Billet invité de l’œil
de Brutus
L’ensemble des faits relatés ci-après sont extraits de
La Caste cannibale de Sophie Coignard et Romain Gubert (Albin Michel 2013).
Pierre Richard
arrive à l’Elysée dès 1974, à 33 ans, dans les valises de Valéry Giscard
d’Estaing. Il suit alors les dossiers des collectivités locales et de
l’aménagement du territoire. 4 ans plus tard, il est directeur général des collectivités
locales au ministère de l’intérieur. Il résiste à l’alternance en 1981 et prend
en 1983 la tête de la CAECL (Caisse d’aide à l’équipement des collectivités
locales), un organisme de la Caisse des dépôts. Nouvelle alternance en 1986 et
nouveau maintien à l’occasion duquel, sous l’impulsion d’Edouard Balladur, il
transforme la CAECL, qui devient Crédit local de France-CAECL, en société anonyme. En 1996, l’entité,
progressivement partiellement privatisée, fusionne avec le Crédit communal de
Belgique (CCB) pour prendre le nom de Dexia. Pierre Richard en est bien sûr le
patron. Avec la volonté de faire
de Dexia un leader du secteur, il se lance dans des crédits indexés sur les
produits dérivés qu’il fait renégocier des plus en plus souvent : « vendre régulièrement de nouvelles formules
d’emprunt fait partie de la stratégie. C’est ce que certains dirigeants
appellent élégamment entre eux « trouiller l’encours » : chaque
nouveau prêt rapporte une commission à la banque, et permet surtout d’allonger
les délais de remboursement, donc de tenir les clients captifs ».
Ainsi, le Crédit local de France commercialisait seulement trois types de prêts
en 1995, Dexia était passé à 43 en 2000, puis 167 en 2006, 282 en 2008 (page
188) !
Mais la grande faillite
du « système Dexia » est sans doute encore au-delà des pratiques
mêmes de la banque : « pendant
les années de folie, où les communes grandes et petites se voyaient proposer
des crédits indexés sur le WIBOR (taux interbancaire polonais), le PRIBOR (taux
interbancaire tchèque), la parité euro contre franc suisse, dollar ou encore
yen, pas un trésorier-payeur général, par un préfet – pourtant charger du
contrôle de la légalité des délibérations par les collectivités -, pas un
inspecteur des Finances à la Caisse des dépôts ou à Bercy n’y a trouvé à
redire. La commission bancaire a été aussi sourde qu’aveugle » (page
194).
[i] Dont
600 000 euros par an pour le seul Pierre Richard. Cf. Dexia :
les retraites chapeau des ex-dirigeants qui choquent, Bertille Bayart, Le Figaro.fr, 18 juillet
2013 ; Dexia :
le « J’accuse » de la Cour des comptes,
Anne Michel, Le Monde.fr¸ 19/07/2013.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire