Ce n’est pas
pour rien que
la BCE a fini par céder à la pression des marchés et assouplir sa politique
monétaire la semaine dernière, même si ses mesures sont illusoires. Contrairement
aux dires de Mario Draghi il y a une semaine, la déflation menace bien dans
la zone euro.
La
déflation en marche dans le Sud
Si
l’inflation moyenne de la zone euro est tombée à 0,5%, contrairement à d’habitude,
c’est l’Allemagne qui fait monter la moyenne globale, puisque certains pays
sont rentrés dans une phase de baisse des prix. En Grèce, où ils baissent
depuis un an, la
chute des prix a atteint un nouveau sommet en mai, pas moins de 2% sur un an
(ce qui signifie aussi que le poids de la dette augmenterait mécaniquement de
2% en un an, même avec un déficit nul). La baisse des prix semblent se
généraliser à la majorité des secteurs, à quelques exceptions près (tabac,
alcool, santé). Et les prix
ont également baissé de 0,2% en mars en Espagne, une première depuis 2009 et ils
baissent au Portugal depuis février.
Bref, le
processus déflationniste est bien entamé dans une partie de la zone euro, et
notamment dans sa 4ème économie, sachant que l’Italie n’en est pas
très loin. Ceci
est une conséquence directe de la monnaie unique puisqu’auparavant, en cas
de déficit de compétitivité, un pays pouvait dévaluer, mais
aujourd’hui il faut jouer sur le niveau des salaires, comme l’ont montré ces
pays qui ont baissé leur SMIC. Certes, cela permet de rééquilibrer la
balance commerciale, mais en jouant principalement sur la baisse des
importations et en produisant un cataclysme social, illustré par un taux de
chômage au-delà de 25% et une
descente aux enfers d’une majorité de la population, que l’histoire jugera
durement.
La France
est-elle à l’abri ?
Xerfi
vient de pointer le danger qui existe en France en notant que si l’inflation
est tombée à 0,5%. Il note que les prix à la consommation ne sont qu’un indice
partiel puisqu’ils prennent en compte la marge de la distribution. Si on
considère le déflateur de la valeur ajoutée, on constate que les prix sont en baisse
de 1,3% dans l’industrie sur un an, comme au pire de la récession en 2008-2009.
La légère reprise des volumes camoufle une détérioration des prix. Et la
situation se corse dans les services où les prix sont proches de la zone rouge.
Pour Xerfi, « de
proche en proche, c’est bien tout le tissu économique qui est contaminé (…) un
piège qui nous rapproche toujours plus d’un scénario japonais et pourrait
casser nos velléités de reprise » au moment même où Tokyo s’en
sort.
La déflation et la croissance bancale rendent quasi impossible le fait de stopper la progression de l’endettement public. Par exemple l’Espagne a fini l’année 2013 avec un endettement à 93,9% du PIB :
RépondreSupprimerhttp://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-23042014-AP/FR/2-23042014-AP-FR.PDF
Trois mois plus tard, fin mars 2014, il est passé à 96,8% du PIB, malgré les taux bas auxquels ce pays a pu emprunter sur les marchés et une croissance trimestrielle de 0,4%:
http://www.lesechos.fr/monde/europe/0203563030842-espagne-la-dette-publique-atteint-un-nouveau-record-historique-1012546.php
L’Italie a fini l’année 2013 avec une montagne de dettes de 2 069,216 milliards d’euros à 132,6% du PIB. Fin avril 2014, 4 mois plus tard donc, la montagne de dettes est passée à 2.146,4 milliards d’euros, soit 77,184 milliards d’euros de plus au compteur.
http://www.investireoggi.it/economia/il-debito-pubblico-italiano-cresce-ancora-vediamo-perche/?refresh_ce
Inutile de reparler de la Grèce, c’est évidemment pire en proportions. Les PIGS, dans l’euro, continuent d’aller lentement mais surement dans le mur. Ils devraient se diriger vers un autre système, radicalement différent, mais ils n’en font rien. C’est comme s’ils étaient dans une prison, où ils risquent la mise à mort, mais en ayant décidé qu’il était malgré tout préférable de ne pas essayer de sortir de cette prison, ça pourrait être pire ! S’agit-il d’incompétence de dirigeants politiques dépassés par les événements et soumis à une oligarchie de gens non élus mais influents ? Comptent-ils sur la BCE pour les tirer d’affaire le moment venu ?
Saul
Un article intéressant et très pertinent sur la souveraineté française promue par le général de Gaulle, puis bradée par Hollande : "Hollande débarque..." publié le 15 Juin 2014 par sur le site de Descartes.
RépondreSupprimerNous sommes dans une cocote minute et la pression augmente toujours plus. A votre avis, que se passe-t-il inévitablement dans ce genre de situation et au bout de combien de temps ?
RépondreSupprimer@ Saul
RépondreSupprimerMerci pour ces précisions.
@ Démos
Vous pouvez nous mettre le lien ?