Internet
devrait permettre une meilleure information des citoyens, cette fameuse information
parfaite des théoriciens néolibéraux. Mais au final, nous restons trop souvent
pris entre
des enquêtes inquiétantes de journalistes ou associations et les communiqués
rassurants des lobbys. Qui croire ?
Menace
sur notre alimentation ?
Dimanche, France 5
diffusait un reportage sur l’utilisation d’antibiotiques dans les élevages.
Cette pratique a pour but de maximiser les rendements en limitant le plus
possible les pertes. Elle est d’autant plus forte dans les élevages industriels,
où la promiscuité des animaux rend la contamination particulièrement rapide.
Mais cela pose de nombreux problèmes. Tout d’abord, cela
contribue sans doute à l’émergence de souches de bactéries résistantes aux
antibiotiques du fait d’une exposition trop fréquente. Enfin, on ne peut pas
ignorer les risques qu’il y a à utiliser de trop nombreux produits chimiques.
Il y a
quelques jours, c’était
Arte qui diffusait un reportage sur la pêche en eau profonde. Les
journalistes dénonçaient notamment les pratiques de la flotte d’Intermarché,
qui utilise des filets qui raclent les fonds marins, emportant tout sur leur
passage, coraux et espèces menacées. Une pétition demandant l’interdiction
de cette pratique a déjà réuni plus de 600 000 signataires. Les lobbys
s’affairent pour éviter une interdiction de cette méthode dans toute l’Europe.
Il est difficile de ne pas comprendre qu’une telle pêche est totalement
aberrante étant donné son caractère extrêmement destructeur.
Malheureusement,
il semblerait que l’alternative du saumon d’élevage ne soit pas sans poser de
problème. Envoyé
Spécial a diffusé un reportage qui a fait du
bruit dénonçant la présence de produits toxiques dans le saumon d’élevage
norvégien. Les industriels du secteur ont réagi en lançant une
campagne assurant qu’il n’y avait aucun risque. Mais comment savoir qui a
raison ? Du coup, une
autre pétition circule, qui a déjà rassemblé plus de 60 000 signatures,
pour demander à l’Etat de mener une expertise indépendante pour nous assurer de
la non dangerosité du saumon de Norvège.
Un Etat
triplement aux abonnés absents
Cela montre
aussi que les normes sanitairs actuelles sont sans doute insuffisantes. Il est
malheureux que ce soient les associations de consommateur et les journalistes
qui se retrouvent si souvent contraints de faire ce qui devrait être un travail
de service public. L’Etat
devrait être moins perméable aux lobbys et sans doute établir des normes
plus strictes dans l’utilisation de produits chimiques pour notre alimentation.
En outre, il faudrait également mener des études globales qui permettraient de
mesurer l’effet conjugué de l’exposition à plusieurs substances chimiques,
phénomène pas assez pris en compte.
Enfin, il
est totalement inadmissible de continuer des discussions avec les Etats-Unis
pour le traité de libre-échange transatlantique. En effet, plus que
l’abaissement des droits de douane, qui sont bien faibles à ce jour, cet accord
a principalement pour objet de permettre aux produits étasuniens, aux normes
moins strictes que les nôtres, d’entrer en Europe : bœuf aux hormones,
poulets lavés à l’acide… Si les étasuniens veulent manger de la sorte, soit.
Mais nos dirigeants ne doivent pas sacrifier la santé des peuples européens sur
l’autel de quelques lobbys et du sacro-saint libre-échange.
"En tout cas, je tiens à remercier tous ces journalistes qui font un travail de service public remarquable pour informer et alerter l’opinion sur un certain nombre de dérives dans des pratiques ou des produits chimiques potentiellement dangereux pour la santé ou la planète."
RépondreSupprimerVotre article indique que vous n'êtes pas sûr qu'il y ait danger, et défaut de normes. Et, effectivement, on n'en sait rien.
Par exemple, les articles suivants contestent le reportage de France Television sur le saumon :
http://alerte-environnement.fr/2013/11/15/france-television-nous-enfume-t-il-avec-le-saumon-norvegien/
http://alerte-environnement.fr/2013/11/13/agroalimentaire-le-scenario-bien-huile-des-reportages-tv/
Il est donc possible que le travail des journalistes se résume à une agitation vide de sens. Comment, si cela est le cas, parler de service public remarquable ?
Qu'en est-il au juste ? Demandons à un scientifique travaillant pour l'Etat :
http://www.huffingtonpost.fr/jeanfrancois-narbonne/saumon-danger-sante_b_3495809.html
Conclusion provisoire : dans ce cas précis, il me semble :
- que l'Etat, via M. Narbonne, joue son rôle ;
- que la presse ne rend pas un service public, bien au contraire, puisqu'elle crée artificiellement des paniques
- que Laurent Pinsolle s'est fait couillonner, et est dans ce cas précis du mauvais côté de la barrière.
Bien entendu, je suis preneur de toute information complémentaire (et scientifique) sur le cas du saumon norvégien.
Mais, en tout cas, il me semble que ce type de sujet se débat plutôt entre scientifiques que dans la presse généraliste, et qu'une tentation récurrente des journalistes est de jouer sur les inquiétudes pour vendre de la copie.
Il me semble aussi que cela interfère souvent de manière contre-productive sur les choix politiques.
Pour prendre un exemple, dans le cas de l'énergie nucléaire, l'appui apporté à la politique de l'UE (privatisation, quota d'ENR) vient aussi de la diabolisation réussie de l'énergie nucléaire par certains milieux militants.
On peut être opposé au nucléaire civil, etc. Encore faut-il le faire sur la base d'une information exacte.
Lorsque le Monde, lors de la campagne présidentielle de 2012 qui abordait notamment ce thème, prétend qu'il y a eu 1 million de morts suite à Tchernobyl, il est dans le domaine de la manipulation et de la malhonnêteté, car il s'agit là d'un chiffre donné par un unique scientifique ukrainien, alors que le Monde ne peut pas ignorer que les autorités de contrôle du nucléaire des différents pays et l'OMS donnent des chiffres beaucoup plus bas.
En 2005, l'OMS a indiqué 4000 morts en Ukraine et 4000 dans le reste de l'Europe. Que ces chiffres ne soient pas même rappelés dans l'article auquel je fais référence, de 2011, montre bien qu'on est dans le domaine du battage politique, pas de l'information. Et ce battage politique a des conséquences très concrètes en termes de coûts et de politique industrielle.
Prudence, donc, avant de tresser des lauriers au premier clampin venu dénonçant des risques...
Les chiffres de l'OMS ne sont que des projections statistiques fondés sur une hypothèse, l'effet linéaire sans seuil, infirmé par toute les statistiques disponibles:
Supprimerhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Cons%C3%A9quences_sanitaires_de_la_catastrophe_de_Tchernobyl
Et allez c'est repartie pour un tour d'écolo-boboisme.
RépondreSupprimerLes antibiotiques en élevage? En baisse depuis des années (interdiction de l'usage pour la croissance depuis plus de dix ans, prophylaxie, vaccination).
Les saumons norvégiens contaminés? cf l'article du Pr Narbonne.
Dire que l'état ne fait rien sur ces sujets c'est de l'imposture pur et simple. Encore une fois, pourquoi vous ne vous méfiez pas de ces reportages qui jouent avec votre affect alors que sur les questions économiques vous avez apprit à dépasser l'affect européo-naïf?
Le chalutage profond par contre est un sujet très différent. Il existe un consensus scientifique sur les effets négatifs de la pêche au chalut: personne n'a décrit une modalité de pêche au chalut sans effets négatifs durable sur l'environnement. C'est la technique en elle même qui détruit les fonds marins, elle est intrinsèquement mauvaise.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chalutier#Impacts_environnementaux
Ce que défend le gouvernement, sous la pression des pêcheurs, c'est pas la survie de la flotte d'Intermarché (appelons un chat un chat) mais la survie de la pêche au chalut en général. L'UE essaye d'imposer un objectif de 5% de prise accessoire (aka rejeté car non commercialisable) maximum. Hors les chalutiers, du fait de leur conception, ne peuvent être conforme à cette contrainte. A l'inverse la flotte espagnol, plus riche en ligneur et fileyeur, seraient beaucoup moins affectée.
Interdire le chalutage profond aujourd'hui, c'est s'attaquer au reste de la pêche au chalut demain. Hors une bonne partie de la pêche française, notamment bretonne, c'est du chalut. La pêche en UE est géré de façon purement social et court termiste: il ne faut pas trop mettre de pêcheurs au chômage trop vite, même si la ressource est dans un état lamentable et qu'elle aurait besoin de quelques décennies de pause pour ensuite être exploité de nouveau à un plus fort niveau. Et j'ai bien écrit à un plus fort niveau, depuis 20 ans on exploitent des stocks épuisés qui ont un rendement inférieur à leur capacité biologique normal. L'exemple le plus flagrant est le thon rouge: le quotta est de 14 000t, ce qui est trop vu qu'il y a un risque de non régénération du stock de 40%, alors qu'un stock bien géré (en volume et taille de capture) permettrait des captures 2 à 3 fois supérieurs.
http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/actu/d/medecine-resistance-antibiotiques-elevages-intensifs-incrimines-47617/
SupprimerCet article est il bidon ?
Et si nous avons le grand marché transatlantique ? quid
A la vu de votre message Karg se,me vient une question: Devrons nous détruire ce qui rend possible la vie humains sur terre pour être compétitif ou faire plus de fric?
SupprimerSi on doit supprimer le chalut profond pour sauvegarder la ressource, les poissons quoi, il faut le faire. Quand les pécheurs auront péchés touts les poissons de la mer, il seront aussi au chômage... Après le pb doit être traité à une échelle suffisamment mondialisée évidemment pour que les européens ne soit pas les dindons de la farce... parce que si c'est interdire la technique en Europe pour laisser les japonais tout saccager, ce ne sera pas très productif, il y a un vrai problème de non droit dans les eaux internationales aujourd'hui.
Sinon pour le reste et notamment l'usage d’antibiotique, je repose la question: Devrons nous détruire ce qui rend possible la vie humains sur terre pour être compétitif ou faire plus de fric? Parce que quand une bactérie résistante aux médocs et mortelle fera son apparition... et si on continue comme ça avec les antibiotique cela arrivera.
Quel que soit ce que l'on pense la réponse est obligatoirement oui car la vrai cause est la prolifération humaine et si nous ne faisons pas ce qu'il faut c'est a dire baisser la population la réponse de la nature sera la bactérie résistante et mortelle ou une autre merde le sida est une petite bulle d'essai
Supprimerpatrice lamy: votre article parle des USA, leurs pratiques sont différentes (élevages de bovin aux céréales donc en acidose permanente) et ils ont beaucoup plus de problème de E.coli pathogène. Comme le souligne l'article il n'y pas de législation là bas, en UE c'est interdit sans ordonnance et pour accélérer la croissance.
Supprimerhttp://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/09/13/21260-resistance-antibiotiques-animaux-dedouanes
@red2: le problème c'est qu'il y a des ressources faciles à gérer avec les outils actuelles et d'autre impossible à gérer. Les espèces d'eau profonde se placent sans aucun doute dans cette dernière catégories. On pourrait mieux exploiter des espèces à cycle de vie "rapide", qu'on connais bien. Le problème actuel c'est qu'on sous pêche parce que les stocks sont détruit. Il faudrait une politique courageuse et radicale pour permettre une vrai reconstitution des stocks.
@ Anonyme
RépondreSupprimerMerci pour ces liens, qui apportent de l’eau à mon moulin. L’article de Jean-François Narbonne sur le Huffington Post, que j’ai lu intégralement, n’est pas à sens unique. Il montre aussi que les maxima de PCB autorisés, démontrant que les règles évoluent au fur et à mesure. Cet article ne démontre pas vraiment d’erreurs factuelles du journaliste. Il montre aussi qu’il y a un risque avec des doses au-delà des limites pour une petite partie de la population (1 à 4%). En outre, dans le droit de réponse de la journaliste de Rue 89, celle-ci précise qu’étant donné qui finance M.Narbonne, on peut se poser des questions sur son objectivité.
En outre, vous faites mine d’oublier que mon papier pose des questions sans forcément y répondre. Je ne dis pas qu’il ne faut pas consommer du saumon mais que les journalistes soulignent qu’il pourrait y avoir des risques. Je ne dis pas que les journalistes ont toujours raison, mais heureusement qu’il y a des personnes qui remettent en cause certaines certitudes, nous permettant de changer ou pas les réglementations ou les produits que nous consommons. Je trouve que l’Etat n’est pas un rôle plus actif.
@ Karg se
Ai-je dit que la consommation augmente ? Et il faudrait sans doute que l’on continue à la faire baisser. L’article de M.Narbonne n’infirme pas vraiment le reportage d’Envoyé Spécial. Il répond en partie à côté et apporte même de l’eau à son moulin.
@ Red2
Merci. Je suis bien d’accord.
Non sans déconner Narbonne financé par l'industrie? Caillat n'était pas assez vilaine quand il publiait "sang pour sang toxique". C'est juste qu'il est un peu honnête, alors ça change des lanceurs d'alerte (=crieurs au loups) écolo bobo
SupprimerJ'ai signé la pétition contre le chalutage profond.
RépondreSupprimerEsperons qu'elle ait un effet dans les hautes spheres.
En attendant, je boycotte Intermarché.
Talisker.
Bon article de NDA sur BD Voltaire
RépondreSupprimerhttp://www.bvoltaire.fr/nicolasdupontaignan/notre-naufrage-est-lent-et-progressif,42959
et Sapir sur Russeurope
http://russeurope.hypotheses.org/1774
C'est NDA et il n'est pas content
RépondreSupprimeravec raison!
https://www.youtube.com/watch?v=P-ZyNpOWqvE&feature=youtube_gdata_player
L Pinsolle et les autres
RépondreSupprimerprenez donc connaissance de ce dossier sur la pêche aux grands fonds.
la question est certainement plus complexe que la BD pour école maternelle de certains écolos
http://ccsti.org/index.php?page=CCSTI-dossier-maritime7