41% contre
33% il y a quatre ans. En
gagnant la bagatelle de huit points depuis 2009 et en signant sa 3ème victoire électorale, Angela Merkel
récolte un immense succès. Elle échoue même de peu à obtenir une majorité
absolue. Mais l’élimination du FDP ouvre la voie à une nouvelle grande
coalition.
Le succès
de la mère de l’Allemagne
The
Economist a souligné à quel point Angela Merkel
est devenue en quelque sorte la mère de l’Allemagne. Une mère un
peu austère, mais pleine de bon sens et plus proche des citoyens ordinaires que
la plupart des dirigeants des autres pays. C’est aussi le succès d’une femme qui
a toujours défendu fermement les intérêts du pays, tout en ayant évité une
explosion de l’UE. En outre, les
Allemands préféraient largement Angela Merkel comme Premier Ministre plutôt que
Peer Steinbrück, le candidat de la SPD, dont les manières parfois brusques
contrastent avec la prudence de la chancelière.
L’échec du
FDP complique un peu la donne pour la chancelière. Ce faisant, cela montre le
rejet du pays pour des agendas trop néolibéraux puisque ce parti avait un
programme de baisses des impôts qui n’a, semble-t-il, pas intéressé les
électeurs. Du coup, il
est probable que la chancelière se tourne vers une nouvelle grande coalition.
En effet, les Verts sont aujourd’hui sensiblement à gauche du SPD. Certes, son programme
d’arrêt du nucléaire la rend plus compatible, mais cela a surtout en bonne partie
affaibli les écologistes, privés d’une promesse phare de campagne.
Une
victoire de l’euro-scepticisme
Ce faisant,
l’Allemagne a largement soutenu celle
qui affirmait que les euro obligations ne se feraient pas de son vivant, comme
on pouvait l’anticiper. Cette élection est une défaite cinglante pour tous
les fédéralistes qui défendaient une plus grande intégration européenne et donc
une coalition SPD-Verts. Les
Allemands ont plébiscité les partis qui ont une attitude beaucoup plus mesurée
sur l’Europe et qui refusent de donner le porte-monnaie du pays à des
eurocrates qui s’en servent de manière dispendieuse pour se sauver eux-même,
comme on le voit maintenant depuis trois ans et demi.
Ce résultat
est le plébiscite d’un peuple pour une
dirigeante qui a défendu les intérêts de son pays pendant la crise de la zone
euro et a refusé de prendre des engagements inconsidérés. Ce faisant, le
peuple allemand confirme qu’il ne veut pas entendre parler de plus
d’intégration européenne.
Le parti eurosceptique rate son entrée au parlement. Et la reconduite de Merkel, c'est la politique actuelle légitimée. Une politique de soutien limité et conditionné, mais de soutien tout de même à l'euro.
RépondreSupprimerAlbert
C'est exactement cela. Je n'aurais pas dit mieux.
SupprimerC'est dommage parce que cela repousse la fin souhaitable de l'Euro, mais c'est une bonne chose parce que ça met de la pression sur Hollande pour qu'il réforme l'Etat et diminue drastiquement les dépenses publiques et les prélèvements.
RépondreSupprimerEn somme, vous voulez la fin de l'euro mais vous voulez que Hollande mène la politique d'austérité voulue par Merkel pour sauver l'euro, politique qui s'est révélée contre-productive dans les pays d'Europe du Sud où elle est appliquée depuis quelques années.
SupprimerAlbert
@Albert,
Supprimeren fait, il faut être réaliste, donc pessimiste: la sortie de l'euro ne pourra se faire du fait de l'Allemagne: 100 ans après 1914, le symbole sera trop lourd... Donc, les Allemands biaisent, en imposant des conditions draconiennes à leur voisins, notamment aux Français et aux Italiens. Je pense que la rupture viendra de l'une de ces deux nations...
CVT
Les pays en crise de la zone euro appliquent une dévaluation interne qui ne marche pas ou pas suffisamment pour les sortir de l’ornière. En moyenne et pour des raisons institutionnelles, la zone euro a un handicap de croissance par rapport à d’autres zones monétaires, même par rapport à un pays comme le Royaume-Uni où la situation économique et sociale est peu reluisante.
RépondreSupprimerLa fin de l’euro interviendra sans doute à l’occasion de l’élection, dans un pays en crise, d’une majorité hostile à la politique d’austérité si celle-ci continue à ne pas marcher. Ladite majorité si elle veut ne pas continuer à appliquer les directives de la troïka n’aura pas d’autres solutions que de sortir le pays de l’euro en le mettant en défaut sur la dette extérieure, comme l’Argentine fin 2001. On verra alors ce que ça coûte d'avoir voulu préserver l’euro à tout prix en prêtant de l’argent à des pays surendettés et insolvables.
Saul
Le vrai maillon faible de la zone euro, c'est à mon avis plutôt la France que les pays "du Sud". Nous nous faisons rogner des marges partout (du côté de l'Allemagne et du côté de l'Espagne ou de l'Italie) sans que notre marché intérieur soit vraiment reluisant.
Supprimer@anonyme,
Supprimerla 5è puissance économique mondiale, maillon faible de l'Euro? Nous allons emprunter 68,7 milliards d'euros pour sauver l'euro-zone, et c'est nous le maillons faible?
Bizarre, j'aurais que les pays qui ne peuvent pas emprunter sur les marchés sont les maillons faibles...
Ca pourrait ne pas durer pour nous également, mais si nous Français tombons, ça veut dire que les Allemands n'en auront plus pour longtemps, et pourraient ne pas être prêteurs en dernier ressort. Donc, il faut arrêter de paniquer...
CVT
Des statistiques récentes ont montré que ce sont chez les pays en crise que le ratio dettes publiques sur PIB s'accroissait le plus vite. Par exemple sur une base annuelle, du 30 juin 2012 au 30 juin 2013, la dette publique espagnole a augmenté de 17,1 %, En Grèce le ratio dettes publiques sur PIB est déjà remonté à ce qu'il était avant la première restructuration de la dette.
Supprimerhttp://www.lecontrarien.com/la-dette-publique-despagne-atteint-922-du-pib-au-deuxieme-trimestre-de-2013-16-09-2013-espagne
Saul
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerHollande a une fois de plus misé sur le mauvais cheval en pariant sur la SPD, qui fait un très mauvais score. Ce qui démontre une fois de plus que les européistes, qui nous bassinent avec le refus des frontières nationales et du repli sur soi, ne comprennent rien à la politique, en particulier, qu'elle se fait au niveau des nations!
Sinon, comment expliquer l'étonnement des éditorialistes à propos de l'ampleur du triomphe de Frau Merkel? Celle-ci défend les intérêts allemands, profitant des réformes anti-sociales mises en place par le camarade socialiste Gerhard Schröder, et qui font de la RFA le triomphateur apparent de la construction européenne.
Toutefois, comme vous le signalez, le triomphe de Merkel n'est pas une bonne nouvelle pour les européistes: d'ici là, les Anglais auront fait un référendum sur l'appartenance à l'UE, et en plus, les Allemands prendront de plus en plus conscience qu'ils seront les prêteurs en dernier ressort de l'UE, et il n'est pas exclus qu'ils tentent de mettre fin à l'expérience européenne. Oh, bien sûr pas directement, mais en poussant l'un des pays membres fondateurs à bout de nerfs (au hasard, la France... Mais pourquoi pas l'Italie?) en imposant de plus en plus de diktats intenables...
CVT
Effectivement, le moment de procéder à des choix décisifs sur la question de l'euro n'est peut-être plus très loin. On cogite sur la question un peu partout.
SupprimerDeux économistes polonais de la Banque nationale de Pologne, Stefan Kawalec, ex vice-ministre des Finances, et Ernest Pytlarczyk, économiste en chef de la filiale polonaise de la Commerzbank, viennent de produire un document de travail où ils préconisent un démantèlement ordonné de la zone euro. Cf. Stefan Kawalec, Ernest Pytlarczyk, « Controlled dismantlement of the Eurozone: A proposal for a New European Monetary System and a new role for the European Central Bank », National Bank of Poland, Working Paper No. 155 (http://www.nbp.pl/publikacje/materialy_i_studia/155_en.pdf).
Ils ne croient pas aux chances de réussite des politiques d’autérité menées actuellement et craignent qu’elles ne mènent à terme à une crise politique et à une dissolution désordonnée de la zone euro. Dans leur scénario, ce sont les pays les plus riches, en premier lieu l'Allemagne, qui devraient quitter l'euro en premier. L'Allemagne, compte-tenu de son passé, éprouve de profondes réticences devant la perspective de prendre cette responsabilité. L'idée qu'une telle évolution pourrait être accélérée si la France, menacée d'une profonde crise économique et sociale, se décidait enfin à pousser l'Allemagne dans ce sens, a été défendue récemment (B. Granville, H.-O. Henkel and S. Kawalec, « France Must Lead Breakup of Euro » , Bloomberg View, May 16 (http://www.bloomberg.com/news/2013-‐05-‐15/france-‐must-‐lead-‐breakup-‐of-‐ euro.html).
YPB
"une dirigeante qui a défendu les intérêts de son pays pendant la crise de la zone euro "
RépondreSupprimerUn peu égoïstement quand même. Je ne suis pas sûr qu'il faille le porter à son crédit.
On ne peut pas dire ça : elle est élue par les Allemands pour gouverner dans l'intérêt des allemands.
SupprimerOn ne peut pas la traiter d'égoïste sous le prétexte qu'elle ne trahit pas les intérêts de son peuple !
Je pense que c'est plutôt dans l'interêt des rentiers ou patrons allemands quand on voit l'evolution de la pauvreté et de la precarité.
SupprimerEt si ? cette élection devenait une avancée vers une europe des nations !!
RépondreSupprimerCe n'est pas spécialement impossible...
C'est pourquoi, il nous appartient d'être vigilants et offensifs..., sortir du train train habituel et d'une gouvernance désastreuse....
Je crois réellement que le moment est venu de rebattre les cartes, en commençant chez nous !!!!
La crise a rendu plus difficile l’Union Politique dans la zone euro selon Patrick ARTUS :
RépondreSupprimerhttp://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=72856
Une étude qui indique qu'une tentative d'intégration politique plus poussée de la zone euro comme le souhaite les fédéralistes serait plus coûteuse aujourd'hui pour les pays en bonne santé de celle-ci, principalement l'Allemagne. Selon l'auteur :
« La crise a accru fortement les taux d’endettement public des pays en difficulté . De nombreux pays (France, Espagne, Italie, Portugal, Grèce, Belgique, Pays - Bas, Irlande) n’assurent pas en 2013 leur solvabilité budgétaire, et cette situation peut être durable avec la faiblesse des perspectives de croissance et le maintien de primes de risque souverain dans les taux d’intérêt sur les dettes publiques . La crise a accru les inégalités de revenu entre les pays de la zone euro, avec la baisse du revenu relatif en Italie, en Espagne, en Irlande, en Grèce, au Portugal. Ceci est dû à deux causes durables rendant probablement cette évolution fortement irréversible : la nécessité de réduire la demande intérieure dans les pays qui avaient des déficits extérieurs importants avant la crise et qui sont maintenant confrontés à une contrainte extérieure forte ; la concentration de l’industrie manufacturière dans un petit nombre de pays (Allemagne, Belgique, Pays - Bas, Autriche) pendant la crise avec la destruction de capacités de production dans les pays en difficulté. L’industrie ayant des salaires plus élevés que les autres secteurs, cette concentration de l’industrie dans quelques pays accroît les inégalités de revenu entre les pays ».
Saul
Franchement, nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude: on nous a vendu l'euro comme un rempart à la crise, et on nous annonce ensuite que c'est elle qui a rendu le fonctionnement de l'euro impossible! C'est à n'y rien comprendre...
SupprimerQuand va-t-on admettre que l'euro était, est et demeurera une erreur?
CVT
@ Albert
RépondreSupprimerOui, mais c’est un soutien qui ressemble au soutien de la corde au pendu. L’Allemagne pousse, consciemment ou pas, les autres pays européens vers la sortie. Mieux vaut cela que la fuite en avant SPD-Verts.
@ CVT
Bien d’accord sur les trois premiers commentaires.
@ Saul
Bien d’accord également. Merci pour le lien vers Natixis.
@ YPB
Merci pour cette information.
@ Marc-Antoine
Je pense qu’il est naturel de défendre l’intérêt national. Après, elle n’aurait rien réglé avec des euro obligations. Et pour faire accepter l’aide aux autres pays européens, elle devait leur demander l’austérité. Sinon, l’aide était sans doute inacceptable pour les allemands.
@ Gilco56
Oui.
Pourquoi doit-on considérer que le succès d'Angela Merkel est une surprise ? Vu d'ici, elle semble réellement engagée dans la défense, voire la promotion des intérêts de son pays, tout en étant toujours pondérée. Ceci ne signifie nullement - pour moi en tout cas - qu'elle mène la meilleure des politiques, loin de là, mais en la comparant à celle d'autres dirigeants, dont les nôtres (qui se prétendent socialistes), on peut comprendre qu'elle fasse le plein de voix. A défaut d'idéaux ou de rêves, beaucoup d'Allemands ont peut-être fait le choix le plus équilibré et le plus raisonnable.
RépondreSupprimerNe pas oublier quand même que au final le SPD aurait pu choisir de gouverner puisqu'un éventuel gouvernement SPD-Linke-Grunen aurait la majorité absolue au parlement!
RépondreSupprimerUnions chrétiennes CDU/CSU
311 / 630
Parti social-démocrate d'Allemagne Peer Steinbrück
192 / 630
Die Linke Collectif
64 / 630
Alliance 90 / Les Verts
63 / 630
Soit 192 + 64 + 63 = 319 et la majorité absolue !
Cela montre bien que le clivage gauche droite n'a plus aucun sens: le soit disant plus grand parti de gauche allemand obtient une majorité avec ses alliés de gauche traditionnel cependant il préféré s'allier avec la droite pour former un gouvernement de droite conservatrice... Quel capharnaüm si on utilise cette grille de lecture complétement éculé!