Billet invité d’Enfant de la
patrie
Les élections
passent, comme les
affaires politico-judiciaires, et un peu plus s'érode la sphère politique
traditionnelle. Les partis de gouvernement sont usés, tentant tel un malade
à bout de souffle de profiter et de rallonger leur existence. Le réel séisme
politique du 25 Mai est
la déliquescence des partis traditionnels, rassemblant moins de 15% du corps
électoral. La montée des extrêmes n'est seulement qu'un symptôme, d'un
système UMP-PS poursuivit par ses échecs politiques et
l'immoralité d'une partie de ses membres. À cela vient
s'ajouter le flou idéologique, de convictions, de partis fédéralistes,
libérales mondialistes, dont la seule différence est de savoir s'ils vont
repeindre la chambre à coucher d'un rose pale, ou d'un bleu clair.
Où sont passé les débats de convictions
La France doit de manière urgente retrouver sa
diversité d'opinions, mais aussi reconstituer un paysage politique clair, pour
son peuple. L'électeur lambda n'est plus aussi fidèle qu'avant, sans parler
d'une jeunesse qui ne se reconnaît en rien dans une vieille garde politique quis'accroche
à ses acquis. L'électorat
traditionnel de gauche n'hésite plus à voter à droite, voire à l’extrême droite,
ou à s'abstenir par résignation. La classe politique par sa perte d'identité,
est devenue un objet de consommation, que l'on teste, et dont on se débarrasse
en cas d'insatisfaction.
Pourtant,
malgré ces troubles, des clivages forts persistent, l'élection européenne même
vide de sens, a permis de les raviver. D'un
côté, les souverainistes, trop souvent médiatiquement et abusivement assimilés à
l'extrême droite nationaliste et les fédéralistes qui eux, bénéficient
d'une large couverture médiatique par le biais d'EELV, des Centriste, de l’UMP,
du PS. Les questions économiques et sociales sont elles aussi parcourues par un
clivage net, avec les partisans d'un libéralisme mondialisé, et les seconds se
partageant entre alter mondialismes, libéral-critique, et anticapitalisme.
Un renouvellement possible et souhaitable
On retrouve, selon moi, cinq grands courants
qui traverse actuellement la classe politique française, dépassant les clivages
des partis. Tous d'abord deux courants anciens, qui restent à la marge ;
l'extrême gauche anticapitaliste, incarnée par le NPA, lutte ouvrière et par
une frange du front de gauche. L’extrême
droite nationaliste, dans lequel le FN puise ses origines depuis sa création en
1972, mais reste idéologiquement minoritaire. Il tire essentiellement sa force
politique d'une captation des voix souverainiste aux tendances
altermondialistes et libéral-critique. Mouvement qui semble aujourd'hui le
plus porteur et transverse à tous les partis politiques, mais qui peine à
s'institutionnaliser.
DLR, sous son étiquette « Debout la France », a su entamer
un rassemblement des forces souverainistes – avec l’apport notable de France
Bonapartiste et le
soutien d’une partie des militants et cadres locaux du MRC – marquant ainsi
une progression lors du dernier scrutin. Pour autant, il reste à élargir ce
rassemblement et à le pérenniser, pour s’imposer comme une grande force
d’alternative politique, qui pourrait contrebalancer les européistes libérales,
de l'UMP-PS-Centre.
Enfin, la gauche traditionnelle - défendant une politique
interventionniste, étatiste et internationaliste - fractionné dans le PS avec
les 40 députés dissidents, Nouvelle
Donne, une frange du FG et d'EELV. Mais, malgré la crise économique, elle peine
à séduire les électeurs. Nouvelle
Donne, qui a bénéficié d'une bonne exposition médiatique à sa création, ne
réalise que 3 % aux Européennes, quand le FG ressort avec un score mitigé.
L’origine de cet échec, au moins partiel, de ces courants de gauche réside probablement
dans leur impossibilité chronique à aller jusqu’au bout de leurs conclusions.
Ils prônent en effet un retour d’un Etat-providence fort sans pour autant
tourner résolument le dos à la doxa idéologique libérale-mondialiste et
privatiste de l’UE et de l’euro. C’est là pourtant une contradiction insoluble.
Les grands
partis historiques, sont
piégés dans leur division doctrinale. Tout ce flou idéologique a instauré
en maîtres le double discours et les stratégies de communication. M. Hollande se présente en ennemi est la finance,
mais fidèle à sa logique libérale, continue à se soumettre aux diktats
financiers des banques et de Bruxelles. La droite n'est pas exempte de ce type
de comportement insupportable. M. Sarkozy
critique ainsi vivement Schengen, sans réelle volonté de le modifier. Les
électeurs n’en sont plus dupes. Ce ballet des faux-semblants - dont ils sont
spectateurs et victimes - n'a que trop duré, d'où leur désaveu profond pour les
partis politiques. Seuls 17 % leur font encore confiance.
La
crise que nous subissons, est plus la conséquence d’une crise politique et
idéologique dans laquelle nous sommes englués, qui nous plonge dans un
immobilisme patent à résoudre nos problèmes. Pour sauver la France, renouvelons
la classe et le paysage politique, libérons
les débats qui nous manquent tant pour penser l’avenir.
Remerciement à L'Œil de Brutus pour son apport et sa
collaboration à la rédaction du billet.
@enfant de la patrie,
RépondreSupprimer"L’extrême droite nationaliste, dans lequel le FN puise ses origines depuis sa création en 1972, mais reste idéologiquement minoritaire. Il tire essentiellement sa force politique d'une captation des voix souverainiste aux tendances altermondialistes et libéral-critique."
Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Le FN de 1972 était d'extrême droite ? Le FN de 2014 est d'extrême droite ?
Pourriez-vous préciser la notion de puiser ses origines, cela veut dire quoi exactement, je veux dire concrètement et précisément, et ce à la fois pour le FN de 1972 et celui de MLP.
Ce positionnement induit au surplus de devoir définir précisément ce qu'est l'extrême droite, et de faire état de programmes (statuts de parti) reprenant ces thèses. A défaut, on est dans le flou total.
Je ne vois pas par ailleurs à quel moment MLP est nationaliste. Vous confondez à mon sens la nation au sens du romantisme allemand et le "nationisme" (Cf. Taguieff) : la définition que MLP donne de la citoyenneté est exempte de toute référence à l'ethnie, la race, la religion...
Elle ne capte pas le vote souverainiste. Elle est, résultat à l'appui, la première force souverainiste et libéral-critique du pays. C'est un fait. L'agrégation des autres forces politiques de même nature arrive loin derrière.
Parmi les forces souverainistes, le peuple a fait le choix de distinguer très clairement celle qu'est et représente MLP. C'est un fait. Doit-on changer de peuple ?
A 25% lors d'une élection nationale on peut raisonnablement considérer qu'un parti s'est institutionnalisé. Quid des autres en-dessous ?
Seuls sont fédéralistes : l' UDI et EELV , les autres UMP et PS sont européistes donc eurocratiques. Le Front de gauche et Nouvelle donne se perdent encore dans le marécage européen donc ils ne peuvent convaincre. Ces 2 dernières formations doivent être combattues comme les 4 premières citées, donc le renouvellement ne peut venir que de formations hostiles au système soit DLR, soit le FN version Marine Le Pen. Je pense et je crains que seul, que cela nous plaise ou non, la deuxième hypothèse ne soit la "bonne" c'est-à-dire celle qui s'imposera, malgré toutes les scories d'un passé douteux qu'elle traine encore en la personne de son père et de son discours à connotation xénophobe sur l'immigration et identitaire contre l'islam.
RépondreSupprimerAffaire peu médiatisée, la gauche se porte déjà mal :
RépondreSupprimerhttp://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/06/16/31003-20140616ARTFIG00245-le-requisitoire-de-goldnadel-contre-les-privilegies-de-la-sncf.php
Epargnez-nous les bêtises ultra-libérales, ayez un peu pitié de nous.
SupprimerJe n'ai jamais saisi ce que voulait dire "extrème", appliqué au FN. Pour moi les seuls extrémistes sont les européistes. La seule différence entre le FN est les autres partis souverainistes, c'est que pour lui la souveraineté doit s'exercer aussi dans le domaine de la circulation des personnes. Je ne vois rien à redire à cette position.
RépondreSupprimerGilbert Perrin
RépondreSupprimeril y a 2 minutes
FONCTIONNAIRES : je me sens PROCHE de Didier MIGAUD !!! NON PAS que j'aie tourné ma veste, mais PRAGMATIQUE, j'ai toujours dit que j'étais "PLUS SOCIAL et JUSTE que les socialistes",
Didier MIGAUD n'est il pas proche de ma vision ????
@Georges
RépondreSupprimerBeaucoup de choses et remarque intéressante dans votre commentaire, même si l'on sent le partisan en vous.
Oui, le FN de 1972 était d'extrême droite : fondé par des membres influents d'Ordre Nouveau, du mouvement d'Occident..., le logo de la Flamme inspiré du mouvement fasciste MSI italien, « La France au Français », slogan inventé par l'Action française, d'ailleurs eux aussi idolâtré Jeanne d'Arc – on fait mieux concernant la laïcité - et la fêtait.
On n'oublie pas Alexandre Gabriac, qui a était élu conseiller régional sous l'étiquette FN, et de temps à autre, fais un salut nazi, ou donne des interviews en expliquant qu'il n'est ni favorable à la démocratie, ni à la république (bizarrement, cette vidéo a disparu d'internet). Je vous passe les conseillers issus de l'extrême droite nationaliste.
Il suffit d'aller sur certains blogs de soutien au FN pour voir un certain nombre de commentaires affligent (xénophobe, raciste, antisémite), ils sont même parfois obligés de s'autocensurer en fermant les commentaires (et oui par ouverture d'esprit, il m'arrive de consulter certains de ces blogs, dont je ne donnerais pas le nom pour ne pas leur faire de la pub).
MLP est peut-être sincère – je n’en sais rien – mais elle reste liée à cette histoire. Si elle veut rompre, qu'elle crée un nouveau parti, sans les anciens douteux. Mais ce n'est pas son choix, je n'y peux rien. Elle s'associe donc volontairement avec l'extrême droite nationaliste. D'ailleurs, le récent virage idéologique, semble être celui de l'opportunisme politique.
Première force souverainiste, c'est évident, car elle a CAPTÉ cet électorat souverainiste, qui n'est pas forcément enclin à voter pour elle, ne se retrouvant pas dans le discours identitaire. D'ailleurs, elle est loin de faire l'unanimité dans les mouvements souverainistes, sinon son score serait bien plus important.
Je ne parle en rien de changer le peuple, maintenant soyons sincère, les gens votent pour ceux qu'ils voient ou entendent dans les médias, dont le temps de parole est spolié par trois partis UMP-PS-FN (25 % de temps d'antenne pour ce dernier).
Je rappelle que ce billet n'a pas pour sujet un parti, mais la redéfinition des clivages politiques en France.
@ Anonyme
UMP et PS sont selon moi fédéralistes, mais à la différence d'EELV et l'UDI ils n'assument pas, car leur base électorale et militante n'est pas prête à les soutenir sur ce point-là. D'où l'intérêt pour ces partis de souffler le chaud et le froid. Ils, ont à la fois le vote fédéraliste et souverainiste en partie.
Sur le FG et Nouvelle Donne, je partage votre avis. Ils sont encore dans une vision européiste – d’ailleurs très idéalistes – pour ce qui est de les combattre ce n’est pas le propos de ce billet.
Le FN, la solution, j'en doute. Il ne rassemble pas les souverainistes dans leur globalité.
@Toutatis
Je suis assez d’accord avec votre vision de considéré l’européisme comme une forme d’extrémisme (sa pourrait même être le sujet d’un billet).
DLR propose aussi d’appliquer la souveraineté dans le domaine de la circulation des personnes, et oui il n’y a rien d’extrémiste là-dedans.
La question se pose plus sur des questions d’identité et la façon dont son traité les questions migratoire, abordé sur fond de thèses ethniques, par certain membre du FN. En outre, ce parti se rattache historiquement à l’extrême droite nationaliste, avec lequel il ne veut pas rompre.
@Enfant de la patrie
RépondreSupprimerBeaucoup de choses et remarques intéressantes dans votre commentaire et votre article, également. Je ne suis pas partisan, si ce de la vérité - dont je ne fais pas un parti, bien heureusement.
Parlez d'extrême droite sans livrer de définition de la notion n'a pas de sens. De quoi parle-t-on ? La France au français ? Où est le problème quand la citoyenneté est hors références à la race, l'ethnie, la religion... Vous préférez "la France aux américains" ? Sinon Jeanne d'Arc serait d'extrême droite alors ? Quand au fascisme, il n'est pas une affaire de logo, mais de programme et d'actes politiques concrets mis en oeuvre par un parti. Une accumulation de fait n'a jamais fait une définition.
Soit dit en passant, le FN ancienne version n'a jamais - mais alors jamais - eu ma sympathie ; je suis, reste et demeure, un chevènementiste réaliste - drapeau haut au pont d'Arcole : Fortuna et virtù. ;-)
Le militant dont vous parlez a, il me semble, quitté le FN, non ?
Par ailleurs, ce que font des militants - il y a eu des sanctions non ? - n'engagent en rien la ligne politique d'un parti. Si il en va autrement, examinez alors le nombre de condamnation pénales d'élus (plus grave encore que de simples militants) au PS et à l'UMP, et concluez.
La rupture... nous dit-on ? On ne défère pas aux ordres d'opposants politiques, c'est un principe. Ce parti est aussi un véhicule électoral déjà constitué permettant d'envisager 2017 selon une large alliance autour de celui-ci. De surcroît, les statuts de ce parti ne me semblent pas avoir, avant ou pendant l'ère MLP, remis en cause la république et la démocratie. Une image entretenue par des adversaires reste une image entretenue par des adversaires.
Première force souverainiste c'est sûr, mais elle n'a rien "capté" comme vous le dite ; où alors, c'est supposer que les électeurs sont bêtes, ne savent pas ce qu'ils font, ce qu'ils veulent. Ce "capter" au sens de détourner, ou appréhendé illégitimement, n'a pas de sens. Les électeurs et les idées n'appartiennent à personne.
Je vous suis sur la redéfinition politique. Malheureusement, seule la mort politique du PS permettra à la gauche de se reconstituer, et cela prendra 20 ans.
Le FN de MLP doit être pris pour un véhicule politique, voilà qui suffit amplement. Se fixer indéfiniment sur 'l'héritage", parfois de manière infondée, revient inévitablement à qualifier à nouveau le camp néolibérale-européiste : l'UMPS. Sans elle, que cela plaise ou non, 2017 est hors d'atteinte.
Cordialement.
Concernant le FG, je crois que le score décevant aux européennes tient à deux écueils:
RépondreSupprimer1) l'assimilation du parti à une seule figure Mélenchon, qui a force de surjouer l'agitation et la véhémence a fini par user son potentiel d'attraction. Je crois qu'il saoûle beaucoup de gens désormais. Le Front de Gauche, subjugué par son leader (un peu comme NDA), n'a pas réussi à populariser d'autres cadres, moins fantasques et pas chiants pour autant.
Je pense à Jacques Généreux, François Delapierre ou Clémentine Autain.
2)la stratégie de la "gauche décomplexée" en réaction à la "droite décomplexée" initiée avec succès par Sarkozy. Ce choix de la surenchère idéologique à gauche est en décalage profond avec ce dont témoigne les succès de Sarkozy (qui s'est bien maintenu malgré tout en 2012) et de MLP aujourd'hui.
Sans aller jusqu'à voter pour ceux-là, de plus en plus nombreux sont nos concitoyens qui ont des inquiétudes quant au vivre-ensemble, à l'insécurité et à l'incivisme qui gangrène la cohésion sociale.
Alors que le FN tient un discours teinté de fermeté républicaine, le FG campe sur son humanisme bon-teint qui lui impose le déni de réalité ou tout du moins de gravité sur les questions de sécurité et de laïcité.
Pareillement, les Français attendent sur l'immigration la réaffirmation du modèle d'intégration par l'assimilation. Le FG drapé dans son angélisme universaliste, monte sur ses grands chevaux à chaque fois que le sujet est abordé et distribue les accusations de fascisme à qui défend une immigration réduite.
C'est donc son discours sociétal confus et perclus d'angélisme qui plombe le FdG. C'est dommage car en reconnaissant le malaise (Finkielkraut le décrit assez bien), il pourrait défendre sans honte qu'une bonne part des réponses à cette déliquescence du vivre-ensemble sont des réponses de moyen terme étiquetées de gauche: mixité sociale renforcée, meilleure égalité des chances, lutte contre les discriminations et pour la reconnaissance positive de la diversité...