Stupeur !
La bible des élites mondialisées vient de découvrir que les revenus du travail ne
cessent de perdre du terrain face aux revenus du capital dans le PIB partout
dans le monde. The
Economist en vient à faire un constat quasiment
marxiste, mais les solutions qu’il propose ne le sont pas,
naturellement…
C’est la
lutte finale ?
Sur le
constat, il faut reconnaître à l’hebdomadaire néolibéral une honnêteté assez
stupéfiante. Il dit même que « les
conséquences sont moches. Etant donné que le capital tend à être possédé par
les ménages les plus riches, une part grandissante de la richesse nationale qui
va au capital augmente les inégalités ».
Il souligne que la part du revenu national qui va aux 99% des citoyens les
moins riches est tombée de 60% il y a quarante ans à 50%. En effet, il note
qu’en plus, la forte augmentation des revenus du travail du 1% le plus riche
diminue l’ampleur de la baisse. Il faut rappeler ici que 95%
de la hausse des revenus qui a eu lieu de 2009 à 2012 est allée à ce 1% selon
Emmanuel Saez !
Pour The Economist, « les
explications sont difficiles à cadrer étant donné que la baisse de la part du
travail dans la richesse nationale a lieu dans tant de pays, tous
différents » mais il finit par évoquer l’innovation et la
globalisation, citant l’étude de la Banque Fédérale de New York, qui attribue
pas moins de 85% de la baisse aux importations à bas coûts. Pire, dans
un autre papier dans le même numéro, le journal souligne aussi que « les
profits des entreprises aux Etats-Unis semblent défier la gravité ».
En effet, après avoir atteint les mêmes niveaux qu’avant la crise de 1929
(autour de 10%), ils
ont très rapidement rebondi après la crise de 2008, pour atteindre un
nouveau record, à 11% du PIB.
Des
solutions qui n’en sont pas
En effet, le
marché du travail aux Etats-Unis a plusieurs fois été très dynamique, avec un
faible taux de chômage, et cela
n’a eu strictement aucune influence sur le partage de la richesse nationale,
qui a continué à s’effectuer de manière extrêmement injuste. Ensuite, il est
totalement contradictoire de proposer une baisse de l’imposition sur les
sociétés alors
même que les profits sont au plus haut historique et que l’on montre que le
capital accapare une trop grande partie de la richesse nationale !
Enfin, on comprend que l’harmonisation fiscale se ferait par le bas, en
détruisant l’Etat.
Ironiquement,
The
Economist note que grâce à un marché du travail
beaucoup plus régulé, la part du travail avait atteint 75% en Espagne et 80% en
France dans les années 1970 (époque où la mondialisation avait
un impact beaucoup moins grand). Dès lors, les pièces du puzzle pour corriger
ce déséquilibre (jusque
dans les années 1970, le partage était extrêmement stable), sont faciles à
assembler. Si le constat est mondial, c’est parce que la mondialisation joue un
rôle majeur et qu’il faut revenir dessus pour que les Etats reprennent la main
sur leurs économies et puissent rééquilibrer la situation.
Bonjour Laurent
RépondreSupprimerexcellent billet. Je pense aussi qu'une partie du problème réside aussi à modifier le droit commercial et donner un réel pouvoir de décision aux salariés, notamment dans les grosses entreprises. Il est anormal que les salariés découvrent des bruits de restructuration souvent confirmés par la suite et qu'ils n'aient pas leur mot à dire par rapport aux actionnaires qui peuvent être étrangers ou des banques et des fonds de pension.
Cela limiterait déjà ces LBO qui coulent parfois des entreprises tout à fait viables.
Et retirer le pouvoir de creation monetaire aux seules banques privées ? Jamais le debat - jamais le début d'un débat posément posé.
SupprimerCessez de dire n'importe quoi, et instruisez vous davantage.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerLa solution pour le rééquilibrage : de puissants syndicats.
RépondreSupprimerRappelons que l'hostilité grotesque contre les organisation ouvrières et les corporations de métier est née en France, avec leur interdiction par la loi Le Chapelier du 14 juin 1791.
Même si je pense que nous n’avons pas d’autres choix aujourd’hui que d’avoir des politiques monétaires ultra-accomodantes, (...) Laurent P.
RépondreSupprimerhttp://www.gaullistelibre.com/2013/11/baisse-des-taux-de-la-bce-causes-et.html
DIEU SE RIT DES HOMMES QUI DÉPLORENT LES EFFETS DONT ILS CHÉRISSENT LES CAUSES. - BOSSUET
Pour les idiots qui ne comprendraient pas: pouvoir bancaire règne car il use et abuse du pouvoir de création monétaire.
Qui croit que la BCE/FED/BOJ est indépendante (du pouvoir bancaire) est un idiot, ou un manipulateur voire un demi analyste.
The Economist est obligé de constater l’évidence mais sans vouloir être prétentieux ils ne possèdent pas le "logiciel" qui permet d’interpréter et chercher correctement les causes de cette lente dérive.
RépondreSupprimerQuand on croit que l'investissement est determiné par le cout du capital ou que le chômage ne peut venir que de salaires trop élevés et bien on se trompera toujours dans les analyses macroéconomiques car c'est une vision microéconomique depassée depuis les années 30.
On constate chaque jour la validité des theses de Keynes, l'effet de la demande sur la croissance, la trappe à liquidité etc...Le progrès n'est pas un fait inéluctable il cherche toujours à faire un pas en arrière dans sa marche sous l'effet d'une minorité de grands possédants. La majorité doit donc lutter sans repit contre l'influence, la rethorique des possédants leurs manipulations de l'opinion, si cette majorité veut éviter son asservissement progressif.
Il me semble que cette augmentation des plus nantis qui possèdent des actions correspond à surévaluation du marché boursier, donc est assez friable.
RépondreSupprimerUn effondrement des bourses pas impossible entrainerait une chute massive de la fortune des plus riches. La nature des revenus des 99% et celle des 1% n'est pas comparable en termes de fonctionnement et de variabilité.
olaf
C'est sur que pour celui qui n'a rien ou presque la variabilité est limité...
SupprimerEt encore limité sauf si ce Mr 99% est victime d'un plan "social" dit aussi "licenciement économique".
SupprimerPour les privilégiés, un effondrement du cours des actions entamera leur capital, alors que les revenus de la majorité des 99% peuvent se tarir. Ceux-ci ne disposent d'aucun amortisseur et qu'ils peuvent sombrer rapidement dans la précarité et dans la pauvreté.
SupprimerDécidément, M.Pinsolle, vous avez une ligne politique inédite et intéressante qui pourrait faire pont entre écolos antilibéraux de gauche et souverainistes sociaux de droite.
RépondreSupprimerJe vous invite à visiter le blog que je viens de créer et qui a pour objectif de proposer un tel rassemblement. Je suis convaincu que nous serions alors au diapason du peuple français. C'est le seul moyen selon moi d'enrayer le FN, qui constitue toujours une menace pour la démocratie.
http://1frontplushaut.eklablog.com/
Nous ne sommes plus en démocratie mais quelques part entre l'oligarchie et la ploutocratie et ce n'est pas le FN qui est une menace mais ceci
Supprimerhttp://lesmoutonsenrages.fr/2013/10/30/nouvelle-loi-en-grece-les-opposants-a-lue-risquent-desormais-deux-ans-de-prison/
@Dimitri
RépondreSupprimer"Qui croit que la BCE/FED/BOJ est indépendante (du pouvoir bancaire) est un idiot, ou un manipulateur voire un demi analyste."
Vous pouvez ajouter la banque d'Angleterre qui' apparemment, tire toutes les ficelles
@ André
RépondreSupprimerMerci. Je pense qu’il faut une meilleure participation des salariés à la vie de l’entreprise. L’Allemagne a un fonctionnement dont nous pourrions nous inspirer. Complètement d’accord pour mettre des bâtons dans les roues des LBO, mécanisme extrêmement choquant. Je crois qu’il faudrait aussi rendre plus cher le coût des rachats d’entreprise.
@ Dimitri
Je ne comprends pas bien le sens de votre commentaire. Je suis favorable à une reprise en main de la création monétaire par l’Etat.
Lisez quelques papiers du blog (sur le 100% monnaie, la banque libre, tous les papiers sur les banques ou les banques centrales) et vous verrez quelle est ma position.
@ Toju
C’est un élément, mais pas uniquement. Et il faut le faire dans de bonnes conditions.
@ TeoNeo
Complètement d’accord sur Keynes. Sur The Economist, ils ont un avantage par rapport au Monde, c’est qu’ils sont plus honnêtes sur les constats. Je me souviens que sur le coût de l’immigration, même s’ils sont aussi favorables à l’immigration les deux, The Economist avait fait une présentation qui n’hésitait pas à montrer qu’elle a un coût, notamment dans certains pays, au contraire du Monde qui avait fait une présentation biaisée de l’étude.
@ Olaf
Pas faux, mais tout cet argent n’est pas uniquement en bourse.
@ Démos
Très juste
@ Jauresist
Merci. Je vais regarder.
@ Patrice
Vrai ou faux ? Je ne sais s’il s’agit d’une véritable information ou pas.
@ Cliquet
Parfois, même en étant indépendant, on peut servir, par bulle, conformisme ou paresse, les intérêts de certains, sans même le faire volontairement.
Pas d'accord.
RépondreSupprimerLe graphique que vous reportez (Unrewarding work) montre que les couts du travail ont baissé, mais ceci est une conséquence du chomage. Donc le monde du travail est divisé en deux : ceux qui ont la chance de travailler, qui s'enrichissent grace à l'inflation modérée et aux taux d'intéret modérés, et ceux qui sont dehors.
Pour résoudre le problème du chomage, la solution passe donc par une politique de l'offre: réduction des impots sur les entreprises, et investissements directs de l'état dans l'industrie. Et certainement pas lutte contre la mondialisation car plus il y a du commerce, plus il y a de travail.
The econnomist cite à propos l'Espagne des années 1970 mais il oublie de dire que le Franquisme regnait en maitre encore a cette époque.Et que l'économie Espagnole était organisée sur les bases du corporatisme et sous l’influence de l’église.Quand a la France les lois sur le travail étaient bien moins volumineuses qu’aujourd’hui...Et bien plus stables ...
RépondreSupprimer@ Anonyme
RépondreSupprimerCoupé en 2 ? Il y a 1% de la population qui récupère 95% de la croissance depuis 2009 aux USA. Beaucoup de travailleurs ne profitent pas de leur travail du fait de la libéralisation et de la mondialisation. Un produit importé de plus, c'est un produit local vendu en moins...
@ Anonyme
Je ne l'avais pas vu. Effarant.
"Un produit importé de plus, c'est un produit local vendu en "
RépondreSupprimerVous faites erreur.
Importer un produit fait d'abord travailler la société d'import, qui devrait fermer et licencier si on retournait au protectionnisme.
Cela permet aussi de créer de la demande solvable à l'étranger (dans les pays qui exportent vers nous), et cette demande solvable pourra acheter nos produits, s'ils sont excellents
Consommateurs, import, export, tout le monde s'y retrouve. Les seuls qui craignent à juste titre la mondialisation sont les producteurs de produits médiocres ou absurdement chers, qui voudrait priver les consommateurs de leur liberté de choix, tout comme une dictature à parti unique prive les electeurs de la possibilité de changer de gouvernement.