Jeudi soir, j’étais
invité sur France 24 pour débattre de l’ouverture à la Roumanie et à la
Bulgarie du marché du travail de l’Union Européenne. L’occasion de constater
à quel point les défenseurs de cette ouverture manquent cruellement d’arguments
pour la justifier auprès des citoyens.
Une
ouverture indéfendable ?
C’est
l’impression avec laquelle je suis sorti de ce débat avec mes contradicteurs.
Aucun des arguments qu’ils ont pu avancer ne m’a semblé bien tenir la route.
Yves Pascouau, du Centre Politique Européen a avancé la démographie pour
justifier l’ouverture des frontières, comme
la commissaire européenne en 2012. Mais cet argument ne tient pas une
seconde. S’il peut être envisagé pour un pays comme l’Allemagne, où la
population recule et où le taux de chômage officiel est relativement faible, il
est absurde pour la France, où la population augmente et où
le taux de chômage est au plus haut.
Ce faisant,
cela démontre également qu’il est absurde d’avoir une politique européenne
unique pour les questions migratoires étant donnée la très grande diversité des
pays européens. Chaque pays doit avoir une politique spécifique, et par
conséquent, des frontières nationales pour le permettre… Ensuite, mes
contradicteurs ont affirmé que
l’afflux de travailleurs roumains et bulgares serait limité, mais The Economist, qui
soutient cette ouverture, a rappellé que les quelques dizaines de milliers
de polonais qui étaient attendus ont finalement été un demi-million à venir en
Grande-Bretagne.
D’ailleurs,
l’explosion du nombre
de travailleurs détachés ou de la délinquance de ressortissants d’Europe de
l’Est (une
récente étude affirme que près de 10% des vols en France sont le fait de personnes
d’origine roumaine ou des Balkans) contredisent ce discours angélique. Bien
sûr, une majorité des immigrés est sans doute animée des meilleures intentions,
mais le contexte actuel rend difficile leur intégration au marché du travail.
Et cette ouverture anarchique profite également aux délinquants et au tourisme
social. Enfin, s’il y a un manque de travailleurs dans certaines professions,
la solution la plus logique, avec
cinq millions de chômeurs, est quand même d’améliorer l’orientation et la
formation.
Toujours
plus d’harmonisation par le bas
Mais cette
affirmation pose de graves problèmes. D’abord, c’est
l’UE qui a plongé ces pays dans la crise. Ensuite, il est tout de même
horrible d’imposer aux populations l’exil de leur pays pour trouver un travail,
un signe de régression sociale majeure. Enfin, tout ceci affaiblit les pays
d’où la population part, comme le montre le cas extrême de Détroit à l’échelle
d’une ville. Enfin, comment ne pas voir que cela risque de pousser à une
course au moins-disant et à une harmonisation qui sera défavorable aux pays les
plus riches, avec un salaire minimum dix fois plus bas à Bucarest et Sofia
qu’à Paris…
En pleine insécurité
économique et culturelle, et difficulté dans l’assimilation des populations
étrangères déjà présentes, il
faut faire une pause dans les flux migratoires, tout en tenant un discours
intégrateur mais aussi inflexible sur les valeurs de la République. Encore
une fois, l’UE, mais aussi le PS et l’UMP ont tout faux.
L'argument de la démographie est effectivement ridicule car la Bulgarie et la Roumanie ont des graves problèmes démographiques eux aussi. Ceci dit Laurent Pinsolle la majorité des bulgares et des roumains qui devaient partir sont allé en Italie ou en Espagne, par contre vous devriez vous intéresser à l'accord qui prévoit l'abolition des Visas pour la Turquie avant 2017 en échange de la réadmission des clandestins, la Turquie a fait chantage en laissant passer les clandestins vers l'UE. Celui-ci me semble bcp plus grave.
RépondreSupprimerL'attitude des conservateurs britanniques sur cette question est totalement hypocrite. D'un côté ils s'opposent à la libre installation de la main-d’œuvre roumaine et bulgare dans leur pays mais de l'autre ils ne veulent pas remettre en cause la directive sur les travailleurs détachés.
RépondreSupprimerOr la seule chose qui soit pire que des immigrés concurrençant la main-d’œuvre nationale en respectant la législation sociale et fiscale du pays d’accueil ce sont des détachés dispensés de la respecter et autorisés à livrer une concurrence déloyale aux travailleurs autochtones.
Comprenne qui pourra.
Ivan
@ Ivan
RépondreSupprimer"Comprenne qui pourra." l’explication est malheureusement simple : les politiciens ciblent des boucs-émissaires, en désignant telle ou telle groupe migrant visible.Ils exploitent les conséquence de la politique néolibérale de dérégulation du marché du travail, mais ne contestent pas cette politique elle-même.
Pour exprimer la chose autrement : l'ouverture des vannes migratoires et la stigmatisation des immigrés ne sont pas deux politiques différentes : c'est une seule et même politique de division et de destruction du peuple.
je pense quant à moi que le mieux serait de s'étendre sur la sortie de cette europe là !!! car sans celà, nous serons toujours quoi qu'on nous en dise, victi+e de cette U.E., qui n'est pas faite poru le PEUPLE, mais sur le dos du PEUPLE. En ce qui nous concerne sur le dos du peuple FRANCAIS
RépondreSupprimerUn excellent résumé de la situation, comme souvent.
RépondreSupprimerAinsi parler du coût de l'immigration n'a aucun sens en soi, il dépend toujours du contexte dans lequel on se trouve. Dans un pays comme l'Allemagne, où la démographie est faible, l'immigration est une aubaine car l'immigration permet de faire des économies aux deux parties les plus coûteuses de la vie, d'abord dans l'éducation (les immigrés ne sont pas pris en charge par la collectivité) ensuite en fin de vie, car de nombreux immigrés repartent dans leur pays d'origine (le coût de la santé y est plus faible). A contrario, en France, où la démographie est saine et où il existe un fort chômage, l'immigration est coûteuse en emplois.
Ainsi, vous avez raison de dire qu'on ne peut pas avoir de politique migratoire commune. Ce qui fait l'intérêt des uns constitue une gène pour les autres. Ici, comme dans d'autres domaines, les politiques doivent rester nationales.
L'Européisme s'enfonce tout seul. Au-delà des péripéties en tout genre qui nous attendent, il aurait fallu réfléchir à la reconstruction. Allons-nous reconstruire une France pour tous (Français, Français et immigrés légaux) ou une France basée sur le diplôme?
RépondreSupprimerDupont-Aignan reste collé à près de 10 000 militants depuis cinq ans maintenant, le FN serait passé de 23 000 à près de 70 000 en deux ans. Le chevènementisme se meurt. Quelque chose fait que les idéaux républicains n'attirent plus. Il aurait fallu l'analyser pour avoir une chance de surmonter le problème.
jard
Bonjour à tous
RépondreSupprimermême en Allemagne cela pose des problèmes, de ce que j'ai vu sur la chaine ARD le CSU emet de grosses réserves.
Cela dit que d'hypocrites, tous les partis au gouvernement là-bas se sont prononcés pour cette ouverture des frontières!
Tant que ceux qui prennent les decisions ne sont pas ceux qui subissent les consequences de ces decisions les fardeaux vont s'accumuler sur le dos des plus faibles.
RépondreSupprimerD'ou le besoin d'une reflexion sur la democratie dans nos pays.
Est ce que les decideurs politiques sont réellement responsables devant le citoyen ? Est ce que les assemblées sont réellement représentatives de la population ? Avant d'aller faire la leçon aux syriens ou aux venezueliens est ce que nos europeistes de carriere seraient capable de répondre à ces questions ?
@ Pinsolle
RépondreSupprimerLes polonais sont arrivé en masse aux RU parce que le pays leur a ouvert les portes avant tout les autres, l'Italie a ouvert les portes au roumains il y a un million de roumains en Italie, donc rien à craindre de cette ouverture et de toute façon vous ne pouvez pas la bloquer, en revanche on peut encore bloquer les accord de la Turquie pour la levée des Visas en 2017.
Ce que les technocrates et les politiciens européistes sont en train de provoquer en menant une politique aussi perverse que coordonnée, c'est L'IMPLOSION de la France au profit des privilégiés. Tout cela en donnant des leçons de morale sur les droits de l'homme, la liberté des hommes, leurs droits.
RépondreSupprimerSi je dis que c'est inadmissible, insupportable, je suis nettement en dessous de la vérité et je suis bien sûr que nous sommes très nombreux à être dans ce cas. Qu'en ferons-nous ?
Demos
DEMOS, faisons alliance dans nos propos. vous avez raison les technocrates et les politiciens, parlent de tout et de RIEN de ce qui concerne les FRANCAIS....(les 80 % hors corporatisme) ils ne parlenbt que dans l'intérêts des 20% corporatistes ceux que vous appelez privilègiés !!!!!)
RépondreSupprimerMERCI
@ Fiorino
RépondreSupprimerAvez-vous des liens vers des articles intéressants parlant de cet accord ?
On pourrait bloquer en sortant de Shengen et en restaurant des frontières.
@ Ivan
Bien d’accord sur les détachés, sur lesquels j’ai fait plusieurs papiers. Ce faisant, ils sont économiquement très libéraux, mais restent conservateurs d’un point de vue sociétal.
@ J Halpern
Bien vu
@ Léonard
Merci. Je pense qu’il n’est pas inutile d’en parler car sinon, nous laissons toute la place aux fantasmes de l’extrême-droite ou de la droite identitaire.
@ Jard
Nous ne restons pas collé comme vous dites. Nous sommes passés de 10 à plus de 13 000 militants (et enocre, cela fait qq temps que je n’ai pas demandé un point sur le sujet, nous avons sans doute progressé). Les élections européennes nous permettront de juger.
@ André
Très juste. C’est ce que précise France24
@ TeoNeo
C’est juste. C’est pour cela que les décisions doivent être de nouveau prises à l’échelle nationale
@ Démos
Ils finiront par être balayés
Le ministre turc de l’Intérieur Muammer Güler et la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures Cecilia Malmström ont signé lundi à Ankara, un accord sur l’immigration clandestine. Il devrait aboutir, d’ici 2017 à la libre circulation des Turcs sur le territoire européen.
SupprimerPar cet accord dit de « réadmission », Ankara s’est engagé à accepter le retour sur son territoire de migrants clandestins partis de Turquie expulsés par les Européens contre la promesse européenne de garantir la libre entrée des ressortissants turcs dans ses Etats membres d’ici trois ans et demi.
Cet engagement de l’Union européenne était l’élément qui bloquait la signature formelle de la Turquie depuis 2012. L’UE attend beaucoup de cet accord pour réduire le flux migratoire clandestin sur son territoire. La Turquie est en effet l’un des principaux couloirs empruntés par les migrants clandestins originaires d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie qui souhaitent se rendre en Europe. Les craintes de l’UE de se voir submergée son renforcées par l’important afflux de réfugiés syriens en Turquie, plus de 600 000, depuis le début de la guerre civile dans leur pays au printemps 2011.
La Turquie a également beaucoup à gagner grâce à cet accord, particulièrement pour ses investisseurs et hommes d’affaires. L’accord doit encore être validé par les parlements turc et européen, ainsi que par les Etats membres de l’Union. Il a été rendu possible par un fléchissement des positions de la France et de l’Allemagne qui étaient les pays européens les plus opposés à l’entrée d’un pays à forte majorité musulmane dans l’Union européenne.
En signe de réchauffement des relations entre la France et la Turquie, mises à mal notamment autour de la polémique sur le génocide arménien, le président français François Hollande est attendu entre le 27 et le 28 janvier prochains en Turquie.
http://geotribune.com/6938-turquie-ue-accord-sur-limmigration.html
Merci. C'est un bon sujet de papier.
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