Les
défenseurs du libre-échange présentent toujours le protectionnisme comme un
réflexe égoïste, arriéré et nationaliste de protection. Mais, outre
le fait d’être une pratique courante, le protectionnisme, au contraire,
peut être un outil au service du progrès et même de la solidarité.
Le
libre-échange, égoïste et régressif
Le
Monde a récemment commis un article absolument
hallucinant dénonçant ceux qui se réjouiraient de la chute de la
croissance dans les pays émergents, tout en admettant qu’ils « nous ont méthodiquement dépouillé de nos
industries et de nos emplois depuis des décennies ». Les
néolibéraux soutiennent de facto que la destruction des emplois dans les pays
développés par les délocalisations dans les pays à bas coût serait un mécanisme
presque solidaire, le moyen inévitable de permettre le développement des pays
émergents. Mais ceux qui défendent cette thèse sont rarement des personnes
victimes de délocalisation, ce qui démontre souvent un parti-pris purement
dogmatique.
En outre, il
est difficile de ne pas constater que les principaux bénéficiaires du
libre-échange sont les plus riches et les multinationales. Toutes les études
montrent que presque jamais les 1% ou les 0,1% les plus riches n’avaient obtenu
une telle part de la richesse mondiale. Idem pour les multinationales, dont
les bénéfices n’ont jamais été aussi élevés. Et à ceux qui disent que cela
permet de sortir de la pauvreté les populations des pays émergents, il ne faut
pas oublier que la
baisse du nombre de pauvres se concentre essentiellement en Chine, et, pire, la
quantité de personnes en situation d’extrême-pauvreté a augmenté en Afrique ou
en Inde depuis une trentaine d’années.
Bref, la
théorie d’un libre-échange, qui, comme par magie, ferait disparaître la
pauvreté est une fable qui est totalement infirmée par la réalité. L’anarchie
commerciale ne profite qu’à 1% de la population et aux grandes entreprises. Dès
lors, comment se réjouir qu’H&M
délocalise une partie de sa production de Chine en Ethiopie ? Bien
sûr, cela va créer des emplois en Afrique. Mais quelles seront les conditions
de travail ? Et si les salaires y progressent trop, alors H&M trouvera
un autre pays où ils seront plus bas. En réalité, le libre-échange est un outil
au service de l’égoïsme et la cupidité d’un capitalisme inhumain. Et quelle
solidarité dans un système où les pays se dépouillent les uns les autres ?
Pour un
protectionnisme solidaire et progressiste
Pour cela
deux mécanismes très simples. D’abord, des droits de douane inversement
proportionnels au niveau des salaires et de protection sociale des pays.
Ainsi, plus les salaires et la protection sociale progresseraient, plus les
droits de douane baisseraient, poussant à une harmonisation vers le haut à long
terme. Deuxièmement, le reversement d’une partie des droits de douane (entre
un quart et la moitié) aux pays d’où viennent les importations, de manière
à ce que les pays en voie de développement trouvent également un intérêt à ce
système. De quoi couper l’herbe sous le pied à ceux qui évoquent la solidarité
avec les pays émergents pour soutenir le libre-échange. Mais dans mon esprit,
cela n’excluerait pas d’autres mesures pour équilibrer la balance commerciale.
Le
système actuel est une guerre de tous contre tous, avec une minorité de
gagnants et une majorité de perdants (dans les pays dits développés, mais aussi
dans les pays émergents). Le protectionnisme est le moyen de faire des échanges
commerciaux des vecteurs de progrès et de solidarité.
Silence tout de même sur l'axe avec le FN à Béziers.
RépondreSupprimerquel axe ? Ménard n'est pas au FN ni au RBM, et a la base DLR est en travaux avec lui depuis au moins 1 an, alors que le soutien du FN ne date que de quelques mois ...
SupprimerEn outre durant les élections présidentielles, Ménard a bien dit qu'il voterai NDA, et que jamais il ne voterai pour MLP : le soutien du FN à Ménard est donc le problème du FN, en aucun cas celui de DLR.
Cela dit, quel rapport entre une élection locale et le protectionnisme ?
Age
Je partage le raisonnement. Toutefois je pense qu'il faut y ajouter le contrôle de qualité. Protectionisme sur la qualité et le prix vont de pair.
RépondreSupprimerUne partie des droits de douane d'accord doit revenir aux pays émergents, attention à la "vraie distribution", le reste à baisser les charges et impots sur nos entreprises qui ainsi pourront lutter contre le chomage....
Qu'est ce qui garantira la bonne utilisation des fonds reversés aux émergents ?
RépondreSupprimerolaf, cela est un autre problème, c'est bien pour cela qu'il faut éviter d'avancer des chiffres ?? et surtout pas trop important....
RépondreSupprimerIl est toujours intéressant de rechercher des alternatives qui permettraient d'aller dans le bon sens. Malheureusement, il n'y a pas plus de chances de voir les droits de douane servir de levier pour répartir la richesse entre les tous les pays participant aux échanges que de voir les mouvements de capitaux soumis à un contrôle d'autant qu'il s'agirait de faire adopter les mêmes règles par de nombreux pays très différents.
RépondreSupprimerLes privilégiés, particuliers et multinationales, ceux qui captent la richesse créée par ce système, ne lâcheront rien. A moins d'y être contraints. Commençons donc par travailler ici et maintenant pour développer nos exportations comme les Allemands ont su et savent le faire et pour édicter des règles et principes favorables aux intérêts de notre propre pays au lieu d'exécuter passivement les décisions de l'UE.
Le frein économique c'est surtout l'accumulation croissante en faveur d'une minorité :
RépondreSupprimerQue peut-on faire, concrètement ?
Permettre à ceux qui n'ont rien d'accéder à un patrimoine. Et dépasser ainsi, sous une forme pacifique, les contradictions liées à l'emprise de l'héritage et des très hauts patrimoines sur la société. Sinon cette contradiction se résoudra par la violence. Je propose une idée simple : l'instauration d'un impôt progressif sur le capital, complémentaire de l'impôt progressif sur le revenu. Il ressemblerait à l'ISF (impôt sur la fortune) : on paye par tranches en fonction de son patrimoine. Mais il serait beaucoup plus systématique et progressif. Entre 1 et 2 millions, vous payez 1 % ; entre 2 et 10 millions, vous payez 2 %... et jusqu'à 5 % ou 10 % sur les patrimoines de plusieurs milliards. Taxer le capital, donc, non pas pour se venger des plus riches, comme le craignent certains, mais pour éviter que les plus hauts patrimoines ne progressent, structurellement, trois ou quatre fois plus vite que l'économie. Et pour garder le contrôle d'une dynamique mondiale explosive.
http://www.telerama.fr/idees/comment-combattre-les-inegalites-les-reponses-de-l-economiste-thomas-piketty,101515.php
olaf
@ Age
RépondreSupprimerMerci pour la réponse.
@ Gilco56
Très juste sur la qualité. Le reste peut en effet remplacer d’autres taxes ou impôts.
@ Olaf
Rien mais je ne crois que ce serait notre rôle de le faire.
Il faut que je lise le nouveau Piketty.
@ Démos
Pas d’accord. Je pense que la prochaine crise créera les circonstances d’une vraie révolution économique et démocratique.
http://www.marianne.net/Nicolas-Dupont-Aignan-et-la-ligne-grise_a231943.html
SupprimerCe qu'il faudrait expliquer aux mondialistes, ou du moins aux gens qui ont eu le cerveau lavé par les mondialistes, c'est que pour améliorer le niveau de vie mondial il faut commencer par chez soi tout simplement. Vous voulez un monde meilleur ? Commencez par votre ville, votre région, votre pays !
RépondreSupprimerA condition que ce soit par ses propres forces sans dominer d'autres pays, les écarts de niveau de vie dans le monde ne justifient pas la paupérisation des pays développés. Ce n'est que prétexte à la domination du capital.
Vous confierez vos enfants à garder a quelqu'un qui laisse les siens en loques sous prétexte qu'on préfère aider les autres ?
@ Laurent, MERCI, nous sommes ainsi tout à fait d'accord sur le protectionnisme.
RépondreSupprimerIl reste à trouver un accord sur les alignements publics-privés que souhaite N.D.A., en n'oublient pas le calcul d'Agnès verdier molinié (60 milliards de dépenses publiques à gagner par année. et,
le souhait de NEUMANN Marianne : supprimer toutes les niches fiscales ??? Il ne parle pas des privilèges ? sans doute parce qu'il est aussi privilégié.
Le vrai problème, chacun parle pour sa paroisse !
Pour être NEUTRE, il faut absolument être totalement exclu de ce système...
C'est ma CHANCE....
Très belle analyse! il faudrait que les dirrigeants africains le lisent.(je pense aux accords ACP-UE)
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