Billet invité de l’œil
de Brutus.
"Etre gouverné par l'argent organisé est aussi dangereux que par
le crime organisé"
Franklin Roosevelt
L’ensemble des faits
relatés ci-après sont extraits de La Caste cannibale de Sophie Coignard et Romain Gubert
(Albin Michel 2013).
Connaissez-vous le Washington Speakers Bureau (WSB) ?
Cette petite société américaine de Virginie « loue » des
personnalités (sportifs, astronautes, présentateurs télé, athlètes,
explorateurs, politiciens et même des magiciens) pour des discours, des
apparitions à des colloques ou des meetings. On y retrouve par exemple Bernard Kouchner (40 000$ la
prestation), présenté comme Prix Nobel ! En pratique, il usurpe ainsi le
prix Nobel attribué à Médecins sans frontières en 1999, alors même qu’il les
avait quittés vingt ans auparavant.
Nicolas Sarkozy fait partie des « exclusivités WSB ». Le
prix de ses prestations n’est pas communiqué. Le 24 septembre 2013, il a ainsi
donné une conférence à Washington pour une entreprise énergétique. Trois jours
plus tard, on le retrouve à Cannes où il explique comment « diriger dans un monde complexe » sous le sponsoring du géant
indien Tata. On remarquera que le représentant de Tata en France est Jean
Pernet, un avocat domicilié à Zoug, petite ville suisse de 26 000
habitants surtout connue pour son taux d’imposition de 0,002% sur le capital.
Un beau paradis fiscal !
Le 25 avril 2013, il officie pour
la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Les billets d’entrée varient
entre 170 et 600€ et ceux qui s’acquittent du tarif maximal n’auront plus
besoin de se rendre au musée Grévin : pour le prix, ils pourront
bénéficier d’une photo aux côtés de la star du jour (sic), comme les enfants
posent auprès du Père Noël. Cette
conférence est sponsorisée par la Royal Bank of Canada, la première banque
canadienne, également installée aux Bahamas, à la Barbade, aux iles Caïmans,
dans les iles anglo-normandes, en Suisse et au Luxembourg. Un mois plus tard
(mai 2013), Nicolas Sarkozy encaisse 150 000 € pour une conférence
organisée par SkyBridge Alternatives, un fonds spéculatif (hedge funds) enregistré au Delaware, avec filiales aux Bermudes et
aux Caïmans. Sur le même rythme, il a l’honneur, le 3 juin 2013 à Londres,
d’être le premier orateur de la Global
Macro Conference, organisée par … Goldman Sachs !
Si l’hôte actuel de l’Elysée s’était auto-proclamé
« ennemi de la finance », on peut constater que son prédécesseur
combat avec la même ardeur les paradis fiscaux qu’il avait tant décrié.
Peut-on vraiment encore croire que le renouveau de notre
pays passera par l’un de ces deux hommes ou de leurs sbires, simples nervis de
« l’argent organisé » ?
C'est exactement sur ce registre qu'il faut terminer de le couler.
RépondreSupprimerIl ne faut surtout plus rentrer dans des débats d'idées avec lui, qui est le plus talentueux des démagogues.
Il symbolise à lui tout seul la faillite de la Vème République à défendre l'intérêt général face à une oligarchie financière toujours plus installée dans les arcanes du pouvoir.
Renverser l'oligarchie pour rétablir la démocratie, celà doit être au coeur de notre message politique.