On
ne cesse de parler du risque de déflation en Europe. En effet, l’inflation
est tombée à 0,7% sur un an, deux fois moins qu’au Japon, qui
semble sortir de ce mal. Mais il faut clarifier deux choses : ce terme
est le mot politiquement correct pour dire baisse des salaires et c’est cette
Europe qui la provoque.
La
déflation, l’autre nom de la baisse des salaires
Même les
tenants les plus eurobéats de l’UE commencent à s’en inquiéter, comme le montre
cette note de l’institut Bruegel, qui
s’alarme sur le risque de déflation dans la zone euro. Depuis début 2012,
l’inflation ne cesse de baisser dans la zone euro, qui semble prise dans une
course sans fin vers la baisse des prix. De manière révélatrice, le phénomène
touche encore plus les pays « aidés » par l’UE, ce
qui en dit long sur la qualité des potions infligées à ces pauvres pays.
Pire, la zone euro se distingue du reste du monde, puisque le
Japon, au contraire, semble sortir de la déflation, et si la hausse des
prix a ralenti outre-Manche et outre-Atlantique, le phénomène n’est pas aussi
marqué…
Mais
surtout, derrière les discussions sur la déflation, cela signifie baisse des
salaires. Certains néolibéraux diront que ce n’est pas grave car les prix
baissent aussi. Mais cette vision froide des choses est réductrice, car tous
les prix ne baissent pas : les mensualités d’un emprunt ne sont souvent
pas concernées. En outre, une moyenne cache de gros écarts : quand
les revenus augmentent en moyenne de 6% aux Etats-Unis, ils baissent 1,6% pour
90% de la population et montent de 31% pour 1%... Et si la déflation est redoutée
par les économistes, c’est bien parce qu’elle est génératrice de graves déséquilibres,
et, en général, d’un appauvrissement global. C’est pourquoi le Monde a fait un papier intéressant
affirmant « pourquoi
la baisse des prix en Espagne n’est pas une bonne nouvelle ».
Pourquoi
les prix et les salaires baissent ?
Le problème
est simple et pouvait être identifié avant même la mise en place de
l’euro : « dans
un système où il n’y a pas d’ajustement monétaire, tout point d’inflation en
moins permet de gagner en compétitivité ad vitam aerternam ».
Avant la monnaie unique, les ajustements se faisaient par la valeur de la
monnaie de chaque pays. La monnaie d’un pays en déficit extérieur baissait, ce
qui permettait un rééquilibrage de ses comptes. Aujourd’hui, les ajustements se
font sur les salaires, comme en Espagne ou en Grèce. Mais avec
des salaires variant de 1 à 10 dans l’UE, nous risquons d’entrer dans une
zone de dépression permanente pour la grande majorité des pays, d’autant plus
que le marché unique et la liberté de circulation des biens et des capitaux
renforcent encore la course au moins disant.
Quel foutoir !
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/societe/article/2014/04/05/sante-l-europe-fait-exploser-le-numerus-clausus_4396396_3224.html
"Médecins, dentistes, sages-femmes, kinésithérapeutes, orthophonistes… la France accueille de plus en plus de professionnels de santé étrangers ou français formés hors de ses frontières. Un phénomène difficilement évitable du fait de la libre circulation au sein de l'Union européenne. Le fameux numerus clausus, qui régule le nombre de praticiens, est désormais largement caduc.
L'alarme vient d'être officiellement sonnée par le président de l'Ordre des médecins."
Notez les commentaires bilieux sous l'article, même si tout n'est pas faux.
http://www.hubertvedrine.net/article-643.html
"L’Opinion - A quelles «réformes» pensez-vous?
- A la réduction de la dépense publique d’abord. Mais prenez aussi l’immigration. Personne en France ne remet en cause le droit d’asile. Ensuite, sur les flux migratoires, fermer ou ouvrir complètement le pays serait insensé. On parle donc de régulation: fixer des flux et des quotas en fonction des besoins, en concertation avec les partenaires de Schengen, et les pays de départ, et an adaptant les chiffres en fonction de l’économie tous les deux ans. Si cela ne s’est pas déjà imposé, c’est qu’il y a des groupes, aux extrémités de l’échiquier politique, qui hystérisent ce sujet, et que certains en jouent. Les grands partis n’osent pas imposer cette idée évidente et centrale de régulation. "
Le numerus clausus est une plaie, laissons les gens compétents devenir médecins ou des professionnels de santé. Il faut arrêter de protéger des castes. Soit l'état met en place un mécanisme de régulation du nombre de nouveau entrant performant (automatiquement calé sur la croissance de la population et le vieillissement), soit on libéralise.
SupprimerLe plus fou, c'est que le président de l'Ordre des médecins ne veut pas qu'on touche au numerus clausus ! Il veut donc continuer à rstreindre l'offre de médecins autoritairement pour protéger la rente de ceux qui sont en place.
SupprimerSûr qu'il va se heurter à la politique de l'offre de Hollande.
A propos quand on rationne l'offre dans l'espoir que la demande va suivre, on voit bien que cela ne marche pas : la preuve que ce n'est pas l'offre qui crée la demande. Si l'idée que c'est l'offre qui crée la demande était exacte le numerus clausus n'aurait pas causé la catastrophe qu'on a constaté.
Ivan
Très bonne synthèse de la question. la déflation salariale est depuis le début l'objectif de la politique néolibérale, d'abord camouflé sous le prétexte de la "baisse des charges", et maintenant ouvertement mis en oeuvre. C'est une logique perverse mais puissante, car elle fait miroiter aux entreprises la perspective d'une fugace augmentation des profit - même si l’expérience leur apprendra que les gains obtenus de cette manière sont reperdus au centuple dans l'affaissement du marché. Depuis le début, la "concurrence libre et non faussée" promue par les européistes n'a jamais été autre chose que la paupérisation de la masse des salariés - programme d'une oligarchie avide qui préfère s'enrichir en aggravant les inégalités plut^tot qu'en contribuant à la prospérité de tous.
RépondreSupprimerMais il faut tirer les conséquences de cette analyse : la programmation des hausses de salaires et de prestations sociales devra s'inscrire au cœur d'une politique économique alternative, au côté de l'ajustement du taux de change, du protectionnisme et d'une ambitieuse politique budgétaire.
La déflation a surtout comme effet d'induire un pessimisme quand à l'investissement ou l'achat. En effet pourquoi acheter aujourd'hui un bien que l'on pourra obtenir plus tard pour moins cher? Même chose pour l'investissement qui baisse faute de perspective de débouché. On peut même affirmer que la déflation fait baisser le potentiel de hausse de productivité réel puisque celui-ci nécessite forcément des investissements pour croître. Bref ce n'est bon pour personne et c'est essentiellement le fruit d'une idéologie idiote. Rappelons également que mécaniquement la déflation fait grossir le poids des dettes des états, des entreprises, et des particuliers parce que les taux d'intérêts, eux, ne deviennent pas négatifs.
RépondreSupprimerEn période de déflation la trappe à liquidités atteint sa surface maximale. Tous ceux qui ont le loisir d'arbitrer entre dépense et épargne le font, et toujours en faveur de l'épargne. Vous pouvez déverser là-dessus des milliers de milliards de dollars ou d'euros en pure perte.
SupprimerAlors que si vous déversiez le centième de ces masses démentes sur la tête de ceux qui n'arbitreraient qu'entre consommation et privation si les autorités publiques ne le faisaient pas à leur place vous observeriez déjà un frémissement de croissance.
Ivan
Keynes était un penseur innovant qui, incidemment, aimait aussi la vie, l’art, le théâtre, la danse, la bonne chère, les voyages et les joutes intellectuelles. Près d’un siècle plus tard, le rejet de ses théories n’est toujours pas sous tendu par un débat rationnel, mais par une moralité Victorienne poussiéreuse mais tenace.
RépondreSupprimerhttp://www.gestionsuisse.com/cette-morale-qui-nuit-au-redressement-economique/
Remarquez, avec Valls gestionnaire, on a un spécimen first class pour redresser le pays :
RépondreSupprimerUne décennie plus tard, un simple coup d’œil aux finances municipales donne une idée de son bilan : les caisses d’Evry sont vides. « J’ai rarement vu une commune qui a autant de mal à payer ses dettes » , s’étonne Claude Jaillet, expert en finances locales. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir fait… valser les impôts. Entre 2001 et 2012, la pression fiscale sur les ménages de la commune a explosé de 45,7%. Grâce à quoi la facture moyenne des foyers imposables, qui frôle aujourd’hui les 2 100 euros annuels, est l’une des plus élevées de France pour une ville de cette importance.
http://www.capital.fr/enquetes/dossiers/a-evry-les-habitants-paient-encore-la-gestion-bien-peu-rigoureuse-de-manuel-valls/%28offset%29/1
@ Anonyme, Karg se et Ivan
RépondreSupprimerLe « foutoir » vient aussi du fait que le PS, arrivé au pouvoir en 1981 a radicalement réduit le numerus clausus dans les années 1980 et 1990, provoquant également un manque de médecins. Ne pas mettre de limite, c’est le risque de passer d’un excès à l’autre.
@ J Halpern
Merci pour l’élargissement très pertinent du débat
@ Yann
Merci pour ce complément sur les risques de la déflation
@ Anonyme
Merci pour ce rappel sur Keynes. L’évolution d’Evry est intéressante étant donné que son ancien maire est désormais à Matignon (même s’il reste cornaqué par une équipe très hollandiste)
Budapest fixe alors ses priorités. D'abord, se libérer du FMI. Pour cela, tous les moyens sont bons. Il faut nécessairement en passer par une période d'austérité budgétaire et par une hausse de la TVA de 24 à 27 %, mais pour adoucir l'amertume de la pilule, le gouvernement joue sur la fibre nationaliste en taxant les secteurs économiques où règnent les entreprises étrangères, comme la distribution et les banques. Surtout, il met la main sur le fonds de retraite privé de quelques 10 milliards d'euros. Pour s'assurer du succès de sa politique, il modifie la loi sur la banque centrale, réduisant l'indépendance de cette dernière. Il s'agit évidemment pour Viktor Orban de disposer du levier monétaire pour adoucir les effets de l'austérité.
RépondreSupprimerhttp://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140406trib000823795/la-hongrie-plebiscite-viktor-orban.html
Laurent, chacun sait ce qui lui reste à faire fin mai. Soit les européistes gagnent et ils nous écrabouillent, soit on les met dehors avec un formidable coup de pied dans le fondement. Quitte ou double !
RépondreSupprimerDemos
Oui, jarter les européistes ! Hélas, la quasi totalité de la scène politique actuelle est soumise à l'UE (et tout particulièrement le FN et DLR). Il faut sortir de cette construction dont le fondement est impérialiste et xénophobe. Un seul parti le propose, l'UPR !
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