Jusqu’où
s’arrêtera la bêtise des marchés ? Après
des siècles de crises, on peut sans doute dire qu’elle est sans fin, comme
le montrent dernièrement la
baisse des taux sur les dettes souveraines dans la zone euro, la
nouvelle bulle Internet et les
folies du marché immobilier dans quelques pays.
Du jugement des dettes souveraines
Le
succès récent de la vente de bons du trésor grec illustre le nouveau
changement d’humeur des marchés. Début 2009, tous les Etats de la zone euro
pouvaient emprunter à peu près au même taux, une absurdité quand on examinait
un tant soit peu les différences colossales entre Berlin, Madrid, Paris ou
Athènes. La crise qui a suivi a démontré la faillite des marchés à produire des
taux justes puisqu’ils ont nourri un excès de dettes (privé, plus encore que
public) dans
de nombreux pays (Espagne et Irlande notamment), qui ont mené à la crise de la
zone euro. Bref, la main invisible était celle d’un dealer vendant sa
marchandise à si bas coûts que cela a provoqué quelques overdoses...
Les
marchés étant excessifs à la hausse comme à la baisse, début 2012, la dette à
10 ans d’Athènes s’échangeait avec un taux annuel théorique supérieur à 40%, la
dette portugaise dépassant les 15% ! Là encore, on peut imaginer qu’un tel
taux était absurde et était le pendant inverse des excès passés. De tels
niveaux étaient assez ridicules par rapport à ceux des pays émergents. En deux
ans, la situation s’est complètement renversée puisque la Grèce peut emprunter
à 5% à 5 ans et que la dette à 10 ans de l’Italie et l’Espagne dépasse à peine
le cap des 3% (contre
près de 7% au pire de la crise de la zone euro). Difficile de ne pas croire
que, là encore, la baisse des taux est excessive.
Où l’Etat entre en jeu
Bien
sûr, les néolibéraux pointeront (pas totalement à tort), la responsabilité de
l’état au sens large dans ces épisodes. L’incapacité
des européens à mettre en place un plan solide ayant provoqué un fort stress
des marchés et les annonces de 2012 ayant permis de ramener le calme. Ils
pointeront également le rôle des politiques monétaires, qui
contibuent à augmenter la demande pour tous les types d’actifs. Mais, cela
revient à ne voir qu’un aspect de ces crises. Car de tous les temps, les
marchés ont été exubérants, parfois à rebours des poliltiques publiques, ce
qui montre qu’il y a une nature intrinsèquement excessive et instable dans les
marchés, bien théorisée par les « esprits animaux » de Keynes.
Mais
du coup, cela signifie qu’il est fondamentalement absure de mener des
politiques basées sur le jugement des marchés, puisque ce dernier se révèle si
souvent mal avisé. Il faut absolument s’en détacher pour pouvoir mener des
politiques qui vont dans le sens de l’intérêt général.
Lorsque les pays sont monétairement indépendants (ce qui n'est pas le cas de ceux de la zone euro), ce sont les banques centrales qui déterminent quel va être le taux demandé par les prêteurs. En effet, la banque centrale pouvant prêter aux Etats "coince" les investisseurs qui sont obligés de suivre (voir à ce sujet les excellentes démonstrations et exemples de Jean Baptiste Bersac sur son blog "frapper monnaie" et dans son livre "Devises, l’irrésistible émergence de la monnaie,")
RépondreSupprimerProche de nous l'exemple des taux offerts aux Anglais, taux pilotés par la BoE qui n'hésite pas quand elle le veut à financer le budget britannique par rachat d'actifs
En résumé , dit il y a 48 ans par le président De Gaulle :
RépondreSupprimer« La politique de la France ne se fait pas à la corbeille »
Oui, Laurent, je suis d'accord avec vous (et avec AJ Holbecq). Voici démontré une fois de plus le principe qui veut que "qui contrôle la monnaie contrôle le monde"
RépondreSupprimerAujourd'hui, nous sommes régis par une monnaie qui est à la fois une monnaie "nationale" tout en étant une monnaie de réserve internationale.
Robert Triffin avait démontré qu'une monnaie nationale ne peut servir durablement de monnaie internationale et nous sommes pourtant dans ce cas depuis 1944. Jusqu'à quand? Un jour viendra ou les économistes feront le lien entre la crise dans laquelle est plongé le monde depuis 1973 et l'abandon de la parité or du dollar en 1971
Combien de milliards d'euros l'Union Européenne coûte-t-elle à la France ?
RépondreSupprimerPendant l'année 2012, la France a donné 19,8 milliards d'euros à l'Union Européenne, mais la France a reçu seulement 12,9 milliards d'euros de l'Union Européenne.
En clair : pendant l'année 2012, l'Union Européenne a coûté 6,9 milliards d'euros à la France.
(Rappel : la dette publique de la France est de 1925,292 milliards d’euros.)
http://www.lesechos.fr/medias/2014/04/29/667720_0203460886459_web_tete.jpg
Pour le Royaume-Uni : pendant l'année 2012, l'Union Européenne a coûté 6,6 milliards d'euros au Royaume-Uni. Rappel : la dette publique du Royaume-Uni est de 1460 milliards de livres sterling.
Pour l'Allemagne : pendant l'année 2012, l'Union Européenne a coûté 10,6 milliards d'euros à l'Allemagne. Rappel : la dette publique de l'Allemagne est de 2147 milliards d'euros.
Pour l'Italie : pendant l'année 2012, l'Union Européenne a coûté 4,1 milliards d'euros à l'Italie. Rappel : la dette publique de l'Italie est de 2069 milliards d'euros, soit 132,6 % du PIB.
L'Union Européenne, c'est des pays surendettés qui se surendettent encore plus pour prêter de l'argent à des pays en faillite qui ne les rembourseront jamais.
L'Union Européenne, c'est un suicide collectif.
D'après le forum de la performance (ministère de l'économie et des finances), la France est le 2ème contributeur avec 18,6 milliards d’euros au budget européen et elle figure au 16ème rang des bénéficiaires avec 13,1 milliards d’euros, dont 9,9 milliards d’euros au titre des aides agricoles, 1,5 milliards d’euros au titre des fonds structurels (Fonds européen de développement régional (FEDER) et Fonds social européen (FSE)) et 1,3 milliards d’euros au titre des politiques de recherche, de compétitivité et de transport.
SupprimerQuel est l'intérêt de ce genre d'institution ? Comment sont pris en compte les engagements gouvernementaux sur la recherche et la compétitivité par exemple ? Et l'industrie dans cette affaire ?
Demos
Vous devriez jeter un oeil à la page 8 du document du 12 mars 2014 de la BCE ...
RépondreSupprimerhttps://www.ecb.europa.eu/ecb/legal/pdf/en_ecb_2014_10_f_sign.pdf
Cela vous permettrez de voir que la BCE a descendu de BBB à BBBL (de l'agance DBRS) le rating des titres qu'elle accepte au refinancement.
L'agence DBRS est totalement inconnue, ou presque, mais c'est un moyen discret de racheter indirectement de la dette souveraine de pays en difficulté pour donner l'illusion que les marchés retrouvent confiance, alors que ce sont les banques avec de l'argent de la BCE qui les achètent.
Les marchés attendent probablement aussi des Quantitatives Easings de la BCE. Il est vrai que s’ils ne viennent jamais les marchés financiers tôt ou tard pourraient se retourner. Je cite l’économiste Jean-Paul Betbèze : « Une intervention « non conventionnelle » est techniquement fondée et politiquement possible, si on n’oublie pas que les pays du Sud ne sont pas sortis de l’auberge. L’Italie reste très endettée et sans croissance depuis des années. La Grèce est encore surendettée. Il est des moments où il faut aider l’histoire européenne : c’est maintenant. Autrement, les marchés risquent de ne plus y croire.»
RépondreSupprimerhttp://www.boursorama.com/actualites/que-nous-prepare-donc-mario-draghi-ce-8-mai---par-jean-paul-betbeze-du-cercle-des-economistes-3c77d632980ed8e795d3cd78e64ff5c5
Les Quantitatives Easings de la BCE sous la pression des marchés financiers (pression qui n’y est pas encore mais qui pourrait venir en l’absence persistante de QE) seront à mon avis la prochaine étape dans la tentative d’éviter l’éclatement de la zone euro. Ils ne suffiront pas à mon avis à maintenir durablement la zone euro en vie, mais ils permettront de retarder sa fin inéluctable.
Saul
Il ne faudrait pas oublier l'essentiel, à savoir la nécessité pour l'Etat d'emprunter directement à la BCE ou à la banque de France à taux zéro comme cela se faisait avant 1973 mais Bruxelles et l’Europe n’en veulent pas, pour faire plaisir aux banques qui prêtent aux états avec intérêt et qui engendrent ainsi des super profits sans faire grand-chose.
RépondreSupprimerEt malheureusement, la système qui existait avant 1973 a été supprimé par le parti gaulliste en la personne de Georges Pompidou, ancien de la banque Rothschild…
A propos de la "guerre" des mots, je suis en total désaccord sur l'utilisation, le rabâchage par les médias du terme de "marché(s). Le marché est un lieu où se rencontrent l'offre et demande, donc une notion abstraite, qui dissimule la réalité. Le terme ne rend pas compte des choix, ni des responsabilités des financiers, des spéculateurs dans les transactions. Rien n'est le fait du hasard, même si les achats et les ventes peuvent être sont programmées. Ce qui est appelé "marché" couvre également l'achat et la vente de produits dérivés, la titrisation des produits pourris sans parler des raids et délits d'initiés. Ne parlons pas de marché(s), mais de financiers et de spéculateurs.
RépondreSupprimerDemos