La semaine
dernière, l’Assemblée Nationale a adopté le texte visant à ratifier la charte
européenne des langues régionales ou minoritaires. Par-delà un exposé
des motifs qui fait honte à notre représentation nationale, ce
texte représente une véritable menace pour notre République.
Une
véritable menace
Les
promoteurs de cette charte essaient de nous faire croire qu’il s’agit seulement
d’une défense de notre patrimoine régional, de nos traditions. C’est une idée à
laquelle le bayonnais vivant à Paris que je suis, fortement conscient du fait
que la richesse de la France vient aussi de la richesse de ses cultures
régionales, pourrait être sensible. D’ailleurs, c’est un peu la manière dont le
débat d’Europe 1 a (malheureusement) tourné. Après tout, je ne suis pas
contre l’apprentissage des langues régionales et la préservation de ces
identités régionales. En revanche, préserver l’unicité de la République et de
ce ciment qu’est le français m’apparaît essentiel, d’autant
plus qu’il est attaqué de tous côtés.
Car comme le
note David Desgouilles dans
un papier que je vous recommande vivement, c’est justement ce dont il
s’agit ici. Dans le préambule, il est dit « que le droit de pratiquer une langue régionale ou minoritaire dans sa
privée et publique constitue un droit imprescriptible ». Du coup,
malgré certaines précautions, David souligne que « la Cour Européenne des Droits de l’Homme pourra très bien reconnaître à
un justiciable de voir se dérouler son procès en occitant, ou à un couple
armoricain de voir célébrer son mariage en breton ». Rien n’est sûr,
mais cela reste une possibilité. Et cette manière de faire, assez sournoise et
typique de cette construction européenne, a plutôt tendance à confirmer cette
crainte.
Honte sur
l’Assemblée !
Passons sur l’absolutisme
sans nuance de ce texte, ou le fait que finalement assez peu de Français
soient concernés. La critique du Conseil d’Etat est aussi assez stupéfiante. Ce
faisant, le texte est extrêmement malhonnête car il fait comme s’il s’agissait
de mettre fin à une répression étatique contre les langues régionales alors
qu’il s’agit de mettre potentiellement les langues régionales et minoritaires
sur un pied d’égalité avec le français, ce qui n’a absolument rien à voir. En
déplaçant le débat sur un jacobinisme castrateur pour les régions, ils jouent
sur du velours. Mais dans la réalité, ce n’est pas le fond de cette charte. Il
faut espérer que que le Conseil Constitutionnel s’interpose.
C’est bien
pour cela qu’il faut continuer à se battre et alerter l’opinion de ce qui se
trame réellement ici : la
prise en tenaille du français entre l’anglais et les langues régionales, par
l’intermédiaire de l’Europe, avec la complicité des élus de la République.
Merci David pour
l’avoir brillamment rappelé.
Ce que j'adore, c'est de voir en quelle langue - pas du tout impérialiste ni hégémonique - ils font leurs banderoles et leurs slogans. Quel gogo peut encore gober que ces gens-là défendent des "particularités" ?
RépondreSupprimerhttp://sp3.fotolog.com/photo/3/14/98/pueblo7ak1/1207506222_f.jpg
http://borrokagaraia.files.wordpress.com/2013/03/freedom-for-the-basque-country.jpg?w=625&h=390&crop=1
http://3.bp.blogspot.com/-3Gu_fkUZF98/UFNY__AYxRI/AAAAAAAAAA4/NblFBrCqtxU/s1600/catalonia-is-not-spain.jpg
http://www.globalvoicesonline.org/wp-content/uploads/2008/02/catalonia-next-state.jpg
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C’est même le but de toute l’opération: ouvrir la porte au troisième larron, l’anglais. Il ne s’agit pas bien sûr de l’utilisation occasionnelle de l’anglais, p.ex. pour causer crêpes avec un Bulgare de passage, mais de l’introduire en France et dans tous les pays de l’UE au titre de langue co-officielle. D’ailleurs, le président allemand, Schnaufl, ou Schaubl, ou Schaukl, avait déjà annoncé la couleur il y a quelques mois. Tout cela se tient parfaitement, tout cela est concerté au plus haut niveau entre dirigeants Européens, y compris français. L’UE n’en fait même plus mystère: l’anglais sera langue officielle générale de l’Europe, la construction du Grand Mâchin est à ce prix. Un nouveau parti européiste, à la propagande particulièrement glaireuse, qui fait campagne en ce moment en Belgique francophone, porte le nom de Stand up for the United States of Europe; le message est clair, pas même subliminal.
SupprimerTorsade de Pointes
Tout cela s'inscrit dans un ensemble plus vastes de mesures visant à affaiblir l'Etat.
RépondreSupprimerAinsi, le gouvernement est en train de prendre plusieurs dispositions qui n'ont autre vocation que de mettre à mal l'unité républicaine du pays : les langues régionales, le pouvoir règlementaire aux régions, la réforme territoriale (Création des Métropoles, fusion de régions...).
Les propos de Jean-Paul Huchon qui voit dans les réformes menées "les jalons d’un modèle fédéral à la française" sont très révélateurs des intentions de la majorité gouvernementale actuelle.
"La critique du Conseil d’Etat est aussi assez stupéfiante."
RépondreSupprimerOui ; ce n'est pas très républicain, pour reprendre une expression à la mode...
La dernière fois que je suis passé devant le siège du Conseil d'Etat, il arborait le drapeau européen mais pas le drapeau français.
SupprimerSancelrien
La référence au cycle arthurien pour le breton est à mourir de rire, puisque les seules traces connues sont en latin / vieux français / normand, dialecte français avec quelques mots nordiques (un auteur dans ce cas...).
RépondreSupprimerQuant aux trois isolés qui pratiquent le provençal, il faut vraiment tenir une solide couche d'idéologie (ou de cynisme) pour y voir un motif de pratique du provençal dans la vie courante, et à plus forte raison d'engagement internationaux 'one size fits all' sur ce point.
De toute façon, le véritable patrimoine littéraire ancien, c'est le latin et le grec ancien, pour l'aire européenne. Et personne ne prétend qu'il soit nécessaire de revivifier ces langues.
Derrière ce "régionalisme" se cache en réalité une vrai stratégie de destruction de la nation, seule à même de générer la souveraineté et un corps social, mené par des théoriciens du dépassement de l'idée de nation et de peuple.
RépondreSupprimerLeur stratégie consiste à détruire la nation en l'attaquant de l'extérieur (relégation de la souveraineté à l'UE), et de l'intérieur en abrutissant les français avec des langues régionales qui n'ont plus aucun sens vu la grande mobilité géographique dont nous avons fait preuve et des origines immigrés d'une bonne partie d'entre nous.
L'objectif de tout ça est l'établissement d'un espace européen d'anarcho-capitalisme, dominé par la gérontocratie au pouvoir en Allemagne, siphonnant l'industrie des pays latins grâce à l'euro fort, où les entreprises multinationales et les banques feront la loi, écrasant les petits roitelets locaux à coup de pot de vin ou de chantage à l'emploi.
Se bloquer sur ces sujets en humiliant les derniers défenseurs de nos cultures régionales comme le fait anonyme de 9:45 n'est pas une option à mes yeux. On marche sur des œufs et le risque de ne créer que frustrations, résistances légitimes et fuite en avant dans un régionalisme intégriste est plus que présent. Car comment nier aux bretons, aux basques ou aux languedociens par exemple le droit de défendre une culture locale au moins autant millénaires que la culture Française?
RépondreSupprimerPour moi, il faut certes expliquer les dangers qui sont effectivement très importants de la loi actuelle, en mettant notamment bien en exergue que le français et uniquement le français est et doit rester l’unique langue des institutions républicaines. Cependant une prise de position ferme devra être prise en parallèle, toujours dans le cadre évident de la république une et indivisible, pour la sauvegarde des langues régionales et des cultures locales. Faire l'un sans l'autre me semble impossible car s'opposer à cette charte inique sans proposer un plan B signe un arrêt de mort à court terme de certaines langues et cultures régionales en grande détresse, la languedocienne en premier lieu et cela ne pourra pas se faire sans heurt et sans combats. Pour conclure je ferais juste remarquer que détruire les cultures régionales et tout attachement local pour faire des citoyens de bons consommateurs apatrides est aussi un des objectifs de nos chers oligarques mondialistes. Je ne veux surtout pas d'une autre diversion sociétale qui détournerait les yeux de nos concitoyens de l'unique problème d'importance d'aujourd'hui à savoir le chômage et la crise économique et industrielle qui ravage notre pays, mais si on m'oblige à me battre pour sauvegarder une partie de ma culture, je serais obliger de le faire.
Vous vous moquez du monde...
SupprimerLa principale culture qui se soit développée dans ce pays s'exprime en langue française, comme le montre l'état comparé du patrimoine. C'est bien assez pour ne pas être apatride, et ce sera bien assez dur vu le niveau d'autodétestation ambiante et les pressions internationales.
Quant au caractère moribond de la culture bretonne, d'une part cette culture est en réalité inexistante et malgré tout, d'autre part, il y a une forte aspiration régionaliste qui risque de nous péter au nez façon Ecosse ou Catalogne d'ici quelques temps.
Il faut savoir admettre que le passé devienne le passé pour les langues qui ne sont plus parlées, qui peuvent cependant être sauvées dans leur structure comme le latin, etc.
Mais encourager le régionalisme, en l'état actuel des choses, ce sera uniquement se préparer de gros ennuis politiques avec Bretagne, Alsace et peut-être Corse.
Merci d'y réfléchir avant de charger les moulins à vents, ou, pour d'autres, de soutenir par principe une position médiane...
Vous ne comprenez rien à ce que je dis... C'est justement en méprisant les cultures régionales et en essayant lâchement de les achever alors que la culture française est surpuissante que vous les créerez vos Catalogne et autres pays basque espagnol. Vous connaissez Franco et sa belle politique vis à vis de ces régions?
SupprimerEt ce que vous dites ici « La principale culture qui se soit développée dans ce pays s'exprime en langue française, comme le montre l'état comparé du patrimoine. » on croirait presque entendre l’arrogance madrilène… Cette morgue ne fera que faire remonter la frustration de certaines régions et monter les extrémismes régionaux. Que vous ne le compreniez pas me fait peur, car si les « parisiens » réagissent avec cette suffisance sur la base de guerres qu’ils ont gagné il ya plus de 500 ans on risque effectivement d’avoir des gros problèmes avec nos régions historiques… Attention de ne pas tuer le vivre ensemble car avoir un peu d’apathie et de compréhension pour ses compatriotes qui voient disparaître une part de leur culture et que ça attriste beaucoup, et bien quand on vie ensemble figurez vous que c’est le minimum.
Il suffirait pourtant de pas grand-chose pour régler ce problème, simplement de lâcher un peu de lest pour permettre aux cultures régionales de survivre dans notre monde mondialisé d’aujourd’hui. On peut faire cela sans déléguer de pouvoir politique, je suis aussi un jacobin convaincu et pour un état central fort. Alors voila, une initiation aux langues régionales à l’école et même de plusieurs et même à Paris, un financement des écoles bilingues pour ceux qui veulent (couplé a un contrôle strict des programmes et de l’enseignement notamment du Français qui doit rester la langue maternelle n°1 du pays et des contenus historiques pour éviter les dérives régionalistes, soit tout ce qui ne s’est pas fait en Catalogne…). On pourrait ajouter a cela un minimum historique moins caricatural puisque les histoires régionales et la formation de la France ne sont tout simplement plus au programme et les enfants de Toulouse n’ont même pas les 10-20h durant leur scolarité pour discuter des Wisigoths, des cathares, de la croisade, du Pastel, de la bataille de Toulouse et autre aventures de l’aéropostale... Ca participe aussi au vivre ensemble et a souder une communauté, une histoire commune régionale comme nationale. Si vous trouvez que c’est trop, je vous le dis vous braquerez certaines populations et allez effectivement au devant de graves problèmes.
à Red2
SupprimerOui, il faut savoir temporiser (Le Prince) et parfois céder sur peu pour éviter le pire. Mais il ne faut pas que cette cession elle aussi mène au pire ! Ce qui n'est pas improbable surtout dans le cadre actuel ...
Levelche
Il ne s’agit pas que de temporiser il s’agit de sauver nos cultures régionales dans le cadre national jacobin. Si on ne le fait pas dans ce cadre ça se fera au niveau régional dans le cadre d’une montée du fédéralisme. Il ne faut pas uniquement s’opposer a cette loi de décentralisation et a cette charte des langues régionales, il faut proposer un plan B, dans le cadre de la république française une et indivisible, un plan B qui laisse une place a la diversité de la nation dans le cadre de cette même nation.
Supprimerpour moi s'est tout le contraire on a arrêté le catalan faute d'argent dans l'école primaire de mon village des PO mais on la remplacé la semaine dernière par autre chose que l'anglais voire même l'espagnol. souvenez-vous du rapport sur l'intégration de fin d'année dernière et bien s'est fait . dans le cahier de ma fille qui est en maternelle il y a un courrier collée de l’académie de Montpellier qui propose des cours de turc et d'arabe par des profs turc ,algérien et marocain .ce papier dit: enseignement langues et cultures d'origine.des que je peu je te ferait parvenir une copie de la lettre. je ne sais pas si ils veulent régionaliser les langues ou bien islamiser en tout les cas entre l'europe et nos saucialots on va droit a la catastrophe.
RépondreSupprimer« Combien de dépenses n'avons-nous pas faites pour la traduction des lois des deux premières assemblées nationales dans les divers idiomes de France! Comme si c'était à nous à maintenir ces jargons barbares et ces idiomes grossiers qui ne peuvent plus servir que les fanatiques et les contre-révolutionnaires! »
RépondreSupprimerRapport du Comité de salut public sur les idiomes 27 janvier 1794
« La monarchie avait des raisons de ressembler à la tour de Babel; dans la démocratie, laisser les citoyens ignorants de la langue nationale, incapables de contrôler le pouvoir, c'est trahir la patrie... Chez un peuple libre, la langue doit être une et la même pour tous. »
Barère Avril 1793
Deux documents intéressants pour aborder la question. Il s’agit d’arguments dans le débat en faveur de l’unité de la langue dans les années 1793 et 1794.
On retrouvera, bien sûr, l’argument politique qui n’est plus d’actualité « la contre-révolution parle le bas-breton ». Mais sont évoquées aussi la question du coût « Combien de dépenses n'avons-nous pas faites » et surtout de la démocratie évoquée par Barère « Chez un peuple libre, la langue doit être une et la même pour tous. »
De fait, on peut noter, par exemple, que les documents juridiques établis en deux langues différentes vont permettre d’établir du jeu dans les interprétations de texte. On imagine sans peine un notaire indélicat jouant de l’ambiguïté de traductions pour son avantage et au détriment de l’usager. La diversité de la langue va nécessairement générer des inégalités, des coûts exorbitants et des tracas dont seuls les juristes pourront tirer profit.
Attendez la situation était quand même très différente en 1794, un breton un basque, un alsacien, un gascon ou un catalan ne se comprenaient simplement pas car ils parlaient des langues différentes et baragouinaient seulement quelques mots de français. Aujourd'hui tout le monde parle Français et nos langues régionales se meurent. Il est bien sur hors de question de traduire les textes juridiques en occitan ou breton, mais simplement de permettre à ces cultures d’exister au sein la république française une et indivisible. Il n’y aurait donc aucun compromis possible dans ce pays entre les régionalistes fous et les jacobins intégristes ?
SupprimerLes textes cités ne sont qu'historiques et permettent de rappeler le cadre dans lequel s'est formée l'unification de la langue. Ils rappellent aussi que l'uniformisation de la langue est un socle sur lequel s'est fondée la République. De là, on peut définir des limites et des actions. L'utilisation des langues régionales comme outil juridique n'est pas acceptable - c'est le point principal - le droit s'exprime en français.
SupprimerQuant au reste, bien sûr qu'on peut envisager les langues régionales comme objet culturel. Il est clair que des textes écrits en breton n'ont plus la même saveur en français, et il faut sauvegarder cela. Cela participe du patrimoine. Mais ne mélangeons pas tout (comme le fait cette charte). Admettre que les langues régionales puissent véhiculer du droit, c'est s'ouvrir à des difficultés innombrables.
Ce qui est intéressant, c'est de voir l'art consommé des socialos de manier les paradoxes : ils ratifient des mesures, qui sont censés garantir la liberté des citoyens français, alors que, dans le même temps, ils font acte d'allégeance à l'UE en bafouant la volonté populaire tout en créant - cerise sur le gâteau - des dépenses supplémentaires en période d'austérité, de "sérieux budgétaire", pardon. Chapeau, les artistes !
RépondreSupprimerDemos
« quand tous ses voisins, sans exception, s’emploient à les sauvegarder et à en développer l’usage » (exposé des motifs)
RépondreSupprimerTiens donc ! Chez tous nos voisins sans exception ! J’aimerais alors qu’on m’explique ce que fait l’Allemagne p.ex. pour préserver le frison, le sorabe, et surtout le bas-allemand, qui est, ou plutôt était, parlé sur env. un tiers du territoire de l’Allemagne actuelle. Le bas-allemand, contrairement à ce que ce nom laisse supposer, n’est pas une forme inférieure du haut-allemand, mais une langue distincte de ce dernier, parlé autrefois dans les basses plaines du nord, d’où son nom. Cette langue a eu une petite littérature au Moyen Âge, certes rien de comparable à la floraison de la littérature occitane au XIIe siècle, mais elle fut aussi, pendant des siècles, la langue semi-officielle de la Hanse et à ce titre utilisée dans toute la Baltique et au-delà. Aujourd’hui, le bas-allemand est à l’article de la mort.
En revanche, je n’ai pas à me demander ce que font les Pays-Bas pour sauvegarder le frison, parlé par une poignée de locuteurs dans le nord-ouest du pays, et pour arracher cette langue à une mort quasi certaine. Je n’ai pas à me le demander, car je connais la réponse : l’État hollandais ne fait rien, ni pour, ni contre le frison. Seulement, ne rien faire, laisser les choses suivre leur cours, c’est en l’occurrence accepter sciemment la disparition à plus ou moins brève échéance du frison. Si l’État hollandais voulait le sauver, il devrait y employer des moyens considérables, en énergie et financiers, et surtout une opération de sauvetage impliquerait un paquet de mesures contraignantes. Cela vaut aussi pour les langues régionales en France : les sauver nécessiterait d’énormes moyens et beaucoup de volontarisme. Permettre seulement de les utiliser en privé sans leur donner de statut officiel, donc une réelle utilité, est insuffisant. Il faudrait que les rares locuteurs de ces langues puissent l’utiliser dans tous les domaines de la vie ordinaire, qu’ils puissent disposer d’un minimum de documentation dans ces langues, etc. pour assurer que ces locuteurs continuent à les transmettre à leurs enfants. Sans cela, elles sont condamnées. Encore faudrait-il aussi qu’elles disposent de minorités substantielles dans une zone géographique donnée. Une langue parlée par 5% de la population dans une zone où 95% parle français n’a biologiquement aucune chance de se maintenir. Existe-t-il des communes dans le midi où plus de 5% parle l’occitan comme langue maternelle? Je sais que l’arpitan p.ex., comme j’ai pu m’en rendre compte l’été dernier sur place, n’est parlé par strictement personne en Savoie ; tout le monde parle français, non seulement dans les villes, aussi dans les fermes isolées, où les gens parlent français entre eux. L’arpitan ne peut donc plus être sauvé, et il ne sert plus à rien de lutter. Même les plus gros efforts de l’État seraient impuissants. Je n’ai jamais entendu parler occitan lors de mes séjours en Auvergne, je l’ai entendu une seule fois dans le Quercy. Je suis donc enclin à penser que l’occitan est irrévocablement perdu, mais il se peut que la situation soit plus favorable plus loin dans le sud, que je connais moins. Il faut donc examiner objectivement et sereinement si les langues régionales ont encore quelque chance d’être sauvées, avant d’entreprendre quoi que ce soit et d’engager d’énormes frais ; cela d’autant plus que donner un statut officiel à ces langues ne permettra pas de résoudre le moindre problème de communication, attendu qu’on aurait grand peine à trouver une seule personne en France capable de s’exprimer mieux en langue régionale qu’en français; on risque au contraire de créer un problème de communication lorsqu’on aura permis à un rarissime zinzin braillard régionaliste d’exiger légalement ses papiers administratifs ou d’ester en justice en langue régionale. Il ne s’agit pas de mépriser ces langues, mais d’être réalistes, et de voir ce qui est encore possible actuellement.
Torsade de Pointes
Quelles sombres perspectives ! Tout cela me donne le frison.
Supprimer@Torsade de Pointes
SupprimerMettre en place les 2-3 mesures que je propose plus haut ne coûterait pas grand chose... un peu de formation historique au départ pour les enseignants et le recrutement de quelques professeurs de langues pour faire de l’initiation dans les écoles, c'est sur que la France ne peut pas se payer ce luxe! Et si il faut augmenter les nombre des écoles bilingues, une école reste une école quelle soit bilingue ou non, le coût est le même... J'ai tendance a tous vous trouver de très mauvaise fois sur ce fil. Oui on peut tenter de sauver nos cultures régionales sans détruire la république jacobine !
Une langue c'est la base de la communication donc la base de culture et de communauté. Le problème des langues régionales est qu'elles posent souvent les fondations d'un combat régionaliste plus dangereux en s'opposant à l'identité, la culture nationale – quant on a une particularité culturelle, on a la tendance de se différencier et la cohésion est naturellement plus difficile surtout en cas de crise.
RépondreSupprimerDeplus, historiquement, la présence de plusieurs langues en un même espace géographique a toujours provoqué leur interférence ou confrontation, et à long terme la survie d'une seule.
Il y a mil exemples de confrontation et d'interférence en histoire linguistique : le plus connu est celui du gaulois et du romain, on peut aussi dire celui, au moyen-âge, de l'ancêtre du welche et de l'alémanique en Alsace, du gascon et du basque en Aquitaine, du brittonique et du gallo-romain en Basse-Bretagne, ou du roman de Trêves et du Germanique francique en Allemagne de l'ouest.
Bref, un territoire bilingue, à long terme ça n'existe pas ! C'est aussi pour cela que l'apprentissage global et la promotion généralisée de l'anglais en France représentent un grave danger. Ces deux idées sont en réalité les deux aspects d'une haine nationale et d'un combat qui à terme sera à mort.
À cela, se rajoute cette politique dévastatrice contre l'apprentissage du français : l'intrusion de la méthode globale dans l'apprentissage de la lecture, à la place de la véritable et efficace méthode alphabétique (ou syllabique), et la diminution drastique des heures de français. Cette fondation manquante chez les écoliers abêtis, leurs construire de solides connaissances est très compliqué et ils seront plus enclin à l'indifférents à l'égard de leur langue.
Donc oui, le français est pris en étau entre les prétendues « langues régionales » (dans le sens qu'elles ne sont que des émanations artificielles de nos véritables parlures d'antan) et la sois-disante « langue internationale » qu'est l'anglais, et il faut rajouter cet « apprentissage du français » lamentable. Ce trio représente un très grave danger pour notre langue et par conséquent pour notre culture et notre nation. Nier ces réalités c'est se voiler la face ou mentir par intérêt anti-français.
Nos palures et patois locaux (ces termes n'ont aucune péjoration en sortant de mon esprit, au contraire) doivent être du domaine du privé et de l'étude linguistique, et pourquoi pas, comme je l'ai déjà proposé, un réservoir à mots nouveaux plutôt que les abus d'anglicismes.
D'ailleurs, la charte n'est pas encore signée que le « député » Urvoas a proclamé souhaiter la création d'une assemblée (pour ne pas dire d'un parlement) de Bretagne ! Et après … On voit bien vers quoi les régionalistes (sur-représentés) veulent mener la France … vers le précipice !
Levelche (un alsacien)
Contrairement à ceux qui ont vu le film je sais que le picard n'est pas le patois local de Bergues. Et bien figurez vous que je m'en fiche, comme tous les autres ch'timis, à commencer par Dany Boon je suppose.
RépondreSupprimerC'est la raison pour laquelle je suis optimiste. Les français ne marcheront pas.
Ivan
Eh bien ça dépend dans quelle région. Il y en a qui sont plus atteintes que d'autres...
SupprimerEn tout cas, bien du dégât, en terme d'efficacité, a déjà été fait par les lois de décentralisation, et continuera à l'être. Et les deux sont bien liés.
@ Rodolphe, Torsades de Pointes & DAF
RépondreSupprimerMerci. Cela confirme la prise en tenaille du français entre ces langues régionales et l’anglais.
@ Sancelrien
Effarant…
@ Anonyme
Merci pour ces précisions
@ Karg se
Stratégie plus probablement inconsciente
@ Red2
Comme je le précise dans le papier, je ne suis pas opposé à l’apprentissage des langues régionales, à la condition express que cet apprentissage soit uniquement optionnel et en aucun cas obligatoire (cf discussion sur la Corse il y a 15 ans). Pas sûr que cette charte soit nécessaire pour sauvegarder les langues régionales. J’ai vu au Pays Basque la progression de l’apprentissage du basque, sans la charte.
Il n’est pas question détruire les cultures régionales. Je suis très attaché à la culture bayonnaise, landaise, gasconne et basque, qui font partie du patrimoine de la République. Bien d’accord sur le fait qu’il faut protéger l’attachement local (à condition de bien hiérarchiser avec l’attachement à la patrie, ce que ne me semble pas faire cette charte qui les met sur le même plan).
@ Anonyme 22:37
Je pense que vous caricaturez la position de Red2
@ Léonard
Très juste. Mais il ne me semble pas que Red2 ait pris partie pour l’utilisation des langues régionales dans ces cas.
@ Demos
Très juste.
@ Torsades de Pointes
Merci pour ces précisions. Je suis d’accord sur les actes juridiques. Après, je ne suis pas non plus opposé à leur apprentissage, à condition qu’il soit optionnel et volontaire.
@ Levelche
Très juste. C’est pour cela qu’il est important que le français reste la langue principale. C’est sûr que la baisse du nombre d’heures de français, couplée à l’apprentissage de l’anglais dès la maternelle parfois, plus les langues régionales, cela est dangereux.
@ Ivan
Assez d’accord, je pense que l’unité de la France est solide (par rapport à nos voisins).
P.M dit :
RépondreSupprimerCet article est honteux (et les messages bien plus encore!), de la part d'un soit-disant défenseur de la France et de ses valeurs ("gaulliste-libre"). Quelle hypocrisie! La France (monarchie + république confondues) a tué ces langues (vous n'avez qu'à lire les alertes de Jean Jaurès face à l'éradication organisée de la langue d'oc dans les écoles de la 3ème république). Il est normal qu'elle s'excuse, reconnaisse ses torts en la matière (tout comme pour l'esclavage et la colonisation) et cherche à réparer ses erreurs tant qu'il est encore temps. Pire encore, elle lutte pour la "diversité linguistique" dans le monde par le biais de la Francophonie et méprise jour après jour la diversité qui l'habite !!! Donneuse de leçon qui ne voit pas la poutre dans son œil, c'est la France et la France seule qui suscite les régionalismes et les indépendantismes. La révolution s'est faite tant en occitan, en breton qu'en français. La république cesserait de n'autoriser que la seule langue du roi (en quoi est-ce républicain???), qu'elle deviendrait enfin démocratique et réellement révolutionnaire. Pour preuve, j'en veux que tous les opposants à la re-diffusion et promotion des langues régionales citent (Mélanchon en tete) l'Edit Royal de Villers-Cotteret... Et pourtant on nous apprend dans les écoles que les privilèges ont été abolis. Qui croit défendre l'unité divise, qui pense lutter pour les valeurs républicaines défend les édits capétiens... "La multitude qui ne se réduit pas à l’unité est confusion. L’unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie."(B. Pascal). 'Contre nous de la tyrannie'... Marianne était occitane, ce n'est pas pour rien.
P.M