Fait trop
souvent ignoré : outre le fait que la
grave crise financière de 2008 n’a en aucun cas permis de mener une réforme
suffisante du secteur, les pays européens avancent encore moins vite que
les Etats-Unis sur le sujet, ce qui est en dit long sur l’incompétence notoire
de nos dirigeants.
Une
histoire d’effet de levier
Ici, c’est un
papier de The Economist sur
l’évolution des régles bancaires outre-Atlantique qui révèle le pot aux
roses. De nombreux économistes ont souligne le rôle joué par l’utilisation de
l’effet de levier dans les crises financières. Pour une même somme de capital,
les banques prêtent et placent davantage, ce qui augmente mécaniquement les
résultats mesurés en fonction de ce capital. Comme les banques privées peuvent
créer de l’argent, il leur suffit de parier plus pour gagner plus… L’histoire
des crises financières repose souvent sur ce simple mécanisme, rappelée
par The Economist dans la même
édition, qui
n’a été que très partiellement remise en cause par les règles Bâle 3.
En effet,
les règles Bâle 3 imposent un minimum de couverture de 3% : les banques
doivent avoir un capital équivalent à 3% de leur bilan. Déjà, on reste
stupéfait par un chiffre aussi bas, qui ne semble pas du tout à la hauteur des
leçons du passé. Mais les
Etats-Unis ont décidé d’aller plus loin que les règles de Bâle 3, en imposant
un ratio de 5%, et même de 6% pour certaines unités. Du coup, les banques
étasuniennes vont devoir lever entre 22 et 68 milliards de dollars de plus de
capital, somme
qualifiable de « faisable »
par The Economist étant donnés leurs
profits. Il note que depuis 2008, les banques US ont levé plus de 500
milliards, contre 324 pour les banques européennes, pourtant plus lourdes…
L’Europe,
pire que les Etats-Unis
Ils
arrivent d’ailleurs à fortement assouplir les nouvelles règles de Bâle 3 en
jouant sur les détails qui n’en sont pas et il est fort probable qu’ils
parviennent à faire de même aux Etats-Unis, en jouant par exemple sur d’autres
variables comme la mesure de l’effet de levier pondéré par le risque. On
imagine bien que le risque est mesuré par un modèle interne à chaque banque,
leur permettant d’en faire ce qu’elles en veulent. Car il ne faut pas se faire
la moindre illusion, si les Etats-Unis font un peu moins mal que l’Europe, on
reste dans des
propositions totalement insuffisantes au regard de la crise des dernières
années, du
fait d’une analyse superficielle et biaisée de ses origines et donc une
mauvaise direction globale.
Malgré tout,
il n’est pas inintéressant de noter à quel point l’UE est à la traîne des
timides efforts étasuniens car cela montre que le système politique actuel des
pays européens est totalement vérolé, dans tous les sens : aucune
réflexion véritable
et trop
grande influence des lobbys financiers.
Selon certains, le ratio de 10 est un minimum.
RépondreSupprimerDans la séparation des activités bancaires, la France semble bien être aussi le cancre des pays occidentaux.
@Laurent
RépondreSupprimerTon pourcentage de 3% ne me semble pas pertinent
WP: // Les banques devront avoir 4,5 % au titre du capital de base (core Tier One5) auxquels s'ajoute un coussin dit « de conservation » de 2,5 %, soit 7 % au total ». Selon la BNP, le seuil de 7 % équivaut à un ratio de 10 % dans l'ancienne définition - à comparer aux 2 % minimum exigibles auparavant//
//
- le cash et les titres d'État sont pondérés à 100 % ;
- un certain nombre d'autres titres sont pondérés à 85 % (15 % de décote sur leur valeur de marché) ;
- les prêts aux clients sont supposés renouvelés à 50 %, les prêts interbancaires ne sont pas renouvelés ;
- les dépôts retail subissent des taux de fuite entre 5 % et 10 % selon la stabilité estimée du dépôt en question ;
- les dépôts des grandes entreprises subissent un taux de fuite entre 25 % et 75 % selon la stabilité estimée du dépôt en question (critères assez restrictifs) ;
- le refinancement de marché est renouvelé à 0 %.//
7% de fonds propres permettent , sur ce seul critère (il y a en plus l'obligation de couvrir les "fuites" correspondantes aux Réserves Obligatoires de 1% et la demande de monnaie centrale statistiquement aux alentours de 13%), une capacité de multiplication monétaire de 14 .
@ Anonyme et A-J
RépondreSupprimerEn effet, c’est ce que souligne Olivier Berruyer sur son blog (sur la séparation).
Sur les ratios affichés par The Economist, j’imagine qu’ils sont calculés différemment puisqu’en effet, ils ne sont pas en ligne avec les chiffres avancés habituellement, mais le diable étant dans les détails, ils doivent correspondre à une autre manière de les suivre.
A méditer et qui explique que les populations se méfient encore plus de leurs politiciens nuls que de l'UE :
RépondreSupprimerhttp://www.slate.fr/story/59219/espagnols-bruxelles