De plus en
plus d’intellectuels prennent position contre l’euro : journalistes
de l’Express et l’Expansion, pas moins de neuf
« prix Nobel d’économie », d’innombrables
économistes. Mais il reste encore quelques partisans à la monnaie unique
européenne. Leur
argumentation n’est vraiment pas solide.
Déni de
réalité caractérisé
Challenges a réussi à dégoter une économiste pour essayer de
défendre l’euro : Anne-Laure Delatte, vue à la télévision.
Elle soutient que « si la France
récupérait sa souveraineté monétaire, nous ne serions pas plus forts, mais bien
plus vulnérables face à la spéculation ». La Grande-Bretagne, malgré
des déficits supérieurs aux nôtres, démontre le contraire, comme la
Suède, les Etats-Unis ou le Japon, du
fait des interventions de leur banque centrale. Ensuite, elle nous fait le
coup de la menace inflationniste, évoquant les années 1970, en oubliant juste de
noter le rôle de l’explosion des prix du pétrole… Là encore, l’exemple des
quatre pays plus hauts démontre qu’il
est parfaitement possible de dévaluer et monétiser sans provoquer un cataclysme
inflationniste. Les taux n’y sont pas plus hauts que dans la zone euro.
Quelle
malhonnêteté d’évoquer le cas de l’Allemagne des années 1920 pour la
monétisation alors même que le
cas britannique montre que cela est possible à large échelle (375 milliards de
livres en 5 ans) sans gros dérapage inflationniste. Cette argumentation rappelle
celle d’Henri Weber, du PS, corrigé
par Jacques Sapir, qui prédit lui aussi une catastrophe en cas de fin de la
monnaie unique. Le problème est que ce qu’ils prévoient s’est réalisé, mais
pour les pays qui sont restés dans l’euro. De manière intéressant, ils
n’évoquent aucun des nombreux exemples de fin d’union monétaire, qui
démontrent l’exact contraire de ce qu’ils souhaitent démontrer. L’euro
est un boulet et non pas une bouée.
Peur (injustifiée)
sur la dette
L’issue
qui n’existe pas
Mais le plus
effarant est la solution envisagée par cette euro-béate : « enfin
créer cette union budgétaire et fiscale qui permettra de procéder aux
ajustements que le taux de change fixe ne permet plus de faire »
et « mutualiser les dettes
publiques ». D’abord, il faut lui rappeler que même après 70 années
d’unification politique, la
République Tchèque et la Slovaquie ont eu besoin de revenir à des monnaies
quand elles se sont séparées. En clair, même une telle solution ne
fonctionnerait pas. Ensuite, il est ridicule de penser que l’Allemagne, avec sa
démographie, pourrait accepter une telle union, qui pourrait lui coûter entre 4
à 10% de son PIB tous les ans selon les estimations de Sapir et Artus. Ce n’est
pas pour rien qu’Angela
Merkel a dit en 2012 que les euro obligations ne se feront jamais de son vivant.
Bref, entre
une argumentation indigente ignorant la réalité et l’histoire, une volonté de
faire peur sur la base de mensonges et des propositions totalement irréalistes,
Anne-Laure Delatte n’est pas plus convaincante qu’Henri Weber, récemment corrigé par Jacques
Sapir. L’euro a les soutiens qu’il peut…
Dans ton argumentation, tu peux rajouter que la surévaluation monétaire de l'euro n'a pas protégé la France d'une dégradation de sa balance commerciale en ce qui concerne l'énergie. Comme je l'explique sur mon blog contrairement à une idée reçue, l'euro ne nous protège pas non plus de la hausse du baril de pétrole. Il se trouve que depuis que nous sommes dans la monnaie unique notre déficit énergétique s'est considérablement aggravé, et cela de manière constante, quelle que soit l'évolution du prix du pétrole ou du gaz. En désindustrialisant la France, on a rendu le pays plus énergétivore tout en l'appauvrissant.
RépondreSupprimerLe problème de l'énergie c'est qu'il faut forcément exporter pour payer la facture. Sauf qu'en économie il existe un concept, l'élasticité prix: si le prix baisse un peu, certain produits se vendent beaucoup plus, et inversement une petite augmentation réduit fortement les ventes.
SupprimerMon petit doigt me dit que les productions françaises sont très prix dépendante, ce qui réduit considérablement nos exportations à chaque monté de l'euro...
@Yann,
Supprimerpour appuyer vos dires, on sait parfaitement que l'argument du prix du pétrole est bidon: il y a au minimum 60% de taxes dans le prix total!
De plus, la TIPP flottante servira un temps d'amortisseur, au cas où...
Sinon, le reste de votre discours est aussi le mien: on a favorisé les consommateurs au dépend des travailleurs, d'où la désindustrialisation accélérée de notre pays, dont le rachat d'Alstom par les requins de GE est le triste et dernier épisode en date...
CVT
Pardon de revenir sur le "populisme", mais il y a justement dans le dernier magazine de la CFDT (qui est comme chacun sait la version syndicale de la bien-pensance euro-béate) deux pages sur le populisme et la montée des "extrèmes" (il y aurait aussi beaucoup à dire sur la notion d' "extrème"). On y trouve des réactions de syndicats analogues en Europe. Par exemple le Grec, je cite :
RépondreSupprimer-------------------------------------------------------------------------------------
Dimitri Karageorgopoulos, secrétaire général de la GSEE, Confédération syndicale grecque : "Au sein de l'organisation toutes les tendances politiques sont représentées, mais nous sommes également très sévères avec les populistes, et il y en a dans tous les partis."
Y compris très à gauche, notamment dans le parti Syriza où une tendance minoritaire réclame la sortie de l'euro.
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Il fait allusion à la tendance "Plan B" qui est effectivement très critique enver l'UE. On notera que pour la CFDT, Syriza est "très à gauche". Mais qu'est-ce qui est à gauche, mais moins que "très à gauche" en Grèce ? Le Pasok ? On notera aussi la passage automatique dans la case "populisme" de tout opposant à l'euro.
Sentant le vent tourné, les défenseurs de la monnaie unique se sont carrément offerts une soirée de com' le 15 mai :
RépondreSupprimerhttp://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/04/29/97001-20140429FILWWW00134-dsk-parlera-de-l-euro-sur-france-2.php
Je sais que c'est mal de juger sans avoir vu, mais bon, comment avoir confiance en Pujadas pour un vrai débat sur ce sujet...
Olivier
L'euro trop fort par rapport à quoi? Au dollar? En raison du paradoxe énoncé par Triffin, le dollar ne peut que baisser, étant à la fois monnaie nationale et internationale. Si les pro euros tiennent tant à leur monnaie, qu'ils en indexent le cours sur l'or, qu'on rigole un peu...
RépondreSupprimerOn verra alors quelles sont les forces dominantes.
On peut retrouver les types de politiques monétaires non conventionnelles qui ont été conduits au Royaume-Uni avec les liens suivants :
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/crise-financiere/article/2012/02/09/la-banque-d-angleterre-fait-marcher-la-planche-a-billets_1641346_1581613.html
http://www.agefi.fr/articles/le-tresor-britannique-beneficie-de-la-manne-de-la-banque-d-angleterre-1244934.html
http://www.agefi.fr/articles/la-banque-d-angleterre-voit-son-mandat-evoluer-1262472.html
Il faut rappeler que le Royaume-Uni avait été particulièrement affecté par la crise financière de 2007- 2008 étant donné la situation bancale de son économie au moment de la survenue de cette crise. Un article du 26 janvier 2010 signalait que « Sur l'année 2009, le PIB a reculé de 4,8%. Il s'agit de la récession la plus sévère endurée par le Royaume-Uni depuis les années 30. »
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/01/26/04016-20100126ARTFIG00482-le-royaume-uni-sort-peniblement-de-la-recession-.php
A l’époque même la France était loin de connaître une crise aussi sévère. Au moment de la crise le Royaume-Uni n’a pas dévalué la monnaie mais la livre sterling étant en mécanisme de change flottant elle s’est fortement dépréciée sur les marchés, ce qui a amené l’équivalent d’une dévaluation de la monnaie. Une actualité du 16 Décembre 2008 précisait : « En juillet 2007, la monnaie britannique valait encore 1,50 euro. Depuis, elle s'est dépréciée de 25%, dont 5% au cours des deux dernières semaines. »
http://www.lefigaro.fr/tauxetdevises/2008/12/16/04004-20081216ARTFIG00266-la-livre-sterling-pourrait-bientot-valoir-euro-.php
Quelle est la situation aujourd’hui. Je prends des actualités récentes (mais pas toutes !) :
Mercredi 16 avril 2014 : « Le taux de chômage au plus bas depuis cinq ans en Grande-Bretagne » (6,9%)
http://fr.reuters.com/article/idFRKBN0D209T20140416
Actualité du 29 avril 2014 (hier) :
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140429trib000827488/hausse-du-chomage-et-decouragement-au-menu-en-espagne.html
« Le taux de chômage a encore augmenté en Espagne au premier trimestre, à 25,93%, proche de son record historique. Une situation qui incite nombre de demandeurs d'emploi, découragés, à abandonner leurs recherches, voire à quitter le pays. »
Autre article du 2 avril 2014 :
http://www.franceinfo.fr/economie/le-vrai-du-faux/arnaud-montebourg-dit-il-vrai-sur-la-croissance-en-europe-et-aux-etats-unis-1370977-2014-04-02
Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis: "J'ai fait un calcul très simple. J'ai regardé le niveau du PIB, c'est à dire de l'activité économique globale aux Etats-Unis et en zone euro au premier semestre 2008. J'ai pris cette période comme une base 100 et j'ai fait évoluer le PIB depuis cette période. Quand on s'arrête à la fin de l'année 2013, on est à 106,7 aux Etats-Unis et à 97,5 en zone euro. On a un écart entre les deux zones de 9,2". Aux Etats-Unis, sur 6 ans, le PIB a progressé de 6,7% au total. En zone euro, il s'est contracté de 2,5% et en France, il est resté étale. Quand on regarde sur la durée, les Etats-Unis et la zone euro suivent à peu près la même pente entre 2008 et 2011. C'est ensuite qu'elles divergent fortement. Les Etats-Unis poursuivent en zone verte, pendant que la zone euro va dans le rouge, victime de la crise monétaire et de l'austérité. »
Dès 1998 quand il parlait du système institutionnel de l’euro, l’économiste Milton Friedman avait prévu qu’il ne serait pas adapté à la solution de crises économiques qui y surviendraient. C’est aujourd’hui confirmé par les chiffres :
http://www.contrepoints.org/2012/07/31/92198-milton-friedman-avait-prevu-la-crise-de-leuro
Saul
Il semble aussi que les "progrès" en Grande-Bretagne soient dûs aussi à la réactivation de la bulle immobilière, avec tous les problèmes que cela pose (à ceux qui ne possèdent pas de logement), sans compter la catastrophe que causerait un éclatement de cette bulle.
SupprimerExact et c’était lié à l’action de la banque d’Angleterre. Cela dit le gouvernement britannique et la banque d’Angleterre ont révisé leurs actions pour tenter d’éviter la bulle immobilière. Ils ont limité le dispositif destiné à favoriser l'octroi de crédits en le concentrant sur les emprunteurs ne disposant pas d'un important apport initial de fonds :
Supprimerhttp://tempsreel.nouvelobs.com/immobilier/monde/20131128.OBS7516/royaume-uni-une-aide-au-credit-limitee-pour-eviter-une-bulle-immobiliere.html
Saul
"Karg se30 avril 2014 08:59
RépondreSupprimerIl est difficile de ne pas admettre l'incompétence des "hauts fonctionnaires" qui viennent diriger ces entreprises privées stratégiques. Ils sont incapable de se projeter à l'international et incapable d'obtenir les marchés étatiques (TGV, centrale nucléaire dans le cas présent) nécessaire à leur activité. "
Mais qu'est-ce que vous en savez, au delà de vos a priori de pauvre petit contribuable martyrisé ?
Il n'y a pas 15 millions d'alternatives :
- le marché libre et non faussé
ou
- un minimum de contrôle par l'Etat
C'est ce contrôle minimum par l'Etat qui est démantelé depuis plus de 3à ans, au point qu'on est près à laisser filer une entreprise comme Alstom sans le moindre remous alors que la moindre vélléité de remise en cause de l'exception culturelle voit tous les politiciens monter au créneau.
Les grands groupes français marchent bien, grâce aux ingénieur X mines ou ponts hauts fonctionnaires ou pas, et le problème principal est d'aligner leur intérêt sur celui du pays, ce qui n'est pas possible sans une haute fonction publique ET un état d'esprit public (politiciens, journalistes et commentateurs) adéquat.
En répétant comme un idiot que les cadres techniques et administratifs de la France sont par définition incompétents, alors que vous n'en savez rien, vous ne vous mettez pas du bon côté du problème...
Quant aux investissements de taille comme un centrale nucléaire, il est évident pour tout le monde (sauf pour les démagogues étriqués libéraux ou anti-impôts) que ce sont des investissements qui se traitent aussi au niveau des Etats.
Pour l'Europe, par exemple, Sarkozy avait essayé de faire prendre en compte des normes minimum de sécurité favorisant l'EPR, avant d'être contré par Fukushima et ses suites. Ce qui ne se fait pas sans tordre le bras des autres pays.
Avant cela, en 2008, l'alliance entre les Allemands et Areva avait pris fin, à l'initiative des Allemands, qui à l'époque voulaient avec Merkel revenir dans le nucléaire. Et cela, parce que la France leur avait refusé un contrôle accru sur cette activité !! Ils s'étaient à l'époque tournés vers une alliance avec les russes de Rossatom.
Vous pouvez toujours attendre des efforts similaires de la part du PS, qui veut réduire la part du nucléaire en France.
Mais comme manifestement, tout ce qui vous intéresse c'est de ressasser vos clichés sur les hauts fonctionnaires français, tout ceci vous passe bien au dessus de la tête...
Il n'y a pas et il n'y a pas eu que des hauts fonctionnaires compétents, notamment à la tête des grands groupes industriels, bancaires ... C'est même l'exception. La liste de ceux qui ont pantouflé ou pantouflent, qui ont tout fait pour augmenter leurs revenus en poussant à la privatisation, qui jouent au Monopoly est très longue, très, très longue. On peut éviter le simplisme sans nier la réalité. La plupart des hauts fonctionnaires ont fait et font, comme les socialos pourris : ils profitent du système grâce à la position qu'ils occupent. Les efforts, c'est bon pour les autres, les manants.
SupprimerDemos
Vous confondez deux choses, le type de gouvernance et la qualité de cette gouvernance. L'objet de mon propos est de dénoncer une certaine endogamie où les mêmes têtes gravites de la haute fonction publique à la DG des grandes entreprises proches de l'état, avec des performances de direction douteuse;
SupprimerAnonyme30 avril 2014 12:26
RépondreSupprimerDésolé, mais il est beaucoup trop fréquent de parachuter des énarques qui n'y connaissent rien à la tête de grosses entreprises genre J6M qui font des énormes bourdes ensuite.
Ensuite, l'industrie ne se fait pas qu'avec des X-mines ou ponts mais devrait aussi inclure les docteurs comme en Allemagne ou Italie, contrairement à la France et ses castes de grandes écoles et ENA.
Indépendamment de l'Euro sur lequel on ne peut pas tout imputer :
"entre 1999 et 2008, les exportations françaises ont perdu 30% de leurs parts de marché, soit deux fois plus que l’Italie avec la même monnaie."
"La Fondation Concorde enfonce le clou: à un tel niveau plancher, la part de cette valeur ajoutée industrielle dans l’économie nationale situe la France à la 17e position européenne, juste avant Chypre mais derrière la Grèce!"
http://www.slate.fr/story/86467/programme-stabilite-industrie-alstom#reactions
Dans le journal L'Expansion, Xavier Timbeau, économiste à l'OFCE, membre du collectif Pour une union politique de l'euro dit: " ... Pour sortir de cette impasse, nous proposons [ ... ] le pari de la démocratie. Cela peut passer par une chambre parlementaire européenne qui assumerait la mutualisation des dettes en euros et qui en appliquerait les règles fondamentales. Car qui dit mutualisation sous-entend la souveraineté et la priorité sur, par exemple, la Banque centrale. Qui affirme souveraineté implique possibilité d'ingérence. Qui invoque ingérence dit possibilité de sortie ou d'exclusion de la construction commune.[ ...] et au passage, l'euro semblerait plus juste et plus légitime."
RépondreSupprimerQu'en pensez- vous ? La sortie pure et simple de l'euro est- elle si incontournable pour retrouver compétitivité, souveraineté et justice ?
Xavier Timbeau est un fédéraliste. c'est très joli sur le papier, le seul inconvénient est que ce n'est pas réalisable aujourd'hui. on peur regretter que les peuples ne soient pas prêts à se fondre du jour au lendemain dans un seul Etat-nation continental, mais c'est ainsi : l'histoire chemine lentement et l'Européisme réellement existant est bien cette monnaie unique adossée à une bureaucratie néolibérale qui ne peut nous apporter que la déflation et la concurrence de tous contre tous.
SupprimerCe ne sont pas les peuples qui sont réticents, mais les politiciens des divers pays de l'UE qui le sont en jouant le discours de l'Europe tout en freinant, à commencer les politiciens français qui sont schizophrènes.
Supprimer"Ce ne sont pas les peuples qui sont réticents"
SupprimerOn revote sur Maastricht et Lisbonne sans propagande juste pour rigoler?
Et dans tous les pays concernés pour rire encore?
Rappel :
- Maastricht (1992): 51% oui - 49% non (abstention : 30%)
(http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_fran%C3%A7ais_sur_le_trait%C3%A9_de_Maastricht#R.C3.A9sultat)
- Lisbonne (2005) : 45% oui - 55% non (abstention : 31%)
(http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_fran%C3%A7ais_sur_le_trait%C3%A9_%C3%A9tablissant_une_Constitution_pour_l%27Europe#R.C3.A9sultat_final)
Quel plébiscite des peuples pour un rapprochement...
"Quel plébiscite des peuples pour un rapprochement..."
SupprimerDu peuple français en particulier dans ces 2 exemples.
Quelques réflexions en vrac..
RépondreSupprimer- Dans le second scénario (monnaie commune) Anne-Laure Delatte écrit " Si les marchés jugent que votre cours ne reflète pas la réalité de la situation économique d’un Etat, ils vont s’attaquer à sa devise. " ,
Justement non, une monnaie commune est la seule présente sur les marchés et la seule qui puisse être "attaquée" ... les monnaies nationales sont ainsi mieux protégées.
- " L’union aujourd’hui fait notre force." ... mais elle le ferait aussi demain avec la monnaie commune. Ceci dit il y a dans le monde de très nombreuses (petites) monnaies qui ne sont pas attaquées et un contrôle des changes temporaire (bien que non souhaitable) permet de passer un cap de spéculation rendu de toute façon difficile pour une grosse économie comme la France (5 ou 6 ième puissance économique mondiale)
- Elle écrit " Est-ce à dire que la banque centrale va racheter massivement la dette publique? Si c’est le cas, on prend le risque d’un retour d’une inflation galopante. " .
Bien sur que la Banque Centrale doit non pas "racheter de la dette publique" mais émettre la monnaie correspondant aux intérêts et à quelques milliards de rachat annuel de dette. Il n'y a que peu d'économistes qui soulèvent le risque d'inflation peu probable lorsque le chômage est élevé et que les entreprises disposent de marges de production.
" Or la dette privée extérieure des ménages et des entreprises françaises représentent près de 150% du PIB de la France donc plus que la dette publique. Les créanciers étrangers qui seraient lésés n’accepteront jamais. Ils porteraient plainte devant des juridictions internationales."
Les créanciers étrangers ont-il porté plainte lorsque l'euro a été substitué au franc et qu'il a chuté à 0,8 dollars pour 1 euro moins de 2 ans après sa création ? Les créanciers étrangers sont (aussi) assurés contre les risques de change et n'importe quel pays a le droit de changer le nom de sa monnaie. Le passage de l'euro au franc ne serait (en instantané) ni plus ni moins que celà. On pourrait aussi se poser la question "qu'adviendrait-il des dettes si l'euro n'existait plus ?"
- L'affirmation " Les emprunteurs vont donc être obligés de rembourser une dette en euros avec un franc dévalué. Si vous avez par exemple une dévaluation de 20% du franc, votre dette augmente mécaniquement de 25%. De quoi placer les emprunteurs dans une situation intenable! " est bien sur totalement fausse, sauf si le contrat de prêt est un contrat de droit étranger auquel cas la législation du pays du contrat s'applique. ... mais même question: que se passerait-il des contrats si la valeur de l'euro ou du dollars baissait ? Réponse : rien !
- Quand à mutualiser, ce ne serait effectivement possible que si au moins 10% du PIB (donc de la dette publique) étaient "mutualisé" ... quel pays l'acceptera t-il en sachant que nous serions là dans le même cas de figure qu'une "caution solidaire" où c'est toujours celui qui a le plus de moyen qui est appelé en définitive (Allemagne donc au final)?
« Le taux de change effectif réel de l'euro n'est pas à son plus haut historique constaté au milieu des années 1990. Et à cette époque, la France dégageait des excédents commerciaux »
RépondreSupprimerhttp://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0203351629773-l-euro-est-il-vraiment-trop-fort-667794.php#xtor=CS3-5
C'est donc avec d'autres états de l'Eurozone que la France a un problème de déficit, états dont la monnaie aurait dû s'aprécier vis-à-vis de la notre si nous n'étions pas tous dans l'Euro.
SupprimerIvan
Au milieu des années 90, l'euro n'était pas encore monnaie unique et la France venait de dévaluer de 15% (juillet 1993). de plus les excédents commerciaux (quine sont pas une fin en soi) résultaient aussi à l'époque d'une féroce politique d'austérité, qui a cassé la dynamique du pouvoir d'achat et de l'investissement, et dont nous payons toujours le prix aujourd'hui.
SupprimerCet article oublie l’accélération de la désindustrialisation de la France (et d’autres pays) dans les années 2000 en raison de l’appréciation de l’euro et de la concurrence interne bien sûr à l’intérieur de la zone euro avec la caractéristique qu’un euro s’appréciant était favorable aux économies compétitives de la zone euro et défavorables aux économies non compétitives qui perdaient des parts de marchés à l’intérieur comme à l’extérieur de la zone euro.
Supprimerhttp://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=57866
Saul
La désindustrialisation de la France a commencé bien avant les années 2000.
SupprimerPour l'industrie minière et sidérurgique, cela a commencé à la fin des années 60. N'oubliez pas l'ancêtre de l'UE, la CECA dont "le but était de rendre la guerre non seulement impensable mais aussi matériellement impossible" et dont "l'objectif était de soutenir massivement les industries européennes du charbon et de l'acier pour leur permettre de se moderniser, d'optimiser leur production et de réduire leurs coûts, tout en prenant en charge l'amélioration des conditions de vie de leurs salariés et leur reclassement en cas de licenciement" (source Wikipédia).
Résultat : après des ventes, des reventes, des fusions, il n'existe plus rien, plus aucun site minier, ni sidérurgique dans l'est et le nord de la France. Le dernier vestige était le site de Florange. Vous connaissez la suite.
Les socialos ont grandement contribué à ces opérations, qui n'ont rien coûté au baron Seillière et à sa famille, bien au contraire. Il n'y a aucune raison qu'ils changent d'attitude. Leur seule préoccupation est d'adopter une posture, de gesticuler pour finir par ... ne rien faire.
Demos
Où est ce que je peux trouver les chiffres concernant la dette privée ?
RépondreSupprimerPour 2012 (2013 n'est pas encore sorti) vous allez sur http://www.insee.fr/fr/indicateurs/cnat_annu/base_2005/donnees/xls/tee_2012.xls
SupprimerSur l'onglet "TEE 2012 complet", vous avez les passifs financiers des ménages ligne 156, colonne S
Pour 2012, c'est 1369,7 milliards
Mais attention, il s'agit de dette brute (c'est la même chose pour la présentation de la dette publique). Sans parler des actifs non financiers (# 7640 milliards en plus), les ménages ont aussi des actifs financiers que vous trouvez ligne 156, colonne G (pour 4162,6) ... le patrimoine financier net des ménages est donc de #2793 milliards.
Je rajoute: http://www.insee.fr/fr/ffc/figure/NATTEF08201.xls
RépondreSupprimeret un article de Berruyer sur ce sujet http://www.les-crises.fr/dette-totale-france/
RépondreSupprimerEn fait quand Madame Delatte écrit " Or la dette privée extérieure des ménages et des entreprises françaises représentent près de 150% du PIB de la France " c'est vraiment très exagéré:
1) c'est une dette brute
2) elle est de 135% du PIB et non "près de 150%"
3) l'ajout du terme "extérieur" prête à confusion.
4) si on somme les actifs financiers nets des entreprise et des ménages on est positif de 429 milliards, soit 22% du PIB
OK merci
Supprimer@ Yann
RépondreSupprimerMerci pour la précision.
@ CVT
Très juste : une baisse de 20% du franc (ou de l’euro) ne provoquerait qu’une hausse de 6% de l’essence comme le précisent les journalistes du livre « Casser l’euro pour sauver l’Europe »…
@ Toutatis
Le terme populiste est révélateur de beaucoup de choses…
@ Olivier
DSK !!! C’est mal parti.
@ Saul
Merci pour tous ces liens, très enrichissants.
@ Blogmens
Qui dit que cette chambre voterait une mutualisation. On ne peut pas forcer les Allemands à l’accepter. Et puis tout mécanisme fédéral (euro-obligations ou budget européen important) ne fait que traiter les conséquences des problèmes et non les causes. Il faut que la Grèce, l’Espagne, l’Italie et la France produisent plus. Les transferts ne résoudront pas les problèmes à long terme, outre le fait d’être invendable politiquement ailleurs.
@ A-J H
Merci pour ces compléments
@ Ivan
Bien vu
@ J Halpern & Démos
Merci
A propos de Weber, un extrait d'un article du 20 mars 2013 paru sur le très intéressant site "pièces et main d'œuvre sur les appels à la lutte contre les idées d’extrême-droite lancés par certains, qui, même si le FN peut librement être critiqué, devraient "balayer devant leur porte" : "les partis à la manœuvre (PCF, PG, NPA, PRCF), sont les héritiers résiduels des bolcheviques des années vingt, trotskystes ou staliniens, mais tous également fusilleurs d’ouvriers, de paysans et d’intellectuels rebelles à leur dictature". Et Weber, comme nombre d'autres dirigeants de gauche, comme de droite, vient de l'extrême gauche. Nous avons maintes fois pu constater que ces gens-là sont les plus intolérants, les plus dogmatiques et, surtout, les pires salauds.
RépondreSupprimerDemos
@Demos,
Supprimerje ne peux pas laisser dire des énormités pareilles! Vous insultez littéralement des gens comme moi! La droite n'a pas de leçon à donner en matière de totalitarisme: il faudrait aussi faire le bilan de l'anti-communisme au XXè siècle, ça sera autant, voire plus, gratiné...
Je n'ai pas honte de mes convictions socialistes (pas social-démocrates, mais socialistes), et il y a une vraie différence à gauche entre, d'un côté, les tenants de la gauche jacobine, sociale et patriote (notamment le PCF pré-Robert Hue, chevenementistes) et de l'autre côté, la gauche sociale-démocrate, donc bien des éléments sont issus de la famille trotsko-maoïste, qui un internationalisme abstrait et mal compris, sont anti-nationaux, partisans de l'abolition des frontières, et donc les alliés objectifs, pour ne pas dire les idiots utiles, de l'ultra-libéralisme.
Pire, et je peux en témoigner comme ex-militant du PG, les communistes et les trotskistes sont historiquement des ennemis mortels, comme en témoigne l'évolution du PS au début des années 80: c'est bien par anti-communisme que Mitterrand et les ex-trotskistes du PS ont soufflé sur les braises du FN, et transformé le prolo en beauf raciste, siphonnant ainsi l'électorat naturel du PCF...
Donc, quand vous mettez le PCF (version PRCF) dans le même sac que les gauchistes du NPA,PG ou LO, vous commettez exactement la même erreur que ceux qui assimilent UMP, UDI et FN...
Pour le reste, j'ai toujours éprouvé une méfiance instinctive envers les leaders de Mai 68, dont Henri Weber était l'une des chevilles ouvrières. Ce personnage illustre parfaitement les propos de Marcel Jouhandeau qui, durant les événements de Mai 68, s'adressait à des étudiants manifestant: "Rentrez chez vous ; dans vingt ans, vous serez tous notaires". Ce fut le cas de Weber, qui après une jeunesse trotskiste, entra au PS une dizaine d'années après mai 68...
CVT