Billet invité d’Enfant de la Patrie
Depuis maintenant plus de deux
semaines, la terre semble vibrer aux matchs de la coupe du monde du Brésil.
Chaque JT à sa rubrique dédiée. Les
spectateurs répondent présents, avec des records d'audience. Pas moins d'un
milliard de personnes ont regardé la cérémonie d'ouverture. Mais, derrière
cette compétition prestigieuse, on
retrouve les dérives du néolibéralisme mondialisé actuel. L'argent y règne
en maître, autorisant tous les excès. L'évènement sportif, devenant une vitrine
idyllique, masquant des réalités économiques et humaines bien différentes.
L'inégale répartition des richesses créées
L'agent, lui est englouti dans
les salaires des principaux acteurs du foot mondial, qui joue les effigies de
marque. Là encore, une répartition inégale des richesses, entre joueurs issus
des grands clubs européens, et ceux, plus modestes d'Amérique latin ou
d'Afrique, comme nos adversaires Honduriens, lors de la première rencontrent en
poule. L’ancienne star britannique,
David Beckham, a ainsi perçu 33 millions d’euros de contrat publicitaire
pour la saison 2012-2013. Les multinationales du sport n'oublient pas leur part
du gâteau, engendrant des profits mirobolants. Ainsi, Adidas – marque qui a
notamment délocalisé
sa production de Chine au Laos ou au Pakistan, pour cause d’augmentation des
coûts salariaux – a
vu son chiffre d'affaires progresser de 16 %, soit 11.99 milliards d’euros, l'année
de la précédente coupe du monde, en Afrique du Sud.
Combien sur les 80€ d'un maillot de supporter, reviennent
aux travailleurs, ou même, sont réinvesti dans l'amélioration des outils de
production ? Quel montant sont dédiés aux efforts marketing et de communication
démesurés des marques ? Et surtout, quel part sera par la suite redistribué
sous forme de dividendes aux actionnaires ?
Travailleuses pakistanaises, confectionnant le ballon officiel de la
coupe du monde, du fabricant Adidas. Leurs coûts salariaux extrêmement bas –
inférieur à la Chine – en font des salariés compétitifs.
De puissantes institutions, aux activités opaques
Au-delà même des acteurs qui
profitent de ce marché, les institutions ne sont guère plus louables. Le
président de l'UEFA, représentant le football européen –
l'intouchable Michel Platini – demandait au Brésilien de « se clamer ».
Comme si les contestations sociales n'avaient pas leur place dans l'antre du
football mondial, qui pourtant laisse la part belle aux enjeux commerciaux et
économiques démesurés. Des milliards sont dépensés dans la construction de
stades, alors même, que des infrastructures nécessaires aux besoins des
populations manquent. De plus, les inégalités perdurent, dans un pays qui
connaît une croissance régulière et soutenue, dont les richesses peinent à être
redistribuées. L’écart
de richesse pour la ville de Sao Paolo – capital économique du Brésil – est
de 1 à 100. La Commission
économique pour l'Amérique latine estimait en 2013, que 37% de la population
pouvait être considéré comme pauvre.
Pendant ce temps, les
soupçons de corruption concernant l'attribution de la coupe du monde au Qatar
pour 2022 perdurent, laissé sans réponse, passée sous silence. Le même
silence dans lequel sont morts des travailleurs, sur les chantiers des futurs
stades climatisés, implantés dans ce milieu désertique du golfe Persique. L'enquête
de The Guardian, en septembre 2013,
nous apprenait que certains travailleurs n'étaient pas payés, ou que leurs
passeports furent confisqués, dans l'objectif de les retenir contre leur
gré. À cela, s'ajoutent des conditions de travail déplorables, notamment dû aux
chaleurs insoutenables. Cet élément météorologique a d'ailleurs interrogé,
notamment sur les effets qu’elles pourraient avoir sur les joueurs. Mais,
peu se sont outré des conséquences physiques, que cela engendrerait, sur les
bâtisseurs des stades, devant supporter des heures durant, ces conditions
climatiques difficiles.
On
pourrait encore s'étendre, sur les différentes dérives qui gangrènent la petite
sphère du foot business, les budgets colossaux des clubs qui cachent en
réalité des dettes abyssales, sans oublier les scandales des matchs truqués, ou
encore, les différents fonds d’investissements, qui n'hésitent plus à acheter
des joueurs, en guise de produits financiers.
Le foot, une belle vitrine du
néolibéralisme mondialisé, au profit de quelques-uns, quand la majorité est
oubliée. L'argent a pris le pas sur l'esprit du sport, la culture de la gagne,
dans le respect de son adversaire. Si on ne devait porter qu'un rêve, ou même
un espoir pour le football mondial, se serait celui du réalisme et du partage,
tant sur le terrain, que dans les affaires qui le gouvernent.
Avant, c'était du pain et des jeux...
RépondreSupprimerMaintenant, ils continuent avec les jeux mais retirent le pain, avec l'austérité néolibérale. Et ça marche, tant notre société est dégénérée par ce que Philippe Muray appelait la festivocratie. On a ce soir une belle démonstration d'abrutissement des masses dans nos rues.