Marine Le Pen bute sous le plafond de verre

Il y a quelques mois, porté par le succès à une cantonale partielle et de bons sondages, rien ne semblait pouvoir arrêter le parti de la famille Le Pen. Mais encore une fois, la dynamique semble s’être cassée, démontrant qu’il semble bien y avoir un plafond de verre infranchissable pour le FN.

Sous le nouveau FN, l’ancien

Courant octobre, la publication d’un sondage plaçant le Front National en tête des intentions de vote pour les élections européennes, à 24%, agit comme un choc. Pourtant, avec un peu de recul, les observateurs de la vie politique devraient se souvenir que Marine Le Pen avait également atteint de tels scores à l’automne 2011 pour l’élection présidentielle, avant de faire 17,9%. Depuis, tous les sondeurs confirment une nette baisse de la cote du parti et de sa présidente : elle a perdu entre 4 et 8 points de popularité selon tous les instituts de sondages depuis septembre / octobre. Que s’est-il passé ?

Cette chute a plusieurs raisons. D’une part, il y a eu des polémiques qui ont rappelé le caractère extrémiste du mouvement : Bruno Gollnish qui va à la convention du BNP ; les caricatures de Christiane Taubira ; les déclarations de Jean-Marie Le Pen sur le « lobby musulman » et sa proximité avec Dieudonné. En outre, des convertis qui croyaient à la dédiabolisation déchantent après avoir rejoint le FN. Enfin, alors que Florian Philippot essaie de se convaincre que le FN est un parti gaulliste, Marine Le Pen le contredit de manière cinglante dans une lettre « à ses amis pieds-noirs et harkis ».

Le FN : une impasse politique

Pourtant, les circonstances n’ont jamais été aussi bonnes pour le FN. Le pays ne sort pas de la crise et jamais il n’y a eu autant de chômeurs. Parallèlement, l’UMP trouve le moyen de tomber toujours plus bas entre guerre des chefs affligeante et incapacité à trouver un cap (certains applaudisant le pacte de responsabilité du président, d’autres le dénonçant). François Hollande est aussi le chef de l’Etat le plus impopulaire de toute la Cinquième République. Bref, si le parti de la famille Le Pen était un parti normal, alors il devrait faire au moins 30% dans les sondages dans un tel contexte.

Mais voilà, même s’il y a une forme de banalisation du vote FN, elle vient sans doute en partie du fait que les Français ont perdu leurs dernières illusions vis-à-vis de l’UMP et du PS. Ce n’est pas le FN qui est moins toxique, ce sont tous les autres partis politiques qui ont une image largement dégradée. Et finalement, la propension des Français à voter FN est seulement revenue à un plus haut historique, sans le dépasser, malgré un contexte étonnamment favorable, ce qui indique qu’il y a une forte résistance du corps social de la nation à son égard, malgré le ras-le-bol général dans tellement de domaines.

Le FN existe depuis 42 ans. Outre son caractère extrémiste, il n’a rien changé pour les Français et la démonstration semble faite qu’il est incapable de rassembler plus d’un électeur sur cinq au premier tour d’une élection nationale. Au final, ce n’est qu’une (grosse) impasse électorale.