Billet invité de l'Oeil de Brutus
Même
si la proposition de taxe
Tobin existe depuis 1972, l’idée de taxe sur les transactions
financières est un véritable serpent de mer politique depuis le début de la
crise des subprimes. Il n’est pas un
politicien de haut vol qui clame haut et fort l’urgence de la mise en place de
cette taxe. Sauf que, voilà, cela fait maintenant six ans, et l’on attend
encore.
Au
niveau français
Au
niveau européen
Chaque
sommet européen, ou presque, est l’occasion de remettre le sujet sur le tapis
et de taper du poing sur la table au nom de la moralisation de la finance. Sauf
qu’à part la table, personne n’a bien mal, et surtout pas « notre ennemi la finance ». La taxe
européenne sur les transactions financières demeure dans les limbes et
perpétuellement remise aux calendes grecques. On notera que, derrière les
embrassades de façade, le principal point de blocage réside dans
un profond désaccord franco-allemand : les Allemands
veulent taxer principalement les marchés d’actions, secteur sur lequel les
banques françaises sont largement leaders, tandis que les Français veulent s’en
prendre aux produits dérivés les plus spéculatifs, notamment ceux liés à la
spéculation sur la dette des Etats. Grand hic : les banques allemandes
sont en pointe sur ce dernier secteur[i]. On notera,
encore une fois, comme sur le sujet de la réforme
bancaire, l’ambivalence, pour ne pas dire l’hypocrisie, de Mme
Merkel : d’accord pour « moraliser » la finance, mais pas touche
à la Gross Deutsch finanz …
Tout
bien pesé, on en reste donc bien à la régulation
bancaire au pistolet à bouchon. Et ce n’est pas près de changer …
[i]
En pratique, les banques allemandes spéculent donc contre la dette des autres
Etats, notamment ceux du Sud de l’euro, ce qui met ces pays en difficultés sur
les marchés financiers et permet au gouvernement allemand, via la fameuse
Troïka (BCE, FMI, Commission européenne) de dicter à ces pays les conditions
qui lui permettront de s’assurer que ses banques seront bien remboursées. Un
beau jeu de dupe au cours duquel la finance allemande (mais pas seulement elle) gagne deux fois, et les peuples perdent deux fois …
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