Alors
que la Fed devrait prochainement annoncer la fin de son programme de rachats
d’obligations et que la BCE a récemment annoncé son intention de se lancer
également dans cette direction, 6 ans après la crise, que penser de ces
programmes qui ont fait s’envoler le bilan des banques centrales ?
Une
nécessité mal utilisée
Les
chiffres de The Economist sont
parlants. La banque centrale britannique a triplé la taille de son bilan en
quelques semaines fin 2008, quand la Fed l’a multiplié par 2,5. La BCE, comme
toujours, a été la plus timide et aujourd’hui, alors que les deux banques
centrales anglo-saxonnes ont vu leur bilan multiplié par 5 en 6 ans, la banque
centrale européenne est repassée sous le cap des 2. Il est difficile de ne pas
y voir une raison du décalage économique entre ces deux mondes. Le
flot de liquidités soutient l’activité économique de plusieurs manières. En
rachetant les bons du Trésor, la banque centrale modère ou supprime carrément
la pression des marchés sur la dette publique, allégeant les politiques
d’austérité. Et plus globalement, elles
permettent de maintenir des taux d’intérêt à un faible niveau.
Cependant,
les politiques d’assouplissement quantitatif ne sont qu’un outil (certes très
puissant), parmi d’autres et elles ne corrigent pas toutes les carences du
système économique actuel. En effet, si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne
ont davantage de croissance que la zone euro (et donc un niveau de chômage plus
faible), tout ne va pas bien à Londres et Washington. Elles ne font rien pour
réduire les inégalités, qu’elles contribuent au contraire à accroître du fait
de la bulle financière et immobilière qu’elles nourrissent et dont profitent de
manière disproportionnée les plus riches, comme
le montrent toutes les études sur les évolutions de revenus aux Etats-Unis
depuis la crise. Pire, toute bulle a toujours vocation à exploser, ce qui
signifie que nous finirons tôt ou tard par en payer les pots cassés.
Une
drogue monétaire ?
Tout le
problème est que les dysfonctionnements actuels et futurs (le prochain krach),
pourraient pousser à tirer la mauvaise conclusion sur la question monétaire, en
renforçant le parti-pris monétariste et de refus de contrôle démocratique de
l’Allemagne. En effet, quand les nouvelles bulles exploseront, alors un procès
en irresponsabilité pourrait bien apparaître, poussant à renforcer les dogmes
monétaristes d’outre-Rhin, avec potentiellement la mise en place de limites à
l’évolution du bilan des banques centrales. Au contraire, il
faut remettre de la démocratie, confier à nouveau la responsabilité de la
banque centrale au gouvernement et débattre au Parlement de politique monétaire.
C’est la démocratie qui nous permettra de reconstruire des politiques
monétaires soucieuses de l’intérêt général, et non son refus.
Les
politiques d’assouplissement quantitatif ne sont pas sans fondement dans des
contextes de langueur économique comme nous le traversons. Mais ces
politiques doivent servir l’intérêt général et non être des drogues de confort
d’une petite minorité, comme elles le sont trop souvent aujourd’hui.
On écrit en français dysfonctionnement. bien avec un y et non un i.
RépondreSupprimerLe désastre de la Zone Euro masque la médiocrité des résultats des politiques des autres pays Pour ce qui est des Etats-Unis, leur rythme de 2% de croissance contraste certes avec notre %, mais reste extrêmement faible pour ce qui est probablement l'apogée du cycle.
RépondreSupprimerOn a de nouveau confirmation de la critique de Keynes de la politique monétaire qui, si vigoureuse soit-elle, est impuissante à inverser les anticipations et relancer l'investissement productif.
trois caractéristique d'une dépression comme celle que nous traversons : le poids de l'endettement passé, la médiocrité des profits attendus et la perte des repères sur la suite des événements. Ces trois facteurs appellent une vigoureuse relance budgétaire qui court-circuite le blocage de l’investissement, restaure les anticipation et allège le poids des dettes grâce à la croissance et à l'inflation. L'heure est au dirigisme, non par doctrine mais en raisons des circonstances, pour le temps qu'il faudra pour restaurer les fondamentaux et purger les bulles financières.
Mais peut-on attendre un sursaut rooseveltien de l'UMP-PS ? Plus le temps passe, plus leurs dirigeants se ligotent dans leurs propres erreurs. Le programme de l'UMP est une affligeante surenchère austéritaire...
Seuls NDA et MLP à travers les programmes respectifs de leurs partis proposent de sortir de cette situation et de système calamiteux. Malheureusement et que cela nous plaise ou non celui du FN version MLP a le plus de chances d'arriver au pouvoir si ce n'est dès 2017 voire plus sûrement en 2022. Le plus tôt c'est le mieux!
SupprimerLa résolution de la crise financière implique bien évidemment une rupture avec la totalité du mode de fonctionnement de l'UE donc une épreuve de force avec l'Allemagne passant par la sortie de l'euro puisqu'elle ne voudra en aucune façon réformer un système qui lui est si favorable. Couplée avec une dévaluation de combat de l'ordre de 25% du nouveau franc elle permettra de retrouver une compétitivité perdue mais doit aussi s'accompagner d'une politique volontariste de réindustrialisation par exemple il n'est pas interdit de penser à une nationalisation-sanction de Mittal pour reconstruire un secteur sidérurgique performant.
RépondreSupprimer"Rupture avec la totalité du mode fonctionnement de l'UE", certainement, mais un changement de paradigme serait le bienvenu : rapport de l'homme au travail, à l'écologie, au partage avec les autres (pays développés vs pays en voie de développement) ... même si nous n'en prenons pas le chemin aujourd'hui.
SupprimerDemos
La BCE va sans doute devoir, même si elle s’en passerait volontiers, acheter de dettes souveraines de certains pays de la zone euro. Prenons le cas de la Grèce. Son niveau d’endettement est à près de 180% du PIB, sa croissance pourrait si tout va bien revenir légèrement au-dessus de 0 et son taux à 10 ans est à 6,11% actuellement. Il parait que ce pays veut sortir du plan d’aide.
RépondreSupprimerhttp://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL6N0RO3HR20140923
l’absence d’une restructuration importante de la dette Grèce, la sortie du plan d’aide implique que la BCE prenne le relai de la troïka et achète la dette grecque même si son niveau n’est pas soutenable. Idem pour la dette italienne qui s’approche de l’insoutenable. En l’absence d’une restructuration de la dette italienne, ça devrait être soit la mise sous assistance et tutelle de la troïka de l’Italie, soit des quantitatives Easings de la BCE pour acheter de la dette italienne, même si son niveau est insoutenable comme pour la dette grecque. Dans les deux cas se seront des bêtises qui ne feront que retarder l’éclatement de l’euro.
Saul
L'action de la BCE, telle que la décrit Laurent, est bien la mise sous perfusion de certains pays à l'agonie, mais le problème est qu'il ne s'agit là que d'un expédient qui ne fera pas long feu.
SupprimerEn réalité, les institutions européennes sont aux abois et font de la cavalerie pour sauver le système, qui finira bien par s'écrouler pour des raisons économiques ou/et politiques. Reste à savoir si la sortie sera maîtrisée ou pas et ce que nous aurons enduré pour en arriver là. La raison n'étant pas la qualité la mieux partagée, le pire n'est pas impossible.
Demos
Plutôt d'accord, néanmoins, on va devoir monétiser de la dette. Si ca ne marche pas ailleurs c'est parce qu'elle ne sert qu'a la survie du système. Comme dit plus haut, Keynes avait prévenu que même si le capital est abondant et ne coute plus rien à emprunter, cela peut être sans effet sur l'emploi.
RépondreSupprimerIl faudrait y associer une politique d'investissements publics, et pourquoi pas, de baisses de charges ciblées sur les industries et baisses de la part salariale pour toutes les fiches de paie. Donc théoriquement on peut décréter une hausse des salaires !
TeoNeo29 septembre 2014 12:59
RépondreSupprimerFaire reposer le financement du système social sur le travail ne peut pas durer en chargeant les secteurs d'activité les plus exposés à la concurrence. L'assiette fiscale du social doit être plus large, soit via la TVA, soit par la CSG.
La concurrence étant toujours déloyale et une forme de guerre économique nous en sommes toujours perdant.
SupprimerUn article très important :
RépondreSupprimerLundi 29 septembre 2014 :
Economie mondiale : "combinaison toxique" de dette élevée et de faible croissance.
http://www.romandie.com/news/Economie-mondiale-combinaison-toxique-de-dette-elevee-et-de-faible_RP/522412.rom
http://www.blog-illusio.com/article-le-multiplicateur-budgetaire-est-encore-plus-eleve-en-recession-que-nous-le-pensions-124680729.html#fromTwitter
RépondreSupprimerMardi 30 septembre 2014 :
RépondreSupprimerLa dette publique de la France dépasse pour la première fois la barre symbolique des 2.000 milliards.
Selon les chiffres publiés ce mercredi par l’Insee, elle s’est établie à 2.023,7 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre, contre 1.985,9 milliards fin mars, soit une hausse de 28,7 milliards d’euros.
Au ministère des Finances, on souligne que la dette a doublé entre 2002 et 2012, passant de 930 milliards à 1.860 milliards d’euros, dont 600 milliards entre 2007 et 2012.
http://www.leparisien.fr/economie/dette-publique-la-france-a-franchi-le-seuil-des-2-000-milliards-d-euros-30-09-2014-4175987.php
Dans l’Union Européenne, neuf pays sont en faillite.
La Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Irlande, Chypre, la Belgique, l’Espagne, la France, et le Royaume-Uni sont en faillite.
1- Médaille d’or : Grèce. Dette publique de 314,801 milliards d’euros, soit 174,1% du PIB.
2- Médaille d’argent : Italie. Dette publique de 2120,143 milliards d’euros, soit 135,6 % du PIB.
3- Médaille de bronze : Portugal. Dette publique de 220,696 milliards d’euros, soit 132,9 % du PIB.
4- Irlande : dette publique de 202,920 milliards d’euros, soit 123,7 % du PIB.
5- Chypre : dette publique de 18,206 milliards d’euros, soit 112,2 % du PIB.
6- Belgique : dette publique de 404,248 milliards d’euros, soit 105,1 % du PIB.
7- Espagne : dette publique de 989,925 milliards d’euros, soit 96,8 % du PIB.
8- France : dette publique de 2023,7 milliards d’euros, soit 95,1 % du PIB.
9- Royaume-Uni : dette publique de 1486,878 milliards de livres sterling, soit 91,1 % du PIB.
La question est :
“QUAND ces neuf pays vont-ils se déclarer en défaut de paiement ?”
@ J Halpern
RépondreSupprimerMerci pour ces rappels. J’ai l’impression que PS et UMP s’éloignent de la solution
@ Saul
Pas sûr, elle a résisté au plus dur de la crise des dettes souveraines…
@ Démos
Difficile de savoir comment tout cela finira
@ Anonyme
Merci pour l’interview du DIW
@ TeoNeo
Bien d’accord
@ BA
Merci pour ces infos.