C’est
toujours le paradoxe de la bible des élites néolibérales. The Economist est parfois un des meilleurs avocats des
carences du néolibéralisme, même si le seul remède qu’il voit à ses
défauts, c’est toujours plus d’anarchie économique. Nouvel exemple avec ce
papier sur la bulle du prix des actifs.
La
dérèglementation produit des bulles
Il est
piquant de lire dans The Economist
des analyses finalement très proches de celles de Keynes et de ceux qui l’ont
inspiré, voir d’auteurs encore plus à gauche, comme
Frédéric Lordon. Pourtant, dans sa description des mécanismes qui expliquent
les bulles, l’hebdomadaire anglais pointe tous les défauts que l’on attribue
habituellement à la déréglementation. Dans
un second papier, l’hebdomadaire cite une étude de deux économistes de
l’université Washington à Saint Louis, qui attribue le niveau de l’épargne à
l’augmentation des inégalités, les plus riches économisant davantage. Cela a
été compensé jusqu’en 2007 par l’augmentation du niveau d’endettement des 95%
moins riches.
Il explique
aussi les bulles à la façon dont sont recompensés les dirigeants des
entreprises, qui les pousse à des programmes de rachat d’action. Il souligne
aussi le rôle des excédents commerciaux des émergents, qui créent une épargne
qui doit se recylcer, augmentant la demande d’investissements. Etonnament, il
explique les bulles par la mondialisation : « il
n’est pas vraiment surprenant de trouver que plus de bulles ont été gonflées
car les investisseurs se sont précipités tout autour de la planète »
alors qu’habituellement, il soutient que la mondialisation permet de réduire
les risques. Puis, on y trouve toute la critique classique des keynésiens
contre les esprits animaux des marchés. Enfin, il dénonce un système bancaire
où la montée des cours nourrit l’endettement, et inversement.
Une bulle
qui n’est pas encore mûre
La synthèse
tient dans le premier titre : « pas
totalement gonflé ». Rejoignant mon
analyse d’un krach à moyen terme, ils soulignent que si les prix sont
élevés, ils n’ont pas encore atteint le point d’inflexion où la bulle se
dégonfle. Robert Schiller, récent prix Nobel d’économie, note que la
capitalisation de Wall Street représente 25 fois les bénéfices actuels, soit
bien plus que la moyenne historique de 16,5, mais moins que les pics de 2001 ou
2008. Pire, avec
des profits au plus hauts dans le PIB, il juge que toute progression future
devrait être limitée, ce qui rajoute à ses craintes. Les records de prix dans
l’art ou la
spéculation autour de Bitcoin sont également des symptômes typiques de
bulle.
Merci en
tout cas à The Economist de confirmer
tant d’arguments des
critiques de l’anarchie néolibérale qu’ils défendent pourtant toujours
aussi dogmatiquement. Quand on dit que les marchés fonctionnent mal, on peut
paradoxalement amplement citer leur premier promoteur.
J'ai bien aimé également l'article sur les investissements publics...
RépondreSupprimerSurtout l'intérêt de placer quelques copains à des postes bien rémunérés ...
RépondreSupprimer"The Economist est parfois un des meilleurs avocats des carences du néolibéralisme, même si le seul remède qu’il voit à ses défauts, c’est toujours plus d’anarchie économique."
RépondreSupprimerDe même que Diafoirus, en voyant tous les symptômes de l'anémie, n'y trouvait qu'un seul remède : la saignée.
@ BA
RépondreSupprimerCf mon papier du jour…
@ Rodolphe
En effet. La comparaison est très bonne.