Billet invité de
Léonard
Le vendredi 29 mai, Angela Merkel a admis que Jean Claude
Juncker, le candidat du parti PEE (droite conservatrice) et ancien premier
ministre d’un parasite fiscal bien connu devait être le futur Président de la
Commission européenne.
« C’est une grande victoire pour la
démocratie ! » se sont écriés les europhiles les plus philiques, au
premier rang desquels se trouve l’excellent Jean Quatremer qui s’inquiétait sur
son blog de l’obstruction réalisée, entre autres, par David Cameron, premier
ministre britannique.
Démocratie ? Hum, à voir.
Même le plus obtus des observateurs constatera que le
message envoyé par les électeurs le 25 mai n’était pas « Nous voulons
Juncker à la tête de la commission ». Sauf en Allemagne, le vote et le
non-vote ont été un signe évident d’un rejet de la politique européenne telle
qu’elle se décide. L’abstention a été la règle commune, dépassant les 70% dans
des pays comme la République tchèque, la Lettonie ou la Slovénie ; quant
au vote eurosceptique, qu’il soit de gauche, de droite ou du centre, il a fait
un raz de marée. En France, il avoisine les 40% (FN + DLR + FdG), au Royaume
Uni, il flirte avec les 30%, il est fort en Italie ou au Danemark.
L’association de l’abstention et du vote eurosceptique met en évidence un fait
majeur : Il y a un gros problème de légitimité dans l’Union
européenne.
En réalité, il faut voir cette opération comme un véritable
« coup de force » des bureaucrates bruxellois contre la démocratie.
Trois d’entre eux (Juncker, Schulz et Verhofstadt) ont décidé, unilatéralement,
qu’ils étaient les seuls à pouvoir incarner la future direction de l’Union.
Appuyés par les partis politiques, et notamment le Parti socialiste, ils ont
inventé une procédure tout à fait scandaleuse : le candidat du parti
politique qui aurait la majorité des voix au Parlement aurait la présidence.
Dans une élection à la proportionnelle comprenant autant de
partis, cette procédure ne correspond à rien. Dans une démocratie, ce sont les
chefs d’Etats qui décident, en fonction du message envoyé par les électeurs.
L’opération était bien de garantir des postes (et donc des politiques) tout en
passant par-dessus les Etats. L’opération « Juncker » était donc bien
un « coup de force ». Elle a constitué à nous faire croire qu’il
existait une procédure définie nulle part et à nous l’imposer.
Même Angela Merkel – imperatrix europae – a dû se plier à
l’injonction. Coincée par son alliance avec le SPD, elle a reconnu que Jean
Claude devait bien être le futur Président. Pour les Européens, c’est une
défaite considérable. La nomination de Juncker ne peut conduire qu’au
renforcement du caractère procédural de l’Union, son orientation ultra-libérale
et, in-fine, à la reconnaissance des traités transatlantiques. L’Union pouvait
difficilement faire pire. Elle montre – comme si cela était encore à prouver –
qu’elle est incapable de se réformer.
Merci pour cette article qui ouvre bien des yeux, j'aime bien votre phrase :
RépondreSupprimerle vote et le non-vote ont été un signe évident d’un rejet de la politique européenne telle qu’elle se décide