un enracinement légitime des institutions importées devient extrêmement problématique. L’ingérence devra donc soit être renouvelée, soit être étendue dans le temps ».


L’auteur souligne que l’intervention occidentale au Kosovo a plutôt empiré les choses dans un exposé très documenté et critique. Il affirme que « derrière le discours humanitariste (…), on retrouve la cruelle vérité de l’adage bismarckien : la force prime le droit »… Avec Guantanamo et le Patriot Act, il souligne que pour les Etats-Unis « la défense des libertés démocratiques n’a sa place que si elle peut affaiblir un adversaire. Elle cesse d’être un principe d’action si tel n’est pas le cas ».


Le siècle du retour des nations ?


mardi 17 septembre 2013

Jacques Sapir économiste alternatif


Après avoir lu beaucoup de livres de penseurs alternatifs, Jacques Sapir était le dernier grand intellectuel que je voulais étudier. « Le nouveau 21ème siècle », écrit avant le déclenchement de la crise économique, est un ouvrage de référence sur l’économie et l’idée nationale.




Retour sur la crise de 1997-1999


C’est un point commun de Jacques Sapir avec les deux prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz et Paul Krugman que de donner une importance particulière à la crise qui a secoué les pays émergents à la fin des années 90. Pour lui, contre pour eux, cette crise est la conséquence d’une déréglementation excessive, notamment sur le plan financier et monétaire et elle démontre, 10 ans avant la crise des subprimes, les immenses dangers de la globalisation néolibérale.


Ce livre complète parfaitement « La grande désillusion » de Joseph Stiglitz, qui travaillait à la Banque Mondiale à cette époque. S’il en donne une lecture plus politique, le constat économique est aussi sévère. Il montre l’absurdité d’un système où le FMI prêtait de l’argent à des pays émergents pour défendre leur monnaie, à un coût exorbitant, tout en étant voué à l’échec la plupart du temps. Il souligne que « la Malaisie et le Chili (…) ont dû leur réussite à des mesures de contrôle de capitaux ».


Bref, alors que le FMI déversait de l’argent pour lutter contre les marchés, tout en imposant des mesures d’austérité souvent violentes pour la population, la solution à cette crise était une restriction des marchés de capitaux. L’auteur souligne malicieusement : « si les Etats-Unis sont capables d’engager à perte plus de 60 milliards de dollars pour tenter d’enrayer une crise financière (…) n’eût-il pas été plus judicieux d’investir la même somme dans des actions de développement ? ».


L’auteur utilise une image particulièrement brillante pour appuyer les thèses d’une « re-fragmentation des espaces financiers et commerciaux ». Il fait le parallèle avec les cales d’un cargo. Et s’il reconnaît volontiers qu’une cale sans compartiment est plus pratique, il souligne qu’en cas de tempête, elle devient un danger menaçant la stabilité du navire. Il souligne que « les architectes et constructeurs de navires le savent depuis des siècles et sacrifient l’optimalité théorique à une conception garante de robustesse ».


Un véritable tournant politique


lundi 16 septembre 2013

François Hollande : quantité diplomatique inconséquente et négligeable


Hier soir, le président de la République était invité par TF1. Le moyen pour lui d’essayer de reprendre la main après une gestion totalement désastreuse de la crise syrienne, qui a fini par voir les Etats-Unis et la Russie se mettre d’accord pour un plan d’élimination des armes chimiques.



Erreurs sur erreurs

Depuis trois semaines, la diplomatie française s’est totalement ridiculisée, faisant oublier les acquis positifs de l’opposition légitime à la guerre en Irak en 2003, ou, dans une moindre mesure, de l’expédition décisive et juste au Mali. Du début à la fin, François Hollande s’est trompé. Bien sûr, le gouvernement s’accroche à une histoire assez habile, à savoir que la solution pacifique n’aurait été trouvée que grâce à la détermination de la France et des Etats-Unis. Mais ceci est une présentation extrêmement superficielle et biaisée, qui ne vise qu’à camoufler les graves fautes de l’équipe au pouvoir.

On reste stupéfait devant le bellicisme béachélien du président, déclarant qu’il fallait punir le régime syrien, le non respect des règles internationales alors qu’elles étaient évoquées pour justifier l’intervention, la mise sous tutelle de facto de notre diplomatie vis-à-vis des Etats-Unis ou l’oubli des leçons du passé en Irak ou en Libye. Mais avec l’accord russo-étasunien, cela aboutir à un véritable désastre diplomatique pour la France. Il est assez stupéfiant que notre pays n’ait pas été associé à l’accord entre Washington et Moscou. François Hollande a été balotté par les évènements, faute d’avoir su les anticiper.

Quelques leçons

dimanche 15 septembre 2013

Impôts : quand le gouvernement fait le lit des néolibéraux


Il y a quelques jours, Le Monde avait recensé pas moins de 84 nouveaux impôts qui ont été créés par Nicolas Sarkozy et François Hollande depuis 2011. Pas un jour ou presque ne passe sans l’évocation d’un nouveau projet, nourrissant un profond ras-le-bol fiscal, pas totalement injustifié.



Blanc bonnet et bonnet blanc

Les décomptes du Monde sont assez édifiants. Sur les budgets 2011 et 2012, la majorité sortante avait déjà voté pour 32 milliards d’impôts supplémentaires (et 4 milliards de baisse). Le nouveau gouvernement socialiste a chargé la barque de 28 milliards pour 2012 et 2013. On attend encore la note pour 2014, qui pourrait atteindre une dizaine de milliards. Mais ce qui est stupéfiant, c’est le choix de le faire par le biais de pas moins de 84 mesures différentes, soit 84 nouvelles occasions pour les Français de débattre de ce choix mais aussi de bien sentir la douloureuse dans leur porte-monnaie.

La raison de ce double choc fiscal est simple : le choix d’essayer de réduire rapidement le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013 pour se conformer aux objectifs européens. Au final, ce déluge de taxes n’a fait que casser la croissance, imposant de repousser l’objectif de deux ans, à 2015. Et avec la baisse du pouvoir d’achat, cette forte hausse de la pression fiscale pèse sur les ménages. Il faut noter ici que la Grande-Bretagne parvient à afficher 7% de déficit budgétaire cette année, sans subir les foudres des marchés, parce qu’elle a conservé sa monnaie, comme l’explique Paul Krugman.

Le lit du néolibéralisme ?

samedi 14 septembre 2013

L’inexorable montée des inégalités


Quand il y a de la croissance, les inégalités augmentent : l’essentiel va à une infime minorité (les 93% de croissance des revenus qui vont à 1% de la population en 2010 aux Etats-Unis). Mais quand c’est la crise, les inégalités augmentent également, comme le montre cette nouvelle enquête.



L’appauvrissement du pays

Cette nouvelle enquête de l’INSEE démontre encore une fois la faillite du système économique actuel. Elle rappelle, de manière utile que le revenu médian des français (qui sépare les 50% qui gagnent le plus des 50% qui gagnent le moins) était seulement de 1630 euros par mois en 2011. Les 10% qui gagnent le moins disposent de moins de 900 euros par mois, les 10% les plus riches gagnent un peu plus de 3200 euros par mois. Des chiffres utiles à rappeler à une élite qui pense être beaucoup plus proche que la moyenne du fait de l’envolée des très hauts salaires, soulignée par Emmanuel Todd. Pire, il faut noter que les revenus des plus riches ont nettement progressé en 2011.

Aujourd’hui, 8,7 millions des Français vivent sous le seuil de pauvreté, 14,3% de la population, contre 14% en 2010. Pire, depuis 2008, notre pays compte pas moins de 900 000 pauvres de plus. Il faut noter que la pauvreté progresse fortement pour les chômeurs (38,9% contre 35,8%) et les jeunes de moins de 30 ans (19,4% contre 17,7%). De manière totalement hallucinante, la ministre déléguée en charge de la lutte contre l’exclusion a déclaré que ces chiffres « confortent le gouvernement dans ses choix », comme si ses choix allaient réduire d’une quelconque manière la propagation du fléau.

Un agenda anti-social

vendredi 13 septembre 2013

Football et taxe à 75% : quand Moscovici se moque du monde


C’est sans doute une conséquence logique de la manière dont cette taxe a été conçue : cela fait déjà 16 mois que le gouvernement tergiverse sur la mise en œuvre de cette promesse électorale de François Hollande, avec un manque de professionnalisme et de justice flagrant.



Le football, en partie exonéré ?

Le cas du football semble inquiéter : en effet, si les stars du ballon rond étaient taxés à 75% au-delà d’un million d’euros de revenus annuels, alors, la compétitivité de nos clubs par rapport à leurs concurrents européens risque d’être sacrément handicapée. En effet, cette taxe toucherait plus d’une centaine de joueurs dans un championnat où le revenu moyen approche un demi-million d’euros par an. Sa mise en place peut avoir deux conséquences : soit une forte réduction du salaire net des joueurs, ou alors, une forte augmentation des coûts des clubs s’ils garantissent ce salaire net.

Le problème est que les clubs de football français ont, en général, moins de moyens que les autres grands clubs européens, du fait d’une moindre audience à la télévision et dans les stades (à part pour Monaco et le PSG). En outre, le football s’illustre aussi par une capacité assez extraordinaire à dépenser des sommes folles, parfois même au-delà de tous les équilibres économiques. C’est pour cela que Pierre Moscovici a dit : « nous attentons les avis, mais c’est vrai que nous avons des clubs de football dont l’équilibre est fragile » mais il a reconnu qu’il lui faudra prendre une mesure générale.

Une injustice flagrante