La tribune
du ministre des finances dans le Monde,
« Pourquoi
il faut réorienter les politiques économiques européennes »,
publiée en même temps que l’annonce
des mauvais résultats de croissance n’a pas été bien saisie. En effet, elle
est parfaitement cohérente avec le
discours du Premier Ministre.
Outil de
négociation européenne
Cet outil
dans le dispositif de communication gouvernementale autour du
mauvais résultat de la croissance au second trimestre sert un double
objectif. Le premier est d’adapter le discours à l’égard des Français. Je vais
y revenir. Mais le second, plus important encore sans doute, est à destination
de l’Europe. En effet, la conjugaison d’une moindre croissance et d’une
inflation plus faible va peser sur le déficit budgétaire. Alors qu’il était
sensé atteindre 3% en 2013, objectif
renvoyé à 2015 l’an dernier, il « sera
donc supérieur à 4% du PIB en 2014 » pour reprendre les mots du
ministre. Mais celui-ci précise aussi que « nombre
de nos voisins européens n’atteindront pas non plus les objectifs qu’ils
s’étaient fixés », après une litanie indigeste qui décrit la
situation économique, davantage digne d’un journaliste que d’un ministre.
A première
vue, après
les déclarations de François Hollande sur une réorientation politique en
Allemagne, et qui s’est logiquement fait recadrer par le porte-parole d’Angela
Merkel, on pourrait croire que la majorité s’est fixée comme objectif une
réorientation des poltiques européennes. Mais, la
tribune de Michel Sapin est finalement très légère sur cette réorientation.
En conclusion, il dit « l’Europe
doit agir fermement, clairement, en adaptant profondément ses décisions à la
situation particulière et exceptionnelle que connaît notre continent ».
En clair, la seule chose que demande la France, c’est un nouveau report de ses
objectifs de réducation du déficit budgétaire. Bref, alors
que les politiques menées ne donnent aucun résultat, Michel Sapin demande
d’assouplir les objectifs au lieu de changer de politique !
Faux
parler-vrai
Encore plus
effarant, c’est l’annonce du maintien de la politique actuelle. Si les
socialistes admettent le côté improductif des hausses d’impôt, ils
rappellent qu’elles n’ont fait que prolonger celles décidées par Nicolas
Sarkozy avant eux. Bref, le Parti Socialiste mise tout sur le plan
d’économie de 50 milliards, dont on ne voit pas comment il ne pourrait pas ne
pas avoir le
même effet désastreux que les hausses d’impôts de 2012 et 2013 sur la
croissance. Au final, Michel Sapin défend exactement la
même ligne eurolibérale que développe François Hollande depuis le début d’année.
Il y a quelque chose d’extravagant à voir une majorité qui se dit de gauche
faire tapi sur une baisse du coût du travail…
En clair, il
ne faut pas voir dans cette tribune une quelconque remise en cause des
politiques européennes. Il s’agit juste d’une confirmation du
cap clairement affiché depuis le début d’année, tout au plus une annonce
que les objectifs initiaux de réduction des déficits devront être une seconde
fois repoussés.
Et pourtant ce serait le moment de faire une relance keynésienne en donnant du pouvoir d'achat à de nombreuses catégories de population.
RépondreSupprimerComment ? Simple: alors que les taux d'intérêts du 10 ans sont à moins de 1,4%, qu'il y a profusion d'argent sur le marché, il faut emprunter au moins 5% du PIB soit 100 milliards supplémentaires !
De toute façon aucun pays ne remboursera jamais sa dette publique, si ce n'est à la marge ... quelle importance, ce sont les plus riches et les banques qui devront subir la perte , comme s'ils subissaient un peu d’imposition supplémentaire.
"De toute façon aucun pays ne remboursera jamais sa dette publique, si ce n'est à la marge ... quelle importance, ce sont les plus riches et les banques qui devront subir la perte , comme s'ils subissaient un peu d’imposition supplémentaire."
SupprimerL'intérêt des riches et des banques n'est pas que les États remboursent leurs dettes mais qu'ils la fassent rouler!
C'est d'ailleurs ce que s'emploient à faire tous les gouvernements de la zone euro.
Réussir à réduire le déficit tout en continuant à trouver les milliards d'euros nécessaires à refinancer la dette chaque année.
Le contribuable français permettant ainsi d'augmenter les patrimoines financiers.
Elle est pas belle la vie de rentier?
C'est bien la raison pour laquelle je pense (comme Laurent) que la seule porte de sortie est la monétisation directe par la Banque de France ... encore faut-il avoir quitté l'UE.
SupprimerAttali dit qu'il faut profiter de la déflation pour augmenter la TVA de 3 points...
RépondreSupprimerhttp://bfmbusiness.bfmtv.com/france/jacques-attali-c-est-le-moment-828633.html
Bonjour à tous
RépondreSupprimeron voit qu' Attali n'a pas de problèmes de fin de mois pour proposer une augmentation de 3 points de la TVA!
Ces déclarations gouvernementales ont au moins l'avantage de faire ressortir que la politique européenne, imposée par les traités, nous entraîne dans l'impasse de la déflation et de l'augmentation des déficits. Si ça pouvait faire avancer l'idée que la seule issue, c'est la sortie de l'UE, ça ne serait pas inutile!
RépondreSupprimer"Les politiques menées ne donnent aucun résultat." Comment ça aucun résultat ? Au contraire, elles provoquent une catastrophe, qui ne fait qu'accentuer ses effets avec le temps, qui passe.
RépondreSupprimerLe plus extravagant dans cette affaire, c'est que les libéraux sociaux massacrent nombre d'entre nous avec les impôts et les taxes, qu'ils multiplient les cadeaux aux grandes entreprises alors que, dans le même temps, ils s'apprêtent à faire des cadeaux fiscaux à certains autres à hauteur de plusieurs milliards d'euros. Un bel exemple de cohérence.
RépondreSupprimerDemos