C'est une information
absolument stupéfiante qui a été révélée hier : les Etats-Unis
pourraient imposer une amende de plus de 10 milliards de dollars à BNP Paribas
pour avoir effectué des transactions en dollars pour des clients en Iran, au
Soudan et à Cuba. Une telle sanction serait un véritable scandale,
une nouvelle illustration de l'impérialisme
coutumier de Washington.
Une sanction injustifiée
Bien sûr, les Etats-Unis
ont décidé de sanctionner les entreprises qui font des affaires avec l'Iran et
Cuba mais les lois étasuniennes ne sont pas les lois de la planète.
Et donc, on ne voit pas pourquoi elles devraient s'imposer à des entreprises
qui ne sont pas du ressort de leur juridiction. Car BNP Paribas ne dépend pas
des Etats-Unis. Son siège social est en France. Et même si on regarde plus
largement, son actionnariat, dont on trouve
le détail dans son rapport annuel, est principalement européen.
Enfin, même d'un point de vue de son activité, les Etats-Unis pèsent moins de
10% dans le total : seulement 8,2%
des collaborateurs du groupe sont aux Etats-Unis (contre 30,8% en France et
76,7% en Europe) et seulement 2,2 milliards
d'euros du Produit Net Bancaire de la banque de détail est réalisé aux
Etats-Unis, sur un total de 24,9 milliards...
Bref, quel que soit le bout
par lequel on le regarde, la perspective
d'une amende de 10 milliards de dollars (plus que les bénéfices annuels de la
banque) semble totalement injustifiée. S'il est normal que la
filiale étasunienne de BNP Paribas respecte la loi de son pays (et soit
sanctionnée si elle ne la respecte pas), il serait totalement anormal que la
banque soit pénalisée par des activités qui ne sont pas du ressort de la législation
de l'Oncle Sam. Malheureusement, ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis
prétendent faire leur loi sans pour autant réellement le mériter. C'est ainsi
que parce que
General Motors avait pris à peine 7% du capital de PSA elle avait imposé à
notre constructeur de ne plus vendre de voitures en Iran, pourtant
un de ses premiers marchés, où elle avait écoulé plus de 450 000 véhicules sur
la seule année de 2011.
Un impérialisme insupportable