Cette
semaine, François
Hollande a fait sa rentrée en multipliant les annonces pour essayer de
répliquer aux mauvais
chiffres de la croissance et à son impopularité persistante. Parmi les propositions,
un
assouplissement des règles sur le travail du dimanche qui en dit long sur
cette présidence…
Non sens
économique et sociétal
Depuis des
années, les
partisans du laisser faire concernant le travail du dimanche font miroiter un
gain pour la croissance. Ils raisonnent comme si le chiffre d’affaires en
plus qui serait réalisé le dimanche viendrait en addition du chiffre d’affaire
réalisé les autres jours de la semaine, comme s’il n’y avait pas de phénomène
de substitution. Etant
donné le climat économique, entre chômage record et pouvoir d’achat en berne,
on ne voit pas ce qui pousserait les Français à dépenser plus. Ce n’est pas
parce qu’on laisse davantage travailler le dimanche que plus d’argent sera
créé. Ce n’est que la répartition hebdomadaire des dépenses qui serait modifiée
avec une plus forte proportion réalisée le dimanche. Les Français ne
manquent pas de temps pour dépenser, ils manquent d’argent, ce que cette
réforme ne traite pas.
Déjà, en
2008, 48 députés de l’ancienne majorité avaient publié une tribune dans le Figaro pour s’opposer aux projets
d’assouplissement des règles sur le travail du dimanche. Mais outre le non
sens des arguments économiques (on attend toujours une démonstration solide du
plus que cela pourrait apporter), comme
ils le soulignaient déjà en 2008, cet assouplissement pose un problème de
société. Bien sûr, 29%
des salariés travaillent déjà le dimanche (dont seulement 13% habituellement),
mais la société doit donner un choix aux citoyens de travailler ou pas le
dimanche et le laisser faire dans ce domaine risque de le remettre en cause. Et
le commerce n’est qu’un moyen au service d’une fin qui le dépasse, la condition
humaine. Le travail du dimanche, c’est une inversion des priorités effarante,
la prise de pouvoir du marchand et du commerce sur la vie de famille et des
choses qui leur sont pourtant infiniment supérieures.
Sarkozy,
sors de ce corps !
Mais cet
épisode démontre à nouveau la calamité de ces hommes politiques qui ne semblent
être que des girouettes qui tournent avec le vent. Certes, on peut noter qu’il
y a une certaine cohérence avec
le discours volontiers eurolibéral que tient le chef de l’Etat depuis le début
d’année. Mais il est tout de même effarant de pouvoir dénicher, comme
l’a fait Gérard Filoche, une déclaration d’avril 2012, où celui qui n’était
encore que le candidat Hollande, dénonçait les propositions de Nicolas Sarkozy
sur le sujet, un peu plus de deux ans avant un nouveau salto idéologique qui
complète la liste des reniements du quinquennat. Un chef de l’Etat se doit de
diriger. Depuis plus de 7 ans, nous n’avons droit qu’à des postures et des
reniements qui révèlent la superficialité de la pensée de celui qui devrait
guider notre pays.
La
proposition d’assouplissement des règles sur le travail du dimanche
représente un mauvais coup porté à notre société et à une conception de
l’humanité qui ne serait pas uniquement marchande. Il est effarant que ce coup
soit porté par un président « socialiste », même
si cela est cohérent avec sa nouvelle ligne.
Il ne faut pas voir l'aspect global des choses. Effectivement, cela ne changera pas ou peu le chiffre d'affaires du secteur. Mais notre monde n'est plus celui de l'égalité des droits. Il est devenu celui des "lobbyistes" et c'est la que tout se joue. Certaines chaines ou magasins pourront ouvrir le dimanche et pas les autres. Et c'est autour de ça que tout se joue.
RépondreSupprimerAlors, ne soyons pas trop naïfs...
Faudrait aussi signaler à Hollande et aux autres débiles qui nous proposent cette mesure, qu'il est possible d'acheter à peu près tout ce qu'on veut le dimanche. Pis aussi les autres jours, 24h/24.
RépondreSupprimerPeut-être qu'ils ont pas entendu du "e-commerce"...
Et oui, depuis quelques années déjà n'importe qui peut acheter n'importe quoi n'importe quand grâce à ... internet!!
Vous croyez qu'il faut leur écrire pour les avertir (ça date un peu quand même...)?
Je les entends déjà venir dire "oui mais c'est travailler le dimanche qui serait trop bien et qui sauverait le monde (ou plus peut-être..)".
J'avoue que travailler 5j/7 dont le dimanche, ça va radicalement changer le problème de travailler 5j/7 mais pas le dimanche...
"Mais ça sera payé double!!" Jusqu'à ce que ce soit la norme non?
J'imagine qu'avec 10 millions de chômeurs, à la question "tu veux ce travail avec les dimanche payés normalement?", il ne sera pas trop difficile de trouver preneurs...
Bon j'imagine que comme il est noté dans le billet, c'est une proposition qui revient inlassablement pour continuer à faire débattre des crétins à propos de sujets inutiles et éviter d'avoir à penser les vrais problèmes.
Nos grands "merdias" remercient donc chaleureusement le gros gland en chef pour leur permettre d'exploiter si fortement leurs principales qualités...
"Peut-être qu'ils ont pas entendu [PARLER] du "e-commerce"..."
SupprimerPour le travail du dimanche :
RépondreSupprimerIl augmente la productivité du capital mais pas celle du travail. Un supermarché qui travaille 7 jours sur 7 débitera, avec la même longueur de rayons, le même nombre de caisses et de places de parking, 1/7ème de marchandises en + que celui qui travaille 6 jours/7. Mais il lui faudra quand même payer 1/7ème d'heures de travail en plus (sans compter la bonification et le récupération des heures de dimanche) Autrement dit autoriser le travail le dimanche aide à diminuer le chômage.
Contre le travail du dimanche : si tous les membres de la famille n'ont pas au moins un jour de congé hebdomadaire en commun (et alors il est logique que ce soit le dimanche) la famille ne peut même pas se réunir une fois par semaine (à noter que si on veut que que les cousins/cousines se connaissent aussi il faut plusieurs semaines de congés annuels scolaires communes à toute la France)
Solution : quand les pressions en faveur du travail le dimanche se font plus fortes comme en ce moment, ne surtout pas accorder des dérogations pour conserver le tarif actuel. Au contraire il faut autoriser le travail le dimanche dans tous les cas, mais le faire payer plus cher. Plus de récupération et plus de bonification.
Cela me fait penser au problème des consignes au Danemark, pays où il n'y a pas de bouteilles perdues. La gestion du système est très facile : dés que les autorités remarquent que certaines canettes ne sont plus ramassées parce qu'elles traînent au fond de fossés difficilement accessibles et encombrés par les orties ou les chardons, elles relèvent la valeur de la consigne et ô miracle, quelques jours plus tard tous les fossés sont nettoyés.
Ivan
Tout à fait d'accord avec toi Laurent. Il faut limiter radicalement le travail le dimanche. On se plaint que les familles sont disloquées et que les parents assurent de moins en moins l'éducation de leurs gamins. Une journée par semaine où la famille se retrouve, c'est une garantie minimale pour l'équilibre social!
RépondreSupprimer@ Cliquet & Bip
RépondreSupprimerTrès juste
@ Ivan
Merci pour ce point de vue intéressant
@ Jauresist
Merci
le travail du dimanche peut être utile dans le tourisme (où il existe déjà évidemment, dans la restauration et l'hotellerie), en particulier à Paris, où des touristes à fort pouvoir d'achat font souvent des séjours très courts. S'ils sont là le dimanche et si tout est fermé, on perd évidemment quelque chose.
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