Billet invité, inaugurant le passage du blog en mode collectif
La Politique Agricole Commune -PAC- a été mise en place dans les années 1960 pour répondre aux objectifs fixés par le traité de Rome : accroître la productivité de l’agriculture ; assurer un niveau de vie équitable à la population agricole ; stabiliser les marchés ; garantir la sécurité des approvisionnements ; assurer des prix raisonnables aux consommateurs. Ces objectifs ont été repris tels quels en 2007 dans le traité de Lisbonne, bien que l'Union Européenne les ait abandonnés quinze ans auparavant pour ouvrir le marché européen sur le marché mondial et favoriser l'inclusion de l'agriculture dans une économie marchande globalisée.
A l'origine, un des instruments principaux de la PAC consistait en prélèvements aux frontières destinés, non pas à fermer le marché européen, mais à compenser les différences de coût de revient avec des pays où les contraintes techniques, sociales et environnementales sont bien inférieures à celles imposées aux agriculteurs européens.
En 1992, suite à l'accord de Marrakech créant l'Organisation Mondiale du Commerce -OMC-, ces prélèvements ont été supprimés. Pour compenser la baisse des prix, l'UE a mis en place un dispositif d'aides directes assis sur les surfaces consacrées par l'agriculteur aux principales productions, notamment céréalières.
D'ailleurs, les USA ont fait machine arrière au bout de deux ans, en revenant à des aides "contra-cycliques", liées à la situation des marchés et donc aux pertes réellement subies par les agriculteurs. Par contre, la Commission européenne a persisté dans son schéma lors de la révision de 2008, pudiquement qualifiée de "revue de santé" de la réforme de 2003. Cette nouvelle réforme a consisté en : une réduction générale du montant des aides ; un durcissement des contraintes environnementales pour en bénéficier, au motif de rendre ces aides plus acceptables par l'opinion publique et de pouvoir mieux les justifier dans les négociations internationales ; mais aussi en la poursuite de la libéralisation du secteur, en supprimant les derniers instruments de régulation, notamment les quotas laitiers, dont la disparition progressive est programmée d'ici à 2015.
Le cadre adopté par le Conseil européen en 2013 pour la PAC répond à la même logique, puis qu'il prévoit : une réduction de 14% des crédits pour la période 2014-2020 par rapport à la période précédente ; un nouveau durcissement des conditions environnementales dont va dépendre 30% du montant des aides ; la confirmation du refus de maintenir ou de rétablir les instruments de régulation des marchés.
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L'évolution de l'agriculture française au cours des quarante dernières années s'inscrit dans ce contexte de concurrence exacerbée qui se traduit notamment par la pression constante que l'industrie de transformation, elle-même poussée par la distribution, exerce sur les prix. Le "productivisme" souvent reproché aux agriculteurs leur est imposé par le système. De 1970 à 2012 le nombre des exploitations agricoles a été divisé par trois et celui des actifs agricoles par quatre.
Les comptes de l'agriculture sont le reflet de cette situation et de la capacité de résistance ou d'adaptation des différents secteurs à cette pression. Pendant cette période 1970 - 2012 la part des productions végétales s'est maintenue à 54% des ressources de la "ferme France", alors que la part des productions animales diminue de 42% à 30%. Il n'y a pas de meilleure illustration de la crise de l'élevage, handicapé par des conditions de travail astreignantes et des cycles de production longs le rendant plus vulnérable aux aléas du marché. Dans le même temps, la part des subventions dans ces ressources disponibles pour les agriculteurs a augmenté de 1% à 11%.
La marchandisation de l'activité agricole se traduit également par l'augmentation des consommations intermédiaires de 40% à près de 60% de la valeur de la production agricole pendant la même période. Parmi ces consommations intermédiaires, trois postes significatifs augmentent proportionnellement deux fois plus que la moyenne : l'énergie ; les produits phytosanitaires ; les dépenses vétérinaires (alors que la part de la production animale diminue, c'est une illustration supplémentaire des difficultés de l'élevage liées aux problèmes sanitaires des grands troupeaux et à la fragilité des animaux plus productifs).
La hausse des consommations intermédiaires a entraîné mécaniquement une érosion de la valeur ajoutée et des résultats : le "résultat agricole", calculé avant rémunération des salariés, est ainsi passé de 48% du produit d"exploitation en 1970 à 33% en 2010. La réduction de la valeur ajoutée entraîne aussi une fragilité du résultat face aux fluctuations du marché. En 2013, une baisse de 3,8% de la valeur de la production a entraîné une diminution de 16,4% du revenu par actif.
En effet, en plus de l'évolution tendancielle déjà décrite, le secteur agricole est confronté à une volatilité croissante des prix, liée à la mise en relation sans précaution du marché européen et du marché mondial. Le graphique ci-dessous illustre l'évolution du résultat courant avant impôt en France. Ce résultat représente ce qui reste à l'agriculteur pour rémunérer son travail et son capital. Une relative stabilité jusqu'en l'an 2000 a été remplacée par des fluctuations de grande amplitude.
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Les dispositions arrêtées pour 2014 – 2020 ne peuvent qu'accentuer ces difficultés en réduisant le montant des aides et en rendant plus difficile leur obtention, tout achevant l'élimination des dernières mesures de régulation des marchés et en poursuivant l'ouverture aux produits extérieurs grâce à des accords bilatéraux en particulier l'accord transatlantique. La diminution inévitable du revenu des agriculteurs se traduira par une réduction supplémentaire de leur nombre et par une nouvelle diminution de l'auto-approvisionnement alimentaire de l'Europe.
Il faut rompre avec cette logique néo-libérale en rétablissant une protection raisonnable aux frontières et en réactivant des outils de régulation du marché et de maîtrise de la production qui ont fait leur preuve, comme les quotas laitiers et sucriers ou les droits de plantation viticoles. Ce retour aux sources bénéficiera aux agriculteurs qui obtiendront des prix rémunérateurs leur permettant de vivre de leur travail. Il bénéficiera également au consommateur en garantissant son approvisionnement à long terme et en lui assurant de disposer de produits alimentaires sains et d'origine garantie.
Jean-Louis Porry
Si l'on veut une éco-agriculture moins polluante et nécessitant moins de pétrole, il faudra bien réguler.
RépondreSupprimerIl faut surtout des solutions techniques adaptés à chaque contexte agronomique, et c'est très loin d'être le cas. Il faut aussi accepter d'en finir avec la totem de l'agriculture biologique, une vrai escroquerie.
SupprimerJe parle d'agriculture écologique qui correspond à une adaptation selon les terroirs, ca n'a rien à voir avec l'agriculture biologique...
SupprimerCe que vous souhaitez n'existe pas, c'est en gestation, ça ne peut pas être un programme politique en soit, au stade actuel le seul programme politique acceptable serait d'aider l'expérimentation et la diffusion des techniques. La transition sera progressive, les agriculteurs ont besoins de temps car leurs outils de production n'a rien à voir avec une usine à qui on imposerai des normes.
SupprimerBienvenue Jean-Louis Porry !
RépondreSupprimerTalisker.
C’est une idée merveilleuse d’avoir deux thématiques aujourd’hui l’une sur « l’industrie » et l’autre sur « l’agriculture » parce que souvent la fragmentation des sujets fait oublier l’universalité des solutions.
RépondreSupprimerIl est indéniable que l’Agriculture souffre d’un manque de compétitivité. Et cette compétitivité souffre de deux causes, comme dit dans mon commentaire sur le billet précédent.
Pour la première cause LP est parfaitement en accord avec moi (point 4 de mon commentaire du samedi 25): La solution est : pour retrouver la compétitivité nous devons échanger nos biens et nos services entre nation en valeur de productions sans se faire payer réciproquement nos modèles sociaux respectif.
Pour la deuxième cause, la parité des monnaies : en ce qui concerne l’Europe, la PAC y remédie ; Reste à ce que la redistribution de la Pac soit équitable entre agriculteurs. Mais encore, puisque LP est d’accord sur le point 2 de mon commentaire du samedi 25, il parait tout à fait possible que les nations, entre elles, privilégient les proximités et fassent des échanges négociés et équilibrés entre elles en fonction de leurs caractéristiques particulières, en y inclus d’autre domaine que l’agriculture.
Une particularité de l’agriculture est la course à la productivité. Doit-on aller vers plus ou moins ? Peut-être les deux dans des secteurs différents ? Mais cela dépend, avant tous, au niveau mondial, de la démographie. Peut-on se permettre de ne pas maitriser sa croissance démographique ?
Ce problème de compétitivité est aussi le présent sujet du blog de NDA « le plateau des 1000 vaches» Il est difficile d’y répondre. On peut, toute fois, s’entendre sur un point : les agriculteurs doivent être les architectes de nos paysages. Mais je ne sais s’il faut choisir les pâturages ou faire cohabiter les pâturages avec la production, dans nos champs, de la nourriture de nos vaches en stabulation.
Nous venons de lever les obstacles qui depuis plus de 30 ans, plus particulièrement depuis 1981, ont plombé notre compétitivité suivit par ses effets induits.
Pensez-vous qu’en enlevant cet obstacle, pour faire des échange uniquement avec des prix de production vous allez refaire ce que quarante année ont défait ?
Si vous êtes un réaliste vous dites : non !
Si vous êtes hollandistes : vous dites oui ! C’est pour que FH demande aux entreprises des contre-partis, pour avoir, d’abord, organisé par des causes structurelles le manque de compétitivité, puis, aujourd’hui, par d’autres mesures supprimer une partie des effets en gardant les causes originelles. Ce qui est regrettable c’est de voir dans des blogs des commentaires qui dénoncent FH mais sont en accord avec ses mesures, notamment : les contre partis demandez à des entreprenants, sans savoir, au préalable, comment relancer la machine, devant laquelle on n’a fait, dans la réalité, qu’ouvrir une porte.
Sur ce point pourrais-je savoir comment LP relance la machine ?
Unci TOÏ-YEN
Excusez-moi.
RépondreSupprimerDans mon précèdent commentaire j'ai commis une erreur.
Quand je dis que FH a ouvert une porte en trouvant une mesure pour regagnez la compétitivité perdu: c'est faux c'est moi qui propose. lui cherche encore la clef pour l'ouvrir mais pas avant de connaitre les contre partis, ce n'est que dans le cas d'un accord qu'il ouvrira UNE porte sera t'elle la bonne?
Vous le saurez dans un prochain épisode.
Mais peut être qu'un autre parti à cette clef ( Point 3 et 4 de mon commentaire du samedi 25) il peut ouvrir la porte de la compétitivité. Lui reste à mettre la machine en marche pour lui faire traverser la porte.
Unci TOÏ-YEN
Unci TOï-YEN
RépondreSupprimer"C’est une idée merveilleuse d’avoir deux thématiques aujourd’hui" et ça en fait au moins trois avec la vôtre. Si vous avez un dictionnaire ou peut-être préférez-vous Internet ? je vous invite à rechercher "logorrhée" et "synthèse". Essayez, vous verrez. Et je suis sûr qu'on aura envie de vous lire.
l'agriculture, l'énergie, les médicaments...sont des produits de base, sur lesquels il est souhaitable de minimiser la dépendance envers des tiers.
RépondreSupprimerKarg se29 janvier 2014 09:00
RépondreSupprimerCa existe mais vous l'ignorez.