Si The Economist présente le plus souvent
les faits de manière honnête au
point de prendre le risque de desservir les idées qu’il défend, comme avec les
bonus des dirigeants d’ABI, ce n’est pas toujours le cas. Retour sur deux
abus caractérisés, que l’hebdomadaire ne pouvait pas ignorer.
Nouveau
dénigrement de la France
Avant la
conférence de presse du président, et après les
vœux de fin d’année, The Economist
avait fait un papier intitulé « François
Hollande, libéral ? », accompagné d’un petit graphique
montrant l’évolution comparée du PIB de la France, de la Grande Bretagne et de
l’Allemagne de 2010 à 2014. Si notre pays démarre mieux que notre voisin
d’outre-Manche, fin 2014, notre PIB affiche une hausse de 3% seulement, contre
5% pour le Royaume Uni et 6% pour notre voisin d’outre-Rhin. Verdict : la
croissance de notre pays serait plombée par notre manque de réformes (libérales
s’entend).
Mais ce
graphique est très critiquable. D’abord, il ne comprend pas l’Espagne ou
l’Italie, qui vont nettement moins bien que nous. Ensuite, on peut contester le
fait de prendre en compte les prévisions pour l’année 2014, qui restent encore
assez aléatoires, et qui font l’essentiel de la différence entre Londres et
Paris. Enfin, le choix de l’année de départ, 2010, n’est pas neutre, puisqu’en
2009, la récession a été nettement moins forte chez nous que chez nos voisins. De
2008 à 2013, si le PIB de la France n’a monté que de 0,7% (contre 3,1% en
Allemagne), outre-Manche, il a baissé de 0,8%...
Des
crises financières inévitables ?
S’il faut
reconnaître à The Economist sa
dénonciation des manœuvres sur les normes Bâle 3, en revanche, son postulat
est faux. Les crises financières ne sont pas inévitables. Comme l’ont montré Rogoff et
Reinhart, après avoir étudié 8 siècles de crises financières, le monde a
connu plus de trente années de stabilité après la Seconde Guerre Mondiale. Mais
les règles qui étaient alors alors en place, dans une période qualifiée de
répression financière (non libre-circulation des capitaux, séparation des
banques d’affaires et de dépôts, règles prudentielles extrêmement strictes) ne
lui plaisent sans doute pas…
Ce faisant, The Economist, qui ne peut pas ignorer
les chiffres de croissance de 2009, ou même le célèbre graphique de Rogoff et
Reinhart, ment sciemment pour défendre ses idées quand la réalité dit le
contraire de ce qu’il pense. Le néolibéralisme est décidemment plus une
religion qu’une science.
Avec une Allemagne en concurrence avec le Japon dont le Yen baisse, il y aura peu d'inflation en Allemagne qui ne jouera pas le rôle de moteur de consommation en Europe. Pendant ce temps, le sud procède à la dévaluation interne. La France, comme c'était prévisible, est prise en étau.
RépondreSupprimerolaf
Le néolibéralisme n'a jamais été une science mais une idéologie dévoyée de la pensée libérale dont la complexité est telle qu'il ne faut jamais la laisser à ceux qui s'en réclament le plus; entre les libéralismes politiques et les libéralismes économiques il y a de telles marges d'interprétation !
RépondreSupprimerMême l'économie n'est pas une science mais une discipline d'intention scientifique comme le disait l'économiste François Perroux. Les erreurs des travaux de Rogoff et Reihnart n'en sont que l'une des preuves.
@LP,
RépondreSupprimerFaut-il prendre au sérieux les théories économiques quant à leur faculté à saisir le réel et à se trouvée être une lecture satisfaisante du fait social et humain ?
L'économie n'est-elle pas une science humaine qui n'aurait jamais dû sortir du champ philosophique (Aristote ne serait-il pas plus pertinent en économie que le dernier prix Nobel ?) ?
L'économie n'est-elle pas aujourd'hui la langue politique du libéralisme et d'une civilisation technicienne, post industrielle et utilitariste ?
Le journalisme anglo-saxon et européen en général serait hors la sphère d'influence de ce néolibéralisme qui milite ?
Qui détient les capitaux ? D'où parlent-ils ? D'où pratiquent-ils le journalisme ou la communication journalistique ?
Faut-il accorder un crédit quelconque au journalisme économique en 2014 ?
Ce qui est ahurissant, c’est que tous les pays émergents sont en train de voir leur économie s’arrêter.
RépondreSupprimerNous pouvons comparer l’économie mondiale à un avion qui vole haut, très haut dans le ciel.
Petit problème : aujourd’hui, cet avion n’a plus de kérosène.
Donc nous allons avoir deux possibilités dans les mois qui viennent :
1- Soit l’avion redescend tranquillement, en planant, et il réussit à atterrir, comme dans les films.
2- Soit l’avion s’écrase.
Dimanche 2 février 2014 :
Chute de la production manufacturière chinoise en janvier.
La production manufacturière en Chine a chuté en janvier à son plus bas niveau en six mois. Une baisse confirmant un ralentissement d’activité dans la deuxième économie mondiale.
L’indice PMI des directeurs d’achat calculé par la Fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP), une organisation gouvernementale, se monte à 50,5 en janvier, après 51,0 en décembre et 51,4 en novembre, indique le gouvernement.
Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l’activité manufacturière, tandis qu’un indice inférieur à ce seuil signale une contraction.
http://www.romandie.com/news/n/Chute_de_la_production_manufacturiere_chinoise_en_janvier21020220141013.asp
Leurs clients sont à sec et la demande interne ne décolle pas, les chinois épargnent trop. Si on dévalue en sortant de l'euro (nous et nos voisins latins) l'effet serait le même. Cela dit c'est pas une mauvaise nouvelle en soit, la Chine est devenu une trappe à devise, c'est le gros point noir de l 'économie mondiale, avec la zone euro bien entendu.
Supprimer@ Olaf,
RépondreSupprimerJuste, mais la mise en place d'un SMIC devrait un peu soutenir la consommation en Allemagne.
@ Anonyme
Bien d'accord. L'économie n'est pas une science dure mais une science humaine. Et j'emploi le terme néolibéral à dessein pour bien montrer qu'il ne s'agit pas simplement de libéralisme.
@ Anaximandre
Si quand même, à condition d'avoir un regard critique et de croiser les sources et les interprétations pour pouvoir garder un certain libre-arbitre.
@ BA
Merci pour l'info, mais ce n'est pas la première fois que l'on annonce une telle issue et que cela ne se réaliser pas
@ Karg se
Non sur l'euro car cela nous rendrait plus compétitif par rapport à beaucoup de pays en mettant fin à la surévaluation chronique de notre monnaie par rapport à notre économie.