Comme beaucoup, en
apprenant la prise de participation de l’Etat dans Alstom, je me suis
réjoui, imaginant que
l’entreprise échappait au dépeçage. Mais la création de co-entreprise avec
GE m’a rendu suspicieux et
la lecture du détail de l’accord laisse apparaître une véritable
embrouille.
Les arbustes qui cachent la
forêt
Il faut dire que le traitement de
l’information par une partie des médias est parfois bien superficiel. Bien sûr,
l’Etat
doit reprendre la participation de Bouygues et GE propose la formation de
coentreprise à 50-50 dans les turbines nucléaires et les énergies renouvelables.
Du coup, étant donné le succès de l’association de l’entreprise étasunienne
avec Safran dans les moteurs d’avion et sa présence de longue date en France,
l’accord peut sembler être un immense progrès par
rapport aux plans initiaux, d’autant plus qu’il cède son activité de
signalisation. Mais
les péripéties de l’accord à trouver entre l’Etat et Bouygues pour le rachat de
sa participation dans Alstom et les questionnements ridicules sur les
moyens de l’Etat détournent le débat des vraies questions.
En effet, quelle ne fut pas ma
surprise quand j’ai découvert le
détail de l’accord ! D’abord, il faut remettre à sa juste place la cession
des activités de signalisation de GE, qui ne réalisent que 370 millions d’euros
de chiffre d’affaire, à peine 6% de l’activité transport d’Alstom (5,9
milliards de CA). Ensuite, il faut bien noter qu’Alstom
cède 50% de ses turbines à vapeur nucléaires, des réseaux électriques, de
l’éolien en mer et de l’hydroélectricité (qui deviendront des
co-entreprises). Pire, GE
reprend 100% des turbines à gaz, des turbines à vapeur hors nucléaire (sauf en
France) et même 100% de certaines énergies renouvelables (éolien terrestre,
solaire et géothermie). D’où le fait que l’entreprise étasunienne débourse
quand même 6,7 milliards.
La synthèse à la Hollande
Nous
sommes loin, très loin du
plan C évoqué par Arnaud Montebourg il y a quelques semaines, ce plan visant à créer un champion national dans
l’énergie. Malheureusement, le gouvernement accepte un accord à
peine moins mauvais que le plan initial quand on
étudie les détails, où le diable se cache si souvent. Il est difficile de ne
pas voir ici une synthèse à la Hollande, où, en cherchant à contenter tout le
monde, il finit par y avoir un loup. La seule chose qu’a vraiment réussi le
gouvernement, c’est sa communication : la complexité de l’accord fait que
les éléments de progrès peuvent camoufler les éléments qui démontrent qu’en
réalité, le gouvernement accepte un dépeçage d’Alstom, qui
cède de facto la majeure partie de son activité énergie à GE.
Le
diable est dans les détails. Bien sûr, il est positif que l’Etat n’hésite pas à
prendre une participation dans Alstom, mais cette participation camoufle un
démantèlement massif de la filière énergétique de notre pays et sa cession à
GE. Et si l’accord est moins mauvais que prévu, ce n’est que marginal…
Ceci dit, la plupart du temps qu'un gouvernement français met ses pattes dans une grosse boite de façon directe ou indirecte en parachutant un énarque, ça foire. GE s'est développé en gros conglomérat sans que les divers gouvernements US s'en mêle. Faut arrêter de pousser des oh et des ah à chaque fois que des achats de boites se font, c'est la dynamique normale de l'économie depuis au moins 2 siècle. Les boites françaises font tout autant des rachats à l'étranger.
RépondreSupprimerGilbert Perrin a partagé un statut.
RépondreSupprimeril y a environ une heure
REFLEXION ?
Pour qui MONTEBOURG nous prend il ????
L'état aurait passé un accord avec BOUYGUES pour racheter ses actions mais aucun pris n'a été FIXE. Tenez vous bien ? l'accord dit : " quand le prix sera le plus favorable ?" mais quand le sera t'il en supposant que l'action s'envole ? ALORS quand le bouclage sera t'il réalisé ? Il nous prend vraiment pour des gugusses.....
Montebourg ferait mieux de s'occuper des technos émergentes au lieu de faire le pompier à la petite semaine :
RépondreSupprimerA propos de la faible utilisation de l'épargne française pour financer l'économie, Philippe Pouletty témoigne de son agacement :
Je demande la même réforme depuis 10 ans : qu'une fraction des stocks des assurances vie, qui représentent 1500 milliards d'euros au total je crois, soit dirigée vers entreprises qui vont renouveler le tissu industriel. Les jeunes entreprises innovantes pourraient devenir très grosses très vite à condition qu'elles aient le carburant pour le faire. Il faut faire la typologie des entreprises susceptibles de se développer, celles qui fabriquent des produits à très forte valeur ajoutée car sans concurrence.
http://www.latribune.fr/opinions/la-tribune-tv/20140624trib000836665/si-vous-dominez-les-brevets-vous-pouvez-dominer-le-marche-contre-des-gros-acteurs-pouletty-truffle-capital.html
Vous ne comprenez pas les enjeux energétiques, les turbines à gaz et autre éolien, c'est foutu. Il restera qq acteurs à terme dont GE. C'est un marché miniscule désormais. L'Etat a mis sous protection les activités nucléaires indépendance energetique oblige. Elles seront mariés à celle d'Areva à terme. Mon cher Laurent, les enjeux energétiques sont determinant aujourd'hui dans un contexte de peak oil et d'explosion de l'energie solaire. A terme ce sera la seule energie majeure avec un appoint en fonction de ses moyens (nuke en France, charbon+gaz en Allemagne
RépondreSupprimerAnonyme24 juin 2014 19:49
RépondreSupprimerLP comme toute la classe politique française est resté bloqué aux années 60, toujours en retard d'une guerre, il conduit en regardant le rétroviseur, prêt à cramer du brouzouf pour les trucs en déclin au lieu de regarder ce qui émerge et permettre de les développer en France. Du coup, ce qui correspond aux multi-nationales juteuses de demain se barre ailleurs pour trouver du financement et s'y développer, y payer des taxes et des salaires. Quand DLR et les politocards français parlent d'état stratège, c'est la grande bouffonnerie.
C'est vrai que les gens n'ont plus besoin d’électricité maintenant...
SupprimerTeoNeo24 juin 2014 23:41
RépondreSupprimerIls te l'ont coupé chez toi ?
« Sergent ! interroge Camember, et la terre du trou ? — Que vous êtes donc plus herméfitiquement bouché qu’une bouteille de limonade, sapeur ! Creusez un autre trou ! — C’est vrai ! » approuve Camember.
RépondreSupprimer@ Anonymes
RépondreSupprimerRenault n’en a pas trop souffert… Et je suis contre le laisser-faire sur le rachat des entreprises françaises.
D’accord sur le financement des entreprises technologiques innovantes.
Pas du tout d’accord. Ces activités semblaient trop désirées par Siemens et GE pour ne pas être intéressantes. Et pourquoi laisser GE récupérer 50 à 100% de la partie énergie d’Alstom ?
Il faut faire les deux : défendre nos industries actuelles et pousser les nouvelles.