On peut se
dire que le fait de coter des actifs peut être assuré par le secteur privé, que
le marché assure lui-même sa propre organisation. Mais plus le temps passe, et
plus tous les défauts du marché ressortent et amènent à se dire que le fait de
coter les actifs relève finalement du service public.
Addition
de dérives libérales
Le plus
incroyable sur le marché de la cotation des actions est finalement que la
libéralisation n’a en aucun cas été freinée par la grave crise financière de
2008. Comme
le rapporte The Economist, après
le premier projet MiFID, adopté en 2004, et appliqué depuis 2007, qui a permis
à de nouveaux acteurs de mettre en place de nouvelles plate-formes d’échange de
titres plus librement, la folie libéralisatrice européenne a trouvé un second
souffle, avec le projet MiFID2, qui prévoit d’aller encore plus loin dans la
libéralisation des échanges. Pourtant, on voit déjà les
ravages des « dark pools », des lieux opaques qui permettent à
qui le souhaite d’échanger anonymement des titres, ou le trading à haute
fréquence par des ordinateurs, qui
a déjà provoqué un krach en 2010, en attendant sans doute un plus gros…
En effet, la
libéralisation démultiplie tous les problèmes naturels des marchés. La
fragmentation des lieues où échanger les titres facilite les manipulations et
complique leur prévention. Cela rend les marchés opaques, ce qui accentue plus
encore leur instabilité, puisque cela nourrit la hausse dans les phases
d’optimisme et accentue encore les baisses en phase de crise. Quand on ajoute à
cela le développement des échanges réalisés automatiquement par les ordinateurs
sans la moindre intervention humaine (65%
des échanges d’action en 2012 selon The Economist, et jusqu’à 45% des futurs et
30% des options), pour bénéficier des écarts de cours d’une place à
l’autre, il est difficile de ne pas se dire que la sphère financière devient
chaque jour davantage une nouvelle bombe à retardement.
Du
service public de la bourse
Et tant
qu’on y est, il faut également radicalement réduire toutes les pratiques
spéculatives délirantes qui n’apportent aucune valeur ajoutée à l’économie
réelle et ne serve qu’à gonfler la bulle financière : dérivés de toutes
sortes, ventes à découvert, rachats d’action, trading
à haute fréquence (Alain
Godard évoque leur rôle dans les difficultés actuelles d’Alstom sur Alternatives économiques). Nous
devons à chaque fois nous demander ce qu’apportent vraiment ces outils avant de
les autoriser. Et contrairement
à ce que vient de faire l’UE, il convient de faire davantage contribuer la
finance à la collectivité, en imposant une véritable taxe Tobin, qui
permettrait de rééquilibrer la fiscalité en faveur du travail.
Pour toutes
ces raisons, il convient de nationaliser et centraliser la cotation de tous les
titres français sur le territoire français, en instaurant de nouveau des
frontières pour les mouvements de capitaux. Ainsi, le monde de la finance
pourra être de nouveau contrôlé.
Il est tragique de voir que la seule question qui déchire les socialistes au sujet d'Alstom est de savoir s'il faut laisser GE ou Siemens l'acquérir. Aucun d'entre eux n'envisage de proposer qu'Alstom reste français, alors que le pouvoir par les leaders de leur parti au pouvoir ne cessent de déclamer qu'il faut défendre l'industrie. Voilà des minables qui se discréditent et discréditent la politique à longueur de journées sans en mesurer les effets. Nous n'avions vraiment pas besoin de cela après cinq ans de sarkozysme.
RépondreSupprimeralors que les leaders de leur parti au pouvoir ....
SupprimerDémos
RépondreSupprimerQuand des boites françaises rachètent des boites étrangères, qui en parle ? A partir de quand une boite est dite stratégique, quand elle fabrique des poulets, des yaourts... ? La balance des paiements dépend des investissements étrangers en France, si vous les dissuadez, ils iront ailleurs. GE a de nombreux sites de production et de recherche en France qui fournissent de l'emploi en France et y payent des taxes, où est le problème. Vous croyez qu'il vaut mieux une boite "française" mal gérée ou sans capitaux ou sans synergie d'échelle, ou alors une boite "américaine" qui possède cela en produisant en France ?
Texas Instrument il y a 30 ans avait beaucoup investit en France, sur la Côte d'Azur, en créant des emplois très qualifiés, personne n'a trouvé ça scandaleux. Qu'une boite soit française ou US, elle n'investira en France que si il y a de bonnes raisons, pas parce que ses dirigeants sont US ou français. Dans ce genre business, la nationalité des dirigeants n'a aucune importance.
SupprimerQuel artiste vous êtes !
SupprimerSi une entreprise française rachète une entreprise américaine ou fait une percée commerciale, dans un secteur de pointe, bien sûr qu'on en parle.
Voyez par exemple l'affaire du marché gagné par Airbus aux Etats-Unis, et retoqué sur pression politique américaine : cela a fait les gros titres avant, pendant et après la décision américaine.
"Dans ce genre business, la nationalité des dirigeants n'a aucune importance."
Allez expliquer cela aux japonais, coréens du sud ou chinois, qui non seulement protègent leur marché intérieur mais ont leurs grandes entreprises sous ferme contrôle de la collectivité.
Non seulement c'est contraire à votre théorie, mais en plus cela fonctionne. Et c'est bien ainsi que fonctionnait la France il y a 40 ans.
C'est à cause de l'inconscience d'olibrius dans votre genre que les financiers ont pu changer ce modèle...
Et même dans les pays anglo-saxons, au delà du discours de façade destiné à l'export, ce que vous dites n'est pas vrai.
Par exemple, chacun sait que le Royaume-Uni protège bec et ongle la City dans les discussions bruxelloises, parce que c'est le coeur de son modèle et de sa prospérité.
Et même le Figaro en convient :
http://www.lefigaro.fr/societes/2014/05/02/20005-20140502ARTFIG00311-comment-les-etats-unis-et-le-royaume-uni-protegent-leurs-fleurons-industriels.php
c'est dire si vous êtes à côté de la plaque.
Il ne me semble pas que la question soit là. L'attitude de Kron dans ce dossier est, pour le moins, difficile à analyser : volonté des actionnaires d'Alstom de récupérer des fonds, choix de se séparer d'activités moins rentables, réaction à un opération boursière contre Alstom, intérêt personnel ...
SupprimerIl ne s'agit pas de promouvoir un système collectiviste de type soviétique, mais de promouvoir et de défendre la présence des entreprises françaises sur notre Territoire dans notre intérêt en termes d'emploi, d'impôt, de sécurité parfois.
Enfin, ce qui est insupportable est le discours officiel, qui prétend lutter contre la désindustrialisation alors que le pouvoir ne fait rien. Absolument rien.
Ils protègent leur modèle... Et alors, ça marche ? Non.
RépondreSupprimerBalance commerciale US négative et ils ont aussi essayé de protéger leur marché du solaire, ça a été le fiasco. Vous racontez de belles âneries et marchez à côté de vos pompes. Si c'était efficace, les produits conçus aux US ne seraient pas fabriqués en Chine.
Ce sont pas les mêmes qui prennent la décision de protéger leur économie (annulation de l'appel d'offre remporté par Airbus) et ceux qui prennent la décision de faire fabriquer leurs produits en Chine.
SupprimerSi les seconds commandaient plus, vous inquiétez pas, que rapidement les Boeings seraient fabriqués en Chine et totalement...
Tout cela démontre qu'il y a des batailles entre protectionnistes et ultra-libéraux ; ça ne prouve pas que c'est la défaite pure et simple du protectionnisme...
Bientôt on va nous dire que la crise est uniquement de la faute du protectionnisme, je le vois venir...
"que sait-on de ce qu’il advient, en moyenne, à une entreprise qui fait l’objet d’un rachat par un investisseur étranger ? Les études réalisées sur données américaines, suédoises ou britanniques sont unanimes. La prise de contrôle par un étranger se traduit en général par une augmentation très importante de la productivité de l’entreprise. Ces gains de productivité sont pour partie reversés aux salariés qui voient leurs salaires augmenter. En revanche, ces gains de productivité ne sont pas (en moyenne) obtenus par des réduction d’effectifs. Statistiquement, l’arrivée d’un étranger dans le capital n’est pas synonyme de destructions d’emploi ou de fermeture d’établissement. Le changement de propriétaire est donc,a priori, plutôt une bonne nouvelle pour les salariés car il facilite l’expansion de l’entreprise en apportant capitaux et savoir-faire."
RépondreSupprimerhttp://www.institutmontaigne.org/fr/publications/quel-patriotisme-economique-au-xxie-siecle
L'institut Montaigne (pauvre Montaigne, d'ailleurs, oser reprendre son nom comme ça) est un peu trop favorable au marché...
SupprimerCe qui explique ce superbe conte de fée où soit-disant ce serait POUR les salariés que des étrangers rachète -et non investissent dans- une entreprise locale !
Et du coup, ce serait les salariés les grands gagnants ; c'est beau comme un beau roman à l'eau de rose.
On appréciera aussi la pépite de l'institut Montaigne : il faut que la fonction public soit "business friendly"...
Abd_Salam
RépondreSupprimerVous avez lu l'article à l'envers, sinon vous ne diriez pas de telles sottises.
Bon, d'accord.
SupprimerLes ultra-libéraux ont toujours raison. J'ai bon là ?
@ Démos
RépondreSupprimerBien d’accord. Ils sont désespérants.
@ Anonyme
Dans la mondialisation actuelle, laisser faire sur ce sujet est dangereux du fait du niveau des salaires et de la fiscalité en France, qui pousse forcément à des délocalisations ultérieures. Comment croire l’étude de l’Institut Montaigne, incontestablement biaisée dès l’origine, et contredite par l’évolution de notre production industrielle ou les faits (Renault, Pechiney, Airbus en partie, Arcelor…)
@ Anonyme
Merci de compléter la discussion
@ Abd-Salam
Bien d’accord