Devant la
montée des licenciements et des faillites, mercredi, le
gouvernement a annoncé un plan d’aide de 15 millions pour la Bretagne, où
la filière agro-alimentaire est particulièrement touchée par une
concurrence déloyale. Une réponse d’affichage qui ne règle rien aux
problèmes structurels de la filière.
Des
problèmes structurels
Les
problèmes de la filière agro-alimentaire ne sont pas récents. Les céréaliers
s’en tirent bien aujourd’hui du fait du haut niveau des prix mondiaux. Mais en
revanche, le
reste de la filière souffre de prix souvent trop faibles en France pour
permettre aux agriculteurs de gagner leur vie. De plus, nous affrontons de
plus en plus la concurrence déloyale de l’Allemagne. En effet, notre voisin
d’outre-Rhin dispose de deux armes majeures, bien
décryptées par François Lenglet : l’absence de SMIC et l’emploi
d’immigrés rémunérés 3 à 5 euros par heure, quand le SMIC horaire est de 10
euros en France.
Bref, notre
voisin d’outre-Rhin nous taille des croupières sur certaines filières,
notamment la filière porcine, qui est une spécialité de la Bretagne, comme
l’a expliqué François Lenglet sur RTL. La France, qui était le 2ème
exportateur mondial de produits agricoles et le 1er en Europe, est
tombé au 5ème rang mondial, derrière les Pays-Bas et l’Allemagne.
Mais du coup, il est clair que nos
problèmes sont structurels et ne vont pas se régler demain car l’avantage coût
de l’Allemagne (mais aussi des pays de l’Est) ne va pas disparaître. Les
faillites risquent donc de continuer dans les années à venir.
Des
réponses conjoncturelles
Passons sur
la question de la
réduction de 50% de l’écotaxe poids-lourds et l’exclusion de la route nationale
164. Même si la filière a besoin d’être aidée, tout ceci reste dans une
logique ubuesque où l’on multiplie les taxes tout en créant d’innombrables
exemptions. La priorité aujourd’hui devrait être de permettre à la filière
agro-alimentaire et aux agriculteurs de vivre de leur travail, quitte à imposer
des prix minimums dans le pays et restreindre les importations venues d’Allemagne.
Ici, le gouvernement ne s’attaque pas aux causes du mal mais aux conséquences,
laissant pourrir la situation pour la filière.
Les syndicats allemands sont en train de fixer un SMIG dans la filière.
RépondreSupprimerOn ne trouve pas dans certaines régions de France de viande de bœuf de qualité qui a du goût, ni dans nombre de restaurants. Il doit bien y avoir un marché pour ce type de produits. Trouver un positionnement sur la qualité et les circuits courts.
De plus d’autres méthodes agricoles doivent être envisagées :
L’usage intensif des outils de travail du sol en agriculture conventionnelle et biologique rend illusoire le maintien à long terme de la productivité des sols agricoles. Les systèmes traditionnels à labour nécessitaient des longues jachères (impossibles compte tenu de la demande alimentaire mondiale actuelle) et ne permettaient que des rendements très faibles (5 à 10 fois plus faibles qu’aujourd’hui, le blé était à 23 quintaux en 1956 en France contre 67 aujourd’hui, le maïs est passé de 13 à 97 quintaux en 200711,12). Une double rupture de paradigme est nécessaire, c’est ce que permet l’agriculture de conservation.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_de_conservation
olaf
@Laurent Pinsolle,
RépondreSupprimerc'est triste de voir que les médias se préoccupent plus de l'expulsion de clandestins que du sort des travailleurs jetés dans les bras du chômage, et particulièrement dans un secteur qui était historiquement le nôtre: l'agriculture.
Olaf a raison, des solutions à plus long terme existent, mais imposeraient qu'on mette fin à la politique agricole commune en France, ce qui reviendrait à briser l'autre tabou de l'UE avec l'euro. A l'heure actuelle, je ne vois pas le gouvernement prendre une telle décision, et donc, on va continuer à se lamenter de la lente agonie d'un secteur qui faisait la fierté de notre pays...
CVT
Bonjour Laurent,
RépondreSupprimerEt merci bravo pour cet article très complet sur l'industrie agro-alimentaire bretonne.
Les déboires de l'industrie des télécommunications viennent en ce moment grossir le dossier avec la fermeture programmée de deux sites rennais spécialisés dans les technologies radio-mobiles de dernière génération.
Il s'agit d'un côté d'Alcatel avec 110 postes. De l'autre, Renesas Mobile, 176 postes, dont les savoir-faire, largement financés par le crédit d'impôt recherche, ont été récemment délocalisés au profit de l'américain Broadcom.
Au moment même où l'actualité brûlante des enjeux de cyber sécurité démontre la vulnérabilité de nos systèmes de télécommunication à l'importation d'équipement étranger, est-il concevable que l'Etat laisse s'évaporer les compétences éprouvées de ces 300 ingénieurs ?
Hélas oui, et cela ne semble choquer personne...
SupprimerEt on apprend de même que France Television va avoir recours à une société privée anglaise plutôt qu'à Météo-France pour ses bulletins.
Ce pays va dans le mur.
Ses ingénieurs restent de bon niveau au niveau mondial, y compris à Météo-France en terme de savoir-faire technique.
Je n'en dirais certainement pas autant de ses médias, de plus en plus nuls.
Mais ce sont les "économistes" à droite, le lamentable cortège des associatifs et des médiatico-politique à gauche, qui mènent la danse.
Tout ce qui marche aura été privatisé et mis en concurrence en dépit du bon sens, à la demande expresse de tout ce qui ne marche pas (économistes, médias, associations à la con, politiques...).
Et que la fête commence.
Merci de l'info. Scandaleux France télévision et les médias collabo qui n'en ont presque pas parlé ... Mais jusqu’où va on aller dans le délire néolibéral avant de comprendre qu'avant le fric il y a aussi la logique rationnelle, l'humain et le réel d'un pays qui se meurt?
SupprimerCe dernier cas montre à nouveau les conséquences désastreuses de l'absence de régulation économique, mais également le détournement des subventions publiques à la R&D contre les intérêts souverains de la Nation.
RépondreSupprimerLe fils d'un ex-collègue vient d'obtenir son doctorat en sécurité informatique, il cherche du travail en Californie...
RépondreSupprimerIl me paraitrait utile d'enseigner un peu de cuisine à l'école et surtout une connaissance des aliments, qualité, goût, comment on produit une viande de goût, un jambon savoureux versus un mauvais jambon plein de flotte et d'additifs. L'alimentation, c'est quand même la base de la vie et ça favoriserait un agro alimentaire de qualité.
olaf
"il cherche du travail en Californie"
SupprimerPeut-on savoir pourquoi il cherche du boulot là-bas plutôt qu'en France? Car j'imagine qu'il s'est formé en France, c.-à-d. aux frais du contribuable français. Remboursera-t-il le coût de sa formation à l'Etat français? Je présume que non, et qu'il n'aura aucun état d'âme, s'en tirant sans doute, pour se donner bonne conscience, avec une pirouette du type: "les Français sont tous des ploucs, j'ai pas d'avenir dans ce pays, etc.". Pour ma part, je considère cette attitude ni plus ni moins que comme une trahison.
Torsade de Pointes
La réalité est plus prosaïque : il n'y a plus de travail en France. Même pour les plus diplômés (cf 'Diplômés des grandes écoles : la grande évasion', Le Monde 9/10/2013).
SupprimerL'Europe est totalement responsable de nos problèmes !!! Elle s'est crue investie de DROITS, mais aucun DEVOIR
RépondreSupprimerElle a engagé nos entreprises dans la voie de la FAILLITE, tout simplement pour ne pas déplaire à la FINANCE, elle a cru bon d'entrer dans la mondialisation ??? Nous n'en avions pas du tout les moyens !!!!
Elle a oublié ses DEVOIRS de PROTECTION des peuples européens...., comme en FRANCE, ou des gouvernances ont laissé faire des INCAPABLES...
SORTONS de ce MACHIN
Article très juste. Une petite remarque cependant, la mauvaise santé de l'agriculture bretonne est aussi due à un problème de positionnement, ils font trop dans la mauvaise qualité surtout dans les filières avicoles (Doux...) ou porcines a un moment ou les consommateurs semblent exiger des produits moins mauvais pour leur santé comme pour l'environnement. Il me semble par exemple que chez les poulets de Loué par exemple qui subissent les mêmes dumpings, mais sont de gamme supérieure, les choses se passent mieux:
RépondreSupprimerhttp://www.entreprises.ouest-france.fr/node/99492
Sinon sur l’agriculture, je me demandais juste si l’expression « concurrence déloyale » est bien adapté, cela voudrait il dire que la solution est la « concurrence loyale » ? Ou doit se situer la concurrence dans ce domaine qui va bien au delà de la fabrication de simples produits de par ses rôles fondamentaux dans la sécurité alimentaire du pays et dans l’aménagement de notre territoire. Doit-on laisser mourir certaines filières pour des raisons de non compétitivité du fait d’ « avantages comparatif » en notre défaveur ? Pour avoir vue, le village familial mourir de la fin de ses agriculteurs, certes surement non compétitif zone de montagne oblige, cela me pose question…
D'accord sur ce sujet la Bretagne a trop joué la piètre qualité et a tentée trop tard un revirement les dégâts sont importants dans cette région . La concurrence quel qu'elle soit nous entraine toujours vers le plus médiocre et le moins disant si nous voulons reprendre notre marche en avant vers la qualité supérieure nous devons aller vers le collaboratif ce qui présuppose un contrôle a nos frontière des produits entrant donc de notre souveraineté .
SupprimerLimpide François Lenglet. Il n'y a aucune perspective pour que la concurrence à bas coût de l'Allemagne s'arrête, comme celle d'autres pays je suppose. On a vendu l'euro avec l'idée que l'union c'est la force, la réalité elle est celle d'une concurrence impitoyable où celui qui ne fait pas du dumping social est foutu. Çà fait pas mal d'années que nos usines ferment en France et ça va continuer. La première action d'une série de mesures consisterait à restaurer la souveraineté monétaire en sortant de l'euro pour dévaluer la monnaie et faire en sorte que le prix de revient des produits fabriqués en France soit moins élevé, autrement la France ne peut pas être un lieu de production et ses industries doivent logiquement fermer.
RépondreSupprimerSaul
Excellent Laurent !
RépondreSupprimerJ' ai un peu parsemé les blogs des grands médias pour mettre en parallèle la filière porcine bretonne et la filière porcine allemande.
C' est très difficile d' être entendu et mes commentaires sont noyés dans la masse.
Le problèmes avec nos médias est qu' ils nous présentent un problème comme local alors qu' il ne l' ai pas.
A propos de la filière porcine allemande, je connais des agriculteurs du Nord de l' Allemagne: ceux sont des business man
Un achète des terres dès la chute du mur dans l' Est et installent des porcheries. Ensuite la logique fait qu' ils investissent dans l' Europe de l' Est , jusqu' en Ukraine : les paysans allemands ont la même logique industriel que leurs industries automobile : utilisez l' Est comme sous-traitant.
Si vous traversez le Nord de l' Allemagne, vous constaterez que presque toutes les fermes sont couvertes de panneaux photovoltaïques, ils développent énormément le biogaz avec leur purins , et adorent les éoliennes.
Lorsque vous discutez avec eux , ceux sont des paysans dans le sens où "un sou est un sou" et s' ils sont dans le renouvelable c' est qu'ils peuvent faire presque 7% de retour d' investissement par an (aide de l' Etat allemand dans le renouvelables )
La filière bois est pareille, après la tempête Cyril , les bucherons ont réussi a vendre leurs bois en Corée et même USA ( pour la constructions ) !!!
Je vais limiter mon commentaire mais c' est bucherons ont fait appellent à des Suisses (car ils ont des machines spéciales ) pour retirer le bois tombé et l' ont exporter à des client hors Allemagne !
PS : un éleveur porcins s' est achetés un avion et à passer son permis de pilotes pour visiter ses exploitations dans l' Est !
@ Olaf
RépondreSupprimerOui, mais attendons de voir à quel niveau ils le fixent. D’accord sur les filières de qualité. Il y en a quand même un certain nombre…
@ CVT
Bien d’accord. Le choix des priorités, alors qu’un agriculteur se suicide tous les jours, est ubuesque
@ Anonyme
Merci. Merci pour cette précision
@ Red2
J’ai mis l’information sur les réseaux sociaux concernant Météo France mais pas encore eu le temps de faire un papier tant l’actualité est riche.
Juste sur la question de la spécialisation. Le haut de gamme est davantage protégé. Juste aussi sur la concurrence : je pense que l’agriculture n’est pas une activité économique comme une autre. Nous devons pouvoir viser une certaine auto-suffisance.
@ Gilco56
Clairement, l’Europe (mais aussi nos dirigeants) sont responsables du fait de la fin des prix de soutiens.
@ Patrice
Juste
@ Saul
Il faut sortir de cette logique mortifère
@ Abdel
Merci. En effet, les filières allemandes bénéficient également fortement du rachat du biogaz, ce que j’avais précisé dans un autre billet mis en lien.
La vraie question de cette Europe perverse est qu'elle et ses citoyens ressemblent à ce mammifère qu'est l'ornithorynque, un animal qui pond des œufs, est doté d'aiguillons venimeux et d'une mâchoire ressemblant au bec d'un canard et d'une queue évoquant un castor. Une curiosité de la nature qui est aujourd'hui protégé, alors que pour nous, ce serait plutôt le contraire, non ?
RépondreSupprimerAu sujet d'agriculteurs ailleurs dans le monde, lisez donc sur le très bon site d'Hervé Kempf, Reporterre, un article intéressant de Pierre Johnson intitulé : "en Colombie, guerre contre les semences au nom du libre-échange".
RépondreSupprimerLes multinationales sont partout et s'appuient sur les accords de soi-disant libre échange. Encore un avatar de la concurrence libre et non faussée au profit des multinationales.
Laurent, pour MOI on ne gouverne pas avec des carottes, des cas particuliers ..., des privilèges et avantages ??? on met en place des mesures, justes et égales pour tous ....
RépondreSupprimerL'action de l'europê et CHEZ NOUS, ce ne sont ques des actions au coup par coup ... J'ai envie de dire à la tête du client. Cela ne va qu'un temps .....
@ Démos
RépondreSupprimerBien d’accord. Merci pour le lien vers le site d’Hervé Kempf.
@ Gilco56
Bien d’accord