Dimanche, les
citoyens suisses ont décidé de reprendre le plein contrôle de leurs frontières
et d’instaurer des limites au nombre d’immigrés qui rentrent chaque année dans
le pays. Ce vote, et les réactions qu’il a déclenchées, sont extrêmement
révélateurs sur l’état du débat public en Europe et en France.
La
dictature du laisser-passer
Il est
effarant que Le Monde évoque « la
perception d’une immigration incontrôlée » quand le solde net migratoire suisse, 80 000
personnes, est 5 à 10 fois plus important qu’en France, 1% de la population
tous les ans ! L’UE
a essayé de ne pas réagir de manière trop outrancière à la votation, constatant
qu’elle « va à l’encontre du
principe de libre-circulation des personnes entre l’UE et la Suisse »
et dit examiner « les implications
de cette initiative sur l’ensemble des relations (entre l’UE et la Suisse).
Dans ce contexte la position du Conseil fédéral sera aussi prise en
compte ». Mais la fin indique bien que l’UE essaie d’obtenir d’une
main ce que les électeurs veulent lui reprendre de l’autre.
Cette Europe
a la mauvaise habitude, totalement anti-démocratique, de vouloir remettre en
question le vote des peuples, comme
cela a été fait avec les votes de la France et des Pays-Bas en 2005, ou de
l’Irlande en 2008. La
commissaire de sinistre mémoire en France, Viviane Reding, a d’ailleurs déclaré
que « les
britanniques ne pouvaient pas prendre une décision informée sur la question de
rester ou non dans l’UE ».
En clair, si le peuple risque de mal voter, il ne faut pas le faire voter. Dans
l’esprit de la Vice-Présidente de la Commission Européenne, il faudrait
peut-être un permis de voter réservé aux citoyens informés… que pourraient
sélectionner des agences européennes, tant qu’à faire.
Ce que
cela dit sur l’UE et la France
La deuxième
leçon que donne la votation suisse, c’est sur la façon de quitter l’ordre
juridique européen. Alors
que certains fétichistes du droit soutiennent qu’il faudrait absolument passer
par l’article 50, la Suisse nous montre qu’en réalité, comme certains
n’entre nous le soutenons depuis longtemps, il suffit simplement d’un
référendum et qu’une
consultation démocratique donne alors tout pouvoir à un gouvernement pour mettre
fin à des traités internationaux. C’est exactement ce
qu’avait soutenu Jacques Sapir dans une série de papiers absolument
passionnants sur les lois et la démocratie.
Pour toutes
ces raisons, merci
aux Suisses de montrer le décalage incroyable qu’il existe entre cette petite
élite européenne qui voit la libre-circulation des personnes comme une
religion que l’on ne pourrait abjurer. Ce faisant, ils révèlent une fois de
plus le côté totalitaire de l’UE.
L'UE appelle ça en termes soignés : "supériorité du droit de l’UE"...
RépondreSupprimerCe que l'UE fait depuis de nombreuses années avec la complicité, voire à la demande des dirigeants politiques européens, c'est de serrer de plus en plus la corde qui entoure le cou des citoyens européens. Diront-ils "stop" ?
SupprimerDemos
L'Europe c'est passé, maintenant on passe à la vitesse supérieure :
RépondreSupprimer«Dès lors que les principes sont fixés, que les mandats sont donnés, que les intérêts sont connus, aller vite n'est pas un problème, c'est une solution», a assuré François Hollande lors de sa conférence de presse commune avec Barack Obama. «Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu'il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations. Donc, si nous sommes de bonne foi, si nous sommes respectueux des positions des uns et des autres, si nous sommes attachés (...) à la croissance, nous pouvons aller vite»
http://www.lefigaro.fr/politique/2014/02/11/01002-20140211ARTFIG00457-hollande-ouvre-un-nouveau-front-au-sein-de-sa-majorite.php
L'UE est clairement entrée dans un cycle de contestation du fait démocratique. C'est inquiétant. Il faut rapidement et sèchement congédier tous ces messieurs qui nous rêvent en mineurs politiques. Il n'ont aucun égard pour la démocratie. Ils sont dangereux, et désormais ils savent que nous le savons. Fin de l'UE, vite !
RépondreSupprimerMercredi 12 février 2014 :
RépondreSupprimerFrance : encore un record battu !
2006 : faillites d'entreprises françaises : 46 444.
2007 : faillites d'entreprises françaises : 49 201.
2008 : faillites d'entreprises françaises : 54 716.
2009 : faillites d'entreprises françaises : 63 204.
2010 : faillites d'entreprises françaises : 60 019
2011 : faillites d'entreprises françaises : 59 867
2012 : faillites d'entreprises françaises : 61 086
2013 : faillites d'entreprises françaises : 63 452.
http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/service-distribution/actu/0203311317986-defaillances-d-entreprises-record-en-2013-649867.php
En même temps, l'économie suisse va bien, exportatrice, peu de chômage. Les suisses risquent de regretter leur vote...
RépondreSupprimerQuel est l'intérêt d'attaquer gratuitement l'UPR, les "fétichistes du droit", dans ce papier qui ne concerne que la Suisse ? Rappelons simplement deux faits : la Suisse n'appartient pas à l'UE, elle est donc relativement plus libre, et pourtant personne ne peut dire aujourd'hui quels seront précisément les impacts de ce vote sur les relations entre la Suisse et l'UE. C dans l'air évoquait hier 3 ans de négociations pour établir ces quotas d'immigration, c'est un délai plus long que celui qui est prévu par l'article 50. Cet événement ne nous apprend donc qu'une seule chose : que les Suisses ont de la chance d'avoir des institutions qui respectent le vote populaire.
RépondreSupprimer@ Anonyme
RépondreSupprimerPolitique de l’offre, libéralisation des échanges alors que nous ne sommes pas bien placés dans le commerce international : la politique de Hollande est ubuesque.
@ Anaximandre
Oui, et cela devrait provoquer la colère des citoyens et donc sa fin
@ BA
Triste record
@ Anonyme
On verra bien si les Suisses vont regretter leur vote. Je ne crois pas que cela sera le cas.
@ Gérard Maujean
Pas uniquement, cela démontre aussi que l’on peut sortir d’un ordre juridique par un simple référendum (ce qui est normal en démocratie). Il serait ubuesque de passer par l’article 50.
Pas d'accord, la Suisse n'a rien démontré car ce simple référendum ne suffit pas à la faire sortir de l'espace Schengen. Il faut maintenant que le gouvernement suisse re-négocie les traités qu'il a signés avec l'UE, car je doute qu'il choisisse de les dénoncer unilatéralement. En fait, je pense même qu'il aura un tel souci de préserver les échanges commerciaux avec les pays de l'UE que cela démontrera au contraire l'intérêt de sortir en douceur des traités, par la voie légale.
SupprimerM. Maujean,
SupprimerPeut-être vous ne savez pas mais le Conseil fédéral (Pouvoir exécutif de la Suisse) est contraint d'appliquer le texte constitutionnel approuvé par le Souverain. Même le Tribunal fédéral n'a pas le droit d’examiner le sujet.
Nous avons non seulement désavoué cette immigration incontrôlé comme la politique mené par le CF et le parlement. Défier le peuple aujourd’hui aura un cout dans les prochaines élections. Le peuple non seulement n'oublie pas ce que les élus font mais nous ne pardonnons jamais.
Un bon exemple de ce qu'arrive avec un mauvais politicien c'est le cas de Mme. Kopp (http://fr.wikipedia.org/wiki/Elisabeth_Kopp).
La Suisse et son peuple ne ressemble en rien à la France et aux Français.
De plus, l'UE a beaucoup plus à perdre que la Suisse. Les menaces que Barroso a fait aujourd'hui en parlent de 400'000 Suisses dans l'UE, c'est de la mauvaise foi car la plupart sont des doubles nationaux de 2e ou même 3e génération, donc pas question de les virer du territoire européen, en revanche, nous avons 23% d'une population étrangère, sans compter le frontaliers et qui si une rétorsion de la part de l'UE est mise en place, l'UE pourra se trouver avec un demi million de chômeurs du jour au lendemain. Alors qui a plus à perdre?
To cela pour vous dire que ce n'est pas la Suisse qui va se plier à l'UE car le gouvernement ne peut pas, ce sera plutôt le contraire.
Juste deux remarques sur le thème du post de Laurent :
RépondreSupprimer- Madame Redding, vice-présidente de la Commission européenne déclare ceci ou cela (sans intérêt). Elle ne va pas mordre la main qui la nourrit. Devenir vice-présidente de la Commission après avoir journaliste, beau parcours !
- Titre de l'émission d'Yves Calvi sur la Cinq à propos du vote suisse : faut-il boycotter la Suisse ? Rien à ajouter.
Demos
- "Le vote blanc désormais reconnu. Le Parlement a définitivement adopté la mesure, prévue dans une proposition de loi centriste".
RépondreSupprimerHeureux hasard.
En attendant, n'oubliez pas d'aller voter pour les prochaines élections européennes et votez contre l'UMP et le PS pour les sortir. Relisez, si vous avez une hésitation, un doute, l'article de Jacques Sapir, qui appelle TOUTES les forces à s'unir contre ce système pervers et anti-démocratique, qui ne gouverne que pour ses intérêts propres. Après les élections, il sera trop tard.
Demos
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RépondreSupprimer@ Gérard
RépondreSupprimerOn verra comme cela se passe, mais dans le texte de loi, il y a le refus que tout traité international régisse un quelconque aspect de la politique migratoire Suisse, qui redevient 100% souveraine sur cette question. A priori, il s’agit donc d’une rupture unilatérale. Après, les détails vont être négociés.
Pas du tout d’accord sur la sortie en douceur. D’ailleurs FA n’est pas cohérent puisqu’il propose de ne plus payer les budgets européens. Ce n’est pas vraiment légal ni en douceur.
Moodys menace de retirer son triple A à la Suisse
RépondreSupprimer"La Suisse, rappelle Moody's, a bénéficié de l'afflux de travailleurs étrangers qui ont contribué à compenser les effets du vieillissement de la population et de pénurie de main-d'œuvre qualifiée, contribuant ainsi à sa croissance économique et à l'emploi."
Autrement dit cet afflux a empêché les travailleurs suisses de bénéficier autant qu'ils auraient dû du vieillissement de la population et de la "pénurie" de main-d'œuvre qualifiée qui auraient dû tirer leurs salaires vers le haut.
"L'introduction de quotas serait également mauvaise pour les banques. Elle pourrait en effet réduire la demande de logement, et potentiellement conduire à une décélération plus rapide que prévu du marché de l'immobilier résidentiel"
Quel aveu ! L'afflux de nouveaux demandeurs nuit aux anciens mais profite aux banques !
Ivan