La gestion néolibérale du capitalisme depuis les années 70 a
produit la compression des salaires, le ralentissement de la croissance
économique et la concentration de la fortune entre les mains des 5 ou 10% les
plus riches. Il en résulte un chômage et une insécurité sociale chroniques,
brutalement aggravés par la crise de 2008.
C’est dans ce contexte que montent en puissance des
représentations de la sociétés selon lesquelles les maux qui accablent la masse
de la population auraient leur origine dans des groupes ethniques ou religieux
dont les propriétés expliqueraient pêle-mêle la délinquance, l’épuisement des
finances publiques, le chômage ou la prédation financière.
Le racisme est la croyance selon laquelle l’humanité se
diviserait en différents groupes, génétiquement déterminées et transmettant à
leur descendance un ensemble de caractères discriminants. Après la Seconde
Guerre Mondiale, les doctrines qui en sont héritées évitent généralement toute
référence à la « race ». Elles évoquent des
« communautés », mais conservent le postulat d’une irréductible
différence, qu’elle soit d’origine « ethnique », religieuse ou
culturelle, qui rendrait illusoire tout projet d’amalgame entre les
populations. Ce communautarisme[1]
est le socle intellectuel de politiques d’isolement, de discrimination,
d’épuration ethnique, etc.
Nous voulons montrer que c’est dans la logique
« normale » de la crise sociale que ce communautarisme prend son
origine, ce n’est ni un accident de l’histoire ni l’œuvre pernicieuse de
certains partis ou groupes religieux : c’est une tendance structurelle des
sociétés en crise[2].
Cet article décrira comment se construisent les
représentations communautaristes (formes euphémisée de représentations
racistes) et comment elles peuvent structurer la pensée politique.
Nous décrirons d’abord la place des communautés dans la
société nationale, puis les forces qui pourraient en faire le support de
l’affrontement ethno-religieux.
Communautés et Nation
Qu’est-ce qu’une « communauté » ? L’usage
répétitif du mot tend à faire oublier qu’il ne s’agit pas d’un objet défini et
circonscrit, mais d’une catégorisation floue et parfois arbitraire. Les points
communs qu’elle suggère entre certains individus sont d’inégale pertinence,
inégalement structurants dans la vie sociale, et inégalement prégnants dans les
représentations. Une communauté de moines représente à l’évidence un groupe
autrement significatif que la communauté des joueurs de bridge.
Les individus construisent des liens sociaux privilégiés,
supports de l’interconnaissance et de la solidarité. Ces liens forment des
réseaux qui peuvent être fermés, si l’essentiel des relations
interindividuelles sont internes au réseau, ou ouverts, c'est-à-dire
interconnectés à d’autres réseaux. Entre la fermeture totale (secte) et
l’ouverture intégrale (dissolution du réseau) il existe toute une gradation de
cas intermédiaires.
Or l’interconnexion des réseaux caractérise la société
nationale. La division du travail, la variabilité de l’emploi et du statut
social, la facilité matérielle de la circulation et de la communication, multiplient
les connexions. L’État assure, selon l’expression de Max Weber, le monopole de
la violence légitime, et arrache la plupart des moyens de contrainte aux
groupes primaires : famille, religion, voisinage… dont décroît le pouvoir
sur l’individu.
Un réseau ouvert n’est pas exclusif : les appartenances
individuelles sont multiples et ne se superposent pas : culturelles,
religieuses, familiale, professionnelle, associatives, etc. C’est en cela que
consiste la citoyenneté : les groupes primaires (communautés) sont
contenus (à tous les sens du terme) dans un espace plus vaste, et les individus
sont pourvus de droits qui leur permettent de s’émanciper de leurs
« identités » s’ils le souhaitent[3].
La Nation est donc la forme spécifique d’organisation
sociale qui relie, subordonne et désenclave les autres communautés. Elle est
porteuse de la liberté individuelle, c'est-à-dire une certaine autonomie de chacun
vis-à-vis de ses groupes d’appartenance (dont on ne saurait pourtant se
détacher entièrement car ils continuent à pourvoir solidarité, représentations
communes et contrôle social).
Cet équilibre est précaire – régionalismes, irrédentismes
religieux, contestent depuis l’origine périodiquement la prétention de l'État
d’imposer un ordre juridique supérieur. C’est aujourd’hui le capital mondialisé
et la bourgeoisie financière qui sont à la manœuvre pour affaiblir les États,
leur prétention à orienter l’économie vers les besoins de leurs populations et
leurs droits du travail… Or l’affaiblissement de l'État-Nation, sous couvert de
construction européenne ou de mondialisation, produit la rupture de cet
équilibre État-communautés qui assurait liberté individuelle et paix civile.
L’incompréhension chronique de ce lien entre le délitement national et la
fragmentation communautaire est la base de l’impuissance des
« antiracistes » habituels qui, selon l’expression consacrée, « déplorent
les effets dont ils chérissent les causes ».
L’individu isolé n’existe que dans l’imaginaire libéral.
L’individu réel se socialise, se définit, interagit dans et par les groupes qui
l’intègrent : famille, voisinage, profession, religion… ce ne sont pas des
faits de nature mais des produits fluctuants de la vie sociale, qui
s’entremêlent et se transforment sans cesse. Leur effacement complet serait un
projet totalitaire voué à l’échec, tant il est vrai que la « communauté
nationale » est trop vaste et différenciée pour constituer un réseau
d’affinités, d’entraide et de contrôle social, suffisamment intense pour
intégrer les individus. Mais tout aussi nuisible est le projet de rabattre les
individus sur des identités communautaires.
Les « communautés » se forment et se dissolvent en
fonction de la pratique sociale et des « vision du monde » que
diffusent les medias et les entrepreneurs politiques. Les réseaux ouverts
peuvent se clore si les liens inter-réseaux sont rompus par la méfiance ou
l’hostilité. Le projet politique communautariste consiste à installer une
représentation dominante de la société comme une juxtaposition de communautés
fermées – que ce soit pour les glorifier au nom de la « diversité »
ou pour les condamner au nom d’un rêve de « pureté ethnique ».
À l’opposé, dans
une conception « nationale » ou « civique » de la société, les différenciations
religieuses ou culturelles se modifient, se redéfinissent sans cesse. Il ne
s’agit ni de les nier ni de les abolir, mais de constater qu’elles ne
constituent qu’un principe secondaire de structuration de la société pourvu que
l'État, l’emploi, l’école, définissent un espace de citoyenneté, une identité
collective transcendant les particularismes.
Une stratégie de mise en concurrence des travailleurs
La résurgence des paradigmes communautaristes s’explique
principalement par la transformation structurelle du capitalisme – même si des
événements historiques singuliers ont pu la renforcer ici ou là. Le renoncement
à la protection du marché intérieur dans les années 70-80 a déconnecté le
niveau des salaires de celui de la demande. Augmenter les salaires est toujours
un risque microéconomique pour une entreprise. Ce risque était supporté par la
vertu de l’indexation des salaires au plan macroéconomique : assurer une
demande en progression constante qui validait globalement les paris productifs
des entreprises. Mais dès lors que l’espace national s’ouvre à la concurrence au-delà
d’un certain seuil, la demande nationale est captée par des concurrents
étrangers, tandis que la demande étrangère est totalement indépendante du
niveau des salaires intérieurs. Le lien vertueux entre la progression des
salaires, les profits et la croissance est brisé. Pour les entreprises, le
salaire n’est plus qu’une « charge » qu’il s’agit de comprimer à tout
prix.
À cette situation s’ajoutent les conséquences de la
financiarisation, qui imposent aux entreprises de réaliser des profits
exorbitants pour accéder au marché des capitaux, et la crise du crédit qui
étrangle les PME. Tout concourt à faire du salaire la variable d’ajustement. Et
c’est précisément là qu’intervient l’immigration de masse. Elle constitue une
« armée de réserve industrielle » qui dégrade la capacité de
négociation des salariés et permet d’embaucher à moindre coût.
Par ailleurs, l’existence du salaire minimum et des charges
sociales, héritages des Trente Glorieuses, est contournée et à terme compromise
par le développement du travail non déclaré. La tolérance d’une immigration
« clandestine » (en réalité vue et connue de tous, mais privée de
droits) aggrave encore ce mouvement de paupérisation et de précarisation des
salariés. Le travail « au noir » représenterait environ
11% du PIB en France soit une part nettement plus forte des emplois
(puisque les emplois clandestins sont nettement moins productifs que la
moyenne).
En plus de cet effet direct sur les salaires et l’emploi,
cette politique génère le conflit entre les travailleurs. Comme nous l’avons
montré, ce conflit n’est pas « ethnique » mais tend à le devenir dans
les représentations : le ressentiment se porte sur le
« concurrent » plutôt que sur le principe d’organisation d’une
concurrence sauvage pour l’emploi, et c’est justement là-dessus que s’appuie le
néoracisme comme formule politique[4].
Que ce passe-t-il dans une « file d’attente »,
matérielle ou virtuelle ? L’employeur doit effectuer un choix sans critère
fiable et objectif de sélection. Les propriétés exactes des candidats lui sont
inconnues et il doit se fier à une impression, plus ou moins orientée par
l’image que renvoie le candidat. Cette configuration démultiplie l’effet des
préventions contre telle ou telle catégorie, puisque le critère du choix est
déplacé vers des détails non professionnels. La couleur de peau, le nom, le
quartier d’origine, qui ne sont pas en eux-mêmes les critères décisifs, sont
mis au premier plan par le grand nombre de candidats susceptibles de convenir
si l’on s’en tient aux propriétés « objectives » de leur CV
(qualification, expérience…).
La question essentielle pour l’entreprise est bien entendu
la performance future du salarié. Or celle-ci n’est jamais vérifiable a priori,
le recruteur ne peut qu’en privilégier des « signes » plus ou moins
rationnels. Par conséquent tous les facteurs de stigmatisation sont
démultipliés sans qu’il s’agisse forcément de racisme ou de discrimination
volontaire[5].
À cette discrimination implicite s’ajoute le sentiment (justifié)
d’arbitraire parmi les candidats rejetés, sentiment propice au soupçon de
« passe-droits » ou à la définition de catégories
« indues » de concurrents : « Les
immigrés », ou « les Juifs »,
« nous prennent nos emplois »,
ou encore « les employeurs sont
racistes »[6]. Produire
une définition ethnique de l’autre permet la revendication d’un droit de
priorité pour l’emploi. Opposé à ses victimes, cette revendication produit un
regroupement antagoniste, et de part et d’autres se nouent des relations
symétriques de solidarité et d’hostilité « ethniques » qui finissent
par apparaître comme des « réalités » premières. Le même mécanisme
s’applique au logement, ou à toute ressource rare pour laquelle la concurrence
peut-être intellectuellement reconstruite selon des catégories ethniques.
Frapper d’opprobre ces réactions irrationnelles n’est
évidemment pas la solution : seraient-elles très minoritaire qu’elles
suffiraient à empoisonner les rapports entre les catégories ainsi construites.
Ni les racistes ni les communautaristes n’ont besoin d’être très nombreux pour
structurer les relations sociales –leurs comportements sèment la méfiance
réciproque et leurs revendications ostentatoires orientent la perception de la
société.
La configuration construite par la conjonction de
l’immigration, de la déréglementation et du chômage produit immanquablement
cette tendance au racisme. Et sur cette logique structurale se greffent des
entreprises politiques vouées à exploiter les fractures
« ethniques », CRIF, CRAN, UOIF, Dieudonné ou Front National – autant
de groupes qui prospèrent des tensions croissantes entre les communautés, et
qui les renforcent, en leur donnant un discours et des organisations tournées
vers l’affrontement. Quelles que soient les justifications subjectives des uns
ou des autres, une vision brouillée des enjeux mène à renforcer l’enfermement
et le conflit communautaires.
Si la vie sociale est perçue comme
concurrence d’ethnies ou de religions (pour les emplois, des territoires, des
logements ou la formation des règles), ce n’est pas le produit d’une malignité
particulière de certaines personnes, mais le résultat logique d’une certaine
dynamique économique, de mécanismes sociaux habituels et de stratégies
politiques intéressées. Il convient donc d’examiner froidement et objectivement
ce risque pour le mesurer et, dans un second temps, le combattre.
Dans un prochain article, nous
examinerons plus précisément la traduction politique de ces mécanismes.
[1] J’emploierai
ce terme de « communautarisme » pour l’ensemble
des revendications « identitaires », qu’il s’agisse de
communautarisme minoritaires (ethniques, religieux ou régionaux) ou du
communautarisme soi-disant « Français » de stigmatisation de ces
minorités, l’un comme l’autre visant à faire prévaloir les liens communautaires
sur les liens nationaux.
[2]
Voir aussi mes précédents articles sur la question :
[3] « Pour ménager du champ au développement
individuel […], il faut donc qu'il y ait au-dessus de tous ces pouvoirs locaux,
familiers, en un mot secondaires, un pouvoir général qui fasse la loi à tous,
qui rappelle à chacun d'eux qu'il est, non pas le tout, mais une partie du tout,
et qu'il ne doit pas retenir pour soi ce qui, en principe, appartient au tout.
Le seul moyen de prévenir ce particularisme collectif et les conséquences qu'il
implique pour l'individu, c'est qu'un organe spécial ait pour charge de
représenter auprès de ces collectivités particulières la collectivité totale,
ses droits et ses intérêts. Et ces droits et ces intérêts se confondent avec
ceux de l'individu. Voilà comment la fonction essentielle de l'État est de
libérer les personnalités individuelles. Par cela seul qu'il contient les
sociétés élémentaires qu'il comprend, il les empêche d'exercer sur l'individu
l'influence compressive qu'elles exerceraient autrement. »
Émile DURKHEIM
: Leçons de sociologie: physique des mœurs et du droit (écrit vers
1895), Presses Universitaires de France
[4] Là encore,
l’ « antiracisme » établi joue contre son camp en confondant
intégration des immigrés et laxisme migratoire, alors que ce dernier est un
obstacle majeur à la stabilisation des populations déjà installées, qui sont
les principales victimes du travail clandestin.
[5] « Nous recrutons des acteurs des
différentes catégories victimes de discriminations : handicapé, noir,
femme, maghrébin… Nous leur fabriquons des CV envoyés à des entreprises en même
temps que d'autres identiques, mais de personnes de catégorie non
discriminées[…] : le candidat handicapé a reçu quinze fois moins de
réponses positives qu'un candidat de référence, un homme d'origine marocaine
cinq fois moins, un candidat de 50 ans près de quatre fois moins… En revanche,
une fois passé le barrage de la sélection du CV, les discriminations liées à
l'origine ou la couleur baissent considérablement. Ainsi, notre candidate
maghrébine, par exemple, a été très convaincante pour les employeurs qui
l'avaient invitée à un entretien en connaissant son origine. » (J.F.Amadieu,
in Alternatives Internationales n° 030 - mars 2006)
[6] « Une jeune femme me dit :
"J'ai eu des démêlés insupportables avec des fourreurs, ils m'ont volé,
ils ont brûlé la fourrure que je leur avais confiée. Eh bien, ils étaient tous
Juifs." Mais pourquoi avoir choisi
de haïr les Juifs plutôt que les fourreurs ? Pourquoi les Juifs ou les
fourreurs plutôt que tel Juif, tel fourreur particulier ? C'est qu'elle portait
en elle une prédisposition à l'antisémitisme. Un collègue, au lycée, me dit que
les Juifs l'"agacent" à
cause des mille injustices que des corps sociaux "enjuivés" commettent en leur faveur. "Un
juif a été reçu à l'agrégation l'année où j'ai été collé et vous ne me ferez
pas croire que ce type-là, dont le père venait de Cracovie ou de Lamberg,
comprenait mieux que moi un poème de Ronsard ou une églogue de Virgile." »
[Jean-Paul SARTRE : Réflexions
sur la question juive (1944), Gallimard]
(1/2)
RépondreSupprimer"Jean-Paul SARTRE" Sartre comme référence sur ce sujet, ou sur tout autre sujet politique, bof bof.
***
Philippe d'Iribarne, dans ses études sur le fonctionnement des entreprises dans différents pays, montre qu'il existe des comportements et attentes spécifiques aux différents pays (Etats-Unis, France, Pays-Bas). Certes, il s'agit probablement d'un effet d'inertie des organisations, mais il est important d'en tenir compte. Et d'ailleurs, c'est l'une des raisons pour lesquelles on peut être opposé à la construction européenne, qui ne tient pas compte de ces spécificités.
Jean-Pierre Chevenement en donne un exemple parmi d'autres :
http://www.chevenement.fr/Un-actionnaire-public-pour-remplacer-Bouygues-au-capital-d-Alstom_a1632.html
"Les sites des deux groupes en Europe sont nombreux. Avec la cogestion et la puissance du syndicat IG Metall, on peut être sûr que les sites allemands seront bien défendus. La situation n’est pas la même du côté français. Traditionnellement la France compense « l’individualisme » bien connu de ses acteurs par la présence de l’Etat au capital."
***
D'autre part, le maintien du fonctionnement en tant que nation peut être plus ou moins facilité selon le type et le volume d'immigration qui est autorisé. Or, ce critère ne semble pas avoir été retenu par les partis républicains, notamment parce que ces sujets sont difficiles à aborder par la présence de nombreux tabous.
Prenons un exemple concret. Imaginons qu'un pays A soit en guerre avec un pays B, et plus particulièrement avec deux formations politiques du pays B (appelons les FLN et MNA, pour fixer les idées). Et imaginons également que le pays B partage des éléments communs facilitant l'identification (religion, organisation sociale, langue...) avec deux autres pays, C et D.
Le pays A perd la guerre avec le pays B, et laisse entrer dans ses frontières une partie de ceux des habitants du pays B qui l'ont aidé lors du conflit. Puis, très rapidement, une guerre civile se déclenche à l'intérieur du pays B, ce qui conduit une partie des membres des organisations anti-pays A à basculer dans l'opposition. Enfin, la mauvaise gestion du pays B et la différence de niveau de vie entre pays A et pays B (C, D) conduisent à une pression à l'immigration.
Dans ces conditions, si le pays A laisse entrer une forte population de personnes du pays B qui lui étaient hostiles, et même qui ont pris les armes contre lui, puis une forte population de personnes des pays C et D, on peut considérer qu'il fait une erreur politique.
En effet, cela facilite la tâche des démagogues de droite ou de gauche qui veulent opposer des groupes les uns aux autres, puisque des blocs déjà hostiles sont pré-constitués.
Et pourtant, un tel processus peut se dérouler sans que personne s'en préoccupe...
(2/2)
SupprimerEnfin, rappelons que le communautarisme n'a pas commencé à droite mais à gauche, avec les revendications du début des années 1980, et que l'élément marquant le plus récent est la demande de discrimination positive aux concours.
Car le raisonnement sur les discriminations peut être entendu, et l'Insee a d'ailleurs mené récemment des études (où les résultats sont parfois surprenants, et où il est plus nuancé que vous).
Mais pour ce qui concerne les concours, et en particulier leur partie écrite, il n'y a pas de discrimination possible puisqu'on se base sur des critères objectifs et que les examinateurs à l'oral ne sont pas racistes.
Il y a le résultat d'un fonctionnement du système éducatif, parfois perfectible (de plus ou moins bons lycées selon les quartiers), parfois non (l'effet, qu'on le veuille ou non, du milieu familial) mais qui concerne les classes sociales de la même façon.
Et cette injustice qui se prépare (et qui passera, je n'en ai aucun doute) montre que ceux qui ont laissé se créer en toute inconscience les conditions (culturelles, et non économiques ou sociales au sens où vous en parlez) d'un affrontement entre groupes veulent faire payer la facture à ceux qui viennent après eux.
Qui n'ont aucune raison d'en être satisfait, ou d'accepter de servir de variable d'ajustement aux flamboyants raisonnements des membres de la Great Generation française.