C’est une des absurdités du système économique actuel que dénonce clairement
The Economist, dans
un papier sur l’augmentation de la dette des entreprises. Un nombre
grandissant d’entre elles cèdent à la mode effarante du rachat de leurs propres
actions.
S’endetter pour faire monter la bourse
Il faut vraiment lire l’article
de The Economist. L’hebdomadaire
des élites globalisées conte le cas d’ADP, une entreprise qui a utilisé les 700
millions levés par la vente d’une filiale pour racheter des actions, ce qui
lui a fait perdre son AAA, qu’elle
aurait conservé si elle avait conservé l’argent ou qu’elle l’avait investi. The Economist
prend aussi le cas de Time Warner, qui emprunte pour racheter ses
actions et explique que « beaucoup de grandes entreprises
suivent discrètement l’exemple d’Apple, qui s’endette pour payer des dividendes
ou racheter ses actions plutôt que de rapatrier de l’argent stocké à
l’étranger, qui déclencherait le paiement d’impôts importants ».
Capital
nous apprend que Monsanto a levé 10 milliards pour racheter ses actions.
Ceci explique en grande partie l’envolée de l’endettement des
entreprises, qui représente aujourd’hui
près de 2,7 fois leur bénéfice opérationnel, contre seulement 2,2 en
2011, alors même que les profits des entreprises battent des records ! The Economist
donne trois raisons à ce phénomène : le niveau très bas des
taux, la pression des actionnaires activistes qui poussent les entreprises à
retourner un maximum d’argent aux actionnaires, mais aussi la fiscalité. Mais,
l’endettement des entreprises progresse de 10% par an et le journal note que « cela pourrait suggérer que
l’accroissement de la rentabilité pour les actionnaires ne vient pas d’une
véritable croissance mais d’un accroissement du bilan. Pour certains, cela
sonne familièrement déprimant ».
Pourquoi il faut l’interdire
Ce faisant, il devient évident que cette pratique est malsaine. Il s’agit
d’une pratique proche de l’abus de bien social. Et on se demande comment ses
actions sont utilisées lors du vote des Assemblées Générales : les
dirigeants peuvent-ils s’en servir pour approuver leurs propres propositions ?
Bref, il y a un mélange des genres et des intérêts qui devrait pousser à l’interdiction
totale de cette pratique, dont les bénéfices sont largement artificiels et créent
des bulles d’endettement dont nous finirons tôt ou tard par payer le prix. Car
qui peut croire qu’il y a le moindre intérêt pour la croissance et la
rentabilité d’une entreprise (ou même pour ses salariés, du moment qu’ils n’ont
pas d’actions) à ce qu’elle rachète ses propres actions plutôt que d’investir ?
Merci encore une fois à The Economist
pour démonter, de manière consciente ou pas, tous les travers du système économique
actuel dont il est pourtant l’un des promoteurs les plus acharnés. Un jour,
sans nul doute, les rachats d’action par les entreprises finiront par être
interdits.
imbécilité !!!!!
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