Comme à
chaque sommet, nous avons droit aux
déclarations enthousiastes de Pierre Moscovici qui annonce dans le Monde que les décisions prises sont
historiques. Par-delà le ridicule qu’il y a à dire cela à chaque sommet,
l’analyse détaillée des détails de l’accord démystifie ses déclarations.
La grande
illusion de l’union bancaire
Pour être
honnête, tout n’est pas à jeter dans l’accord
sur l’union bancaire. Il est sain, par exemple, de partir du principe que
les actionnaires et les créanciers doivent être les premiers contributeurs. C’est
un principe beaucoup plus sain que les
1000 milliards d’euros prêtés à 1% par la BCE aux banques de la zone sans la
moindre contre-partie. Il n’est pas normal que le secteur bancaire ait
droit à une ligne de crédit bon marché pour la protéger de ses erreurs. Mais de
cela, l’accord sur l’union bancaire ne dit rien et cela est dommage car du
coup, il laisse à la BCE toute lattitude pour aider les banques.
Et
par delà le fait que l’Allemagne ait obenu tout ce qu’elle voulait, cet
accord pose trois problèmes qui ont été assez peu identifiés. Le premier, c’est
que l’UE met en place un mécanisme de résolution d’une crise bancaire sans
traiter les causes de ces crises. En clair, elle traite les conséquences et non
les causes. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir eu du temps – cela fait plus
de cinq ans que la crise financière s’est déclenchée – ni même d’exemples – les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la Suisse ayant produit des réglementations
spécifiques additionnelles aux normes Bâle 3.
Mais le
point le plus incroyable qui n’a pas été identifié, c’est que le mécanisme mis
en place serait inutile en cas de crise systémique comparable à celle de 2008.
En effet, rien n’empêche le jeu de dominos des faillites car les banques sont
créancières les unes des autres et la faillite d’une d’entre elle aurait des
conséquences pour toutes les autres. En outre, la
mise en place d’un fonds de 55 milliards (sur 10 ans) est le summum du
ridicule quand
on sait que cela ne couvre même pas la facture de la crise bancaire espagnole.
Enfin, l’institutionalisation de la saisie d’une partie de l’épargne est
choquante.
« L’austérité
acte III »
Romaric
Godin, journaliste à la Tribune, qui
rend compte de manière pédagogique et vivante des sommets européens a bien
raison de parler d’une « austérité
acte III ». En effet, ce ne sont pas les quelques milliards
d’investissement, dérisoire à l’échelle de nos économies, Krugman ayant parlé,
avec justesse, de « pistolet
à eau contre un rhinocéros qui charge », qui vont changer quoique
ce soit. Et il est effarant que l’on parle encore d’ajouter de nouveaux
mécanismes austéritaires, sachant qu’il en existe déjà le six pack, le two
pack, et le TSCG, pas
moins de trois camisoles budgétaires pour les Etats.
Mais ce que
l’Allemagne veut… A mille lieues des espoirs délirants du PS, le
SPD s’est aligné sur la position très dure d’Angela Merkel dans leur contrat de
gouvernement. Cela veut dire que jusqu’en 2017, le seul et unique souci de
Berlin sera de récupérer l’argent avancé par les fonds européens pour éviter de
déclencher les garanties auxquelles elle s’est engagée. Ce n’est pas incompréhensible,
mais cela montre aussi que l’euro pousse à des politiques délirantes,
l’Allemagne demandant aux pays « aidés » de baisser leurs salaires et
leurs dépenses alors qu’elle fait exactement l’inverse à domicile !
Oui, tout cela est vrai. Comment en sortir?
RépondreSupprimerL'inventaire des forces en présence n'est pas en notre faveur.
Pourtant, je suis persuadé qu'une part importante, voire même une majorité de nos concitoyens, pense comme nous.
Le problème est que personne n'arrive à les rassembler. Cela me fait penser à la bataille d'Alesia ou les Gaulois avaient l'avantage du nombre mais leurs divisions les ont fait perdre.
Pierre Moscovici devrait pouvoir se recycler un jour en artiste de variété et chanter sans problème la chanson « Tout va très bien, Madame la Marquise » :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=T5WdpSPeQUE
Bon, il n'est pas le seul à être dans le déni de la réalité et à nous mener en bateau, c'est le cas de de tous ceux qui nous gouvernent, du PS, comme de l'UMP, etc. Espérons qu'il y aura ( en quelque sorte) assez de canaux de sauvetages quand le bateau va couler :
http://a400.idata.over-blog.com/1/94/09/10/Titanic-huile-sur---toile-de-Martine-Calvayrac.jpg
Saul
"l’Europe va dans le mur et accélère ! "
RépondreSupprimerEt c'est tant mieux il n'y a plus d'autres façons de s"en débarrasser
Répétita : bis, triple etc....
RépondreSupprimerPlions nos gaules et partons, à quoi celà nous sert de jouer les perroquets. Comme celà on n'avance pas, on laisse continuer le train de la défaillance....
La guérilla, Messieurs les chefs de guerre, est un moyen efficace de faire face aux sous effectifs ....
Comme la résistance en 40....
HELAS, il nous manque charles de Gaulle qui avait bien raison de prendre les français pour des veaux, enfin, la majorité des français car il reconnaissait la valeur de ses fidèles "résistants"
OU SONT ILS ces valeureux combattants, qui se sont battus, mais pas récompensés, les récompenses étant revenues à d'autres qui, en ont profité !!!
La même image aujourd'hui ????
Le problème, c'est qu'en plus de l'UE c'est nous qu'ils mènent dans le mur !
RépondreSupprimerAutre sujet : J'ai appris que le 13 décembre, Jean-Marc Ayrault à annoncé le lancement de la « charte européenne sur les Langues régionales » ! Après le rapport sur l'inclusion voilà ce qu'il nous sort de son chapeau, c'est aberrant. Il est vraiment pro-communautariste. J'en ai encore la chaurée ! Pinsolle, tu devrais peut-être faire un papier sur ça si ça t'intéresse, mais j'ai l'impression que ce sujet divise.
Levelche
@ Levelche
SupprimerEt alors ?
Les autres sujets traités par Laurent Pinsolle divisent de toute façon.
Il ne nous parle pas de la météo de la veille, sujet sur lequel tout le monde tombera d'accord.
Ivan
@ Cliquet
RépondreSupprimerOui, mais l’initiative ne viendra pas forcément de la France…
@ Saul
C’est juste
@ Patrice
Pas faux
@ Levelche
Je crois que Laurent de Boissieu a fait de bons papiers dessus. En ce moment, j’ai trop de sujets à traiter. Si j’avais le temps, je pourrais faire 2 papiers par jour…
Pas sûr que ce soit un sujet qui divise. Au contraire, je pense que tous les lecteurs du blog seront d’accord, au contraire de certains sujets que je traite
Je suis sûr que vous pouvez faire mieux car il me semble que dans ce papier :
Supprimerhttp://www.ipolitique.fr/archive/2013/12/15/charte-europeenne-des-langues-regionales-ou-minoritaires.html
Laurent de Boissieu est passé à côté du vrai problème : la reconnaissance des langues régionales impliquerait qu'un citoyen français, même dans le public ce qui est encore plus scandaleux que dans le privé, pourrait se voir refuser un emploi au motif qu'il ne maîtrise pas le patois du coin.
C'est purement et simplement révoltant.
J'ajoute que les programmes scolaires ne seraient plus nationaux.
Quand ses parents déménagent, un enfant verrait le programme changer. Il ne terminerait pas l'apprentissage de l'alsacien et prendrait celui du breton en cours de route, par exemple.
Il faut vraiment nourrir une haine féroce contre la France et le peuple français pour soutenir la ratification de cette charte.
Ivan
Merci pour ces précisions. Jusqu'à tout récemment, je ne connaissais pas Laurent de Boissieu.
SupprimerLevelche
Cher Laurent,
RépondreSupprimerSans vouloir être désagréable, je me pose la question si vous disposez de compétences dans le secteur financier et en particulier obligataire ? C'est juste une question, et pas une affirmation ...
Dans le cas de la négative, alors je comprends mieux votre affirmation : "Il est sain, par exemple, de partir du principe que les actionnaires et les créanciers doivent être les premiers contributeurs. "
Dans ce projet d'union bancaire la mise à contribution signifie prendre ses pertes pour un créancier obligataire et pour un actionnaire cela revient un peu au même, dans le sens où la liquidation des actifs de la banque pour honorer ses engagements (surtout envers les clients) reviendra à réduire à quasiment rien la valeur de leurs actions.
Par conséquent, avec une telle déclaration on ne fait que répéter qu'en cas de faillite certains, au moins, perdront beaucoup.
Au-delà de cette gesticulation verbale autour de ce projet d'union bancaire, il est regrettable que la zone euro n'est pas pu s'accorder sur un mécanisme de type LTRO sur 5 ans que la BCE aurait pu mettre en place à concurence de 1000 milliards.
Ceci aurait permis à des établissements bancaires détenus par les Etats (La Poste, la CdC ...) d'accéder rapidement et massivement à ces fonds pour qu'en cas de situation d'urgence reprendre une banque en faillite par absorbtion de tous ses clients-déposants, et ensuite gérer la liquidation de la partie investissement (BFI) qui spécule sur les marchés, et qui devrait être à l'origine de la faillite de la dite banque.
La BCE étant un bien commun de la zone euro, alors elle jouerait son rôle pour sauvegarder les biens des clients-déposants, mais sans pour autant venir en aide aux activtés spéculatives (pas d'aléa moral donc) ...
Cela ne couterait pas grand-chose mais serait extrement profitable quand à la sérénité des clients afin d'éviter un bank run généralisé dès que la première banque va tomber en 2014 ...
Encore là une preuve que les gens qui décident pour nous n'ont aucune compétence sur les sujets pour lesquels ils décident.
Cdlt,
JPL
@ Ivan
RépondreSupprimerSi vous avez d’autres liens sur le sujet, je suis partant pour faire un papier. Il me semble que Laurent en avait parlé bien avant, même en 2007 lors de la campagne présidentielle…
@ JPL
Avec les programmes de type LTRO, on évite justement que les actionnaires et les créanciers des banques prennent des pertes, en finançant de manière préférentielle les banques privées. Même si de tels dispositifs pourraient peut-être se justifier de manière très temporaire en cas de grave crise financière (type automne 2008), je trouve cela totalement anormal en dehors de telles circonstances. L’Etat (potentiellement via la BC) doit recapitaliser et restructurer ensuite.
Il est bien évident que cela revient à faire perdre beaucoup à certains, mais si cela permet aussi des comportements plus prudents, cela ne serait pas un mal (sur le principe, je pense qu’il faut une refonte complète du système financier). Après, j’ai conscience que cela ne prévient un risque de crise systémique.
Le problème de la BCE est que c’est une BC de plusieurs pays, donc comment repartir les engagements et les interventions ? En outre, une politique unique ne peut pas aller à des pays aussi différents. Il est normal que les Allemands, créanciers de dernier ressort de la zone euro, n’acceptent pas des engagements illimités de la BCE.
En revanche, d’accord sur le fait que ceux qui nous gouvernent sont des incompétents. L’accord est absolument ridicule.
@ Laurent Pinsolle
RépondreSupprimerVous trouverez sur wikipedia (à la fin) la liste des 39 engagements qui concernent la France dans cette charte :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_europ%C3%A9enne_des_langues_r%C3%A9gionales_ou_minoritaires
La discussion se poursuit sur le blog de Laurent de Boissieu :
http://www.ipolitique.fr/archive/2013/12/15/charte-europeenne-des-langues-regionales-ou-minoritaires.html?c
Cordialement,
Ivan